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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Transmission de la prêtrise vodou. Devenir ougan ou mambo en Haïti. (2012)
Résumé


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Samuel REGULUS, Transmission de la prêtrise vodou. Devenir ougan ou mambo en Haïti. Thèse de doctorat à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval dans le cadre du programme de doctorat en ethnologie et patrimoine. Département d’histoire, Faculté des lettres, Université Laval, 2012, 308 pp. [L’auteur nous a accordé, le 19 mars 2016, son autorisation de diffuser en accès libre à tous cet article dans Les Classiques des sciences sociales.]

[1]

Transmission de la prêtrise vodou.
Devenir ougan ou mambo en Haïti

Résumé

De nombreux éléments du patrimoine culturel haïtien sont liés au vodou. Celui-ci est considéré comme un élément central de la vision du monde traditionnelle du peuple haïtien, bien qu’au cours de son histoire il ait été refoulé, marginalisé et qu’il ait souvent fait l’objet d’actes de violence physique. Qu'il ait pu subsister en dépit des préjugés et des persécutions, seule l'histoire de ses porteurs (de tradition) qui le vivent concrètement peut aider à le comprendre. Et, parmi ces femmes et ces hommes qui permettent la survie du vodou comme système cohérent de pensée religieuse, on retient tout particulièrement des personnages clés dans l’initiation qui sont détenteurs de la prêtrise, à savoir les ougan et les manbo.

Il s’agit là d’un cas de transmission religieuse dont il importe d’étudier les mécanismes propres à l’intérieur du vodou haïtien, d’où la formulation de notre sujet de recherche : « Transmission de la prêtrise vodou. Devenir ougan ou manbo en Haïti». Sous cette formulation, nous entendons étudier la transmission de la prêtrise vodou dans une perspective de construction d’identité religieuse. Ceci nous amène d’une part, à déterminer le rapport entre la trajectoire personnelle de l’ougan ou de la manbo et son identité religieuse, et d’autre part, à essayer de saisir la transmission de la prêtrise vodou dans la logique du devoir de mémoire ou de loyauté envers les ancêtres. 

Au moyen des données empiriques recueillies essentiellement par le biais des récits de vie, cette thèse présente une description analytique des voies essentielles de cette transmission du religieux, particulièrement du mécanisme de construction de l’identité religieuse de l’ougan ou de la manbo. Nous avons noté que les modes de transmission les plus opérationnels dans le vodou haïtien sont les suivants : apprentissage par observation et conditionnement, mécanisme de renforcement et de confirmation, expériences oniriques, transfert des objets matériels comme support de lien générationnel et, de manière ponctuelle, initiation comme mécanisme de transmission de la fonction de l’ougan ou de la manbo.

[2]

Devant la persistance de l’opération de transmission vodou dans un environnement qui n’est pas toujours docile à son égard, notre hypothèse de départ était que la transmission de la prêtrise dans le vodou haïtien était liée au degré de loyauté du prêtre à la lignée croyante. Le concept de loyauté défini comme émotion a pris dans le cadre de cette étude un poids explicatif considérable. Il sert aux anciens de ce culte populaire à mesurer le rapport entre l’identité prescrite et l’identité vécue des jeunes générations. Quand un initié vodou est confronté à des attitudes de mépris, de discrimination, de harcèlement ou de violence, pour pouvoir trancher à chaque fois en faveur du vodou, cela exige de lui un haut degré de conviction et de détermination.

Étant membre d’une famille vodou, mais aussi membre d’un État, d’une Église, d’une école, l’initié vodou est souvent pris entre des obligations divergentes. Car chacune de ces structures formule ses attentes vis-à-vis de lui. Ainsi, il est appelé à faire un choix ou trouver des médiations afin de se situer dans la hiérarchie des obligations contradictoires. Plus son immersion sociale dans un milieu particulier est forte et resserrée, plus sa loyauté envers ce milieu est susceptible d’être intensifiée. Fonctionnant sur le mode de l’émotion et de la passion, quand la loyauté familiale fait corps avec la loyauté religieuse dans le vodou haïtien, l’attachement qu’elle provoque devient une relation très intime qui échappe au pouvoir explicatif de la logique du calcul utilitariste.

Tout ceci confirme que nous avions raison de percevoir un lien étroit entre la transmission religieuse dans le vodou haïtien et la notion de loyauté. Cette perspective représente un nouveau modèle explicatif du vodou, car assez souvent, on aborde sa persistance sous un angle utilitariste, alors que cette étude révèle que la volonté de transmettre est une préoccupation majeure pour les acteurs du vodou. Mobilisé par le réflexe défensif de son habitus, l’ougan ou la manbo tient profondément à la continuité de sa lignée croyante. Mais il faut noter que cette transmission se réalise dans l’articulation qui existe entre le poids de la collectivité (obligation de transmettre) et l’histoire individuelle des prêtres vodou confrontés à « l’impératif du changement » même si ce changement doit subir l’épreuve de la continuité légitimatrice.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 23 mars 2016 6:59
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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