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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Père Éric de Rosny, s.j., QUAND L'OEIL ÉCOUTE. (2007)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte du Père Éric de Rosny, s.j., QUAND L'OEIL ÉCOUTE. Revue Vie chrétienne, numéro hors-série, no 531, 2007, 66 pp. Paris. Une édition numérique réalisée conjointement par Gemma Paquet (bénévole, professeure de soins infirmiers retraitée du Cégep de Chicoutimi) et Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec. [Le 20 décembre 2011, le Père Éric de Rosny, jésuite, accordait aux Classiques des sciences sociales, son autorisation de diffuser tous ses livres. Cette autorisation nous a été retransmise, le 27 décembre 2011 par Jean Benoist, un ami personnel du Père de Rosny.]

[5]

Quand l’œil écoute.

Introduction


Lors d'un séjour au Cameroun en avril 2004, je suis allé à Yaoundé rendre visite à nouveau à Eric de Rosny [1]. J'ai eu grand plaisir à loger quelques jours dans sa communauté, à discuter sur des sujets variés avec ses compagnons jésuites, et tout particulièrement avec lui.

J'avais fait sa connaissance en 1995. Dans le cadre de ma thèse de doctorat [2] que j'effectuais alors à Douala, au sein de l'ORSTOM (aujourd'hui IRD : Institut de Recherche pour le Développement), j'avais voulu connaître ce personnage, célèbre en France après la publication de son livre Les Yeux de ma chèvre [3], et célèbre à Douala pour les fameuses émissions radio qu'il animait une fois par semaine.

Ma curiosité était très « intellectuelle » et portait surtout sur ses recherches sur la « tradition à Douala » : agnostique, parfois anticlérical, très influencé par les théories socialistes et anarchistes du XIXème siècle, notamment par Proudhon, j'étais quand même légèrement méfiant avant de rencontrer ce prêtre, jésuite et missionnaire de surcroît ! La première rencontre fut sympathique et très intéressante. Tout doucement, durant les quelques années passées à Douala, il s'instaura entre nous une relation plus suivie, nous faisions des dîners dans les 'circuits' (petit restaurant populaire où l'on sert une nourriture locale) ou dans sa communauté. De mon côté, de multiples questions se posaient, mais, en tant que jeune chercheur, je trouvais alors indécent de les poser directement. Quand « il » dit qu'il est plus sensible à la violence et qu'il a des « flashs », sont-ce des bêtises ou est-il sincère ? Si oui, que voit-il ? Comment ces visions peuvent-elles faire bon ménage avec sa foi chrétienne, voire avec son ministère ? Finalement, en qui croit-il ? Qu'est-ce que la foi et sa foi ? Mais, dans un premier temps, mes questions indirectes recevaient des réponses tout aussi indirectes, ce qui, pour ma part, renforçait l'énigme...

Une amitié se noua progressivement. Lors de la soutenance de ma thèse, à laquelle il n'a pas voulu assister en tant que professeur, [6] il s'est placé juste derrière moi, en face des membres du jury. Dans leur intervention, ils se sont tous positionnés par rapport à lui et à ses écrits : quelle aide plus solide et efficace aurait-il pu apporter que ce regard tout à la fois posé sur moi et me survolant pour se poser sur chacun de mes « juges » ?

Au fur et à mesure que le temps passait, les questions devenaient moins évidentes... Au cours de nos conversations, je percevais progressivement que j'avais eu une façon très simpliste de les formuler. Le croire comme le voir ne sont pas uniformes ou univoques : eux aussi s'insèrent dans un imaginaire - un système de représentations culturelles, dirait Eric - qui est complexe.

Dans cette amitié naissante, je fus en outre frappé par une qualité du personnage qui ne fut jamais prise à défaut ensuite : son honnêteté. Que ce soit dans sa vie amicale, dans ses recherches sur la tradition ou dans sa foi, jamais il n'a essayé de feinter. Quel exploit pour un jésuite, me disait un mauvais génie intérieur ressourcé dans l'anticléricalisme des Lumières ! Au contraire, il chercha patiemment à expliquer, ou mieux, à faire comprendre, sa foi, ses références, sa vision de l'homme et de la société, sachant que les trois ne forment qu'un. Tout est dans l'Unique...

Durant mon séjour en avril 2004, une discussion, marquante pour moi, s'est engagée lors d'une promenade : sur un ton badin, divers sujets furent abordés, dont celui du rapport aux origines, aux références culturelles, à la foi et à leurs diverses expressions. Je me souvins de mes questions originelles, esquissées lors de nos premières rencontres, près de dix ans auparavant. Certes, elles se révélaient complètement inadaptées, mais ce désir initial de comprendre le personnage et ce qu'il représentait demeurait toujours aussi vivace. J'ai alors envisagé de faire partager ces échanges, puisque ma curiosité, pensais-je, devait être partagée par quelques-uns (e)s.

De retour en France, j'ai alors pensé effectuer ce dialogue via Internet, pour ensuite - pourquoi pas ?- publier l'essentiel de ses réponses. J'avais déjà demandé la participation d'Eric dans un ouvrage collectif que j'avais coordonné [4], et je me sentais assez en confiance, c'est-à-dire que je ne m'estimais pas trop déplacé dans cette démarche, pour faire cette proposition. À ma grande joie, il accepta.

Gilles SÉRAPHIN



[1] Gilles Séraphin, sociologue, est actuellement sous-directeur en charge de la recherche, des études et des actions politiques à l'Union nationale des associations familiales (UNAF) et rédacteur en chef de la revue scientifique Recherches Familiales.

[2] Gilles Séraphin, Vivre à Douala. L'imaginaire et l'action dans une ville africaine en crise, Paris, L'Harmattan, coll. Villes et entreprises, 2000.

[3] Eric de Rosny, Les yeux de ma chèvre. Sur les pas des maîtres de la nuit, Paris, Plon, coll. Terre Humaine, 1981.

[4] Gilles Séraphin (dir.), L'effervescence religieuse en Afrique, Paris, Karthala, coll. Les Afriques, 2004.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 5 juin 2013 8:35
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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