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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Laurent Potvin, Jérôme Legaré. Religieux, éducateur, artiste. Château-Richer, Québec, 2009, 79 pp. Texte inédit pour Les Classiques des sciences sociales. [Autorisation accordée par l'auteur le 27 janvier 2009 de publier ce texte inédit dans Les Classiques des sciences sociales.]

Laurent POTVIN [1920- ]

Jérôme Legaré. Religieux, éducateur, artiste.”

Château-Richer, Québec, 2009, 79 pp.
Texte inédit pour Les Classiques des sciences sociales.

Présentation
Jérôme Legaré
Mes jeunes années
Mon père et ses goûts artistiques
Vers la vie religieuse
Je rencontre un artiste
Devant un engagement définitif
L’École des Beaux-Arts
Retour à l’enseignement
Aux Éditions FM
Quelques activités artistiques spéciales
Une halte bénéfique
De retour au pays natal en 1943
Université catholique de Washington
En résidence rue Jacques-Cartier
Une session de spiritualité
Un artiste et son œuvre
Peinture, fusain, aquarelle, sculpture
L’aquarelle, ma préférence
Les expositions artistiques
Admirateur d’Arthur Villeneuve
Quelques autres oeuvres
Une retraite active
Membre du « Club de Bâtisseurs »
Le temps de la vraie retraiteLe 9 avril 1999
Funérailles
Place aux témoignages de confrères
Place aux témoignages du milieu artistique
Conclusion
Bibliographie
Appendice I
Appendice II

Présentation

Jérôme Legaré:
religieux éducateur artiste

Frère Jérôme Legaré, religieux, éducateur et artiste, laisse le souvenir d’un homme de forte personnalité, sensible, délicat, discret et érudit.  En un mot, il était un homme charmant et attachant.

Tous ceux qui l’ont  connu peuvent témoigner de son esprit de dévouement.  Il était toujours disposé à rendre service et à faire plaisir.

Parce qu’il était un homme d’une vaste culture, intéressé à tout, les contacts avec lui étaient enrichissants.  À ma  naissance, il avait déjà quitté la maison familiale pour le Juvénat des Frères Maristes de Lévis. Plus tard, j’ai eu le privilège d’entretenir avec lui une longue correspondance et de bénéficier de conversations qui duraient des heures et des heures.

Ayant vécu plus de soixante-quinze ans dans l’Institut des Petits Frères de Marie, le Frère Jérôme y a fait preuve d’une rare excellence dans son état, d’un bel esprit religieux. Il n’a jamais manqué une occasion de mettre ses talents artistiques pour célébrer la Vierge Marie et Marcellin Champagnat, fondateur récemment canonisé.

Profondément attaché à sa famille mariste, Frère Jérôme l’a aussi été à sa première famille.  Il a consacré de nombreuses années à la confection d’un album familial des Legaré.

Travailleur infatigable, le Frère Jérôme a œuvré jusqu’à la fin de sa vie.  Il n’a jamais travaillé pour la renommée.  Paradoxalement, il laisse une œuvre remarquable dans tous les domaines où se sont affirmés ses nombreux talents.

L’art a illuminé la vie du Frère Jérôme et ses œuvres continuent d’illuminer la vie de ceux qui en jouissent.

Il était doué de dons artistiques certains : sens de la couleur et des formes, goût pour l’harmonie et la simplicité.

L’Institut des Frères Maristes doit être félicité d’avoir permis l’éclosion de ses talents en autorisant sa formation à l’École des Beaux-Arts de Montréal puis à l’Académie des Arts de Washington.  À la première institution, il a obtenu le diplôme et, à la seconde, une maîtrise en sculpture.

Le Frère Jérôme Legaré a excellé dans plusieurs disciplines artistiques mais c’est dans l’aquarelle qu’il a pu le mieux donner libre cours à la délicatesse et à la douceur de ses émotions.  Ses œuvres sont empreintes de charme et d’atmosphère grâce à leur transparence. Ses œuvres de jeunesse (à l’huile ou à l’acrylique) témoignent d’une plus grande audace alors que sa force se manifeste dans ses sculptures à taille directe dans la pierre ou le bois.

Artiste versatile, le Frère Jérôme était aussi un dessinateur habile, un caricaturiste mordant, un calligraphe délicat.  Il a aussi mis son talent au service de sa communauté par la réalisation de kiosques, de décors de théâtre, de programmes de fêtes, d’affiches, etc.

Sorti de l’École des Beaux-Arts de Montréal, le Frère Jérôme fut mis à contribution durant dix ans à titre d’illustrateur de la série des livres de géographie des Éditions Maristes.  Il a ensuite été affecté à l’enseignement des arts à l’École de Céramique de Beauceville et à l’École Dominique-Racine de Chicoutimi.

À Chicoutimi toujours, le Frère Jérôme Legaré s’est impliqué avec ardeur dans la vie artistique de son milieu jusqu’à devenir président de la Société des Arts.  Il a bien mérité le titre de «père des arts visuels au Saguenay-Lac-St-Jean.

Puissent les pages que  Frère Laurent Potvin vient de consacrer à mon frère contribuer à le mieux faire connaître !  Nous serons, après cette lecture, mieux à même de mesurer l’impact que son action a pu avoir sur les arts dans la région du Saguenay où mon frère Jérôme a œuvré pendant quarante et un ans.

Jean-Paul Legaré *


JÉRÔME LEGARÉ

(Frère Louis-Jérôme)

« Tant de mains pour transformer ce  monde
 et  si peu de regards pour le contempler. »
Julien Gracq

Ceux qui, un jour, ont entrepris   le travail délicat  de présenter  au public un parent, un  confrère, un ami, se sont vite rendu compte que «l’homme se révèle à nous identique en tous les hommes : même opiniâtreté, même audace, même instinct royal de vaincre, de se surpasser, de survivre ; mais la vie fut toujours trop brève pour l’art inachevé… »  Cette observation de J. du Plessis s’applique  avec tellement d’à propos au Frère Jérôme Legaré. « ….Mais la vie trop brève pour l’art inachevé.  » En effet, il nourrissait encore tout plein de projets… À preuve, son atelier de Château-Richer où tant de pièces attendaient une finition, un dernier coup de pinceau, une retouche, une restauration.  Le 7 mai 1999, quelques jours après sa mort,  lui  parvenait une lettre émise par la Monnaie royale canadienne : «Je vous remercie beaucoup d’avoir participé au concours de dessin de pièces de monnaie  « Faites Centsation ! » De plus, l’honorable Alfonso Gagliano, ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux et ministre responsable de la Monnaie royale canadienne, lui décernait une attestation officielle ainsi libellée :

« JÉRÔME LEGARÉ a participé au concours de dessin de pièces de monnaie « Faites Centsation ! » de la Monnaie royale canadienne, l’un des événements officiels du Canada pour marquer le nouveau millénaire. » 

Décernée à titre posthume par les circonstances, cette marque d’attention en est d’autant plus touchante…

Il aura donc  été l’un des 33 000 artistes du pays qui ont tenu à participer à ce concours qui consistait à illustrer d’un sujet de son choix une des douze  pièces  de 25 cents à paraître à l’occasion de l’an 2000. Il serait intéressant d’examiner attentivement son projet et sa façon personnelle de souligner le passage au nouveau millénaire.  En dépouillant la masse imposante de documents qu’il a laissés, il sera peut-être possible plus tard de voir, et d’apprécier, le projet  personnel qu’il avait soumis à Ottawa.

F. Jérôme aura toujours été un actif. Chez lui,  nous avons été plusieurs à le  bien remarquer, se révélaient à un degré particulièrement élevé «cette audace, cet instinct royal de vaincre, de se surpasse… » que J. du Plessis a relevé chez les hommes. Son dernier concours lui aura permis de compétitionner avec 33 000 autres artistes du Canada, comme cela vient de nous être révélé. Un défi de taille à relever ! En toutes ses activités, il éprouvait une joie bien sentie, car, « la joie du torrent c’est de rencontrer les rochers, et non d’aboutir au lac », comme le faisait finement remarquer  un penseur écrivain,  Albert Jacquard,  lors d’une conférence ayant pour titre « La  vie et la mort. »

Laissons là les dernières activités artistiques du F. Jérôme et entrons ensemble dans le vif du sujet en laissant  la parole, le plus souvent possible -  car il a longuement écrit sur sa vie - à celui dont nous voulons rappeler ici les grandes étapes de la carrière.  Il ne faudra pas trop nous surprendre de la franchise parfois directe de ses propos… Nous pourrons, par ailleurs, mesurer la profondeur de la vision de cet homme profondément marqué par sa double appartenance  artistique et religieuse.

Dans le survol de cette longue carrière, nous procéderons à deux. Frère Jérôme a bien voulu accorder de longues entrevues à des confrères et des  amis qui s’intéressaient  particulièrement à sa carrière artistique.   Je lui cède d’abord la parole.  À tout seigneur tout honneur !

MES JEUNES ANNÉES

Ma mère, Marie-Louise Desrochers, naquit dans la ville de Québec.  Elle passa quelque temps dans un noviciat de religieuses aux États-Unis,  ce qui explique sans doute  sa grande piété.

