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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Lise Saint-Jean, “Les familles monoparentales: du groupe d’entraide à l’entraide associative.” Un article publié dans la revue Questions de culture, no 16, No intitulé: “Entraide et associations”, pp. 95-112. Sous la direction de Marie-Marthe T. Brault et Lise Saint-Jean. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC), 1990, 282 pp. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec.

[95]

Questions de culture, no 16
“Entraide et associations.”

PREMIÈRE PARTIE

 “Les familles monoparentales :
du groupe d’entraide
à l’entraide associative
.”

par
Lise SAINT-JEAN

L'entraide, expression active de la solidarité, n'est assurément pas une pratique nouvelle. Chez nous, comme ailleurs, le lieu premier des activités d'entraide et des pratiques de support mutuel fut certes longtemps la famille : la famille proche et, tout autant, la famille étendue. Elle n'en détenait pas l'exclusivité, mais sous bien des aspects elle en était le lieu premier [1]. Avec l'industrialisation/urbanisation, puis la mécanisation croissante en agriculture, le paysage, social tout autant que physique, en a été modifié. Dans le sillage, certains besoins se sont transformés ou ont disparu.

Par le biais des politiques sociales, l'État assure — pas toujours adéquatement, il est vrai ; et de moins en moins volontiers, il est vrai aussi — les besoins physiques des individus qui ne peuvent y subvenir eux-mêmes. Mais outre les besoins primaires de se nourrir, se loger, se vêtir, il existe d'autres besoins, lesquels doivent être comblés. À défaut, on reconnaît volontiers que cela risque de créer des problèmes et qu'il en va souvent de la santé psychologique des gens, un des aspects du bien-être et de la santé auquel on attache de plus en plus d'importance.

Auparavant, chaque famille se débrouillait avec les aspects logistiques, si on peut dire, du problème ponctuel ou durable qui affectait un des membres : qu'il s'agisse d'un enfant trisomique, d'une jeune fille enceinte ou de tout autre problème. Bien sûr, [96] on s'en occupait dans la mesure de ses moyens et en fonction des règles et des préjugés ayant cours alors. Quant aux aspects psychologiques, on n'y accordait pas la même importance qu'aujourd'hui, l'accent étant plutôt mis sur les aspects moraux et, chez les Québécois catholiques du moins, sur l'esprit de sacrifice. Pour ne pas se laisser abattre par le découragement ou l'épuisement, les personnes concernées ou les femmes qui s'en occupaient — car c'était là bien souvent tâche de femmes — allaient chercher le support moral et les conseils dont elles avaient besoin chez la sœur, la voisine, l'amie, souvent aussi chez monsieur le curé.

Cependant les familles elles-mêmes se sont modifiées : moins nombreuses et surtout, depuis les vingt dernières années, de plus en plus marquées par la rupture. Dans un réseau familial rétréci, les femmes furent intimement touchées. Elles, qui dans plusieurs situations avaient été celles qui agissaient l'entraide, ne purent pas toutes trouver le support émotif et l'aide dont elles auraient eu besoin quand ce mariage, qui devait durer toujours, prit fin. Privément et socialement, elles se retrouvèrent seules et isolées, après avoir vécu le choc d'une séparation. Le réseau familial, qui contenait en grande partie le potentiel et les ressources d'entraide, perdit donc peu à peu sa prépondérance en ce domaine. Si, de nos jours, cette forme familiale d'aide ou de support n'est pas totalement exclue, on a appris à rechercher ceux-ci ailleurs et désormais il semble bien qu'on croie en trouver davantage ou trouver une aide plus adéquate si on parle de son problème à des spécialistes ou à quelqu'un qui vit ou a vécu une situation similaire. Oublions ici les spécialistes, qui ne sont pas de notre ressort, et ne regardons que ces personnes qui peuvent comprendre « de l'intérieur » ce que ça signifie, ce que ça représente, parce qu'elles savent ce que c'est que d'être dans telle situation donnée.

En passant de la famille vers le groupe, l'entraide s'est en quelque sorte spécialisée. En effet, nommez la situation ou le problème pour lequel vous cherchez information et support, il est à peu près certain qu'il existe un groupe d'entraide spécifique [2]. Et si vous habitez un grand centre et que votre situation ne constitue [97] pas un cas rare, il y a fort à parier qu'une section de ce groupe se réunisse pas trop loin de votre lieu de résidence ou d'emploi.

La formule du groupe d'entraide est simple et peut même tenir dans un slogan : s'aider en aidant. Dans le bulletin Initiative, bulletin d'entraide du Conseil canadien de développement social, il revient régulièrement, exprimé ainsi ou autrement, dans les articles écrits par des personnes qui rendent compte de ce qui se passe dans leur groupe ou de leur propre expérience comme entraidant. Bien sûr, cette phrase n'a rien d'un « Sésame ouvre-toi ! » qu'il suffirait de prononcer pour guérir ses maux. Elle représente plutôt, à la fois, l'esprit et le résultat du groupe d'entraide [3]. Mais dans le processus même de l'entraide de nombreux autres éléments entrent en jeu. Et parmi eux, il en est certains qui font se transformer le groupe d'entraide.

