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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Luc Racine, “Nouvelles thérapies et nouvelle culture.” Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 9, n° 2, 1977, p. 34-54. Montréal: département de sociologie, Université de Montréal. Les Presses de l’Université de Montréal. [Autorisation accordée par les ayant-droits de l'auteur le 9 septembre 2011 de diffuser la totalité de ses publications dans Les Classiques des sciences sociales.]

[34]

Luc Racine

Sociologue, Département de sociologie, Université de Montréal

Nouvelles thérapies
et nouvelle culture
.”

Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 9, n° 2, 1977, p. 34-54. Montréal : département de sociologie, Université de Montréal. Les Presses de l’Université de Montréal.

Introduction
I.   NOUVELLE CULTURE ET CHANGEMENT SOCIAL
a) Modification des rapports entre la société humaine et l’écosystème
b) Abolition du salariat et de la division spécialisée du travail
c) Abolition des rapports hiérarchiques fondés sur l’âge et sur le sexe
d) Abolition de toutes les formes du pouvoir social
e) Remise en valeur des capacités latentes de l’homme
II.   NOUVELLES THÉRAPIES ET TECHNIQUES DE DÉPROGRAMMATION
a) Freud et la découverte de la sexualité non génitale
b) L'apport de Reich
c) Le développement de la thérapie bio-énergétique
d) Gestalt-thérapie et réappropriation symbolique
e) L'antipsychiatrie
f) Les nouvelles thérapies et le mouvement néo-culturel
III.   LES TECHNIQUES D’EXPANSION DE LA CONSCIENCE
Les psychotropes et les portes de la perception
Hypnose et biofeedback
La parapsychologie et les phénomènes psi
Ésotérismes occidental et oriental
IV. Conclusion : sexualité et pouvoirs psychiques
Résumé / Abstract / Resumen


INTRODUCTION

À bien des égards, le phénomène que l'on appelle communément « nouvelle culture » représente, en plus d'un mode de vie particulier, un modèle de changement social. Contrairement au mouvement socialiste, et à la théorie marxiste qui en est le courant aujourd'hui dominant, le modèle néo-culturel de changement social insiste prioritairement sur les conditions psychosociologiques de l'évolution vers une société nouvelle [1].

Le mouvement socialiste et la théorie marxiste considèrent en effet que l'avènement d'une société nouvelle suppose d'abord et avant tout une répartition égalitaire des ressources économiques, répartition assurée par les producteurs directs de ces ressources, ce qui rend nécessaire l'abolition de la couche sociale qui dirige aujourd'hui la production (capitalistes, bourgeois, technocrates, etc.), sans y participer directement. Pour arriver à cette fin, on prône des actions politiques de grande envergure : organisation du parti et des syndicats, luttes économico-politiques, etc. [2]

Pour sa part, la « nouvelle culture » insiste sur le fait que la société ne peut changer vraiment et radicalement sans que changent aussi les individus qui la composent, chacun ayant intériorisé les règles de fonctionnement du système [35] social auquel il appartient [3]. Le modèle néo-culturel de changement social ne vise pas seulement à assurer une répartition égalitaire des ressources économiques : il vise à abolir toutes les inégalités sociales, aussi bien celles fondées sur la répartition des produits économiques que celles fondées sur l’âge et sur le sexe [4]. Plus encore, le mouvement néo-culturel ne vise pas seulement à modifier les rapports entre les membres de la société, mais aussi les rapports entre la société et son milieu : le mouvement écologique tend à remplacer l’exploitation de la nature par un rapport plus coopératif et harmonieux entre l’homme et son environnement [5].

Le modèle néo-culturel remet par ailleurs en question le primat du développement technologique, partagé par le marxisme et l’ensemble des courants de pensée rattaché à la société industrielle [6]. On mise plutôt ici sur le développement des capacités humaines qui ne sont pas directement reliées à la rationalité, aux outils et aux machines [7].

Enfin, en ce qui concerne l’aspect stratégique du nouveau modèle de changement, la nouvelle culture diffère aussi assez profondément du mouvement socialiste. Il ne s’agit plus de lutter contre la classe dominante et ses divers privilèges mais de jeter les bases, aussi marginales soient-elles, d’un nouveau mode de vie (communes, villages communautaires, etc.). La stratégie de développement de la nouvelle société ne mise pas sur un affrontement avec la société dominante : on compte plutôt sur la désintégration progressive de cette dernière, et sur le développement du nouveau mode de vie qui, au moment propice, s’avérera une solution de rechange possible [8].

Dans cet article, nous montrerons certains liens qui existent entre les thérapies nouvelles, les techniques d’expansion de la conscience et la nouvelle culture. Les nouvelles thérapies visent, en effet, à déprogrammer les résultats de l’intériorisation des schèmes autoritaires et répressifs nécessaires au bon fonctionnement de la société industrielle, particulièrement dans les domaines corporel, affectif et sexuel. Les techniques d’expansion de la conscience, sur la base de cette indispensable déprogrammation, veulent favoriser le développement de capacités nouvelles, capacités qui relèvent plus de l’imagination et de l’intuition que de la raison et de la technique [9].

Nous définirons donc en premier lieu l’essentiel du mouvement néoculturel, dans ses rapports avec le nouveau modèle de changement social. En second lieu, nous examinerons les nouvelles thérapies, leurs principales techniques, [36] du point de vue de la déprogrammation de la répression sexuelle, et du schème autoritaire et rationaliste. Enfin, nous examinerons les rapports entre les techniques d’expansion de la conscience et les nouvelles thérapies, en ce qui a trait à la reprogrammation psychosociologique visant à l’établissement d’une société nouvelle.


I. NOUVELLE CULTURE
ET CHANGEMENT SOCIAL

Dans les sociétés industrielles avancées d’Europe et d’Amérique du Nord, le marxisme cesse de plus en plus d’être un modèle et un moteur suffisant de changement social [10]. Un nouveau modèle se développe, lié aux divers courants théoriques et pratiques qui constituent depuis une vingtaine d’années la nouvelle culture de l’Occident [11].

Nous circonscrirons ici l’essentiel du phénomène néo-culturel, sans tenir compte des aspects secondaires et récupérés, telle une certaine mode vestimentaire, artistique et idéologique : on n’appartient pas nécessairement à la nouvelle culture parce que l’on fume de la marihuana, que l’on prend du L.S.D. ou d’autres psychotropes, que l’on porte les cheveux longs et des imprimés à l’orientale, que l’on parle « cool » et qu’on écoute les Rollin' Stones, que l’on pratique la méditation transcendantale ou le bio-feedback...

Nous considérons ici comme appartenant au noyau de la nouvelle culture occidentale l’ensemble des pratiques et des valeurs symboliques, représentées par des groupes plus ou moins larges et œuvrant dans les directions suivantes.

a) Modification des rapports
entre la société humaine et l’écosystème

L’exploitation et la domination de la nature sont considérées comme perturbations dangereuses, on tend à les remplacer par un rapport nouveau à la nature, où la société humaine joue plus un rôle de régulation qu’un rôle de pillage et de domination. Ici s’inscrivent les pratiques et les théories concernant l’écologie : théories écologiques [12], naturalisme et socio-biologie [13], agriculture biologique et technologie légère [14], etc. Tout ce côté du mouvement néo-culturel s’oppose radicalement à l’idéologie rationaliste et productiviste, tant sous sa forme technocratique que sous sa forme marxiste [15].

b) Abolition du salariat
et de la division spécialisée du travail

Dans les communes urbaines, dans les communes rurales et les villages communautaires, on s’efforce de remplacer les échanges monétaires et la division spécialisée du travail par les échanges en nature (troc, etc.) et la rotation systématique des tâches. Avec la société globale, certains problèmes se posent toujours, car les groupes ne peuvent encore se déprendre complètement du salariat, des échanges monétaires et de la spécialisation. On tend toutefois le plus possible à l’auto-suffisance [16].

c) Abolition des rapports hiérarchiques
fondés sur l’âge et sur le sexe

On doit considérer ici les pratiques affectives, sexuelles et pédagogiques de certains individus, couples ou groupes, visant à défaire les rapports de domination fondés sur l’âge et sur le sexe ; et aussi les mouvements de libération des femmes [17], des minorités sexuelles [18] et des enfants [19], les écoles libres et les diverses tendances de la pédagogie libertaire [20].

