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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Folklore, culture et identité.
Revue
l'Indigène, cahier socio-culturel des étudiants de la Faculté d'ethnologie. (2012)
Éditorial


Une édition électronique réalisée à partir du livre Folklore, culture et identité. Revue l'Indigène, cahier socio-culturel des étudiants de la Faculté d'ethnologie, vol. 2, no 2, mai 2012, 165 pp. Port-au-Prince, Haïti: Revue inter-universitaire éditée par le Bureau des étudiants de la Faculté d'ethnologie de l'Université d'État d'Haïti. Une édition numérique réalisée par Anderson Layann PIERRE, bénévole, étudiant en communication à la Faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti.

[8]

Folklore, culture et identité

Éditorial

Approches psycho ethniques
de la genèse de l'homme haïtien


Par : Junior CENANFILS


Ce texte à titre d'éditorial se propose de reprendre au tournant de l'Anthropologie haïtienne l'essentiel d'un document ethnologique du Dr. Jean Baptiste ROMAIN, ancien Doyen de la Faculté d'Ethnologie, intitulé : l'homme haïtien, ses origines ethniques, sa psychologie. Ce résumé compendieux tient beaucoup compte de l'Anthropologie et de la psychologie. C'est pourquoi les travaux du Dr. Jean Price Mars en la matière et les pontes de l'école Anthropologique haïtienne : feu Lorimer DENIS et François DUVALIER, nous sont d'une très grande directive, pour répéter le mot exact du Dr. ROMAIN. En outre, l'aspect physico-culturel de l'homme haïtien est le vague produit d'un métissage. Tout comme son fondement sur le péché originel de l'Anthropologie par la race s'avère fort inégal dans son anatomie. Toutefois, nous allons reprendre la question en fonction de deux dimensions sous forme élargie : la race et le comportement. Dans ce cas, trois types de races tout comme quatre types de comportements interreliés sont pris en considération : la race jaune, la race blanche et la race noire ; le comportement intellectuel, social, religieux et ethnique.

A. La dimension Anthropologique
un péché originel par la question de la race


Race jaune : des noms comme Hèrnandès OVIEDO, Christophe COLOMB, Révérend Père CHARLEVOIX, Pierre MARTYR d'Anghiera nous indiquent certains éléments de description des aborigènes indiens [9] découverts en Haïti vers 1492 : taille au dessus de la moyenne (1m. 54), peau cuivrée, tête aplatie d'avant en arrière, mains et pieds petits, cheveux d'un noir de jais, expression triste du visage. La double question est de savoir : Sont-ils autochtones des Amériques ? Contribuent-ils à la formation de la personnalité physique de l'homme haïtien ? L'hypothèse sur ces indiens dits Arawaks, peuplement d'autochtone de l'Amérique nous renvoie sur leur chemin de l'Océanie et de l'Asie. Il est certain que les recherches scientifiques ne sont pas progressées dans cette direction, peut-être à cause de certains préjugés. Le système « répartimientos » imposé par les conquistadores espagnols aurait détruit jusqu'au dernier homme cette population primitive. Mais les statistiques officielles ne cessent pas de claironner 300 indiens en 1687 à 1730 sont considérés de races pures. Toutefois, il nous faut préciser que les particularités indiennes d'Haïti des recherches de 1944 encore non renouvelées confirment leur existence, d'îlots démographiques indiens ou nous en assimilant. En Haïti, à Saltrou : les indiens mélangés de Noirs qui y vivent s'appellent « viens-viens ». À Kenscoff sur l'habitation de Lamarque : les indiens de cette localité ont la figure large, les pommettes saillantes, le nez fin, le menton pointu, orné d'une barbiche. A Gressier et à morne à bateau. À Petit-Goave sur les habitations de Lebrun et Pourlandier. Sur les Crêtes des montagnes de la Grande-rivière-du-Nord, de Pignon, de St-Raphael, de Maïssade où ils sont désignés sous le nom de « Zip-Zip ».