Car, à se regrouper entre soi, une certaine conscience se développe de l'existence de similitudes et de besoins communs. De cette connaissance ainsi acquise, on décide ou non de faire un objet d'information ainsi qu'un moyen de pression. C'est ainsi que certains groupes en sont arrivés à mettre sur pied un volet davantage axé sur la conscientisation du public face à leur situation et sur la réclamation de services auprès des gouvernements ou des autorités concernées.

Prenant exemple sur les associations de familles monoparentales, c'est ce passage de l'entraide à l'action collective que nous tâcherons de mettre ici en lumière. Mais d'abord, bien que les groupes d'entraide aient en commun un certain nombre d'éléments [4], il est important de montrer la spécificité de la naissance de l'entraide dans les associations regroupant les chefs de famille monoparentale. Pour cela, remontons d'abord le temps. Revenons aux premières années ayant suivi l'adoption de la Loi sur le divorce en 1968 et sa mise en vigueur en 1969.

Faites comme si... vous aviez vécu ce temps-là !

Nous sommes en avril de l'année 1970. Vous êtes une femme : milieu de la quarantaine, mariée, trois enfants. En juin prochain, [98] c'est votre anniversaire de mariage. 25 ans, déjà ! Les noces d'argent, symbole de la réussite matrimoniale. Mais elles n'auront pas lieu. Vous le savez depuis près d'un mois, puisque votre mari n'est plus là.

Oh ! non, vous n'êtes pas une veuve ! Vous êtes une « séparée ». Que ce mot raisonne mal dans votre tête ! Il est laid. Aussi laid que celui de « divorcée », que vous serez bientôt. Il veut demander le divorce. Que vous le détestez aujourd'hui votre premier ministre canadien. Qu'avait-il, ce monsieur Trudeau, à adopter sa Loi sur le divorce ? Sans elle, vous n'en seriez pas là !

Vous n'en seriez pas là, mais à bien y penser, c'est vrai que ça n'allait plus très fort dans votre ménage. Qu'allez-vous faire maintenant ? Pas d'emploi, pas d'argent, des enfants encore aux études. Il a dit qu'il paierait une pension. Est-ce que ce sera suffisant ? Et votre famille qui ne comprend pas. « Si tu avais mieux fait ceci, si tu n'avais pas fait cela, ça ne serait pas arrivé ! » Comme si tout ce qui passait dans cette maison n'arrivait que par vous ! Les voisins qui vous regardent avec l'air de dire à peu près la même chose. Mais ce qui vous choque le plus, c'est qu'au fond de vous-même vous vous faites les mêmes reproches, vous cherchez continuellement quelles fautes vous avez pu commettre pour que votre mariage aboutisse à un échec. Mais oui ! pour vous il s'agit bien de l'échec de votre vie !

Une séparée, vous ! Rappelez-vous, c'était un mot d'insulte. Presque aussi fort que celui d'accotée, qu'on ne prononçait qu'à voix basse quand vous étiez plus jeune. Chose certaine pour vous, ces deux mots dénotent la déchéance. Celle des autres puisque ça n'arrivait qu'aux autres. Et vous avez toujours pensé qu'il ne nous arrivait que ce qu'on méritait ! Mais maintenant c'est vous qui êtes atteinte. Et vous savez ne pas le mériter. Pendant près de 25 ans vous avez été considérée comme une bonne épouse, une bonne mère. Une femme dont on pouvait dire, c'est une bonne femme. Devenue veuve, vous seriez encore une bonne femme. Séparée, votre piédestal s'est effondré.

Septembre 1970. Trois de vos amies sont venues chez vous ce soir. Votre amitié avec elles est récente. Avant que « ça » ne vous arrive, peut-être n'auriez-vous jamais songé à vous faire des amies [99] de ces femmes. L'une d'elles, oui, peut-être ; quant aux deux autres vous n'auriez jamais eu l'occasion de les rencontrer, ni par le biais de votre famille, ni dans votre réseau d'amitiés. Mais elles sont maintenant vos amies et à quatre, vous vous rencontrez presque toutes les semaines.

C'est une annonce qui vous a réunies. « Vous êtes séparée ou divorcée. Vous vous sentez seule et isolée. Vous êtes invitée à venir rencontrer d'autres femmes dans la même situation. Téléphonez à 123-4567 et demandez... »

C'est, vous semble-t-il, à peu près ce qui était paru dans le journal du quartier. De votre nouveau quartier, car avec la séparation est venu le déménagement dans un logement à la mesure de vos nouveaux moyens, plutôt réduits. La maison était et est restée « à son nom », comme vous disiez alors pour signifier qu'il en était l'unique propriétaire. Mais ça, c'est un autre aspect du problème.