Mon père, Jérôme-Charles Legaré, était fils de notaire ; il naquit aussi tout près de Québec. Il eut l’avantage de suivre de solides études au collège des Frères Maristes de Beauceville, sous la direction du bon Frère Célestius. Très instruit par rapport aux jeunes gens de son époque et ayant acquis de profondes convictions religieuses, il n’hésita pas à donner à Dieu cinq de ses enfants, dont trois persévérèrent.

Après leur mariage, mes parents vinrent demeurer à Chicoutimi où vivait une des sœurs de mon père au Monastère des Augustines de la Miséricorde.  C’est dans cette ville que je vis le jour le 30 septembre 1909, en la fête de saint Jérôme. En 1911, notre famille déménagea à Rimouski.

J’ai eu le bonheur d’appartenir à une famille où l’on était sensible au monde des arts.  Mon arrière-grand-père, Joseph Legaré, qui vécut de 1795 à 1855, était un artiste de grande réputation ;  il est surnommé  Le Père des Arts au Canada.  Il a fait surtout des peintures pour les églises, des portraits et des paysages canadiens.

Un jour, un certain abbé Desjardins revenait d’Europe avec des peintures sauvées des révolutionnaires français. Mon ancêtre a acheté plusieurs de ces tableaux.  Il s’en est inspiré pour faire lui-même de la peinture.

MON PÈRE
ET SES  GOÛTS ARTISTIQUES

Mon père aussi aimait  la peinture et s’y adonnait.  Dès 1907, il fit à Chicoutimi une exposition de ses tableaux dans la vitrine de son studio de photographie.  Un des journaux de l’époque en donne cette flatteuse appréciation : «Quel studio pour un peintre ! De ce temps-ci, nous pouvons admirer dans la vitrine de J.-C. Legaré deux jolis pastels dus au crayon de notre jeune artiste.  Ce sont deux sujets saguenéens d’une grande beauté qui fait honneur au talent de leur auteur.  L’un représente une scène de nuit sur le Saguenay, en face de Chicoutimi : un clair de lune.  La lune y apparaît éclatante, merveilleuse… L’autre est une scène du même endroit, mais le jour : d’un côté les rives vertes et audacieusement escarpées ; de l’autre, s’estompent des résidences de Chicoutimi… »

Mon père, ayant reçu l’invitation d’aller travailler à Rimouski dans un bureau d’ingénieurs civils du gouvernement fédéral, la famille déménagea dans cette ville en 1911. J’avais alors deux ans. Les compas et les tire-lignes remplacèrent les pinceaux, car il fallait bien que mon père réponde aux exigences de ses nouvelles fonctions.  Sans être diplômé ingénieur, il n’en connaissait pas moins les techniques fondamentales.  Il fut même considéré comme l’un des meilleurs ingénieurs civils de l’endroit.  Il resta à ce poste pendant 38 ans.  Souvent, le soir, il apportait ses plans à la maison pour les finir.  Et je prenais un vif plaisir à le regarder travailler.

Quand nous allions à Québec, chaque année, mon père ne manquait pas de nous faire observer les tableaux de l’aïeul Joseph que les membres de la famille possédaient. (J’ai vu dans le studio du F. Jérôme, à Chicoutimi, un de ces tableaux : Le grand feu de Rimouski. Je ne sais ce qui est advenu de ce tableau…)

À l’occasion du Jour de l’An ou de quelques autres fêtes, je recevais ordinairement comme cadeaux une boîte d’aquarelle et des cahiers à dessiner.  Et quand mes frères et moi ne pouvions aller à l’école, mon père nous disait : « Aujourd’hui, vous me ferez un dessin pour illustrer telle chose ou pour reproduire telle scène. »

Ce serait une bien longue histoire que de tout raconter.  Tout simplement je dirais que j’ai toujours développé l’observation des choses et des personnes en crayonnant toutes sortes de croquis et de caricatures…

VERS LA VIE RELIGIEUSE

Jusqu’à l’âge de douze ans, je ne connaissais pas du tout les Frères Maristes. Mais un jour, le F. Célestius, récemment nommé recruteur, faisant une tournée de ses anciens élèves pour trouver quelques bonnes vocations, pénétra chez nous.  Il s’adressa d’abord à mon frère d’un an mon cadet qui lui répondit : «J’ai commencé mon cours classique au séminaire et  j’aimerais bien le terminer. »  Quand il me posa la même question, ne sachant trop à quoi m’en tenir, je répondis : «Je vais y réfléchir. »  Il me passa alors quelques brochures publiées par les Frères. Je les lus avec intérêt.  Malgré mon jeune âge, ces brochures m’aidèrent à prendre ma décision surtout lorsque je lus que la Congrégation vouait un culte particulier à la Vierge. Un mois plus tard, mes parents me conduisirent au Juvénat de Lévis. Étant de famille à l’aise, j’ai beaucoup souffert de la nourriture; ce qui contribua à me faire regretter les oignons d’Égypte… Durant des semaines, je me suis ennuyé au point d’en être malade.  Finalement, je me suis adapté à cette nouvelle vie et mes trois années de juvénat se passèrent très bien.  Je tiens à souligner l’influence du F. Louis-Gustave, maître des juvénistes, qui, par ses solides instructions, nous inculqua l’esprit du Fondateur, la crainte d’offenser Dieu et l’amour de la chasteté. Cet éducateur m’a profondément marqué.

JE RENCONTRE UN ARTISTE

Au Juvénat de Lévis, j’eus le bonheur de connaître le Frère Casimir qui faisait de la peinture et de très jolies enluminures d’adresses.  Son genre me plaisait beaucoup.  Souvent j’allais causer avec lui et le voir travailler.

Je reprends ici la parole pour vous présenter brièvement l’artiste  dont F. Jérôme vient de parler, F. Casimir,  un artiste qui influença sans doute son choix de carrière. Le patrimoine mariste conserve à Château-Richer  des aquarelles de ce confrère. Ces  19 tableaux, 40 par 28 cm, sont exposés en permanence dans le corridor du secteur administratif de la maison de Château-Richer. F. Jérôme les connaissait très bien et  avait pu les admirer alors qu’ils étaient exposés au Juvénat Ste-Anne de Lévis, sur les murs corridor des classes. Tous ces tableaux sont en relation avec l’histoire de l’Institut des FF. Maristes. Cette rencontre avec F. Casimir et ses œuvres a été importante dans le développement des  goûts artistiques du F. Jérôme car il excella lui-même  dans sa carrière comme aquarelliste. J’en reparlerai plus loin.

Le jeune Louis poursuivit sa formation à St-Hyacinthe, postulat et noviciat ; à Iberville, scolasticat, pour en arriver à son engagement définitif, le 25 juillet 1932,  dans l’Institut des Frères Maristes.

DEVANT UN ENGAGEMENT DÉFINITIF

Comment a-t-il vécu ces moments alors qu’il  se trouvait devant une grave décision ? Il peut répondre à cette question tout en poursuivant son récit.

Je fus tout particulièrement sensible à cette invitation à la contemplation devant les œuvres de Dieu : les beautés de la création qui ont su toucher si profondément un saint François d’Assise comme en fait foi son  Cantique des créatures :  « Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes les créatures, spécialement monseigneur frère soleil, pour sœur  lune et les étoiles, pour frère vent, pour sœur eau, qui est très utile et humble, et précieuse et chaste…»  Que de fois, par la suite, ont surgi en moi  tout naturellement ces «méditations ad amorem » devant un lever de soleil triomphant, un clair de lune poétique, notre fjord imposant, un arbre majestueux qui nous montre silencieusement le ciel !  C’est là mon petit côté franciscain… Cette retraite de près d’un long mois me permit de faire ce pas décisif, l’élection, et de me nourrir, par la suite, des quelques principes fondamentaux qui nous avaient été si bien exposés et que la vie nous a permis, dans son lent déroulement, d’appliquer le moins mal possible…Et que dire des solides liens fraternels que cette même expérience inoubliable a  tissés  entre les membre du  groupe de Frères que nous formions ? »

L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

Tout cela me rappelle d’heureux souvenirs et de bons moments de la vie communautaire.  Et tout cela me préparait à  ce que j’appelle mon vrai métier. En effet, j’aimais bien caricaturer, mais toujours amicalement.  Un nez prenait de l’ampleur, une chevelure en déroute devenait plus généreuse, une chevelure fuyante…était représentée par un ou deux   poils bien placés et bien frisés, le petit gros grossissait encore...  Le croquis illustrant la dernière histoire survenue en communauté, le dernier événement cocasse  figuraient au babillard de la salle d’études au grand plaisir des héros ou des victimes.  J’ai réussi  ainsi, à ma façon, à rendre la vie communautaire plus  joyeuse et à obtenir plusieurs Benedicamus Domino aux déjeuners quand circulait au-dessus du café fumant et des toasts tièdes ma dernière caricature  élaborée la veille, après le couvre-feu !  J’ai toute une collection de ces « chefs-d’œuvre-maison » qui figurent tout près des centaines «  d’oeuvres choisies » des grands caricaturistes  que j’ai soigneusement gardées dans une collection personnelle : Girerd, Berthio, Lacroix, Lapalme et compagnie…Des classiques !   Avec les années, je peaufinais mon art… grâce à certains confrères et à certains politiciens…Mais, dans ce domaine,  je travaillais plutôt en circuit fermé !