Cet aspect du mouvement néo-culturel se trouve évidemment en opposition avec la pensée marxiste, qui postule que la domination économique est à la base de toutes les autres formes de domination sociale [21].

d) Abolition de toutes les formes du pouvoir social

Le mouvement néo-culturel ne vise pas seulement à abolir les rapports de domination au niveau psychosociologique ou micro-social, il tente également d’éviter toute organisation de trop grande envergure, toute bureaucratisation et centralisation des décisions. Le mouvement n’a pas d’organisation politique de ce type, les idées, les objets et les personnes circulent le plus librement possible à l’intérieur d’un réseau décentralisé [22].

[38]

De plus, la nouvelle culture évite soigneusement toute confrontation avec la société dominante et avec ses appareils répressifs, préférant consacrer ses énergies à jeter les bases d’un nouveau mode de vie, quitte à rester marginale et minoritaire aussi longtemps que cela s’avérera nécessaire [23].

Par son absence d’organisation politique centralisée et par son refus de lutter ouvertement contre la société dominante, le mouvement néo-culturel diffère beaucoup des pratiques socialistes traditionnelles [24].

e) Remise en valeur
des capacités latentes de l’homme

Nous trouvons ici la plupart des pratiques et des valeurs à l’intérieur desquelles s’inscrivent les nouvelles formes de thérapies et les diverses techniques modernes d’expansion de la conscience. Nous avons vu que la nouvelle culture veut modifier les rapports de la société humaine avec son milieu naturel : avec les thérapies nouvelles et les techniques d’expansion de la conscience, nous abordons les techniques visant à modifier les rapports que l’être humain entretient avec sa propre nature.

La plupart des nouvelles thérapies proposent des techniques de modification du comportement ayant pour but de déprogrammer l’effet d’une socialisation et d’une éducation rationalistes et répressives, qui se sont faites au détriment de l’affectivité, de la sexualité et de l’imaginaire. Les techniques d’expansion de la conscience visent justement à une nouvelle programmation qui doit faciliter le développement des capacités latentes, et non rationnelles, de l’homme.

Contrairement au matérialisme historique, centré sur le développement de la raison et des moyens de production matériels, le mouvement néo-culturel se soucie des dimensions non rationnelles du cerveau humain, des capacités et des techniques qui ne sont pas immédiatement liées à la production, aux outils et aux machines. Ce phénomène a une signification évolutive sur laquelle nous reviendrons en conclusion.

Le modèle de changement social connaît donc aujourd’hui une sorte d’inversion de sa problématique, l’accent se déplaçant du développement des capacités techniques, prolongement externe du cerveau et de la main, au développement de capacités inhérentes à l’organisme et ne nécessitant pas, ou peu, de supports externes du type des outils et des machines qui sont le fondement de notre civilisation actuelle.

Le niveau des techniques d’intervention visant au changement social est alors modifié. Le marxisme vise à changer la société en intervenant principalement au niveau des organisations, parti et syndicat, et des masses populaires. L'essentiel, pour le militant, est de bien participer au fonctionnement de son parti et de bien convaincre des secteurs de plus en plus larges des masses populaires de la justesse de son analyse et de ses objectifs, pour ensuite les diriger dans une lutte à finir contre l’État et les autres appareils de la classe dominante.

[39]

Dans tout cela, la modification des comportements individuels et microsociaux n’est guère prise en considération. Et c’est justement cette dimension psychosociologique que le mouvement néo-culturel va mettre de l’avant, en soulignant le fait qu’il est inutile de vouloir changer le comportement des autres sans s’être d’abord attaché à se comprendre et à se changer soi-même.

Le mouvement néo-culturel ne fait d’ailleurs pas que modifier le niveau où doivent s’appliquer les tentatives de changement : il modifie aussi la définition même de ce qui doit être changé. On ne juge plus suffisant de se fixer comme but l’abolition des classes et de l'inégalité sociale fondée sur l’économie : on s’attaque de plus aux dominations sociales séculaires fondées sur l’âge et sur le sexe, au rapport que la société humaine entretient avec son milieu naturel, et au rapport que l’être humain entretient avec sa propre nature.

Nous nous consacrerons toutefois dans cet article à l’analyse des techniques de modification des comportements individuels et micro-sociaux, sans traiter directement de la modification des rapports entre la société humaine et son milieu naturel.


II. NOUVELLES THÉRAPIES
ET TECHNIQUES
DE DÉPROGRAMMATION

Les diverses techniques dont nous allons traiter ici, qui sont toutes des conséquences plus ou moins directes du génie de Freud, visent à déprogrammer l’individu par rapport au conditionnement qu’il a reçu lors du processus de socialisation (contraintes intériorisées en fonction des besoins de fonctionnement de la société industrielle : comportement hiérarchique et répression de la sexualité). En libérant la sexualité, l’affectivité, l’intuition et l’imaginaire, les techniques d’expansion de la conscience seront le prolongement des nouvelles thérapies. L’objectif premier de ces dernières est toutefois plus directement la correction des comportements perturbés, bien qu’elles facilitent à des degrés divers le développement de comportements nouveaux. Le développement des capacités latentes de l’être humain, par contre, peut avoir également des propriétés thérapeutiques. Pour la clarté de l’exposé, toutefois, nous distinguerons les techniques thérapeutiques de l’ensemble des techniques nouvelles de modification du comportement.

a) Freud et la découverte
de la sexualité non génitale

Quand on parle des nouvelles thérapies, on les distingue des anciennes techniques représentées par les méthodes psychiatriques traditionnelles et par la psychanalyse freudienne.

Or, il ne faut pas oublier qu’au début de ce siècle, le renouveau des méthodes thérapeutiques de la psychiatrie fut sans conteste le fait de Freud, avec la découverte de l’inconscient, de la psycho-sexualité enfantine, de son développement et de son refoulement [25].

[40]

À partir de là, Freud a réussi à expliquer un grand nombre de phénomènes symboliques rattachés à des troubles plus ou moins profonds du comportement : rêves [26], lapsus [27], actes manqués [28], symptômes névrotiques et psychotiques [29], etc. Tous ces phénomènes sont désormais compréhensibles en tenant compte du refoulement de la sexualité enfantine et prégénitale, et aussi des distorsions que ce processus fait subir à la fonction symbolique : déplacement, condensation, etc. Le but de la thérapie psychanalytique [30] est alors de libérer le sujet de ses troubles comportementaux, en lui faisant prendre conscience des causes de ses symptômes et de l’ensemble de ses productions inconscientes, ce qui s’obtient par remémoration des situations enfantines qui furent à la base du refoulement de la sexualité prégénitale.

Freud n’a cependant jamais pu fournir une explication vraiment satisfaisante des raisons du refoulement de la sexualité infantile, quoiqu’il ait assez bien montré que ce sont des ratages du processus de refoulement qui permettent de rendre compte des comportements psychotiques et névrotiques [31].

L’explication la plus satisfaisante que l’on puisse trouver, chez Freud, des raisons du refoulement de la sexualité prégénitale est sans doute la suivante, exposée principalement dans les Trois essais sur la théorie de la sexualité [32]. Après avoir traversé les stades narcissique, oral, anal et phallique, la sexualité (libido) de l’enfant aboutit, à la puberté, au stade génital : toutes les manifestations antérieures devant alors, dans le processus normal, être subordonnées à la génitalité, les expressions autonomes de la prégénitalité se trouvant refoulées. Ce processus peut toutefois échouer partiellement si, au cours de son développement, l’enfant rencontre un obstacle majeur à l'expression de sa sexualité, celle-ci se fixant alors, par régression, à un stade prégénital. D’après Freud, beaucoup de perversions et de troubles névrotiques sont le résultat de ce phénomène de fixation régressive de la sexualité à ses formes prégénitales.

