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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Marc Renaud et Louise Bouchard, “Présentation. Technologies médicales et changements de valeurs”. Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 28 no 2, automne 1996, Numéro intitulé: “Technologies médicales et changements de valeurs”, pages 7-16. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal. [Autorisation de l'auteur accordée le 3 mars 2007.] Introduction
Tout au long de l'histoire humaine, les bouleversements fondamentaux de l'ordre social ont presque toujours été causés par des changements technologiques importants. Parfois, ce furent des changements déterminants dans les matériaux utilisés, lorsque par exemple le monde passa de l'âge de pierre à l'âge de bronze, puis de celui du bronze à celui du fer. Parfois, ce furent des changements dans les sources d'énergie, lorsque la vapeur remplaça l'eau puis l'électricité, la vapeur. Parfois, ce fut l'invention de nouvelles méthodes de communication qui modifièrent radicalement nos manières de coordonner nos activités. Tels furent les changements entraînés par l'écriture et, beaucoup plus tard, par l'imprimerie. Ces deux inventions ont bouleversé l'organisation sociale, économique et politique ; elles ont permis de faire un grand nombre de choses dont on ne pouvait même pas rêver sans elles. Selon certains (Drucker, 1989 ; Lipsey, 1994), nous serions en train de vivre le troisième changement le plus important du millénaire (pas du siècle, du millénaire). À les en croire, nos arrière-petits-enfants n'auront pas la moindre idée du monde dans lequel nous avons vécu, tant celui-ci se sera métamorphosé. La révolution des communications que nous traversons présentement bouleversera nos vies quotidiennes aussi profondément que l'imprimerie de Gutenberg a bouleversé le Moyen Âge et que la machine à vapeur a bouleversé le monde agraire. Après la Renaissance et après la Révolution industrielle, nous voici à l'ère de la Révolution des communications. Ce que la révolution des communications produit, par-delà les outils technologiques (comme le World Wide Web) et par-delà l'abolition des distances et des limites géographiques, c'est un phénomène absolument incroyable de mondialisation (des marchés financiers, du commerce, des technologies, des migrations, des emplois, des idées, comme des maladies d'origine virale) qui entraîne, pour le moment, dissociation entre création de richesse et création d'emplois, restructuration des entreprises de production, affaiblissement des classes moyennes, perte des solidarités communautaires, diminution des pouvoirs des États-nations et remontée des autoritarismes (Dahrendorf, 1995). La mondialisation des échanges est au cœur même de la transformation de la médecine. Depuis la découverte en 1937 de médicaments capables de tuer les bactéries - les tuberculeux se sont littéralement levés de leur lit de mort ! -, la médecine s'est sortie de son Moyen Âge et elle est devenue un commerce de plusieurs milliers de milliards de dollars. La médecine moderne est une des principales industries de la planète. Ce qui la caractérise, c'est qu'elle a su unir de façon très fructueuse la science et la technique, une union que certains appellent la « techno-science » (Salomon, 1992) parce qu'elle associe - pour la première fois de l'histoire - savoir et savoir-faire, travail de laboratoire et travail d'usine. Ceci a permis une explosion sans précédent de découvertes médicales qui ont commencé à métamorphoser nos manières de naître, de grandir, de souffrir, de vivre, de vieillir et de mourir. L'objectif de ce numéro est d'essayer de percer l'avenir en évaluant comment les changements technologiques en médecine ont modifié et continueront de modifier nos manières d'être, de faire et de sentir, bref notre culture.
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