Je nommerai ici deux confrères qui m’ont encouragé beaucoup à me  perfectionner dans les arts : Daniel Lareau  et Gérard Nadeau. Tous trois nous obtenions, en 1937, de faire venir un professeur des Beaux-Arts à l’école Dollard, de Montréal, où nous enseignions.  Monsieur Massicotte, un parent d’Edmond Massicotte, chaque samedi, nous donnait un cours et, pendant la semaine, tout en enseignant, nous faisions nos devoirs.  Si bien qu’à la fin de l’année, notre professeur nous dit qu’il n’avait plus rien à nous apprendre et que nous étions prêts pour les Beaux-Arts !

Ici, je me rappelle une heureuse coïncidence.  Mon père, ancien élève du Collège de Beauceville, était  bien ami avec F. Marie-Stratonique, le Provincial d’alors.  À  l’occasion d’une rencontre, il lui dit :

-    Frère Provincial, je connais bien votre communauté et il me semble qu’il vous manque quelque chose… 
-    Quoi donc ?
-    Il vous manque un diplômé des Beaux-Arts.
-    Précisément, j’y pense sérieusement.

L’année même, et sans difficulté, notre trio fit son entrée aux Beaux-Arts. À cette époque, les demoiselles  étaient beaucoup plus nombreuses que les hommes dans cette école et les modèles féminins étaient triés sur le volet. Nous connaissions bien les exigences tout à fait normales des cours de cette nature. D’ailleurs, médecine, sciences de la santé, peinture, sculpture exigent une bonne connaissance de l’anatomie humaine. Et je me  suis fait, dès mes premiers cours, cette réflexion que j’estime tout à fait saine dans son réalisme : «Puisqu’il est permis de contempler une rose, pourquoi serait-il répréhensible d’admirer une fille ou une  femme qui, elles aussi, sont des créatures de Dieu ! »  Et les beaux-arts – s’ils portent vraiment ce nom -  restent totalement orientés vers la beauté… D’un autre côté, nous étions là pour nos études afin de rendre service, par la suite,  à notre communauté. Nous avons bénéficié de cours de bonne qualité assurés par des professeurs particulièrement compétents. Notre trio fut diplômé trois ans après, en 1941.

Durant son séjour à Montréal, j’ai eu l’occasion de faire connaissance avec des grands noms des arts  comme Fernand Leduc, Borduas… C’est le « Refus global » qui s’exprime de plus en plus chez nous. J’admire l’imagination des jeunes d’aujourd’hui. Jadis, nous avions des modèles. Maintenant les jeunes sont plus créatifs que nous étions. Dans mon enseignement, je suis plutôt permissif car je veux tenir compte des dispositions des jeunes de nos jours. Ma formation m’a surtout  fait connaître  la peinture à l’huile et la sculpture, mais c’est l’aquarelle qui a toujours eu mes faveurs.  Durant mes vacances d’été, je préfère me consacrer à l’aquarelle plutôt qu’aux autres moyens d’expression. Pendant que je faisais une sculpture de petite dimension, je pouvais réaliser soixante aquarelles! 

RETOUR À L’ENSEIGNEMENT

Puis, diplômé des Beaux-Arts, ce fut la vie scolaire qui reprit. Car il ne nous fallait pas songer à faire carrière uniquement dans la peinture, la sculpture…

Dès après mes études aux Beaux-Arts, je fus ensuite  nommé au Collège de Beauceville où venait de s’ouvrir une École de Céramique. Là, je pus tout de même faire une belle expérience dans la décoration.  En effet, je devais enseigner aux élèves qui étudiaient en céramique comment décorer et enluminer leurs pièces.  Les deux années passées à Beauceville furent merveilleuses à tout point de vue.  Mes élèves et moi, nous formions une belle famille.  Encore aujourd’hui, quand nous nous rencontrons, c’est toujours avec des marques de joie profonde et de sincère amitié. Quel genre d’illustrations je préférais suggérer à ces élèves ? C’était très varié.  Comme vous le savez, je porte toujours sur moi  un crayon et du papier, et je fais des croquis.  Tout peut devenir des sujets intéressants, surtout dans la Beauce : un ciel, un rocher escarpé, un caillou, un méandre de la rivière, une gerbe d’avoine, un érable… Je choisissais surtout des scènes champêtres familières dans une région de fermiers.

AUX ÉDITIONS FM

Mon travail le plus important commença en 1952 alors que je fus nommé aux Éditions FM  des Frères Maristes. Il s’agissait de moderniser nos manuels de géographie en tenant compte des nouveaux programmes que le Département de l’Instruction publique venait d’imposer aux écoles. Ma tâche : travailler à l’illustration de huit  manuels scolaires de géographie pour ces livres composés par des confrères Maristes.  Notre Institut avait édité, par le passé, plusieurs manuels scolaires dont une série de géographies qui ont été pendant de nombreuses années les seuls manuels de géographie en usage dans les classes du primaire et du secondaire.  On fera un jour, je le souhaite, l’histoire de cette contribution signalée dans le domaine des manuels d’enseignement au Québec, manuels composés par des Frères Maristes et par plusieurs autres communautés religieuses d’hommes et de femmes. Il fallait donc  reprendre le travail sur de nouvelles bases, selon les nouveaux programmes en vigueur, bien sûr et aussi selon des techniques modernes d’illustration. Je travaillai durant dix ans aux Éditions.  Ce qui était intéressant, mais un peu inquiétant et électrisant à la fois : c’était de penser que chaque coup de plume serait reproduit à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires !

J’ai réalisé aussi une carte géographique de la Province de Québec. Tout un chantier que celui-là ! Ces cartes demandaient de la précision et un choix judicieux des couleurs. Par la suite, j’ai vu plusieurs de ces cartes affichées dans les classes des écoles selon la coutume du temps.

QUELQUES ACTIVITÉS
ARTISTIQUES SPÉCIALES

C’est pendant mon séjour aux Éditions FM que j’ai eu l’occasion de participer, avec beaucoup d’amour, au montage de deux expositions.  A l’occasion du Congrès Marial d’Ottawa, en 1947, j’ai préparé le kiosque des Frères Maristes.  Il s’agissait de traduire par des images, par des graphiques, par des statistiques, l’histoire des Frères Maristes dans le monde.  Les Frères Ozias-Joseph Léveillée et Théophile-Eugène Nicole m’ont été des aides très utiles dans cette œuvre qui demandait des renseignements exacts et des symboles compréhensibles.

Durant mon séjour aux Éditions FM je réalisai plusieurs œuvres pour notre communauté, entre autres, trois statues de notre Fondateur, Marcellin Champagnat, de différentes grandeurs;  un grand tableau, réplique de la peinture qui figurait dans la gloire du Bernin, à Rome,  lors de la béatification de Marcellin Champagnat.

Puis, en 1955, lors de la béatification de Marcellin Champagnat, je préparai un  kiosque imposant en panneaux démontables qui a été par la suite exposé dans toutes nos écoles maristes de la  Province de Québec. Ce kiosque illustrait l’œuvre de ce Fondateur et l’apostolat des Frères Maristes de par le monde.

UNE HALTE BÉNÉFIQUE

En 1959, j’ai eu la très grande joie d’être désigné pour suivre les exercices du second noviciat à St-Paul-3-Châteaux, France. J’avais besoin d’une halte dans ma vie religieuse et je voulus obtenir le plus grand bénéfice possible de tout ce que comporte une telle session : instructions par les responsables, contacts avec des Frères de diverses nationalités, rencontres avec les Supérieurs majeurs, visites des lieux où notre Institut a pris naissance. J’estime avoir profité de ces jours pour  m’ancrer encore plus profondément  dans mes convictions religieuses. J’ai aussi profité de ce voyage en Europe pour faire la visite de grandes cathédrales, de sanctuaires comme Lourdes et de quelques grands musées spécialement le Louvres avec ses richesses artistiques inestimables ! Il m’aura donc été permis de joindre l’utile à l’agréable.

J’aurai l’occasion plus tard le plaisir délicat  de visiter  lentement quelques musées célèbres en Espagne et en Italie.

DE RETOUR AU PAYS NATAL EN 1943

Mon travail aux Éditions FM terminé, je fus appelé à  Chicoutimi, ma ville natale, où on me confia les cours d’arts plastiques dans les classes de l’École Dominique-Racine.  Ce fut une tâche harassante car j’avais près de 600 élèves par semaine qui passaient par mon atelier.  Ce n’était pas une sinécure ! Tout de même, j’en garde un excellent souvenir.  Pendant ce temps, j’ai commencé à m’intéresser à la Société des Arts de Chicoutimi.  Bientôt, je me suis inscrit comme membre et je devins, quelques années plus tard,  président.  Mon appartenance à ce groupement m’a permis de m’occuper de l’organisation de plusieurs expositions, le plus souvent de groupes d’exposants, et, quelques-unes, uniquement de mes œuvres.

Dans cette même ville, Chicoutimi, vivait ma sœur Simone, Augustine de la Miséricorde, décédée le 6 juin 1996. J’allais souvent la visiter. Elle ne me ménagea pas ses conseils et ses prières.  Je l’ai toujours considérée comme un paratonnerre ! Une de mes tantes du monastère des Ursulines de Roberval et une autre du même couvent que ma sœur contribuèrent assurément, par leurs prières, à obtenir les bénédictions du ciel sur ma personne et sur mon apostolat auprès de la jeunesse.