Cette explication offre une hypothèse plausible quant au comment, mais non au pourquoi du processus de refoulement de la sexualité prégénitale. Freud ne peut qu’invoquer alors la nécessité d’une subordination de la prégénitalité à la génitalité pour des raisons reproductives, ce qui n’est pas très convaincant ; rien ne prouve, en effet, que la reproduction biologique, chez l’homme, suppose la soumission des formes non génitales aux formes génitales de la sexualité.

b) L'apport de Reich

Wilheim Reich va renouveler la théorie freudienne du refoulement et élaborer les fondements d’une technique thérapeutique dont l’essentiel se retrouve aujourd’hui dans le courant bio-énergétique des nouvelles thérapies.

[41]

Une théorie sociologique de la répression sexuelle

Reich s’est rapidement rendu compte des faiblesses de la théorie freudienne du refoulement de la sexualité. Quand Freud a tenté d’expliquer le caractère répétitif et autodestructeur du comportement masochiste par l'existence d’un supposé « instinct de mort », Reich a officiellement rompu avec le mouvement psychanalytique. Pour lui, en effet, le caractère autodestructeur du masochisme s’expliquait par l’agressivité détournée sur soi-même, cette agressivité dérivant de la frustration liée au refoulement de la sexualité, le retournement vers soi s’expliquant par l’impossibilité pour l’individu de vaincre les causes externes de son agressivité [33].

À partir de cette explication nouvelle du comportement autodestructeur dans le masochisme, Reich a proposé une explication claire, bien que discutable, des causes du refoulement sexuel. D’après lui, la répression de la sexualité de l’enfant serait le moyen que les sociétés de classe utilisent, par l’intermédiaire de la famille, pour former des individus aptes à se soumettre au pouvoir de la classe dominante. Reich insiste sur le fait que seule la sexualité pouvait servir à cette fin, en tant que besoin fondamental, puisque sa satisfaction peut être considérablement différée et altérée (ce qui n’est pas le cas de la faim, par exemple). Par le biais de la répression de la sexualité, l’enfant apprend progressivement, à la famille et à l’école, à se soumettre à toutes les formes sociales d’autorité, sans qu’il soit besoin de recourir systématiquement à la force pour obtenir sa soumission. Les représentants des classes et des institutions dominantes sont alors traités par l’adulte de la même façon que l’enfant traitait ses parents : dépendance et soumission [34].

Pour Reich, qui s’oppose ici directement aux conclusions de Freud dans Malaise dans la civilisation [35], le refoulement sexuel n’est pas indispensable au fonctionnement de toute société humaine : seules les sociétés de classes, fondées sur l’inégalité économique, la connaissent.

Toutefois, la théorie de Reich est contestable à plusieurs points de vue. D’abord, elle ne tient pas compte du fait que la répression de la sexualité infantile, s’exerçant aussi bien dans les familles de la classe dominante que dans celles de la classe dominée, produit à la fois des individus dominés et des individus dominants. Cela porte à croire que ce n’est pas directement la soumission qu’inculque la répression de la sexualité, mais l’intériorisation du couple soumission/domination, l’appartenance de classe et la position institutionnelle permettant l’alternance, chez les mêmes individus, entre ces deux pôles du comportement hiérarchique.

En deuxième lieu. Reich laisse croire que c’est uniquement au moyen de la répression sexuelle que les parents obtiennent la soumission de l’enfant et lui inculquent le schème autoritaire. Il est toutefois fort improbable que la répression sexuelle joue un rôle aussi déterminant. Mendel [36] a corrigé cet aspect de la [42] théorie de Reich, en soulignant le fait que les adultes obtiennent la soumission des enfants en se servant de la situation de dépendance infantile et en utilisant des contraintes qui s’exercent sur bien d’autres activités : sommeil, alimentation, jeu, etc.

Enfin, il est très important de noter que Reich ne remet nullement en question le primat de la génitalité [37]. Pour lui, comme pour Freud, la sexualité adulte et normale suppose le primat des fonctions génitales, qui se subordonnent l’ensemble des manifestations prégénitales. Freud expliquait le comportement névrotique et les perversions par un refoulement inadéquat, résultant de fixations et de régressions, de la prégénitalité ; tandis que Reich soutient que c'est le refoulement de la sexualité prégénitale de l’enfant, à des fins d'inculcation du comportement de soumission, qui empêche souvent la sexualité génitale de se manifester pleinement chez l'adulte. Les deux auteurs divergent dans l’explication du refoulement et de certaines de ses modalités, ce qui ne les empêche pas d’être d’accord quant à l’objectif final : le primat de la génitalité.

Les principaux successeurs de Reich, comme Lowen et Keleman [38], ont continué d’accorder une grande importance à la génitalité. Seuls des auteurs comme Marcuse et Brown [39] ont remis en cause le primat de la sexualité génitale, en soutenant que l’abolition de la répression sexuelle implique la disparition de la génitalité comme forme dominante de la sexualité humaine.

Du symbole au corps :
la bio-énergétique


Pour Freud, le refoulement de la sexualité infantile entraîne toutes sortes de perturbations du comportement, sur le plan symbolique (symptômes, etc.) ; la psychanalyse utilise une thérapeutique fondée essentiellement sur le langage, le patient racontant ses rêves et ses souvenirs à l’analyste, qui lui en offre diverses interprétations, jusqu’à ce que le patient parvienne à revivre effectivement (abréaction) les situations qui sont à l’origine de ses troubles [40].

Pour Reich, par ailleurs, les conséquences du refoulement ne sont pas d’abord symboliques, mais corporelles [41]. Dans leurs études sur l’hystérie, qui furent à l’origine de la psychanalyse, Breuer et Freud [42] avaient trouvé le moyen de traiter, par l’hypnose, les troubles physiques (somatisations) caractéristiques de cette névrose. Les moyens thérapeutiques agissaient toutefois déjà au niveau symbolique (suggestion, etc.) plutôt qu’au plan corporel. Toute l’évolution de la psychanalyse a été marquée par cette démarche qui procède du symbolique au corporel.

[43]

C’est précisément cette démarche que Reich va inverser. Ayant constaté que la répression de la sexualité se traduit très vite par des tensions chroniques au niveau musculaire, et que ces tensions bloquent le réflexe orgastique (respiration et mouvements pelviens, etc.), il élabore une technique agissant directement sur l’ensemble des tensions musculaires dues à la répression sexuelle (cuirasse caractérielle). Après avoir découvert les principaux blocages musculaires du sujet, il amène ce dernier à effectuer des mouvements dont le résultat est de défaire les blocages musculaires : cela libère l'agressivité et ramène à la conscience tous les affects, souvenirs et contenus symboliques liés aux situations qui furent à l’origine des troubles comportementaux dépendants de la répression sexuelle [43].

La bio-énergétique est née de cette démarche qui s’attaque directement aux conséquences corporelles de la répression sexuelle.

c) Le développement
de la thérapie bio-énergétique


Les successeurs de Reich dans le domaine bio-énergétique ont poursuivi son travail dans trois directions principales, que nous allons examiner ici rapidement.

Réflexe orgastique et cuirasse musculaire

Lowen [44], et surtout Keleman [45], se préoccupent de libérer l’expression de l’ensemble des émotions — peine, angoisse, peur, joie, tristesse, etc. — et non pas des seules émotions liées directement à la sexualité. À cette fin, on cesse d’utiliser des techniques qui s’attaquent exclusivement à la cuirasse musculaire, on intègre des techniques respiratoires et on fait appel aux diverses formes d’expression non verbale des émotions (déblocage dans l’utilisation des divers sens, et en particulier du toucher).

Jusqu’à maintenant, toutefois, cet élargissement technique n’a pas beaucoup contribué à éclaircir les rapports entre les formes génitales et les formes non génitales de la sexualité humaine. La thérapeutique a beau ne plus viser exclusivement à la libération du réflexe orgastique par action directe sur la cuirasse musculaire, il n’en reste pas moins que la prédominance de la génitalité n’est pas clairement contestée. En effet, on peut bien utiliser le développement du toucher, et de l’expression non verbale en général, sans remettre en question le primat de la génitalité. Il ne faut pas oublier que Freud voyait le primat de la génitalité comme subordination des activités prégénitales à l’accomplissement de l'orgasme, les formes non génitales servant alors de préliminaires et d’adjuvants (caresses, baisers, etc.) [46]. Reich n’a guère modifié cette conception et, en insistant sur des techniques plus directement reliées à la non-génitalité, ses continuateurs n’ont pas été très clairs. On peut en effet différer de point de vue d’avec Reich, en croyant que la meilleure façon de libérer le réflexe orgastique n'est pas l’action directe sur la cuirasse musculaire mais plutôt l’intervention au [44] niveau des blocages d’émotions rattachées à la non-génitalité, celle-ci restant néanmoins toujours conçue comme expression préliminaire à la finalité génitale.