C'est donc par cette annonce que vous avez connu ces femmes qui sont maintenant vos amies. Avant de les connaître, vous étiez unique. En effet, il vous semblait que dans toute la ville, il n'y avait qu'à vous qu'une telle chose était arrivée. Et cela était suffisant pour éveiller en vous la honte et la culpabilité, en même temps que la colère envers celui qui vous laissait dans une telle situation. Vous ne saviez que faire, sauf vous isoler davantage.

À partir du moment où, entre femmes ayant connu la même expérience de séparation, vous vous êtes rencontrées régulièrement, les choses ont commencé à aller mieux. Vous n'êtes certainement pas plus riche et vous n'avez toujours pas d'emploi ; ça ne règle pas non plus vos problèmes de pensions alimentaires, ni ne rend plus faciles les sorties du petit dernier avec son père, ça n'éteint pas votre jalousie envers « la nouvelle » quand les enfants vous en parlent, mais quand même vous vous sentez beaucoup mieux. Dès vos premières rencontres, ça vous avait réellement réconfortée de constater que, malgré les différences dans l'histoire personnelle, votre situation, vos émotions, vos hésitations, vos craintes et votre questionnement ressemblait pas mal à ce que ces autres femmes vivaient aussi. Ça vous avait fait voir des issues possibles quand, ensemble, vous aviez partagé certaines façons de faire ou de dire les choses, pour qu'elles vous [100] soient plus faciles à vivre. Ça vous avait donné de l'assurance quand, à votre tour, il vous était arrivé de pouvoir en aider une autre.

Lors de la première rencontre, vous étiez quatre. Et ce fut ainsi pendant quelques semaines. Puis il y en eut une dizaine, puis une douzaine. Et plusieurs dizaines d'autres se sont ajoutées depuis.

Quelques mois plus tard. Aujourd'hui, vous réalisez que dès le début, à vous quatre, vous formiez déjà un groupe d'entraide. Mais vous ne le saviez pas encore. D'ailleurs, en cette soirée de septembre, quand l'une d'entre vous a soulevé l'idée de créer une association, nulle n'a parlé de groupe d'entraide. Vous ne connaissiez même pas l'expression. Mais vous saviez pourtant que cette association devrait servir à une chose bien précise : partager avec d'autres l'expérience et les informations que depuis quelque temps vous aviez vécues, d'abord à quatre, puis à dix, puis à douze, puis... [5]

C'est ainsi que dans le sillage de la nouvelle accession au divorce, on assiste, au tout début des années 1970 et dans différentes villes du Québec, à la création de plusieurs noyaux d'entraide constitués d'une petite poignée de femmes, récemment séparées ou même déjà divorcées. Au choc de la séparation et de la nécessité de s'adapter à des situations souvent fort différentes de celles qu'elles avaient connues pendant le mariage, s'ajoutait le rejet social et parfois même familial. Et c'est ce rejet, l'isolement qu'elles vivaient suite à ce rejet, qui les a d'abord réunies.

Maintenant qu'on ne condamne plus ni ne cache la mère célibataire, qu'on ne considère plus comme bâtard son enfant et taré l'enfant adopté, ni qu'on ne considère comme mauvaise la femme séparée ou divorcée, il nous semble difficile de croire que ce fut déjà le cas [6]. Pourtant, il n'y a pas longtemps qu'il n'en va plus ainsi puisque cette perception de la séparation et du divorce comme une tare marquant les femmes et le rejet qui s'ensuivait persista jusqu'aux alentours de 1975 et même plus tard dans certains milieux. Étant donné cette situation, il n'est pas étonnant de constater que plusieurs associations créées pendant cette période [101] assuraient l'anonymat à leurs membres, certaines de ces associations l'inscrivant même dans leur nom.

Le grand besoin de ces femmes, nouvellement séparées et divorcées après 15, 20 ou 25 ans de mariage [7], était donc de trouver du support auprès de quelqu'un qui pût comprendre le choc de la rupture, avec toute la honte, la colère et le sentiment d'échec qu'elle soulevait, et qui surtout ne les condamnât pas, ni pour ces sentiments, ni pour leur statut de divorcée ou de séparée.

Ces petits noyaux ont grossi rapidement et, tout aussi rapidement, les pionnières de chacun de ces noyaux ont senti le besoin de formaliser leur groupe pour en faire une association. Il n'existait rien pour elles à ce moment-là : quelques associations pour les veuves, mais bien sûr elles n'y avaient pas leur place.