Race blanche : partons de l'hypothèse selon laquelle ils n'ont probablement pas échappé à la règle qui veut que deux peuples qui se rencontrent se battent parfois mais s'accouplent toujours. Mélange d'Espagnols [10] et d'Indiens sur le sol d'Haïti pendant plus d'un siècle à partir de 1492, des Anglais qui occupent toute la partie du Nord-Ouest et du sud du pays durant toute la guerre pour l'indépendance. Selon l'auteur, « la proportion dans laquelle leur sang se trouve mêlé au sang indien et nègre doit être infinitésimale et l'espoir de la déterminer, quelque jour, demeure illusoire ». Selon les statistiques, 30.000 français habitaient la colonie à la veille de la révolution de 1789. Ce contingent réunissait des Nantais, des Normands, des Berrichons, des Bretons, des Gascons entre autres. Ce qui explique que le taux de Français était majoritaire et a contribué à la construction d’une nouvelle race habitant ce territoire. Le croisement des Français avec les noirs transplantés d'Afrique a donné naissance aux mulâtres et sang-mêlé. Le professeur G. DEBIEN de l'Université de Dakar, a établi que la majorité des engagés, c'est-à-dire des travailleurs blancs liés par contrat aux colons de St Domingue pendant 36 mois, provenaient de l'Aunis, des provinces les plus proches de la Rochelle, de l'arrière-pays saintongeais et poitevin.

Race noire : substratum sur lequel reposait le développement physique de l'haïtien. Selon les Archives du Ministère français de la Marine et des colonies, l'aire d'opération de la traite débordait la ligne équatoriale de chaque côté du 20ème degré de latitude Sud. Des régions différentes approvisionnaient en noirs la colonie de St-Domingue. Le Sénégal y envoyait les Ouoloffs (couleur noire plus foncée que celle des Sénégalais, taille avantageuse, dents d'un ivoire éblouissant), les Peuls ou Foulard (taille élancée, couleur rougeâtre) les Bambaras (stature la plus haute d'Afrique, air triste, scarifications au visage), les mandingues de la Côte des Graines et de la Côte-d'Ivoire (teint moins noir que celui [11] des autres noirs), les Bouriquis et les Misérables, la Côte-de-l’Or, les Aradas ou Dahoméens, le Bassin du Congo, les Congolais (équilibre dans les proportions, œil étincelant, oreille petite, sourcils épais, nez aplati, dents blanches bien rangées, peau luisante) (Moreau de St-Mery. Description de la partie française de St-Domingue, 1958). Selon le Dr. J. B. Romain, de 1505 à 1789, le croisement s'opère néanmoins entre les trois groupements raciaux ci-dessus envisagés, malgré les interdictions des édits royaux, malgré le Code noir de 1685 et les Ordonnances des Administrateurs de St-Domingue. Alors que le métissage physique de l'haïtien constitue un fait ancien à la seule proclamation de l'acte de l'indépendance. Ainsi un panorama anthropologique d'Haïti nous présenterait comme suit : noirs dans la proportion de 88,5% ; sang-mêlé dans la proportion de 14.9% ; assimilés aux indiens, 0,1% ; environ 400 individus formant des îlots démographiques.

B. Les dimensions psychologiques
ou les aspects comportementaux
comme fuite du terroir national
et de la culture populaire en formation composite


Le comportement intellectuel : pour justifier le comportement intellectuel de l'haïtien, le tournant de la littérature, de la pastiche à la radicale peut nous servir d'exemple. En gros, elle reste longtemps durant une littérature d'imitation, d'évasion du milieu et du réel, une littérature patriotique à une pensée militante :

1) Pastichant les maitres d'outre-mer, elle rejoint l'école pseudo-classique avec CHANLATTE, MILSCENT ; l'école parnassienne avec Probus BLOT, Seymour PRADEL, Arthur LESCOUFLAIR, l'école symboliste avec Timothée PARET. Elle choisit ces thèmes et son [12] cadre à l'étranger, chante la blonde aux yeux bleus, la rigueur de l'hiver ; crée des héros, tel Francesca, le Damné. Attitude aucunement blâmable si elle ne prenait l'allure de système, si elle ne trahissait le mépris dont elle entourait la matière locale et sa capacité de suggestions originales. Bien sûr !