Pour l’instant, la contestation du primat de la génitalité échappe donc encore aux thérapies bio-énergétiques. Il faut lire des essayistes comme Marcuse [47] et Brown [48] pour trouver une contestation, d’ailleurs souvent très spéculative, de ce primat. Pour Marcuse, la non-génitalité est liée aux activités de création comme l’art et le jeu : en supposant que Factuelle société de production sera remplacée par une société nouvelle fondée sur l’expression et la création, il postule une remise en valeur des formes non génitales de la sexualité. Quant à Brown, il suppose que l’instinct de mort freudien est intimement associé à la reproduction et à la génitalité : la libération des formes non génitales irait donc de pair avec une perte d’importance des fonctions reproductives.

Ces arguments ont la faiblesse de leur caractère un peu trop spéculatif et utopiste. On peut toutefois présenter une argumentation plus claire. Dans les sociétés humaines où le principal problème d’adaptation au milieu était d’assurer la reproduction d’une population suffisante pour assurer la survie du groupe, on peut comprendre que la sexualité se soit soumise au primat génital de la reproduction. Toutefois, dans nos sociétés industrielles contemporaines, le problème d’adaptation au milieu est maintenant dépendant d’un excédent, et non plus d’un manque, de population [49] : ce qui réduit considérablement l’importance de la génitalité et de la fonction reproductive. Dans un tel contexte, la génitalité pourrait devenir une forme sexuelle ni plus ni moins importante que les formes non génitales. Et il se pourrait bien que, dans un avenir prochain, la libération de la sexualité implique un affranchissement de la non-génitalité, plutôt qu’une simple libération du réflexe orgastique.

Le symbole et le corps

Au cours de leur développement récent, les thérapies bio-énergétiques ont commencé à accorder aux productions symboliques et inconscientes une certaine autonomie et une certaine efficacité. Reich croyait, sans doute un peu naïvement, et en trop stricte opposition avec la technique psychanalytique, qu’il suffisait de libérer le réflexe orgastique, par action directe sur la cuirasse musculaire, pour libérer du même coup les divers affects et fantasmes liés à la répression sexuelle [50].

Les bio-énergéticiens d’aujourd’hui, sans revenir à la position freudienne qui mise presque exclusivement sur l’action symbolique pour atteindre les troubles comportementaux, ont un point de vue plus nuancé. Ils considèrent que le corps et le symbole sont en constante interaction, et que Faction thérapeutique au niveau symbolique (rêves éveillés et fantaisies, par exemple) peut très bien précéder, renforcer ou accompagner l’intervention sur le plan corporel [51].

[45]

Le rôle du groupe dans la thérapie

Malgré la différence de leurs méthodes respectives, Reich et Freud pratiquaient tous deux une thérapie dans un contexte dyadique, n’incluant directement que le patient et le thérapeute [52]. La bio-énergétique d’aujourd’hui intègre de mieux en mieux la dimension sociale dans le cadre du traitement. Faisant partie d’un groupe, chaque patient peut voir des manifestations de blocages musculaires et émotifs différents des siens, ce qui l’aide à se situer dans un contexte plus large et à prendre une certaine distance par rapport à ses troubles. D’autre part, il peut voir et sentir les autres membres du groupe lutter et se libérer, ce qui l’aide considérablement, par induction sympathique, à affronter ses propres inhibitions [53].

Enfin, les effets de groupe peuvent être utilisés encore d’une autre manière : les blocages musculaires et émotifs entraînent de grandes difficultés au plan des communications non verbales, et particulièrement tactiles. Le groupe peut alors être utilisé dans ce sens, favorisant entre ses membres le développement de communications de plus en plus riches [54].

d) Gestalt-thérapie
et réappropriation symbolique

La méthode thérapeutique élaborée par Péris [55] mise essentiellement sur une intervention dans le domaine symbolique, tout en utilisant les effets de groupe. À la différence de Freud, Péris ne croit pas tellement que la prise de conscience des situations passées, qui furent à l’origine des troubles comportementaux, peut avoir une grande efficacité thérapeutique. Sa méthode de traitement vise plutôt à faire que le patient se réapproprie, dans le présent, ses productions symboliques. Le sujet qui raconte un rêve, par exemple, doit se réapproprier toutes ses productions inconscientes : pour chaque élément du rêve qu’il raconte, personnage ou objet, il doit dire « je ». Cette simple technique narrative provoque des effets inattendus : le sujet prend conscience du fait que chaque élément de son rêve représente un aspect de lui-même, qu’il ignorait ou négligeait précédemment. Cette prise de conscience peut s’accompagner d’états affectifs et corporels très intenses [56].

L’action thérapeutique se faisant au sein d’un groupe, le support collectif joue un rôle incitatif et clarificateur très grand pour chaque sujet : le groupe l’encourage dans le récit de son rêve ou de sa fantaisie et l’amène à prendre en considération, par des demandes et des remarques diverses, tous les aspects obscurs et non réappropriés de son récit.

La présence du groupe incite ici chacun à communiquer son symbolisme personnel aux autres, ce qui le pousse à assumer comme sien le produit de son inconscient. Une telle collectivisation du symbolisme personnel est donc un outil majeur de réappropriation symbolique.

[46]

Les techniques de la Gestalt peuvent facilement induire des états corporels et émotionnels à partir de la réappropriation symbolique, elles peuvent ainsi facilement être combinées avec l’approche bio-énergétique, chaque technique complétant l’autre sans perdre pour autant son originalité propre. De plus, les deux approches utilisent le symbolisme et la communication non verbale comme moyen de libération des troubles comportementaux. La réappropriation du corps et celle de l’imaginaire se renforcent ainsi l’une l’autre.

e) L'antipsychiatrie

Constatant le rôle essentiel du groupe familial dans l’étiologie des psychoses [57] et le rôle non moins important de la répression dont font montre les institutions psychiatriques [58], les antipsychiatres ont consacré beaucoup d’efforts à la mise en place de communautés thérapeutiques pour le traitement de leurs patients [59].

Sur le plan théorique, le comportement psychotique, et le retrait du réel qui le caractérise, s’expliquent ici comme résultats d’une situation de double contrainte imposée au sujet dans sa vie familiale. Une personne est en situation de double contrainte lorsqu’un ou plusieurs individus qui exercent sur elle un pouvoir — cas des parents et des psychiatres —, individus dont elle dépend par ailleurs, formulent à son égard des exigences simultanées et contradictoires entre elles : l’enfant à qui on demande de faire ses devoirs et d’aimer ça, le patient psychiatrique à qui l’on demande de vouloir guérir tout en le mettant dans des conditions qui l’enferment dans sa maladie, se trouvent dans des situations typiques de double contrainte. Le retrait du réel est alors souvent le seul moyen pour la personne d’échapper à de telles situations devenues insupportables [60].

La maladie mentale est ici conçue comme un moyen de défense légitime contre les états de double contrainte [61]. Les antipsychiatres ont d’ailleurs encore élargi cette réhabilitation de la folie, en soulignant son rôle souvent essentiel dans le développement de la personnalité : souvent, des états psychoïdes apparaissent, parfois liés à des phénomènes d’expansion de la conscience, au moment d’une crise qui peut permettre à l’individu de passer à un nouveau pallier de développement personnel. Dans des cas semblables, l’individu en crise a besoin de l’aide de personnes qui connaissent ce genre d’expérience et peuvent sympathiser avec lui ; l'intervention psychiatrique institutionnelle, si elle se produit, ce qui est trop souvent le cas, ne fait que bloquer l’individu dans sa folie, en le marginalisant et en l’infantilisant [62].