Dès le tout début, la croissance des groupes est tellement rapide — preuve que le besoin est là et qu'il est très grand — que pour maintenir l'entraide, il aurait fallu scinder le groupe à chaque fois qu'il atteignait de trop grandes proportions. Or, plutôt que de procéder à une multiplication de groupes informels par scission, les femmes ont créé des associations. Bien que ces premières associations des années 1970-1972 soient issues de noyaux d'entraide, deux faits nous font comprendre cette tendance vers l'associativité formelle.

D'abord, la création d'une association semblait, en ce début des années 1970, la voie normale de l'associativité. On ne connaissait pas, ou très peu connaissaient, l'expression « groupes d'entraide » et à peu près personne ne connaissait de tels groupes. Même des groupes AA (Alcooliques anonymes), pourtant bien connus et qui existaient depuis les années 1930, on ne parlait ni en terme d'association, ni en terme de groupe d'entraide. Ils étaient les AA, tout simplement, ils constituaient une catégorie à part et même, dans la pensée de plusieurs, presque une société secrète. Et si du côté anglophone, on parlait de self-help ou de mutual aid, il ne semble pas que ces expressions aient traversé la frontière des langues [8].

[102]

Ensuite, après le premier constat d'un besoin commun de support pour s'adapter à leur nouvelle situation, les femmes se rendent compte rapidement qu'elles ont aussi à combler un grand manque d'informations précises. Or, si entre soi on peut aller chercher et se transmettre des informations, il faut, si on veut que le travail ne soit pas indéfiniment et inutilement refait, organiser l'ensemble de ces informations en un tout cohérent qui pourra être retransmis aux suivantes, partageant la même situation et les mêmes besoins. C'était là exactement, leur semblait-il, ce qu'une association pouvait faire.

Aujourd'hui, ces associations, si elles considèrent comme une de leurs fonctions le soutien et l'entraide, ne se considèrent pas vraiment comme des groupes d'entraide. Cela n'est pas particulier à ce type d'associations, mais il en constitue un bon exemple. Ce problème — qui n'en est un que dans la tête des chercheurs — est inhérent à notre façon de percevoir l'entraide et de définir le groupe d'entraide.

En effet, on reconnaît d'abord que l'entraide ne peut se réaliser que dans un groupe restreint, ce qui suppose nécessairement une scission ou un essaimage lorsqu'on croît. Si l'un ou l'autre ne se produit pas, on cesse dès lors de considérer ce regroupement comme un groupe d'entraide. De telles précisions n'apparaissent nulle part, mais c'est comme un entendement partagé dans le non-dit.

Il en va de même des groupes d'entraide. Ainsi, s'il est entendu qu'on puisse retrouver dans ces groupes presque toutes les mêmes activités que dans les autres associations, incluant du loisir et des actions politiques, il est entendu aussi qu'elles ne peuvent quantitativement dominer les actions d'entraide car, si tel était le cas, le groupe ne serait plus considéré comme un groupe d'entraide. Pourtant, là encore, le dosage de l'entraide par rapport aux actions ou aux activités d'un autre type n'est précisé nulle part.

La dénomination « groupe d'entraide » dépend donc en quelque sorte autant de l'échelle extérieure qu'on veut bien [103] construire que de la perception interne des participants. L'imprécision est donc grande et le restera puisque nul n'a l'intention, du moins je l'espère, de s'engager sur la voie, qui serait sans issue, de l'élaboration d'un outil permettant de mesurer le degré d'entraide.

Il nous faut donc cesser de faire résider les caractéristiques du groupe d'entraide dans une mesure de la quantité ou de la qualité des actions dont on puisse dire qu'elles soient spécifiquement d'entraide. Si on veut parler d'entraide comme mode associatif, il nous faudra plutôt faire référence à un rapport. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit d'un rapport de mutualité et de réciprocité entre individus qui se reconnaissent une appartenance à un même groupe.

En somme, puisque plusieurs des activités d'un tel groupe pourraient être identiques à celles de toute autre association, il faut bien admettre que seul le type de rapport entre les individus, et uniquement cela, distingue les groupes ou les associations d'entraide des autres. À l'inverse, si ce type de rapports peut être constaté dans une association ou un groupe, il serait inutile de demander si leurs activités, ou la majorité d'entre elles, sont d'entraide puisque l'activité de loisir ou l'action politique sera, autant que l'action de support émotif, marquée par le rapport de mutualité et de réciprocité et vécue comme action d'entraide.

Il me semble du moins avoir constaté qu'il en allait ainsi même pour les actions politiques des associations de familles monoparentales. Expliquons-nous.

Pour plusieurs associations d'entraide, la situation ou le problème commun, d'abord vécu sur le mode individuel, force bientôt la reconnaissance, parmi les membres, qu'il s'agit aussi d'un problème dont l'origine est sociale. Dès lors que ce constat est fait et partagé, il est presque inévitable de déboucher sur une action plus large que l'action interindividuelle de soutien et de réconfort, ou même d'information, pour en arriver à une action sociale ou sociopolitique.