UNIVERSITÉ CATHOLIQUE
DE WASHINGTON

Je prends maintenant la parole pour signaler qu’en 1968, F. Jérôme eut l’avantage de se perfectionner dans le domaine artistique en suivant  des cours, en  plusieurs sessions  de vacances, à l’Université catholique de Washington. J’ai pu admirer sa thèse de maîtrise : une  grande sculpture sur bois d’une main entrouverte. Cette pièce  de bois solide mesure environ un mètre de longueur.  Elle a été exposée pendant des années dans la chapelle de notre maison de Desbiens. Je ne sais pas où elle est rendue maintenant…  Pour ma part, je souhaite vivement que le plus grand nombre possible des œuvres du Frère Jérôme restent regroupées au lieu d’être  éparpillées aux quatre points cardinaux : elles mériteraient mieux qu’une dispersion dans l’espace !

EN RÉSIDENCE,  RUE JACQUES-CARTIER

Frère Jérôme poursuit ici son récit.

Vers 1969, la communauté fit l’acquisition d’une magnifique maison en  pierres, du granit rouge, située tout juste en face du majestueux Saguenay, coin boulevard Talbot et rue Jacques-Cartier. Comme plusieurs amis me reprochaient de ne pas produire d’œuvres d’art après tous les cours que je devais assurer, je décidai illico de reprendre mes pinceaux. Quelques mois plus tard, j’étais élu président de la Société des Arts et un an plus tard, je consentis à tenir ma première exposition.  Elle remporta un tel succès que, depuis ce temps-là, je n’ai pas plus  cessé de produire et d’exposer…

UNE SESSION DE SPIRITUALITÉ
EN EUROPE

En 1980, mon Supérieur provincial m’invita à me rendre à Rome pour y suivre une session de spiritualité à l’adresse des  religieux du troisième âge. J’acceptai avec empressement car je considérais cette faveur comme une grâce exceptionnelle. Toute ma vie, je conserverai le souvenir et les  effets bénéfiques de cette session. Tous les Frères de ce groupe provenant pourtant de divers  pays formaient une famille très unie et fort sympathique.  Je suis très reconnaissant à l’équipe qui nous dirigeait.  J’y ai trouvé beaucoup d’humilité, de support et de charité à un point tel que ma session fut pour moi une période faste de ma vie. Nous avons eu le regret d’être privé de la compétence et du dévouement du F. Alain Delorme, terrassé par la maladie; mais son remplaçant, F. Laurent Beauregard, fut à la hauteur et je lui dois une vive reconnaissance.  Un jour, il m’a prêté « Les œuvres complètes de sainte Térèse d’Avila. »  Je n’ai pas eu le temps de  lire ce volume au grand complet, mais la section qui traite de l’oraison fut pour moi une véritable révélation.  Toute ma vie je profiterai des précieux conseils de cette grande sainte. À  un architecte, notre voisin à Chicoutimi, qui venait souvent me voir sculpter le marbre, je demandai à brûle pourpoint :

-   Vous qui avez tant lu dans votre longue vie, dites-moi, s’il  vous plaît,  quel est votre livre de chevet.

-    C’est la  « Vie de Térèse d’Avila. »

Quelle ne fut pas alors ma surprise !  Et je ne pus m’empêcher de lui faire part de la découverte que moi-même j’avais faite, un jour,  à Rome…   Nous étions deux voisins admirateurs de sainte Térèse d’Avila !

| n’en pas douter, cette session produisit chez les trente Frères que nous étions, - chez moi, c’est très sûr ! – un véritable ressourcement bénéfique dont j’éprouve encore à ce jour les heureux effets.

UN ARTISTE ET SON OEUVRE

Je reprends ici la parole pour mettre en lumière l’artiste et son œuvre.

| ce sujet, par une pudeur bien compréhensible, Frère Jérôme n’a pas voulu trop se dévoiler lui-même. Il nous laisse le soin de nous prononcer…  J’espère le faire, pour ma part, avec tout le doigté qu’une telle entreprise demande, et en faisant appel, à l’occasion, à des spécialistes, à  des gens du métier : des connaisseurs !

Lors de vacances que je passais à Chicoutimi, rue Jacques-Cartier, j’ai eu l’occasion de mieux connaître encore F. Jérôme, l’artiste. Ce qui me permet aujourd’hui de mieux camper  chez  ce personnage à la fois  l’homme, le religieux, l’artiste.

Sa chambre était  en même temps son studio où s’élaboraient lentement – il ne travaillait jamais vite – ses travaux artistiques.  J’ai remarqué chez lui ce que j’appellerais son don d’admiration devant les êtres qui nous entourent. Il vivait selon cette parole de Conventry Patmore : « All realities will sing ; nothing else will. » Il savait percevoir le beau autour de lui et, parfois, il sortait de sa contemplation intérieure pour  le faire remarquer aux autres.  Ce don d’admiration, les éducateurs le savent bien, est très vif chez les enfants.  F. Jérôme a toujours gardé, à ce sujet, son cœur d’enfant, un cœur  grand ouvert, devant la vie, au beau qui nous entoure. C’est, si j’ai bonne mémoire, Antoine de St-Exupéry qui a écrit : « On ne voit bien qu’avec le cœur ! » F. Jérôme voyait !   Il savait si bien voir…

Un jour, il me présente une aquarelle : une très vieille maison perdue dans un rang de campagne, une maison pas mal délabrée… Spontanément, je lui fais cette réflexion :

- Que trouvez-vous donc de si beau dans cette cambuse, cette ruine. pour en faire une aquarelle ?

-  Mais, mon Frère, y pensez-vous ?  Cette maison ne sera  plus là dans quelques années ; peut-être demain car  elle a un âge respectable.  Pensez-y ! Elle a jadis abrité le bonheur d’une   famille, de plusieurs familles peut-être.  Ces foyers ont retenti des cris et des rires joyeux des enfants. Elle les a vus folâtrer autour d’elle. Voyez ! C’est un peu tout ce trésor d’humbles souvenirs que, dans un sentiment de sympathie, de reconnaissance,  de respect,  j’ai voulu comme immortaliser dans cette aquarelle.

Ces propos  d’un artiste,  - propos si justes, si mesurés, - m’ont fait percevoir une dimension qui m’avait échappé. Ils m’ont d’abord étonné, puis  touché, car ils me faisaient voir plus loin  : un artiste voulait immortaliser un trésor, avec son côté mystérieux, éphémère, - un trésor est toujours renfermé…- mais qui réclame respect. J’avais reçu une leçon : les artistes n’ont pas les mêmes yeux que nous car   ils semblent posséder  un sixième sens, et souvent très aiguisé. Je me trouvais comme ces Jeunes Naturalistes dont la devise toute simple, mais combien parlante : « Dites-moi pourquoi toutes ces choses sont belles », les poussait à admirer d’abord puis à poser des questions à leurs guides : « Pourquoi cette chose-là est-elle si belle ? »  Je n’ai pu alors m’empêcher de mesurer tout l’impact que les professeurs d’arts plastiques, les artistes,  peuvent exercer sur leurs élèves, car «bien peu de choses, selon Yehudi Menuhin, peuvent empêcher la nature humaine d’être violente : la confiance, l’entraide, la mise en valeur de l’art et de l’artisanat – autant de rituels traditionnels qui ont été entretenus avec respect, car le respect est indispensable à la civilisation.» Un artiste est mort : il faudrait le remplacer !

F. Jérôme avait commencé à sculpter, lors de ses cours à Washington, un grand crucifix en bois. Le corps était sculpté, mais pas les bras. Avant de terminer son œuvre, il avait disposé au salon de la résidence, à la place d’honneur de tout crucifix, ce corps incomplet sur une croix.  À cette vue, je lui fais cette remarque :

-  Pourquoi avez-vous exposé ce crucifix qui n’est pas terminé ? Il n’a pas de bras… Il n’a pas de main…

-  Nous sommes les bras du Christ ! Nous sommes les mains du Christ !

C’est la réponse, je l’ai su plus tard, qu’il faisait à tous ceux qui lui posaient  cette question. Une réflexion profondément religieuse qui illustre de façon combien frappante que « Dieu a besoin des hommes ! »

Durant une de mes vacances que je passais dans cette communauté de Chicoutimi, F. Jérôme me dit : « Chaque année, je fais un pèlerinage  au « Paradis des arts : Charlevoix. »  Viendriez-vous avec moi ? Nous passerons par la plus belle route qui nous y mène : le Petit Parc.  Nous dînerons en mer, puis nous reviendrons par Tadoussac et l’autre rive du Saguenay. » 

Quelle aimable invitation ! Comme les vacances ne prenaient pas tout mon temps…j’ai accepté avec plaisir son invitation.  J’ai suivi pendant deux jours un cours personnel et pratique des beaux-arts…

Après le Lac Ha! Ha! une fois montée la grande côte, il stationna sa voiture sur l’esplanade qui y est aménagée pour le repos et le coup-d’œil qui s’y offrent aux  touristes pas pressés. Et il me fit remarquer la grandeur de ce paysage unique.  « Voyez, dit-il,  l’étalage, dans l’espace, des montagnes.  On y aperçoit nettement, en dégradé, les principales montagnes qui se profilent devant nous selon la profondeur. Et ce bleu du lac tout en bas…Quel bleu !   Et ces cumulus d’un blanc immaculé qui semblent fuir tout là-haut… » Il donnait libre cours à son lyrisme. Puis il sortit le papier et le petit crayon dont il ne séparait jamais et, en prenant tout son temps, il fit un croquis. Je me trouvais comme plongé dans le monde  - et les visions ou les rêveries -  d’un autre monde, celui qu’un artiste peut voir et admirer.  Un monde merveilleux !