Les communautés thérapeutiques mises sur pied par les antipsychiatres ont des visées plus larges que les groupes de thérapie que nous avons mentionnés [47] jusqu’à présent (qui ne se rencontrent qu’épisodiquement, sans vivre en un même lieu et partager d’autres activités que celles directement liées à la thérapie).

Pour permettre aux sujets affectés de troubles psychotiques une réintégration à la vie, la communauté thérapeutique doit éviter la marginalisation, la répression et les situations de double contrainte propres à l’institution psychiatrique. On ne demandera donc pas au patient de guérir dans un contexte morbide, on lui offrira un milieu de vie normal où, dans la mesure de ses capacités, il pourra assumer les diverses activités quotidiennes et s’insérer dans toutes les relations interpersonnelles (sexualité comprise). Le groupe ne fait pas que servir de support à l’individu dans un contexte exclusivement thérapeutique, il possède une structure et des activités propres : relations affectives et rapports de travail entre ses membres, le tout situé dans un contexte de vie et de pensée fort rapproché du modèle communautaire de la nouvelle culture. Il peut s’agir de communautés urbaines ou rurales, intégrant plus ou moins le travail agricole et artisanal, la présence des femmes et des enfants, etc. [63]

La principale finalité de la communauté thérapeutique reste cependant le traitement des comportements psychotiques, bien que les membres du groupe ne soient pas tous des patients et des thérapeutes professionnels.

f) Les nouvelles thérapies
et le mouvement néo-culturel

Les trois courants thérapeutiques que nous venons d’examiner rejoignent le mouvement néo-culturel sur plusieurs points importants.

1. Le rôle du petit groupe est très important au sein du processus de changement, que ce groupe agisse comme support (bio-énergétique et Gestalt) ou comme milieu de vie (antipsychiatrie). On retrouve donc ici la tendance du mouvement néo-culturel à agir d’abord sur le plan microsociologique (communes, villages communautaires, etc.). Dans les deux cas, c’est la petite communauté qui est le lieu des tentatives de changement social.

2. L’action thérapeutique met en jeu des moyens non rationnels (non analytiques) : intervention au niveau du corps et de l’affectivité dans la bioénergétique, libération de l’imaginaire dans la Gestalt. Quant aux antipsychiatres, très proches en cela de l’école de Palo Alto [64], ils utilisent toutefois beaucoup le paradoxe dans le traitement des troubles psychotiques et névrotiques.

L’accent mis sur le symbolique, l’imaginaire, le corporel et le supra-rationnel est une conséquence de la critique de la prédominance de la raison dans les sociétés industrielles, et rejoint l’insistance que le mouvement néo-culturel met sur les valeurs non rationnelles et sur la redécouverte du corps comme fondement de la nature de l’être humain.

3. Les nouvelles thérapies varient beaucoup quant à la place accordée à la remise en question du schème autoritaire. La bio-énergétique de Reich s’attaquait directement aux résultats de la répression sexuelle, conçue comme [48] moyen de domination, mais la bio-énergétique actuelle ne défend plus une telle conception. Quant à la Gestalt, les préoccupations anti-autoritaires explicites en sont pratiquement absentes.

C’est avec l’antipsychiatrie que l’on retrouve aujourd’hui des conceptions analogues à celles de Reich : les troubles psychotiques y sont vus, en effet, comme le résultat de la domination de l’adulte sur l’enfant au sein de la famille, situation que reproduit l’institution psychiatrique.

La sociopsychanalyse [65] et l’analyse institutionnelle [66] axent leurs interventions sur les structures de pouvoir dans les institutions, sans s’attaquer toutefois à l’intériorisation du schème hiérarchique par l’individu. L’analyse transactionnelle [67] vise à aider les personnes à établir des rapports qui évitent le cadre hiérarchique des relations parents/enfants, au profit des relations égalitaires entre adultes. Toutefois, seule la méthode non directive, inspirée de C. Rodgers et de la dynamique de groupe [68], a directement remis en question le rapport de pouvoir entre patient et thérapeute. Il est étonnant de constater que cette tentative n’a pas été reprise par l’ensemble des nouvelles thérapies.

On retrouve dans le mouvement néo-culturel les mêmes ambiguïtés quant à la question du pouvoir, certaines tendances étant fortement anti-autoritaires (par exemple la pédagogie libertaire, la libération des femmes), tandis que d’autres n’attachent que peu d’importance à la remise en question de l’autorité. Il faut noter que bien des communes et villages communautaires ont du mal à éviter l’apparition de structures de pouvoir, et que les groupes à idéologies mystiques ont en général un fonctionnement très autoritaire [69].

4. La bio-énergétique de Reich visait directement et explicitement à la libération de la sexualité (génitale) ; et l’antipsychiatrie favorise la libération de la sexualité des psychotiques, s’opposant en cela à la plupart des institutions psychiatriques. Quant à la Gestalt et à la bio-énergétique actuelle, leurs positions sur cette question ne sont pas explicites.

Il n’est pas nécessaire d’insister ici sur l’importance que la « révolution sexuelle » a pris au sein de la nouvelle culture, ni sur l’influence que ce phénomène a eu sur les nouvelles thérapies [70] ; nous reviendrons en conclusion sur les liens qui existent entre la libération sexuelle et le nouveau modèle de changement social.


III. LES TECHNIQUES D’EXPANSION
DE LA CONSCIENCE


Nous avons déjà souligné que le modèle de changement social lié au mouvement néo-culturel a un double aspect : déprogrammation de l’individu par [49] rapport à ses comportements rationalistes et autoritaires, reprogrammation qui doit ensuite permettre le développement de potentialités latentes.

Dans leur ensemble, les nouvelles thérapies se rattachent à la phase de déprogrammation. Nous allons maintenant examiner rapidement les rapports entre la phase de déprogrammation et la phase de reprogrammation, ce qui nous conduit à parler des techniques d’expansion de la conscience.

Les psychotropes
et les portes de la perception


Dans la période initiale du développement de la nouvelle culture, les premiers moyens de reprogrammation utilisés furent sans conteste les drogues psychédéliques, principalement la mescaline et le LSD. Depuis l’ouvrage maintenant classique de Huxley sur les Portes de la perception [71], on sait à quel point les psychotropes peuvent élargir les capacités perceptives, sensitives et émotionnelles, en modifiant le fonctionnement de la mémoire, de l’intellect et de l’imagination.

Au sein du mouvement néo-culturel de cette période, des auteurs comme Watts [72], Leary [73] et Allpert [74] ont insisté sur les liens intimes entre le voyage psychédélique et le processus initiatique. Au premier temps de l’initiation qu’il a reçu pendant plus de dix ans d’un sorcier yaqui, Castaneda [75] a utilisé le peyotl et la mescaline en vue de se libérer de sa vision rationaliste du monde, au profit d’une conception plus englobante.

Même dans le contexte de la société dominante, le LSD est utilisé pour traiter l’alcoolisme et certaines psychoses, pour développer les facultés d’apprentissage et pour faciliter l’agonie aux mourants. De très fortes restrictions sont toutefois mises sur l’utilisation thérapeutique et expérimentale du LSD [76].

Après une première période d’excitation et d’enthousiasme quant aux possibilités des psychotropes dans le domaine de l’expansion de la conscience, le mouvement néo-culturel s’est intéressé à d’autres techniques pouvant produire les mêmes résultats, tout en évitant le recours à des produits chimiques de plus en plus difficiles d’accès.

Hypnose et biofeedback

Dans le domaine des techniques, on s’est tourné vers les résultats des sciences occidentales, principalement vers l’hypnose et le biofeedback. Dans le domaine de l’hypnose, de nombreuses expériences ont démontré que ce processus permet de développer et d’amplifier plusieurs facultés non rationnelles chez l’être humain : mémoire et perception du temps, insensibilisation et sursensibilisation de diverses parties du corps, télépathie et clairvoyance, etc. [77] On a [50] pu mettre sur pied des techniques visant au développement de ces capacités sous l’effet de l’hypnose : l’hypnose induite par un petit groupe de personnes permet à ces dernières de faire apparaître et puis de raffermir les capacités imaginatives et intuitives, les pouvoirs psychiques latents liés à la télépathie et à la télékinésie [78].