[104]

Les associations de familles monoparentales, ou de femmes séparées ou divorcées, ont suivi ce chemin. Ce faisant, elles ont su éviter, sans l'avoir cherché, ce problème de dosage entre les actions d'entraide et les actions d'un autre type. Par le regroupement en fédération, elles ont opté pour une division des tâches qui confie le travail sociopolitique à la fédération, laissant aux associations locales les autres activités, dont celles d'entraide. C'est du moins ce qu'il semble au premier abord. Mais avant d'élaborer, laissons-nous raconter les débuts de la Fédération des associations de familles monoparentales du Québec (FAFMQ) ou plutôt du Carrefour (CAFMQ), comme il fut nommé alors [9].

En 1973, le Centre d'action familiale organise à Sherbrooke une semaine de la famille. Des activités de toutes sortes étaient prévues pour les familles mais, quand on regardait le programme, on voyait facilement qu'il n'y avait aucune place pour nous, que rien n'était prévu pour les familles monoparentales. Elles n'existaient pas. J'ai contacté les organisateurs de cette Semaine de la famille et j'ai réussi à négocier qu'une journée nous soit consacrée pour qu'on puisse organiser une activité sur la monoparentalité. Cette activité a pris la forme d'un teach-in.

À ce moment-là, il existait une dizaine ou une douzaine d'associations. Elles avaient envoyé des déléguées pour participer au teach-in. Elles étaient venues du Lac-Saint-Jean, de Joliette, de Montréal, ... bref de partout dans la province ainsi que d'Ottawa. À un moment de la journée, j'avais lancé un appel aux personnes qui représentaient des associations semblables à la mienne, pour qu'on se réunisse en soirée afin de discuter des suites à donner à ce teach-in.

On s'est retrouvé quinze, environ, et il est ressorti de notre discussion que le temps était venu de se donner une structure provinciale. Pour résumer rapidement une rencontre aussi fructueuse, disons qu'on se rendait compte qu'il nous fallait absolument garder contact entre associations et surtout qu'il nous fallait travailler ensemble si on voulait que certaines choses changent. Ce qui ressortait, autant des conférences et des ateliers de la journée que de notre rencontre de la soirée, c'est que partout c'était la même chose. Les besoins qu'on avait ou les problèmes [105] qu'on vivait à Sherbrooke, n'étaient ni pires ni mieux qu'ailleurs. Et les autres faisaient le même constat. On savait que la fonction de chacune de nos associations était d'entraide et de dépannage, d'information aussi. Et on savait que ce qu'on faisait dans nos groupes respectifs était nécessaire et très important. Mais déjà, on savait aussi qu'il existait certains problèmes communs pour lesquels il n'y avait pas de solutions. En tout cas, pas encore. Mais pour qu'il y en ait, on sentait qu'il y avait une nécessité de pousser plus loin nos actions.

Par exemple, moi, à Sherbrooke, j'avais préparé un mémoire sur la situation socio-économique des femmes chefs de famille. On l'avait envoyé à différents paliers gouvernementaux, tant au fédéral qu'au provincial : ministère de la Justice, ministère du Travail, ministère de la Santé et du Bien-être, etc. Presque à tous les ministères finalement, parce que la situation des femmes, qu'elles soient seules ou pas, touche à tout. D'autres associations aussi avaient conscience de ces situations qu'il fallait mettre de l'avant, de ces dossiers qu'il fallait défendre. Mais c'est impossible de demander ça à un groupe local. En tout cas, pas de façon continue, car il n'a pas toujours les ressources ni le temps qu'il faut pour être en mesure de préparer puis de rédiger un mémoire sur un sujet donné. Sans compter qu'il ne suffit pas de préparer un dossier, il faut aussi trouver les moyens de le défendre auprès des gouvernements.

On sentait donc qu'un regroupement de nos associations serait tout indiqué. Mais bien sûr il fallait l'organiser. On a donc mis sur pied un Comité provisoire, dont le mandat était d'organiser le congrès de fondation du Carrefour des associations de famille monoparentale, comme il fut plus tard décidé de nommer notre regroupement. Ce congrès de fondation eut lieu en septembre 1974, soit environ un an après la tenue du teach-in.

Le succès qu'avait connu le teach-in nous a, en quelque sorte, aidées dans la réalisation de notre projet. Cela avait été la première fois qu'une activité semblable se produisait, à un niveau provincial, au sujet des familles monoparentales. Même si cela s'était passé à Sherbrooke, cela avait été bien couvert à Montréal. Les journalistes étaient venus et ils nous avaient fait connaître par leurs articles. Par la suite, une entrevue à l'émission de télévision [106] « Femme d'aujourd'hui » avait eu aussi un grand impact. D'abord, par les lettres et les appels reçus, on s'est rendu compte qu'il y avait d'autres associations, qui n'avaient pas été invitées au teach-in parce qu'on en ignorait l'existence. Mais surtout certaines personnes nous contactaient pour nous demander des conseils sur la fondation d'une association, car dans leur région ou dans leur ville il n'en existait pas.