2) D'autres écoles naissent et réagissaient, la contre. Elles sont représentées par des romanciers tels : Antoine INNOCENT, dans Mimola ; Fernand HIBBERT dans Sena ; Frédéric MARCELIN dans Vengeance de Mama ; elles sont représentées par des poètes, tel Oswald DURAND, dans la logique de rire et pleurs :

« Je ne connais que nos mornes
Où se penchent les bananiers
Nos cieux, nos horizons sans bornes
Nos bois, nos zéphyrs printaniers
Le soir lorsque le vent se pavane
Courbant nos joyeux champs de riz
Je dis alors à Marianne
Allons rêver dans la savane
Là-bas sous les manguiers fleuris ».

3) Il y a un quart de siècle, la faillite de notre ancienne esthétique littéraire trop servile et l'urgence d'une littérature qui réponde à nos aspirations propres, à notre état d'âme, à nos particularités psychologiques. Tous ces échos se concrétisent en œuvres comme l'Ame du Lambi, la Case de Damballah, l'Héritage sacré, le drame de la terre, Gouverneur de la rosée, etc.

Le comportement social : tout mouvement de solidarité entre la classe moyenne et le prolétariat n'est possible. Puisqu'il est toujours paralysé par la classe bourgeoise, les privilégiés du pays. Cette classe ne cherche que des solutions bâtardes à ses conflits, tout en repoussant la [13] masse qui l'alimente. Il est certain que la stratification sociale d'Haïti ressemble encore avec l'ancienne stratification de la colonie de St-Domingue en Blanc, les Affranchis et Esclaves, c'est le reflet symbolique de la bourgeoisie, la classe moyenne et les masses prolétaires. Si la classe bourgeoise cherche des solutions insignifiantes, la classe prolétaire dans la dynamique marxiste se réveille menaçante, aussi inconsciente, servile et corvéable qu'elle soit.

Le comportement religieux : moso Bondye, moso Solocotto tel est : le parler de la classe populaire du point de vu de la psychologie des religions. L'aspect bimodal de la religion haïtienne, cela se traduit selon l'article du Dr. J.B. Romain par le comportement religieux de plus de 85% des haïtiens : le syncrétisme. Ce syncrétisme résulte l'animisme des noirs venus de l'Afrique à St-Domingue, ou catholicisme romain et de quelques éléments du naturisme des Indiens. Qui dit Legba dit St-Antoine, l'assimilation de deux esprits de religions en un seul système correspondant.

Le comportement ethnique : ici, on définit Haïti comme étant une ethnie à culture mixte. Si elle peut considérer comme étant une province culturelle de Paris, elle est aussi de l'Afrique à 85% de la population. Il n'est pas sans savoir quand le pseudonyme d'Ussol a dit de notre pays que : « l'haïtien qui habite à Port-au-Prince, il est plus prêt de Paris que de Port-au-Prince, sa Capitale ». Si Carl Brouard plaide en faveur du français, Jean Price Mars en faveur d'un retour en Afrique, car, ils sont inscrits dans notre inconscient collectif depuis des millénaires, le geste de nos ancêtres guinéens, congolais, sénégalais, etc. À ce niveau, l'indigénisme et le Griot ont fait écoles.

[14]

Enfin, l'époque est révolue, et nous avons choisi quand même de reproduire cet article pour votre connaissance de ce peuple riche d'histoire, dans un monde qui court en un train vertigineux. Notre connaissance de notre peuple et de nous même nous permettrait de mieux nous situer et de grandir. Aux croisements de ce trio « indo-fran-africain », nous en sommes issus à la majeure partie de la masse Africaine noire. Ce numéro II, de notre deuxième volume, Folklore, culture et identité expose environs sept (7) articles en liaison avec notre thématique en question.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 2 octobre 2019 9:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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