L’état d'hypnose et ses divers niveaux, tout comme la nature exacte de la suggestion, sont de plus en plus étudiés [79]. Les possibilités thérapeutiques en sont assez grandes, comme le montre, par exemple, le training autogène de Schutz [80]. La détente et la confiance que provoque l’hypnose semblent particulièrement favorables aussi bien pour la thérapie que pour l’expansion des facultés latentes de l’être humain [81].

Quant au biofeedback [82], il s’agit d’une technique dérivée directement des études neurophysiologiques portant sur le cerveau humain. On a pu mettre en évidence l’existence de certaines ondes cérébrales liées aux états de détente et de méditation profonde : en habituant le sujet à reconnaître le rapport entre ces ondes et les états de sa conscience, on le rend capable d’induire à volonté détente et états altérés de la conscience. Cette technique peut être combinée avec l’hypnose, à des fins thérapeutiques, ou encore pour étudier et stimuler les états altérés de la conscience.

La parapsychologie et les phénomènes psi

Jusqu’à tout récemment, les parapsychologies occidentale [83] et soviétique [84] s’étaient principalement acharné à démontrer, par des moyens scientifiques rigoureux, l’existence de possibilités latentes du psychisme humain : télépathie et clairvoyance [85], télékinésie [86] et guérisons psi [87], etc. Depuis quelque temps toutefois, on s’attarde de plus en plus à mettre au point des techniques de développement et d’apprentissage de ces facultés, leur existence ayant été démontrée de façon suffisamment convaincante pour toute personne honnête [88].

Bien entendu, les résultats des travaux parapsychologiques peuvent être utilisés à des fins fort différentes de celles du mouvement néo-culturel (il suffit de songer aux possibilités militaires de la télépathie, par exemple). Mais la nouvelle culture ne néglige aucun résultat pratique de la parapsychologie, surtout dans le domaine de l’apprentissage des facultés paranormales, d’autant plus que ces résultats coïncident souvent avec ceux de l’expérience psychédélique [89].

[51]

Ésotérismes occidental et oriental

En dernier lieu, il faut souligner que la nouvelle culture a porté une grande attention aux techniques ésotériques, par rapport à la reprogrammation de l’individu, et au développement des capacités nouvelles. On a mis en évidence le parallélisme existant entre l’expérience psychédélique et l’expérience initiatique [90], entre la vision du monde induite par les psychotropes et celle des cosmologies orientales [91]. On a aussi souligné le rôle des yogas et du tai-chi [92], par exemple, dans le développement des pouvoirs du corps, en relation directe avec les résultats de la bio-énergétique reichienne. Certains jeux divinatoires comme le Tarot [93] et le I-ching [94], liés aux spéculations astrologiques et alchimiques [95], ont un rôle catalyseur dans le développement de l’imagination et de l’intuition.

Le lien entre les psychothérapies occidentales et les ésotérismes orientaux a été développé par Watts [96], et il ne fait plus de doute que les techniques ésotériques ont un rapport direct avec les capacités psychiques latentes de l’homme.


IV. Conclusion :
sexualité et pouvoirs psychiques

Nous pouvons maintenant dégager les principaux traits du modèle de changement commun aux nouvelles thérapies et au mouvement néo-culturel.

a. La société ne peut être changée sans que soit aussi modifié en profondeur le comportement des individus qui la composent. De plus, la modification du comportement doit se faire d’abord sur une petite échelle, quitte à se généraliser ensuite.

b. La méthode de changement a pour première étape une phase de déprogrammation : au sein d’un petit groupe, l’individu apprend à se défaire des schèmes autoritaire, rationaliste et sexuellement répressif qu’il a intériorisés lors du processus de socialisation. Les techniques utilisées vont plus dans le sens du corps, de l'affectivité, de l’imagination et du symbolisme que dans le sens de l’analyse rationnelle.

c. L’étape positive du processus de changement, la reprogrammation, vise à faciliter le développement de comportements précédemment bloqués ou atrophiés par le schème rationaliste : états altérés de la conscience et pouvoirs psychiques. On utilise alors aussi bien les psychotropes, l’hypnose et le biofeedback que les techniques ésotériques et les apports de la parapsychologie expérimentale.

d. Le nouveau modèle de changement diffère radicalement de l’analyse marxiste et des pratiques socialistes sur quelques points fondamentaux. Contrairement [52] au modèle marxiste, la libération sociale n’est plus vue comme le résultat d’une lutte à vaste échelle, devant mener les producteurs à prendre le contrôle de la production sociale des mains des classes dirigeantes, pour ensuite en arriver à une distribution plus équitable des ressources matérielles de la société. Le mouvement néo-culturel insiste plutôt sur la nécessité, pour chacun, de se libérer du primat de la raison, de la répression sexuelle et du schème autoritaire, pour jeter les bases d’un mode de vie nouveau, où comptera beaucoup le développement des pouvoirs latents de l’être humain.

Le nouveau modèle de changement mise beaucoup plus sur le développement de facultés latentes du cerveau humain que sur le développement de la technologie, des machines et des outils, et des connaissances qui en dépendent. Avant de conclure, nous voudrions dégager le sens de ce phénomène, le lien existant probablement entre une modification de la sexualité humaine et l’expansion des facultés latentes.

Le mouvement néo-culturel a souvent confondu la libération sexuelle avec la libération de la génitalité [97]. Ce point de vue se retrouve aussi, comme nous l’avons signalé, dans les nouvelles thérapies qui se sont clairement posé la question de la sexualité, c’est-à-dire surtout dans la bio-énergétique de Reich et dans le courant antipsychiatrique. Nous suggérons ici, en prolongeant certaines intuitions de Marcuse et de Brown [98], que le développement des capacités nouvelles du cerveau humain, des facultés psi, ne sera possible à une large échelle qu’à la condition que disparaisse le primat de la génitalité dans le champ de la psychosexualité humaine.

Pour l’instant, toutefois, cette hypothèse, si elle n’est pas directement prouvée, peut s’étayer sur un certain nombre de phénomènes concordants, que nous passerons brièvement en revue.

Il faut mentionner en premier lieu certains indices nous venant des études parapsychologiques. Ces études ont en effet établi hors de tout doute que, dans les conditions naturelles, l’exercice de la télépathie, en particulier, suppose des états émotionnels très intenses — comme ceux liés au souci pour un proche, par exemple —, états qui n’ont rien à voir avec la génitalité. On n’a presque jamais observé de phénomènes paranormaux liés à l’activité génitale [99].

En second lieu, il faut noter l’existence très répandue des pouvoirs psychiques chez les enfants et chez les jeunes adolescents, c’est-à-dire chez des êtres où le primat de la génitalité n’existe pas ou bien n’est pas encore pleinement établi [100].

Enfin, toutes les techniques ésotériques, dont le rapport avec le développement des pouvoirs psychiques ne saurait maintenant être mis en doute, insistent beaucoup sur la mise de côté des activités génitales comme condition indispensable de succès dans le cheminement initiatique.

[53]

Rien de tout cela, évidemment, ne constitue une preuve directe, mais la concordance est assez significative. On peut d’ailleurs arriver à des conclusions similaires par une démarche différente.

Dans un ouvrage d’une lucidité extrême, et d’une rigueur scientifique peu courante, le biologiste François Meyer [101] a démontré que, dans révolution de l’espèce humaine, la croissance de la population et celle de la technologie suivent un même rythme surexponentiel et obéissent à une même dynamique. Meyer a aussi indiqué que nous sommes aujourd’hui très proches du point où la croissance de la population et de la technologie se heurtera à une limite asymptotique, ce qui laisse prévoir ou bien l’effondrement général et la disparition de l’espèce, ou bien un changement majeur dans la nature du processus évolutif. Meyer formule l’hypothèse que ce changement serait caractérisé par le fait que, dans le rapport de la société au milieu, les échanges informationnels prendraient de plus en plus le relais des échanges énergétiques de grande ampleur.

Si, comme le suppose Meyer, l’évolution humaine doit prendre une direction différente, allant dans le sens de l’élaboration d’un rapport adaptatif au milieu où la croissance démographique et les échanges énergétiques perdent de leur importance au profit des échanges informationnels, on peut assez facilement supposer que la génitalité perde son primat, et que se développent sur une base générale les pouvoirs psychiques aujourd’hui latents.