Les associations existantes, en nous disant leur intérêt pour la création d'une fédération, nous confirmaient que nous étions en bonne voie. Mais, en même temps, les contacts avec ces personnes qui voulaient faire démarrer des groupes dans leur localité nous faisaient voir qu'il serait important que notre fonction ne soit pas que politique et donc extérieure à la vie des associations. Il semblait au contraire nécessaire d'utiliser l'expérience et les connaissances acquises dans certaines associations locales pour construire des outils qui permettraient à d'autres d'utiliser ces connaissances et cette expérience. Il semblait donc qu'il nous faudrait maintenir un échange constant entre le regroupement et les associations membres et que, pour y parvenir, cela nécessiterait une nouvelle façon de faire.

Comme il nous était apparu que la disparité des régions amenait aussi une certaine disparité des problèmes en même temps que des différences dans l'organisation et la participation, il nous était très apparent qu'il fallait des pôles régionaux. On a donc regroupé les associations membres en quatre ou cinq régions. Ce qu'on visait alors était l'organisation de sessions régionales dont l'objectif était de former et d'informer les représentantes de chacune des associations. Ces personnes deviendraient ainsi les relais vers leur propre association. Lors des sessions régionales, un programme, établi au secrétariat, était proposé aux associations membres. Ce programme était suggéré, non imposé, et les associations pouvaient ajouter ou retrancher des choses en fonction des besoins de leur région ou en fonction des besoins du membership de leur association [10]. L'idée générale n'était pas d'encarcaner les associations mais de proposer certaines idées, de leur fournir des outils et de leur donner l'aide nécessaire pour les réaliser. Un des objectifs étant de pousser plus loin les actions qui devaient l'être. Mais ça fonctionnait à double sens. Par le biais des sessions régionales, [107] nous étions nourries en retour : nous prenions connaissance d'un tas de situations, nous ramassions plein d'informations et tout cela nous servait soit à monter ou modifier les programmes que nous proposions, soit à construire nos dossiers ou à les étayer en les appuyant sur des cas ou des exemples concrets.

Cette approche était là dès le début. C'est, à mon avis, ce qui a consolidé les actions du Carrefour, maintenant de la Fédération. Car ça dure toujours. C'est, aujourd'hui, beaucoup plus structuré, je dirais mieux structuré, très solide, mais la base était là dès le début. Ou plutôt dès la deuxième année de fonctionnement, si on pense qu'il nous a fallu un an pour implanter notre système.

C'est donc ainsi qu'après à peine quelques années d'existence, les associations de familles monoparentales se regroupent en une première forme fédérative, le Carrefour des associations de familles monoparentales du Québec, dans le but de mener à terme quelques dossiers politiques que les membres s'entendent à considérer comme étant de première importance pour l'ensemble des familles monoparentales et qu'il convient de les faire connaître et de les défendre tant auprès de la population en général qu'auprès des instances gouvernementales.

Dès lors, et comme c'est souvent le cas quand une fédération d'associations naît, on se retrouve face à deux instances associatives distinctes : l'une, d'action psychosociale, décentralisée, composée d'associations autonomes les unes par rapport aux autres, à membership majoritairement féminin, certaines associations étant exclusivement féminines, d'autres mixtes ; l'autre, d'action sociopolitique, centralisée, monopolisant certaines fonctions et devant défendre des intérêts parfois antagonistes des associations féminines et des associations mixtes.

Et, comme il arrive souvent aussi entre une fédération et ses associations membres, il aurait pu ne se développer qu'un lien d'utilité entre les deux instances. Or, dans le cas précis de la Fédération des associations de familles monoparentales du Québec, on peut constater qu'au-delà de la fonction utilitaire se développe, dès le début, ce que je nommerais de l'entraide associative.

[108]

En consentant, comme je le soulignais plus haut par rapport aux groupes d'entraide, à regarder non pas uniquement les actions et les activités de la seule fédération, mais le genre de rapports, qui existent entre la fédération et les associations membres, on conviendra que cette approche qui « était là dès le début » et qui s'est maintenue et développée est une approche qui sous-tend un rapport de réciprocité. Un rapport qui nous rappelle le rapport d'entraide, qui est un rapport d'entraide inter-associations.

Ce rapport de réciprocité entre les associations et la fédération les représentant est assez inédit. Le fait qu'il soit maintenu n'est pas le résultat de l'habitude. Au contraire, on peut dire qu'il nécessite un travail conscient et constant [11]. Et au moment de son implantation, il ne devait rien au hasard.

