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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La grande dissociation. Essai sur une maladie moderne. (20/0)
Quatrième de couverture


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Philippe Quéau, La grande dissociation. Essai sur une maladie moderne. Rabat, Maroc: Metaxu, 2010, 283 pp. [Une réflexion sur la crise la modernité à la lumière d’une analyse philosophique des apports de la Réforme. [Autorisation accordée par l'auteur le 23 avril 2010 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Quatrième de couverture

La modernité souffre d’une maladie des profondeurs, et plus précisément d’un syndrome de dissociation. En proclamant avec une énergie maniaque la schize de la raison et de la foi, de la volonté et de la grâce, de l’humanité et de l’individu, Luther résuma le programme moderne : nominalisme, déterminisme, individualisme. Mais il mit du même coup en place le dispositif dont les Temps modernes allaient subir les effets schizophrènes.

Schizoïde, dissociée, la modernité affiche dans le même temps, et sans doute par compensation, une dévotion idolâtre à la « connaissance ». Cela ne suffirait pas, en soi, à qualifier l’époque de « gnostique », si l’on n’observait une prétention exacerbée à surmonter par cette connaissance les contradictions les plus aiguës, les plus essentielles. Or c’est précisément là un trait caractéristique de l’idéologie gnostique proprement dite : l’utopie d’un salut par la connaissance.

Le gnosticisme moderne croit qu’une connaissance ultime de la réalité est possible, quoique réservée à une élite d’élus. A partir de cette connaissance réductrice mais effective de la réalité et de cette réalité efficace du pouvoir, le gnosticisme moderne propose à ses élus un salut immanent dans le monde, et justifie ainsi leur soif illimitée de puissance temporelle (leur libido dominandi).

Dans les premiers siècles de notre ère, le dualisme gnostique et manichéen s’étaient opposés frontalement au christianisme des origines. Depuis, la pensée dualiste n’a pas cessé de traverser la pensée occidentale. Elle a continué d’influencer la modernité bien après la Réforme, dégénérant même de nos jours en slogans guerriers, nationalistes ou tribaux (« Dieu avec nous », « Eux contre nous », « L’axe du Mal »).

Par son message coupant et disjonctif et par son statut d’hérésie (du point de vue du christianisme) le gnosticisme présente un lien analogique évident avec le schisme de la Réforme, ainsi qu’avec le syndrome de dissociation moderne. En cela, le gnosticisme peut aider à caractériser les symptômes de la maladie psychique qui affecte un Occident originairement chrétien, et qui se découvre aujourd’hui à la fois agnostique (dans la mesure où il est déchristianisé) et gnostique (en tant qu’il est tenté par de nouvelles « hérésies »). Mais il peut aussi aggraver cette dissociation.

Ce qui caractérise cette dissociation, c’est qu’elle exclut sous la catégorie de la « mort de Dieu »,  toute absence du divin, elle refuse tout évidement ou toute mise en retrait de la divinité. Désormais, Dieu sature éminemment l’espace mental des hommes, et le divise radicalement. L’omnipotence et l’omniscience divines ne laissent plus aucune place à l’impuissance et à l’ignorance humaines, et elles enlèvent à l’homme sa raison et sa liberté, pour l’enfermer dans sa déchéance.

La grande dissociation de la modernité apparaît précisément comme la principale conséquence de cette saturation idéologique, et de cette déchéance décrétée.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 1 mai 2010 15:16
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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