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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L’énigme de la devise du Québec: à quels souvenirs fait-elle référence ? (2005)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jacques ROUILLARD, “L’énigme de la devise du Québec: à quels souvenirs fait-elle référence ?” Un article publié dans le Bulletin d’histoire politique, vol. 13, no 2 (hiver 2005), p. 127-145. [Autorisation accordée par l'auteur le 5 décembre 2006 de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

En 2002, Thierry Le Brun, émigré récemment au Québec, réalisait un documentaire à l’Office national du film qui se voulait une enquête sur la signification de la devise «Je me souviens» [1]. On comprendra que le sujet soit intrigant pour un nouveau venu qui a constamment la devise sous les yeux puisqu’elle est inscrite sur les plaques d’immatriculation depuis 1978. Les Québécois et Québécoises de souche devraient donc, pensait-il, en connaître naturellement la signification. Il s’est donc employé à interroger des personnalités connues, mais surtout à questionner monsieur et madame tout-le-monde sur la signification de la devise. Il en ressort une grande diversité d’interpré­tations, faite souvent de réponses assez farfelues. La publicité qui accompagne le film fait valoir gentiment que la disparité d’opinions reflète la complexité et les contradictions de la société québécoise. La version anglaise donne comme titre au film «A Licence to Remember: Je me souviens», suggérant que la devise autorise finalement toutes les interprétations. La cassette anglaise du film met en relief un commentaire du Globe and Mail : «hilarious». On ne sait si le qualificatif vise le traitement du documentaire ou l’impression qui se dégage des réponses apportées à la question.

C’est finalement assez désolant de constater que les citoyens du Québec ne connaissent pas l’origine et la signification de leur devise. Cette méconnaissance est d’autant plus déplorable que la devise, contrairement à d’autres pays, ne porte pas sur la géographie comme la devise du Canada (A mari usque ad mare) ou sur des valeurs comme celles de la France (Liberté, égalité, fraternité) et des États-Unis (In God We Trust ), mais sur la mémoire de je ne sais quoi. Notre devise veut transmettre un souvenir, mais elle révèle finalement un oubli ou une ignorance. Et c’est d’autant plus gênant que la devise est formulée comme si nous devions tous individuellement en connaître la signification. De qui, de quoi devrais-je me souvenir ?

Il faut dire, à la décharge des Québécois et Québécoises, que la devise est peu explicite en elle-même et que les interprétations courantes varient beaucoup. Pour leur part, les historiens, qui sont en principe porteurs de la mémoire collective et qui devraient donc normalement pouvoir nous informer de sa signification, n’ont pas accordé toute l’attention voulue à ce «détail». Et ce qui n’aide pas à clarifier l’embrouille, c’est que l’auteur de la devise n’a pas expliqué clairement son choix et que l’historien qui a fait la recherche la plus poussée sur le sujet, Gaston Deschênes, directeur des études documentaires à l’Assemblée nationale du Québec, conclut qu’on peut «l’interpréter à sa guise en toute liberté» [2]. Voyons donc de plus près si on ne pourrait pas parvenir à cerner, à tout le moins, son sens original.


[1] Thierry Le Brun, Un certain souvenir, Office national du film, 2002.

[2] Gaston Deschênes, La devise «Je me souviens», site de L’Encyclopédie de l’Agora, p. 10 (http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Quebec). Voir aussi de Madeleine Albert et Gaston Deschênes, «Une devise centenaire: Je me souviens», Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, 14, 2, avril 1984, p. 21-30; Gaston Deschênes, «La Devise du Québec selon le Globe and Mail», Le Devoir, 2 mars 1991; «Un mythe tenace», Le Devoir, 30 août 1994.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 23 janvier 2007 11:01
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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