Il est important de se rappeler que les premières associations ayant constitué la fédération sont d'abord des associations regroupant des femmes, mais ce qu'il faut surtout retenir c'est que cette spécificité de la FAFMQ réside dans le fait que ces associations elles-mêmes, tout comme leurs membres, étaient marquées par le rejet.

Exclues par l'Église...

Du côté de l'Église, c'était assez fermé. Certains prêtres, individuellement, avaient su prêter une oreille attentive, mais du côté de l'institution, les portes n'étaient pas ouvertes. [...] Parce que l'institution était relativement fermée, plusieurs femmes se sentaient coincées entre leur situation concrète et leur croyance religieuse. Avec regret, plusieurs d'entre elles n'allaient plus à la messe. À notre association, on avait eu une rencontre avec un prêtre, pour qu'il nous fasse part de la position de l'Église vis-à-vis de la séparation et du divorce. Ce prêtre nous avait donné en exemple l'histoire de Marie-Madeleine. Je regrette, mais Marie-Madeleine ne représentait nullement notre situation. Il y avait donc une éducation à faire auprès du clergé également. [...] Si les hommes d'Église nous fermaient les portes, les religieuses par contre étaient plus sympathiques à notre situation. Les plus âgées surtout. Souvent, dans ces femmes séparées, seules et désemparées, elles [109] retrouvaient de leurs anciennes élèves. De ces élèves dont elles avaient pu apprécier les qualités. Différentes communautés ont su aider au démarrage de certaines associations. Maintenant, elles aident encore, mais leur action est différente, mais, encore, l'aide aux femmes tient une bonne place.

... exclues par les organisations familiales...

D'un autre côté, les associations familiales chrétiennes ne voulaient pas de nous. Elles se sentaient menacées. Je m'étais déjà fait dire par certaines représentantes de ces associations : « Ces femmes-là ne viendront pas briser ce qu'on essaie de faire ». Si j'ai bien compris à l'époque, ce qu'elles essayaient de faire, c'était de maintenir leur propre ménage, d'éviter la séparation pour elles-mêmes. Alors évidemment, comme femmes séparées on les menaçait.

... exclues par les bailleurs de fonds.

Il n'allait pas de soi que le Gouvernement donnerait de l'argent à une bande de séparées et de divorcées. Il a fallu débroussailler. Là, comme ailleurs, il n'était pas acquis qu'une association de familles monoparentales ou qu'un regroupement de ce type d'associations soit un organisme familial. On nous disait de nous affilier à un « vrai » organisme familial, c'est-à-dire un organisme qui regroupait des associations pour les familles à deux parents. Mais le problème était que ces gens ne voulaient pas de nous. Ils avaient un peu peur de nous, peur qu'on vienne « détruire » la famille, leur famille. Comme femmes séparées, on constituait une menace. D'un autre côté, même s'ils avaient voulu de nous, on ne correspondait absolument pas à leurs attentes, on n'avait pas non plus les mêmes problèmes, ni les mêmes besoins.

Ce triple rejet les força à se solidariser pour mieux défendre leurs intérêts. Cela n'a rien de neuf en soi, on le sait. C'est cependant la forme d'interaction mutuelle des associations qui, semble l'avoir été ou, du moins à notre connaissance, dont on puisse dire qu'elle n'est pas fréquente. Il est certain que tout cela nécessiterait d'être approfondi.

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Faire évoluer le groupe d'entraide vers l'entraide associative a signifié, pour les séparées et les divorcées, qu'elles soient passées d'une lutte contre les stéréotypes négatifs attachés alors à leur nouvel état civil à une action pour la conquête de leurs droits dans la nouvelle situation avec laquelle elles devaient composer pour exercer leur parentalité. Ce faisant, elles ont contribué à faire reconnaître que leur situation n'était pas que le résultat d'un problème privé appelant des interventions ou des solutions individuelles, mais qu'il s'agissait aussi d'un problème de société. En cela, elles ont accompli et accomplissent encore la tâche politique qui est la leur. La force de la fédération, c'est toutefois de s'être rappelé constamment qu'il ne s'agissait pas que d'un dossier politique ou économique à défendre car la vie quotidienne continuait pour ces femmes qui vivaient privément ce problème de société. À ce titre, elles devaient pouvoir compter sur leur association locale comme lieu de rencontre, de services, d'échanges, d'information ou de loisir. Ces différentes activités étant marquées par un rapport d'entraide dans plusieurs associations locales.

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NOTES

Les notes en fin de texte ont toutes été converties en notes de bas de page dans cette édition numérique des Classiques des sciences sociales afin d’en faciliter la lecture. JMT.