En route, il me fit remarquer combien les montagnes étaient plus proches de nous, et plus belles aussi, que celles parmi lesquelles nous voyageons en empruntant la route du  Grand Parc des Laurentides.

À Baie-St-Paul, nous visitons ensemble plusieurs des nombreuses galeries d’art. Ensuite, seul,   il va rendre visite à quelques artistes qu’il  connaissait bien, canadiens et étrangers, des artistes qui ont établi définitivement, ou durant la saison estivale, leur domicile dans ce  paradis de lumière,  de grand air salin  et de montagnes altières qui se laissent inlassablement admirer.

Le lendemain, il me dit, sans doute pour m’aiguiser l’appétit : « Ce midi, nous allons dîner en mer, comme je vous l’ai annoncé... On y mange bien, mais dans quel décor !  Vous verrez. Préparez vos yeux ! »

Nous étions dans un petit restaurant le long de la route qui longe le St-Laurent… Mais je me rendis vite compte que  nous étions aussi en mer… Quand les clients sont attablés, ce restaurant de St-Fidèle  offre double menu pour le même prix : culinaire et artistique.  Nous sommes, durant le repas, comme dans la salle à dîner  d’un immense paquebot qui vogue  en pleine mer… La vue du fleuve s’étale devant nous et nous donne l’illusion de nous trouver, heureux passagers immobiles, en pleine croisière sur la  mer d’huile… du fleuve St-Laurent

Puis, passage du Saguenay sur un bac pas pressé du tout, pour nous laisser le temps de remplir nos yeux, et notre mémoire, des paysages qui s’offrent à nous ; visite de Tadoussac et de sa très vieille chapelle ;  arrêt obligé à la perle de Ste-Rose-du-Nord, un coin  que F. Jérôme a déjà croqué dans un petit tableau à l’encre de Chine.  Ce coin merveilleux - un vrai nid d’artistes, -  il n’est pas le seul à l’admirer. À preuve, les galeries d’art locales où les artistes présentent leurs chefs-d’œuvre. Les  visiteurs avisés font alors des acquisitions qui seront, un jour,  les parures  recherchées sur les murs de  leurs salons.

Ce voyage de deux jours fut un cours pratique de « Beaux-Arts 101 » qui  me permit de m’ouvrir davantage au monde de la beauté qui nous entoure et qui hantait depuis longtemps F. Jérôme, mon cicérone au cours de trois journées merveilleuses vécues dans ce coin enchanteur de  ce pays du Québec.  Une fois de plus, je l’en remercie.

PEINTURE, FUSAIN,
AQUARELLE, SCULPTURE…

Frère Jérôme était doué de talents multiples. C’était  un artiste polyvalent, pour employer un mot bien de notre temps. Mais il a excellé surtout en peinture et en aquarelle.

Au  début de sa carrière, il a préféré la peinture à l’huile.  Le portrait de son père est une huile.  | la suite de ses cours à Washington, il s’est livré à la sculpture. J’ai pu admirer, à Chicoutimi, quelques-unes de ses pièces. Mais il s’est vite consacré à l’aquarelle dans le désir de prouver que l’aquarelle est aussi valable que l’huile. Voici, à ce propos, sa pensée : « Il faut dire que c’est plus difficile de faire des aquarelles que des huiles.  Cela demande plus de spontanéité, une meilleure maîtrise technique.  Comme je travaille presque uniquement sur papier humidifié, je dois me hâter et ne pas attendre que le papier sèche, car une bonne aquarelle doit être réussie sans retouche. Voici comment je procède. Je commence par faire une esquisse de ce que je veux dessiner.  Je prépare mes peintures.  Quand je suis prêt, j’humecte mon papier, et mon aquarelle doit être terminée en 25 minutes...  Tout doit être réussi du premier jet, car, si on veut retoucher, on risque de salir. »

L’AQUARELLE, MA PRÉFÉRENCE

Je crois utile d’exposer ici sommairement quelques données utiles sur l’aquarelle, des détails  que j’ai puisés sur Internet.

« L’aquarelle est une technique picturale utilisant, à l'instar du lavis, l'eau comme médium mais s'en différencie par l'utilisation de couleurs. Il s'applique généralement sur du papier épais et absorbant, qui est conçu spécialement pour ce type de peinture. Ce papier se nomme papier aquarelle.   L'une de ses principales propriétés est la transparence. Un de ses principaux avantages étant la rapidité d'exécution. Un de ses principaux inconvénients est sa maîtrise. Cette technique, en raison du côté très liquide de cette peinture, se pratique à l'horizontale. On obtient des mélanges de couleurs principalement par deux moyens : le mélange chimique des couleurs ou la superposition de celles-ci. »

Le 2 avril 1981, Frère Jérôme  exposait 72 - vous avez bien lu : soixante-douze - de ses œuvres au Centre Socio-Culturel de Chicoutimi. Parmi les œuvres exposées alors, plusieurs aquarelles. Le titre que l’auteur attribue à chacun de ses tableaux figurait sur la liste remise alors aux visiteurs. Je vous livre deux appréciations élogieuses que des connaisseurs ont exprimées à cette occasion. Dans le feuillet de présentation, Christiane Laloge porte ce jugement : « Aquarelliste qui rêve de faire de la sculpture, Jérôme Legaré a déjà plusieurs expositions à son crédit  Il est essentiellement figuratif, et se laisse séduire par les paysages de la région saguenéenne qu’il exprime avec une infinie douceur dans des tons verts ou gris.

La place de l’art dans sa vie n’a d’égale que celle qu’il accorde aux relations humaines,  à la compréhension de ces autres rêveurs qui croient, comme lui, que l’art illumine la vie. » Je veux souligner ici, pour produire plus forte impression, ce jugement de cette artiste : l’art illumine la vie !

Pour sa part,  Denise Pelletier se disait heureuse de parcourir «une exposition à travers laquelle il est possible en plus d’admirer certaines aquarelles qui sont des réussites totales, de suivre l’évolution du peintre depuis ses débuts, depuis ses travaux académiques à l’École des Beaux-Arts jusqu’aux plus récentes productions, en passant par ses incursions du côté de la peinture à l’huile et du dessin.

Ce qui nous étonne, c’est la diversité, la variété de ce travail non seulement à cause des diverses techniques utilisées, mais à cause de la recherche dans plusieurs directions qui se trouvent à l’intérieur même des aquarelles.»

J’ajouterai  ici une partie de l’appréciation parmi le grand nombre que j’ai sous la main  celle de M. Yvon Paré,  publiée lors d’une exposition tenue dans le hall de l’Auditorium Dufour, à Chicoutimi, où figuraient des œuvres de trois artistes bien connus : Jean-Paul Lapointe, Hélène Beck et Jérôme Legaré. « Jérôme Legaré, c’est l’artiste un peu timide, l’artiste intimiste qui aime les choses précises, les choses délicates,  les formes douces, paisibles,  qui aime les dégradés de couleur, les fondus, les couleurs qui piétinent les unes sur les autres.  C’est le rêveur aussi, celui qui n’aime pas la dure réalité, la vue  du sang, de la chair, la mise à nue comme Hélène Beck, par exemple.  Il travaille avec un souci du détail exemplaire.  Ses aquarelles en témoignent… Chaque détail, chaque jeu de couleurs est soupesé, étudié, évalué si vous voulez.  Ses sujets sont doux aussi, inoffensifs.  Douceur, calme, tranquillité…Legaré semble se complaire autour des maisons, des bâtiments.  Un univers intime, un univers où la lumière prend des allures de lampes de chevets. »

À quelqu’un qui lui demandait s’il prenait ses inspirations dans la nature si magnifique de  la région du  Saguenay, il répondait : « Oui, je prends mes sujets dans la nature.  Mais je ne copie pas la nature.  C’est le rôle du photographe de reproduire exactement la nature. Moi, j’interprète ce que je vois.  Regardez le magnifique panorama qui s’offre à ma vue de mon studio, rue Jacques-Cartier. Dans le lointain, le mont Valin ; plus près, des falaises escarpées; à nos pieds, le Saguenay.  Il suffit de changer de point de vue et le paysage est tout différent.  Quand je traverse le Parc des Laurentides, je vois des centaines et des centaines de tableaux.  Parfois, je m’arrête et je regarde, je regarde… Je regarde les nuages, les couleurs, les brumes.  Et ces moments-là sont extraordinaires ! Je vais souvent aussi sur le quai de La Baie des Ha ! Ha ! et je regarde… C’est beau ! C’est bien ! Oui, les sujets de mes aquarelles, c’est là que je les prends. »

Comment ne pas nous rappeler ici le récit de la création au premier chapitre de la Genèse : « Et Dieu vit que cela était bon. » Dieu, admirateur de ses œuvres ! Admirateur de la beauté de ses œuvres, de la bonté de ses œuvres… Nous mesurons mieux ici la portée de cette remarque désabusée de Julien Gracq que j’ai citée en épigraphe :

«Tant de mains pour transformer ce monde
et si peu de regards  pour le contempler.»