En effet, il est à peine nécessaire de noter que la croissance de la population est liée étroitement aux activités génitales. Dans un contexte écologique et évolutif où la croissance de la population est devenue plus un handicap qu’un signe de succès [102], toute diminution du primat de la génitalité au sein des activités sexuelles ne pourrait jouer qu'un rôle adaptatif et stabilisateur. Un tel changement n'est pas du tout inconcevable : il représenterait un cas mineur de néoténie [103] le primat de la génitalité n’existant pas dans l’enfance ; et il poursuivrait le processus qui, chez l’homme par rapport aux autres primates, a déjà partiellement détaché l’activité sexuelle de la période stricte de fertilité et de reproduction [104].

Les pouvoirs psychiques, pour leur part, représentent tous des possibilités de remplacer les machines et les outils par un contact plus direct entre les cerveaux (dans les communications sociales), ou entre les cerveaux et le monde matériel. Il est évident que la généralisation, au sein de l’humanité, des facultés de télépathie et de clairvoyance aurait un impact considérable au niveau de Factuel système de communication, dont on pourrait alors se libérer en plus ou moins grande partie [105] ; et que la généralisation des pouvoirs de guérison des thérapeutes du Brésil et des Philippines [106] pourrait nous libérer d’une grande partie de Fappareil biochimique de la médecine actuelle. Si de tels phénomènes se développaient et se généralisaient, nous aurions les fondements techniques d'un rapport avec le milieu où, comme le dit Meyer [107] dans un autre contexte, [54] les échanges de nature informationnelle prennent le pas sur les échanges énergétiques de grande dimension. Le fait que certains êtres humains soient aujourd’hui capables d’imprimer une image sur une plaque photographique sans recourir à aucun contact physique, que certains soient capables de modifier la forme de certains objets ou de les déplacer de la même manière, par exemple, montre bien à quel point le contact avec la matière pourrait être modifié à la suite d’un développement généralisé de ces capacités latentes [108].

Il est donc probable que la fin du primat de la sexualité génitale et le développement des facultés télépathiques et télékinésiques possèdent la même signification évolutive pour l’humanité. Tout comme le développement de la technologie fut relié à celui de la population et au primat de la génitalité, il n’est donc pas du tout impossible que le développement des facultés latentes de l’homme soit dans un proche avenir lié à une stabilisation démographique et à la fin du primat de la génitalité sur l’ensemble des manifestations de la sexualité humaine.


RÉSUMÉ

Cet article consiste en une réflexion sur les divers rapports existant entre les thérapies nouvelles, les techniques d'expansion de la conscience et la nouvelle culture. Après avoir défini le mouvement néoculturel dans l’optique de l’élaboration d’un nouveau modèle de changement social, les nouvelles thérapies sont analysées en tant que techniques de déprogrammation des effets de la répression sexuelle et des schèmes de comportement rationaliste et autoritaire. Les techniques d’expansion de la conscience sont alors considérées comme stratégie de reprogrammation psychosociologique visant à l'établissement d’une société nouvelle. En conclusion, une hypothèse générale est présentée en ce qui concerne les liens possibles existant entre la sexualité non génitale et le développement des pouvoirs psychiques.

ABSTRACT

This article examines the various relationships extsting among the new therapies, consciousness- raising techniques and the “new-culture”. Having defined the “new-culture” movement in terms of the élaboration of a new model of social change, the author analyses the new therapies as techniques for deprograming the effects of sexual repression and of rationalisée and authoritarian behavior. Consciousness-raising techniques are then considered as stratégies for psychosociological reprogram- ing leading to the setting up of a new society. In conclusion, a général hypothesis is presented concerning the possible links existing between non-genital sexuality and the development of psychic powers.

RESUMEN

Este artículo consiste en una reflexión sobre las diversas relaciones existentes entre las nuevas terapías, las técnicas de expansión de la conciencia y la nueva cultura. Después de haber definido el movimiento neo-cultural dentro de la óptica de la elaboración de un nuevo modelo de cambio social, las nuevas terapías son analizadas como técnicas des programación de los efectos de la represión sexual y de los esquemas de comportamiento racionalista y autoritarío. Las técnicas de expansión de la conciencia son por lo tanto consideradas como estrategía de reprogramación psicosociológica que aspira al establecimiento de una nueva sociedad. Una hipótesis général es presentada referente a las ligazones existentes entre la sexualidad no-genital y el desarrollo de los poderes psíquicos.



[1] Racine. L. et G, Sarrazin. Pour changer la vie. Montréal. Éditions du Jour. 1972. [En préparation dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

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[8] Racine, L. et G. Sarrazin, Pour changer la vie. [en préparation dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[9] Liley, J. C., Programming and Metaprogramming in the Human Biocomputer.

[10] Castoriadis, C., l'Institution imaginaire de la société, Paris. Seuil, 1975 : voir aussi la note 6.

[11] Racine, L. et G. Sarrazin. Pour changer la vie.

[12] The Ecologist, Changer ou disparaître, plan pour la survie. Paris. Fayard. 1972 ; voir aussi la note 5.

[13] Morin, E., le Paradigme perdu, Paris. Seuil. 1973, et la Méthode, Paris, Seuil, 1977, t. I ; Moscovici. S., Hommes domestiques et hommes sauvages [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.] ; Tiger, L. et R. Fox, The Imperial Animal, New York Dell. Pub., 1971 ; Wilson, O., Sociobiology : the Modern Synthesis, Cambridge, Bellknap Press of Harvard University, 1975.

[14] Samuel, P., Écologie, détente ou cycle infernal : Mainmise, le Répertoire québécois des outils planétaires, Montréal, Ed. Alternatives, 1977.

[15] Voir la note 6.

[16] Colin. H. et M. Paradelle. Les Jeunes et le mouvement communautaire. Bruxelles, Ed. Complexe, 1974 ; Collectif, Kommune 2, Paris, Champ Libre, 1972 ; Dinello, R. et P. Méric, Théorie et pratique de la vie en communauté, Bélévaste. 1972; Droit, R.-P. et A. Geilien, la Chasse nu bonheur : les nouvelles communautés en France. Paris, Calmann-Lévy, 1972 ; Fairfield. R. et I. Sandoval, Communes U.S.A., Harmondsworth, Penguin, 1972 ; Fairfield, R. et I. Sandoval, Utopia U.S.A., San Francisco. Alternative Fondations. 1972 ; Fairfield, R. et I. Sandoval. Communes Europe, San Francisco, Alternative Fondations, 1972 ; Fitzgerald, G., Communes : their Goals, Hopes and Problems, Paulist Press, 1971 ; Hawken, P.. The Magic of Findhorn, New York. Harper and Row, 1975 ; Kathleen, K., A Walden two Experiment, Morrow. 1973.

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[22] Bookchin, M., Post-Scarcity Anarchism : Friedmann. Y., Utopies réalisables. Paris, Union générale d’éditions, 1975 ; Racine. L. et G. Sarrazin. Pour changer la vie.

[23] Racine. L. et G. Sarrazin. Pour changer la vie ; Bon, F., et M. A. Burnier, Classe ouvrière et révolution.

[24] Voir la note précédente.

[25] Freud, S., La naissance de la psychanalyse. Paris, P.U.F., 1956.

[26] Freud, S., The Interprétation of Dreams, New York, Avon, 1965.

[27] Freud, S., Psychologie de la vie quotidienne, Paris, Payot, 1969. [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[28] Voir la note précédente et aussi Freud, S., le Mot d'esprit et ses rapports avec l’inconscient, Paris. Gallimard, 1930. [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[29] Freud, S., Introduction à la psychanalyse, Paris, Payot, 1959. [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[30] Freud, S.,, la Technique psychanalytique, Paris, P.U.F., 1967.

[31] Freud, S., Introduction à la psychanalyse. [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[32] Freud, S., Trois essais sur la théorie de la sexualité. Paris : Gallimard, 1962.

[33] Reich. W., L’Analyse caractérielle. Paris. Payot. 1971 ; Freud. S., Au-delà du principe de plaisir. Paris : Payot, 1956.