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[1] Référant à l'histoire du Québec et à l'organisation territoriale de nos paroisses, ordonnées en rangs, ceux-ci devenaient, après la famille, le lieu de nombreuses activités partagées. La plupart d'entre elles étaient déjà inscrites au calendrier des saisons, mais quand un coup dur frappait l'une des familles, les voisins étaient là pour apporter leur aide et la supporter. Ils ne constituaient pas des groupes d'entraide, mais celle-ci n'en existait pas moins.

[2] Il existe en effet une multiplicité de sujets ayant servi à des regroupements. Les membres de certains de ces groupes sont les personnes aux prises avec le problème, tandis que pour d'autres groupes, les membres en sont les parents ou amis : le handicap physique : parents d'enfants victimes de la thalidomide et, maintenant, les victimes elles-mêmes,... ; le problème physiologique : soit une maladie chronique, telle l'arthrite juvénile, ou une maladie fatale, telle le sida ; le handicap mental : parent d'un trisomique,... ; problème psychologique tel la névrose obsessionnelle, l'anorexie/boulimie,... ; le deuil : soit celui d'un enfant, celui d'un conjoint, celui d'un parent ; la violence matrimoniale : en tant que victime ou comme agresseur ; la violence parentale : soit comme parent violent, soit comme adulte ayant été un enfant battu, violé ou victime d'inceste...

[3] Aussi simple soit la formule, le groupe d'entraide semble efficace. Même s'il n'existe pas, à ma connaissance, de résultats sur les taux de satisfaction ou de réussite des entraidants, peut-être faut-il considérer, dans une société pour laquelle efficacité peut être synonyme de rentabilité, comme une indication de cette efficacité le fait que certaines sociétés à but lucratif soient apparues, utilisant des formules s'apparentant au groupe d'entraide ?

[4] Jean-Marie Romeder et collaborateurs, Les groupes d'entraide et la santé. Nouvelles solidarités, Conseil canadien de développement social, Ottawa/Montréal, 1989, 139 p.

[5] Ce récit, bien qu'inventé, n'est pas fictif. En effet, il constitue la trame commune qui se dégage des entrevues réalisées avec quelques fondatrices d'associations de la région montréalaise ou leurs responsables actuelles.

[6] Rappelons qu'il y a moins de temps encore, on ne savait pas très bien composer avec l'inceste et le viol, et il nous arrivait fréquemment, et même encore, de culpabiliser la victime ou simplement de croire à son acquiescement tacite.

[7] La durée du mariage est allée en diminuant depuis l'accession au divorce, mais en 1969, 19,3% des couples divorcés avaient connu une durée d'union de 25 ans ou plus. En 1979, ce pourcentage s'était abaissé de moitié, à 10,0%. À l'opposé, les couples divorcés ayant moins de 5 ans d'union représentaient 13,2% en 1969 pour se multiplier par deux en 1979 et grimper à 23,7% (McKie, Prentice et Reed, Divorce : la loi et la famille au Canada, Ottawa, Statistique Canada, 1983, p. 106, tableau 13.)

[8] Il semble tout aussi étrange de constater alors l'existence d'associations canadiennes et américaines de familles monoparentales, dont les francophones d'alors ne semblent jamais avoir entendu parler. Ainsi, il existait une association canadienne de One-Parent Families, dont il y avait un chapter au Québec. Mais les membres de ce chapter étaient anglophones. Il y avait aussi au Canada des représentants du regroupement international de Parents Without Partners, qui avait été créé en 1957 à New York. Mais là encore, il ne semble pas y en avoir eu d'écho chez les francophones.

[9] Cette fois-ci, rien d'inventé ! Le verbatim qui suit est tiré d'une entrevue faite avec madame Aline Guay, fondatrice du Carrefour. Les informations qui se grefferont ensuite au sujet de la fédération, sont tirées des documents produits par la fédération elle-même, certains ayant été publiés, d'autres étant pour usage interne seulement et que mesdames Madeleine Bouvier, directrice générale, Huguette Limoges et Denyse Plante ont généreusement mis à ma disposition.

[10] Mentionnons que certaines associations sont exclusivement féminines, tandis que d'autres sont mixtes. Cette dernière situation étant plus souvent le fait des associations situées dans les villes éloignées des grands centres.

[11] À titre de contre-exemple, qu'il soit dit qu'il y a quelques années, la fédération, selon les avis de la directrice générale de ce temps, avait opté pour une accentuation de la représentation politique, réduisant au seul lien utilitaire ses rapports avec les associations, minimisant le rôle et l'impact des sessions régionales. Des voies dissidentes se firent entendre dans les bureaux mêmes de la fédération et le mécontentement des associations se fit sentir par la désaffiliation de plusieurs d'entre elles. Cette voie a été abandonnée. Il aura fallu plusieurs mois pour reconstruire les solidarités défaites et rétablir les rapports sur un mode de réciprocité.



Retour au texte de l'auteur: Fernand Dumont, sociologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le jeudi 26 juillet 2018 5:42
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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