Je vous ai fait part du côté contemplatif, pour ne pas dire  mystique, du F. Jérôme.  Il convient de signaler de façon toute spéciale que l’œuvre artistique du F. Jérôme aborda plusieurs  sujets religieux.  Ces derniers sont beaucoup moins nombreux que les sujets profanes, mais ces œuvres-là sont aussi d’excellente qualité.  J’ai déjà mentionné  les trois statues de saint Marcellin Champagnat, les kiosques qui  exposaient l’action apostolique des Frères Maristes de par le monde. J’ajouterai l’illustration de deux volumes du F. Ernest-Béatrix, un grand tableau peint à l’occasion de la proclamation du dogme de l’Assomption représentant la Vierge en gloire, et, tout au bas, le Pape Pie XII et une foule de fidèles parmi lesquels on reconnaît certains personnages, dont son père.  Ajoutons un grand tableau actuellement dans la chapelle du St-Sacrement du Foyer de Charité de Val-Racine : la Vierge Marie posant ses pieds sur la Terre, un lis s’épanouissant  à hauteur de poitrine.  Une grande photo de cette œuvre orne l’entrée  principale de ce Foyer de Charité.  Je signale aussi qu’il a repeint, et avec beaucoup de goût, plusieurs statues à la demande de communautés religieuses, de paroisses et de particuliers. Je signalerai enfin la conception du sigle des Éditions des Frères Maristes : la tête de la Vierge  auréolée d’un double  cercle portant 11 étoiles qui surmontent le nom de la  Société : Éditions FM.  Ce sigle figurait sur la couverture extérieure de chacun des milliers de  volumes édités alors par les Frères Maristes.

Son frère Jean-Paul tient à souligner fort à propos que «l’art a illuminé la vie du Frère Jérôme, et ses œuvres continuent d’illuminer la vie de ceux qui en jouissent. Il était doué de dons artistiques certains : sens de la couleur et des formes, goût pour  l’harmonie et la simplicité. Il a excellé dans plusieurs disciplines artistiques mais c’est dans l’aquarelle qu’il a pu le mieux donner libre cours à la délicatesse et à la douceur de ses émotions.  Ses œuvres sont empreintes de charme et d’atmosphère grâce à leur transparence.  Ses œuvres de jeunesse (à l’huile ou à l’acrylique) témoignent d’une plus grande audace alors que sa force se manifeste dans ses sculptures à taille directe dans la pierre et le bois. »  (Frère Jérôme Legaré  L’œuvre artistique. L’homme.)

LES EXPOSITIONS ARTISTIQUES

Durant les dix ans d’enseignement en arts plastiques que le F. Jérôme assurait à l’École Dominique-Racine, il organisait, en fin d’année, une exposition des œuvres de ses élèves.  Il avait alors une superbe occasion de mettre en valeur ses plus brillants élèves.  Il exposait, à la même occasion, certaines de ses œuvres récentes.

De plus, il participait de façon très active à la partie artistique de la revue   de l’école L’ESCALADE. En parcourant les exemplaires de cette revue étudiante, nous trouverions plusieurs autres de ses  travaux artistiques. Très souvent,  ses talents ont  été mis au service de ceux qui assuraient les décorations lors des fêtes spéciales dans  les écoles où il a enseigné durant sa longue carrière.

À partir de 1945, F. Jérôme participa lui-même à  plusieurs expositions surtout dans  région du Saguenay-Lac-St-Jean.  Je les signale ici sans les commentaires que chacune mériterait, car chacune de ces expositions a permis aux journalistes et à de nombreux artistes de donner leurs appréciations lors de ces activités courues par les spécialistes et les amateurs des beaux-arts. En voici une liste qui mentionne presque toutes les expositions auxquelles il a participé durant sa présence au Saguenay-Lac-St-Jean :

1965

Sculptures.   École Dominique-Racine, Chicoutimi.  Solo.

1971

Hôtel de ville d’Arvida .  Solo.

1973

Salon de l’aluminium - Sculptures

1974

Société des Arts de Chicoutimi.   Solo.

1970 à 1980

Dix expositions de groupes : Chicoutimi – Desbiens -  Val-Jalbert – Galerie Nationale – Jonquière – Musée du Saguenay-Lac-St-Jean.

1979

150e  anniversaire de Rimouski.

1980

100e  anniversaire du Bic.

1981

Centre Socio-Culturel de Chicoutimi.  Solo. Galerie du Havre.

1982

Lumière de la Sagamie – Société des Arts.

1982

Galerie Éliette Dufour.

1983

Hôtel Chicoutimi.

1983

Centenaire de Laterrière

1884

Musée du Fjord – Ville de La  Baie.

1985

École Laure-Conan – Chicoutimi.

1987

Halles Mortoises – Alma.

1987

Salon régional de l’Aquarelle – Chicoutimi.

1990

C.N.E. – Jonquière

1992

Le Jardin de l’œil – Chicoutimi.

1992

Membre du Club  des Bâtisseurs 1092.

Collections :

Le Musée Régional de Chicoutimi
Le musée de Rimouski
La Bibliothèque de Prêt du Saguenay-Lac-St-Jean

Lors de l’Exposition de 1987 au Salon régional de l’Aquarelle de Chicoutimi, Jean-Paul Vincent y allait de ce commentaire : « Jérôme Legaré ne s’est guère laissé influencé par ces secousses (celles du Refus Global) ; c’est en esprit serein qu’il a constamment glissé dans la matière de ses œuvres : pour lui, l’ho0mme doit s’accrocher à la lumière. L’aquarelle présentée dans la présente exposition en témoigne : l’arbre occupant la majeure partie de l’espace pictural capte l’indéfini de la psyché, ne soulignant qu’avec plus d’intensité la substantialité de la maisonnette avec se moindres détails arrêtés. »

ADMIRATEUR D’ARTHUR VILLENEUVE

F. Jérôme a rencontré à plusieurs reprises au peintre bien Arthur Villeneuve dans la région. Nous possédons ici quelques peintures de cet auteur, peintures reçues en cadeaux par F. Jérôme. Ce dernier m’a raconté qu’un jour, Arthur Villeneuve lui avait donné une de ses toiles où les arbres étaient fortement inclinés par la force des vents dominants. Mais la fumée d’une maison fuyait en sens opposé… F. Jérôme avait remarqué « l’anomalie » et avait adroitement « corrigé la toile »  qu’il laissait exposée dans la résidence. Un jour, il reçoit la visite d’Arthur Villeneuve et, avec lui, parcourt les appartements… Arthur Villeneuve remarque vite « le sacrilège ! » Et aussitôt : « Mon Frère, dit-il, que se passe-t-il ?  Il ne vous appartient pas de modifier mes œuvres géniales comme ça ! Car, voyez-vous, j’ai fait ce tableau un jour où le vent soufflait à l’opposé de sa route habituelle ! » Et les deux de rire devant  ce rare caprice des grands vents du Saguenay !

QUELQUES  AUTRES ŒUVRES

Je tiens à signaler ici  trois bas-reliefs en bronze, œuvres du F. Jérôme : Le fondateur des Ateliers Couture, celui de Maître Laflamme et celui du F. Majella Gosselin, fondateur de l’École de Génie de Chicoutimi.  Il réalisa aussi,  en aluminium, le buste du F. Césidius, fondateur de l’Académie commerciale de Chicoutimi.  Il fit aussi les bustes, grandeur nature, de Mgr J.-B. Martel et celui de Mgr Marius Paré. Il réalisa aussi plusieurs statues de diverses grandeurs de Marcellin Champagnat. La communauté de Château-Richer détient plusieurs de ces statues placées à divers endroits de cette grande maison. Le hall d’entrée en possède une de 85 cm qui occupe une place d’honneur.

Il faut ajouter à ses œuvres importantes un  tableau, une peinture à l’huile. Il représente le couronnement de Marie. Cette grande peinture – 165 x 110 cm - fut exécutée en 1954,   Année mariale. Elle est au mur arrière  de la  de Château-Richer et fait pendant à un tableau – 185x160 cm - attribué à  Jacopo Robusti, dit le Tintoret : Les litanies de la Sainte Vierge.

Où sont les autres œuvres du F. Jérôme ?  Je sais, pour l’avoir vu sur place lors d’une visite, que le bas-relief  du fondateur de l’École de Génie de Chicoutimi  à l’entrée principale de la bibliothèque de l’UQAC.  J’ignore, pour le moment, où sont les autres œuvres.

UNE RETRAITE ACTIVE

En 1970, après quatre délicates interventions chirurgicales, il  dut se résigner à prendre sa retraite.  Quand on a enseigné pendant une quarantaine d’années, la machine est un peu usée… Mais pour lui cette retraite, il convient de la souligner ici, fut toute relative. En 1970-71, il est professeur au Triangle artistique. De 1974 à 1976, il donne des cours d’arts à L’Éducation permanente où il est très apprécié.  De 1970 à 1981, il est  Directeur à la Société des Arts de Chicoutimi.  En 1977, il devient Gouverneur de la Société des Arts. Voilà ce que je relève en consultant un curriculum vitae qu’il a dressé lui-même. Il faut ajouter qu’en 1990, il est créé membre à vie de l’ARA (Association Régionale des Aquarellistes).