[34] Reich. W., l'Irruption de la morale sexuelle. Paris, Payot, 1972 ; Reich. W., la Psychologie de masse du fascisme. Paris. Payot, 1972 ; Reich, W., les Hommes et l'Etat. Nice. Senelnikoff. 1971.

[35] Freud. S., Civilization and its Disconrents. New York. Norton, 1962.

[36] Mendel, G., Pour décoloniser l'enfant.

[37] Reich, W., la Fonction de l'orgasme, Paris, L'Arche, 1952.

[38] Lowen. A., la Bio-énergie, Paris, Tchou, 1976 ; Lowen, A., le Corps bafoué. Paris. Tchou. 1976 ; Lowen, A., la Dépression nerveuse et le corps. Ottawa. Ed. St-Yves, 1977 ; Keleman, S., Living your Dying. New York, Random House 1974 ; Keleman, S., The Human Ground, Palo Alto, Science and Behavior Books,  975 ;  Keleman, S., Your Body Speaks its mind, NewYork : Simon and Schuster, 1975.

[39] Brown, N. O., le Corps d'amour, Paris, Denoël. 1967 ; Brown, N. O., Eros et Thanatos. Paris. Denoël, 1972 ; Marcuse, H., Vers la libération ; Marcuse, H., Eros et Civilisation, Paris. Minuit. 1963.

[40] Voir les notes 30 et 31.

[41] Voir les notes 33 et 37.

[42] Freud, S. et J. Breuer, Études sur l’hystérie. Paris : P.U.F., 1956.

[43] Voir les notes 33 et 37.

[44] Voir la note 38.

[45] Voir la note 38.

[46] Freud. S., Trois essais sur la théorie de la sexualité.

[47] Voir la note 39.

[48] Voir la note 39.

[49] Ehrlich. P. et A. Ehrlich, Population, Ressources, Environnement, Paris. Fayard. 1972.

[50] Voir les notes 33 et 37.

[51] Voir la note 38.

[52] Voir les notes 33 et 37, 30 et 31.

[53] Ruitenbeck, H. M., les Nouveaux Groupes de thérapie. Paris, Epi, 1973 : voir la note 38.

[54] Voir la note 38.

[55] Perls, F.S., R.F. Hefferline et P. Goodman, Gestalt Therapy, Harmondsworth, Penguin, 1973.

[56] Voir la note précédente.

[57] Laing. R. D. et A. Esterson, L’Équilibre mental, la folie et la famille, Paris, Maspéro, 1971 ; Cooper, D., Mort de la famille, Paris, Seuil, 1972.

[58] Cooper, D., Psychiatrie et antipsychiatrie. Paris, Seuil, 1972 ; Laing. R. D., la Politique de la famille, Paris. Stock, 1972.

[59] Hochmann, J., Pour une psychiatrie communautaire, Paris, Seuil, 1971 ; Mannoni, M., Un lieu pour vivre. Paris, Seuil, 1976 ; Rapoport. R.M., les Communautés thérapeutiques, Paris, Maspéro. 1974.

[60] Watzlawick. P., J. Weakland et R. Fish, Changements. Paris, Seuil, 1975 ; Bateson. G., Steps to an Ecology of Mind, New York, Ballantine, 1972.

[61] Laing. R. D., la Politique de l’expérience. Paris. Stock. 1967.

[62] Voir la note précédente.

[63] Voir la note 59.

[64] Voir la note 60.

[65] Collectif. Socio-psychanalyse 3, Paris, Payot, 1973.

[66] Lapassade, G., Socianalyse et potentiel humain, Paris, Bordas, 1975 ; Lobrot, M., la Pédagogie institutionnelle. Paris, Bordas, 1975: voir aussi l'article de R. Pages dans ce numéro de Sociologie et Sociétés ; Lourau, R., l'Analyse institutionnelle, Paris, Minuit, 1970.

[67] Berne, E., Des jeux et des hommes, Paris, Stock, 1975 ; Berne. E., Analyse transactionnelle et psychothérapie. Paris. Payot. 1971.

[68] Voir l'article de C. Rodgers dans ce numéro de Sociologie et Sociétés.

[69] Voir la note 38 et 16 ; Racine, L. et G, Sarrazin, Pour changer la vie.

[70] Celma, J., Journal d'un éducastreur ; Collectif, Kommune 2 ; Marcuse, H., l'Homme unidimensionnel ; Reich. W., la Révolution sexuelle. Paris. Plon, 1968 ; voir aussi la note 38 et la note 16.

[71] Huxley, A., The Doors of Perception. New York : Harper, 1954.

[72] Watts, A., The Joyous Cosmoiogy. New York, Panther Books, 1962.

[73] Leary; T., la Politique de l'extase.

[74] Leary, T., R. Allpert et R. Metzner, The Psychedelic Expérience, New York, University Books, 1964.

[75] Castaneda, C., Tales of Power, New York, Simon and Schuster, 1974.

[76] Liley. J.C., Programming and Metaprogramming in the Human Biocomputer.

[77] Tart, C.T. (éd.), Altered States of Consciousness, New York, Wiley and Sons, 1964.

[78] Masters, R. et J. Houston, Mind Games, New York, Dell Publishing, 1972.

[79] Tart, C. T., Altered States of Consciousness.

[80] Schutz, J. H., le Training autogène, Paris, P.U.F., 1974.

[81] Ryzl, M., Hypnotisme et E.S.P., Ottawa. Québec-Amérique, 1976.

[82] Tart, C. T., Altered States of Consciousness.

[83] Rhine, J. B., la Double Puissance de l’esprit. Paris. Maisonneuve, 1955.

[84] Ostrander. S. et L. Schroeder, Fantastiques Recherches parapsychiques en U.R.S.S., Paris, Laffont, 1973.

[85] Damien, M. et R. Louis (éd.), les Pensées communicantes, Paris, Tchou, 1976 ; Puharich, A., les États seconds, Paris. Tchou, 1976 ; Schmeidler. G. (éd.). Extra Sensory Perception, New York. Atherton Press. 1969.

[86] Perot. R.. l'Effet PK. Paris, Tchou, 1977 ; Taylor, J., Superminds, Londres. Mc Millan, 1975.

[87] Stelter. A., Guérisons PSI. Paris, Laffont, 1975.

[88] Mitchell, E. D. et J. White (éd.), Psychic Exploration, New York. Putnam, 1974 ; Ostrander, S. et L. Schroeder. Nouvelles Recherches sur les phénomènes psi, Paris, Laffont, 1977 ; Ryzl, M.. Votre perception extra-sensorielle. Montréal, Éd. du Jour, 1976.

[89] Masters, R. et J. Houston, The Varieties of Psychedelic Expérience, New York, Holt Rinehart. 1966; White J. (éd.), the Highest State of Consciousness, New York, Anchor Books, 1972.

[90] Leary. T., R. Allpert et R. Metzner, The Psychedelic Expérience ; Castaneda, C., Tales of Power.

[91] Watts, A., The Joyous Cosmology.

[92] Metzner, R., Maps of Consciousness. New York, Collier. 1971.

[93] Ibid.

[94] Ibid.

[95] Ibid.

[96] Watts, A., Psychothérapies occidentale et orientale. Paris, Fayard, 1966.

[97] Marcuse, H., l'Homme unidimensionnel ; Reich, W.,  la Révolution sexuelle.

[98] Voir la note 39.

[99] Schartz. B.E., Parent-Child Telepathy. New York. Garrett, 1971 ; Taylor. J., Superminds.

[100] Voir la note précédente.

[101] Meyer F., la Surchauffe de la croissance. Paris, Fayard. 1974.

[102] Hartley. S.F., Population : Quantity vx. Quality. New Jersey. Prentice-Hall. 1972.

[103] Lorenz K., Essais sur le comportement animal et humain. Paris. Seuil. 1970 ;  Wickler W., The Sexual Code. Garden City. Anchor Books, 1973.

[104] Hinde. R.A., Biological Basis of Human Social Behavior. McGraw Hill. 1974.

[105] Voir la note 85.

[106] Voir la note 87.

[107] Meyer. F., Surchauffe de la croissance.

[108] Voir la note 86.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 11 novembre 2012 12:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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