MEMBRE DU « CLUB DES BÂTISSEURS »

Ce Club veut honorer les personnalités  qui se sont illustrées  dans le monde de la vie culturelle et artistique. 

Le Quotidien du 27 avril 1992 annonçait à ses lecteurs que « dix personnalités qui se sont illustrées dans le domaine des arts et de la culture ont fait leur entrée dans le « Club de bâtisseurs » lors des fêtes du 150e de Chicoutimi, hier, au cours d’une cérémonie qui déroulait à l’auditorium Dufour de Chicoutimi. » F. Jérôme faisait partie de ce groupe de dix nouveaux membres admis dans  ce Club sélect. Le journal soulignait la participation du F. Jérôme, aquarelliste, à l’enseignement des arts plastiques à Chicoutimi et  son activité comme illustrateur de manuels scolaires de géographie en usage dans le Québec.

LE TEMPS DE LA VRAIE RETRAITE

En  1995, il prend, pour ainsi dire, une seconde retraite. Une vraie cette fois-ci.  Il est nommé à Château-Richer, car sa santé exige des soins spéciaux. Il quittait, un certain regret au cœur, une région qu’il admirait et où il comptait  de si nombreux amis  et connaissances dans sa terre natale. À Château-Richer, il n’est pas immédiatement résident du  Foyer Champagnat, une sorte de petit hôpital communautaire sous la supervision d’un médecin,  d’infirmières et d’infirmiers, et ce 24 heures par jour ; il fait plutôt partie de la communauté locale où il bénéficie d’un très commode atelier : ce qui lui permet de poursuivre,  dans la paix, la sérénité et la joie, ses travaux artistiques à un rythme plus lent, au milieu de plusieurs de ses œuvres et des meubles de son atelier de Chicoutimi qui l’ont suivi dans sa retraite.

Cette maison de Château-Richer, le Mont  Champagnat, est située sur la pittoresque Côte de Beaupré, en face de l’Île d’Orléans,  lui réservait un accueil auquel il ne pouvait pas ne pas être sensible : cela évoquait chez lui le spectacle grandiose que lui avait offert son long séjour sur les bords du Saguenay, dans une résidence située au tout  début du Boulevard Talbot. Dans ce nouveau  paysage de grandeur retrouvée, lui, si sensible aux beautés et aux charmes de la grande nature, s’estimait comblé !

LE 9 AVRIL 1999

 

F. Jérôme Legaré décédait à Château-Richer. Le 19 avril 1999,  dans Le Quotidien de Chicoutimi,  Daniel Côté écrivait que : « Le Québec perd une artiste exceptionnel. » Puis, il poursuivait : « Souhaitant relativiser les hommages qui lui étaient rendus, F. Jérôme pratiquait l’autodérision avec un zèle qui n’avait d’égal que son engagement envers les arts. C’est cette profonde conviction qui l’avait amené à enseigner à Normandin et à Chicoutimi-nord au milieu des années 40, puis, pendant 15 ans à l’École Dominique-Racine, de même qu’au Triangle artistique. A ses yeux, la mission d’enseigner était aussi importante que le fait de créer des œuvres de son cru. « J’ai toujours dit que les arts devaient être enseignés au plus grand nombre de gens possible, soulignait-il avec conviction.  Aujourd’hui, on le montre même dans les Foyers du 3e âge, afin d’agrémenter la vie des personnes âgées, et je trouve que c’est une très bonne idée. »

FUNÉRAILLES

Mardi, le 13  avril, parents, confrères, anciens élèves et amis se réunissaient nombreux à Château-Richer pour célébrer ses funérailles. Lors de l’homélie, le P.  Venance Lizotte, OFM, commenta un texte des Actes des Apôtres (2, 42-47) dans lequel on brosse le tableau des premières communautés chrétiennes de Jérusalem qui n’avaient « qu’un seul cœur et une âme. » Il fit remarquer ensuite que F. Jérôme avait été « un éducateur de renon qui ne pouvait garder  pour lui tout seul  son savoir et  son talent. C’est sans doute à cause de sa grande générosité à l’égard de ses élèves que ceux-ci l’ont tant vénéré jusqu’à ce jour. »

* * * * * * * *

PLACE AUX TÉMOIGNAGES
DE CONFRÈRES

Plusieurs confrères ainsi que des  amis ont tenu à fournir des appréciations par écrit concernant cet artiste bien connu.  Vous  le remarquerez, sans doute, plusieurs de ces témoignages viennent confirmer et souvent amplifier les appréciations personnelles que j’ai pu déjà  signaler dans les pages précédentes.  Cependant, je tiens à les livrer ici ces témoignages-là : ils ajouteront un poids amical et fraternel aux hommages que  nous voulons lui rendre dans ce trop court article qui poursuivait le but de mettre  en lumière près de 90 ans de vie physique d’un homme et ses 72 de vie religieuse et de vie artistique. Je vous  soumets ici ces paroles élogieuses dans toute leur spontanéité. La présentation de ces témoignages reçus – certains dépassaient deux pages ! - vous paraîtra comme une mosaïque. Songez que nous vous offrons ici ces éléments  à l’honneur d’un véritable artiste  qui savait fort bien apprécier la valeur d’une mosaïque ! Je ne vous en présenterai que quelques joyaux parmi tous ceux que  de nombreux confrères surtout et quelques collègues du monde de l’enseignement nous ont fait parvenir.

• Esthète, artiste et vaillant; diplomate et conciliant; intelligent, courtois et charmant : autant de bonnets sous lesquels excellait F. Jérôme.  Ce «seigneur» que la  simplicité de l’homme vraiment talentueux rendait attachant.  

• Esprit raffiné, fin causeur, humoriste, voilà bien ce qui caractérise notre  confrère. 

• Ses talents artistiques furent mis à profit pour tous les confrères qui lui demandait un service dans les circonstances les plus diverses : fignoler quelques décorations, confectionner un tableau-souvenir… Caractère  affable, joyeux, plein d’esprit qui, par quelques traits de  crayon vous dépeignait un personnage, mais toujours sans malice. 

• Je ne suis pas un expert en peinture, mais j’aime plusieurs de celles que Frère Legaré a faites. La plupart d’entre elles, d’ailleurs, expriment son enracinement régional.  Écrivant cela, j’ai à l’esprit une peinture (dont j’ignore le titre) sur les ruines de Val-Jalbert. Je l’ai souvent considérée, à Desbiens, dans le bureau du F. Rosaire Potvin, qui l’avait « en consigne.

• Un homme digne à tout point de vue, un religieux fidèle, un éducateur  de premier ordre.

• Sa formation artistique aura été profitable pour la communauté.  Je pense aux nombreuses années qu’il a consacrées soit à l’enseignement du dessin, soit aux Éditions FM, pour ne rien dire de sa production artistique considérable. Je retiens du Frère Jérôme le souvenir d’un homme d’agréable commerce, chaleureux, serein.

• Confrère doué d’un rare sens de l’humour, qui savait vous dérider toute une communauté.  Caractère affable, joyeux, plein d’esprit, qui par quelques traits de crayon vous fixait, sans malice, un comportement rigolo fort amusant pour l’entourage, voire pour la victime !

• Jérôme était d’une belle prestance, digne, bien mis, fier sans vanité ni arrogance, soigneux de sa tenue, de bon goût dans le vêtement, la coiffure.  Sa démarche toujours digne mettait en vedette le cachet de sa personnalité. Dans ses conversations, il avait un langage soigné, digne mais sans affectation.  Il avait pour sa parenté une grande vénération, spécialement pour ceux de ses ancêtres qui s’étaient signalés comme artistes peintres.

• Chaque fois que j’ai eu l’occasion de le rencontrer au cours de ma vie, ce fut toujours avec amabilité, courtoisie et joie que nous avons partagé. Je me souviens encore du 7 novembre 1943, jour où,  pour me récompenser de mes succès scolaires, il dessina mon portrait au fusain, trésor que j’ai toujours en mains et que je conserve jalousement.
• Comme professeur ou conseiller,
Il brille partout d’un vif éclat.
Chicoutimi l’a adopté
Comme citoyen très haut coté.
• Depuis mars 1995, notre Infirmerie s’est enrichie d’un Frère remarquable tant dans sa personnalité que dans ses œuvres. Le journaliste Daniel Côté le qualifie  de « Père des arts visuels au Saguenay-Lac-St-Jean ».

• Sur plusieurs murs de notre résidence de Château-Richer, nous nous rinçons l’œil quotidiennement des œuvres qui témoignent du parcours, de l’habileté et de la création artistique de notre Frère Jérôme.

• En plus d’être un artiste, Frère Jérôme est un religieux très humain et fort sympathique.  Esprit raffiné, fin causeur, humoriste, voilà ce qui caractérise notre confrère.

• Professeur de 5e année, il l’emportait sur les 6es, 7es et 8es années aux expositions de dessins qui avaient lieu en fin d’année.  Il avait le don de transmettre ses talents à ses élèves et de leur faire aimer son « art ».  Il acceptait de rendre service volontiers, mais il ne fallait pas  être pressé…

• Il a accepté la mort avec lucidité et confiance en la Providence et en Marie.

• Étant diplômé de l’École des Beaux-Arts de Montréal, il a toujours été reconnaissant envers la communauté de lui avoir permis de développer ses talents d’artiste. Il a manifesté sa reconnaissance de mille manières en  étant toujours prêt à rendre service.

• Délicat et attentif aux besoins des autres confrères, il savait aider l’un ou l’autre, travailler avec eux tout en laissant  la place à l’initiative. En communauté, un pacifique, un modeste. Il vivait plutôt retiré dans son atelier à dessin. On se gardait bien de le déranger, ce qui ne l’empêchait pas de nous y recevoir avec joie.

• Avec ses élèves en classe, il faisait régner une discipline personnelle : faisant comprendre aux étudiants la relation de cause à effet qu’il y avait entre la discipline et l’art, quel qu’il soit.  Ses élèves l’aimaient bien et la classe de dessin ou d’art était toujours très attendue.  Il avait un don particulier pour aider ceux qui avaient plus de difficulté.  Il portait attention à chacun.

• Un éducateur de premier ordre pour qui la peinture et la sculpture étaient les deux spécialités.

• J’ai eu l’immense privilège d’œuvrer à ses côtés à l’atelier «Devoirs et leçons». Cela m’a permis de l’apprécier à sa juste valeur.  J’ai pu remarquer, chez lui, sa simplicité, sa grandeur d’âme, son humilité sans oublier sa vive sensibilité devant les êtres qu’il chérissait et les choses qui l’intéressaient.

• F. Jérôme a gardé ce côté juvénile du vive-la-joie, de l’espiègle joueur de tours, de celui qui aimait bien une invitation chez St-Hubert, du fin caricaturiste qui vous déridait une communauté. Il  me semble que si le Seigneur revenait, il modifierait son enseignement en disant : « Si vous ne restez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas… »

• Allure aristocratique, démarche lente : c’était un personnage affable et qui inspirait le respect.

• Il aimait la belle musique, le chant. Mozart le ravissait… Souventes fois, dans son atelier, il laissait libre cours à sa voix de ténor léger : on pouvait facilement l’entendre dans les appartements voisins.  « Siffler en travaillant… Chanter en travaillant… »

• Rendre service, donner des conseils surtout dans l’art décoratif : voilà ses spécialités. Il aimait, à l’occasion, confectionner et enjoliver des cartes d’anniversaire à ses confrères.

• Jérôme restera pour nous tous un gentilhomme affable, distingué et talentueux en plus d’être un excellent religieux avec qui il faisait  bon vivre.

Sans parler des nombreux témoignages que nous n’avons pas présentés ici, bien d’autres éléments vous viennent à l’esprit qui mériteraient de figurer dans cette mosaïque. Nous les placerons respectueusement dans une  plus grande mosaïque : la mosaïque du souvenir !

* * * * * * *  *

PLACE AUX TÉMOIGNAGES
DU MILIEU ARTISTIQUE

Entre artistes d’un même coin de pays, on finit vite par se connaître et s’apprécier grâce aux liens de  solidarité que l’art fait naître entre nous  À la fin de ces pages, je juge bon de rappeler ici les appréciations émises par certains artistes. En quelques phrases concises, ils ont tenu à   mettre  en lumière certaines particularités de Jérôme Legaré artiste.

Ces connaisseurs dans les beaux-arts, artistes ou chroniqueurs de nos divers journaux et revues nous livreront ici leurs appréciations sur cet homme  et  ses œuvres artistiques.  Je leur cède la parole  leur laissant la tâche   de se présenter eux-mêmes.

Denise Pelletier-Bouchard : « Après avoir longuement expérimenté l’aquarelle et la peinture à l’huile, Jérôme Legaré a opté pour l’aquarelle puisqu’il a constaté que ce médium répondait à son tempérament. Il explique : « J’adore cette fluidité, cette transparence, ces fondus chatoyants et cette spontanéité qui donnent des effets irréalisables à l’huile. »

Louis-Marie Lapointe : Dans les galeries, les salles d’expositions, si vous mentionnez le nom de Jérôme Legaré, vous avez de fortes chances de voir les regards s’éclairer car les intéressés gardent presque tous le souvenir d’une aquarelle de cet  artiste. Il est bien connu dans le domaine artistique, que ce soit pour la qualité de sa production ou son activité au sein de la Société des Arts dont il est l’un des gouverneurs. »

Yvon Paré : « Bien sûr, Legaré ne dédaigne pas la nature sauvage. Mais là, il privilégie les paysages brumeux, les paysages perdus dans les vapeurs d’eau et les nuages. Il s’attarde sur ces mondes, ces moments où les nuages et la brume chantent, se déplacent, glissent sur l’eau avec des allures de fantôme. Legaré y manie la couleur avec joie et bonheur. Pourtant, c’est un monde rassurant, un monde apprivoisé où même ses rochers nous séduisent. Un technicien sûr, un artiste de la douceur, du calme et de la lumière. »

M.C. : « Jérôme Legaré affectionne aussi la sculpture en taille directe dans le bois ou la pierre qu’il pratique en plein air durant les beaux jours d’été.

Comme les feuilles d’automne emportées par le vent, il est difficile de retracer les aquarelles de Legaré ; plusieurs ornent les collections privées et d’autres ont traversé les frontières de la province. »

Christiane Laforge : « Aquarelliste qui rêve de faire de la sculpture, Jérôme Legaré a déjà plusieurs expositions à son crédit. Il est essentiellement figuratif et se laisse séduire par les paysages de la région saguenéenne qu’il exprime avec une infinie douceur dans les tons verts ou gris.

La place de l’art dans sa vie n’a d’égale que celle qu’il accorde aux relations humaines, à la compréhension de ces autres rêveurs qui croient, comme lui, que l’art illumine la vie. » 

Claude Girard : « Les aquarellistes rendront hommage au Frère Jérôme Legaré. En plus du président d’honneur, le peintre Jacques Hébert, l’Association régionale de l’aquarelle profitera de son troisième Salon d’automne pour rendre hommage au Frère Jérôme Legaré, le premier peintre à avoir utilisé l’aquarelle comme médium dans la région. » (Le Réveil au Saguenay, novembre 1989.)

Daniel Côté  dans Progrès-dimanche, 6 juin 1993 : « F. Jérôme Legaré est considéré comme le père des arts visuels au Saguenay-Lac-Saint-Jean, un pionnier de l’enseignement et de la création, autant pour ce qui touche la sculpture que la peinture à l’huile ou l’aquarelle. Longtemps professeur dans les écoles primaires et secondaires de la région, il a aussi formé des centaines d’adultes par le biais des cours du soir. »

Plusieurs autres chroniqueurs et artistes voudraient  aussi sans doute prendre la parole.   Ce sera possible de le faire auprès de l’auteur une fois que chacun aura pris connaissance de  cet article.

Progrès-dimanche, 6 novembre 1977. « Le style le plus orthodoxe est sans doute celui de Jérôme Legaré qui semble connaître tous les secrets de l’aquarelle. Une pureté technique évidente, un dessin pondéré.  Tout est nuance, douceur, calme. Dans les ciels de Legaré, on note parfois un soupçon de tourment, vite estompé par la tranquillité du reste du paysage. Jérôme Legaré, c’est l’aquarelliste de renom, qui conserve toujours ce style classique si perfectionniste. »

P.D. dans la revue  FOCUS, septembre 1979, p. 41. « Frère Jérôme Legaré de Chicoutimi, l’un des aquarelliste de réputation de la région, a déjà commis quelques caricatures (signées Pitou) pour le Progrès-dimanche, durant quelques mois, fin 1969, début 1970.  Selon lui, les qualités d’un bon caricaturiste, ce sont une imagination hors de l’ordinaire, un trait juste et ferme dans le dessin et une rapidité d’exécution.  Pressé par l’heure de tombée du journal et par l’actualité au jour le jour, le caricaturiste doit souvent, malgré lui, travailler à la dernière minute. Il faut qu’il réalise un dessin qui accroche et qui sort du banal. »

Louiselle Tremblay, Progrès-dimanche, 31 mars 1974. Lors de l’Exposition tenue à l’Auditorium Dufour. « L’aquarelle exige une grande habilité et une grade rapidité dans le travail » écrivait Van Gogh. Et le peintre Jérôme Legaré ajoute qu’il s’agit pour  lui d’un défi passionnant.

Ce défi que Jérôme Legaré a voulu relever a donné fruit. Au foyer de l’auditorium Dufour, le peintre expose environ 70 aquarelles toutes aussi intéressantes les unes que les autres.  L’exposition accroche par la variété de sujets exploités et des couleurs utilisées par le peintre. 

Au côté des aquarelles, l’amateur peut lire des courtes phrases prononcées par de grands maîtres et également des notes du peintre lui-même.»

Jean-Paul Vincent, professeur d’Histoire de l’Art à l’UQAC : « Quiconque l’a approché  pourra en témoigner, que ce soit comme ami, professeur ou directeur émérite de la Société des Arts de Chicoutimi, l’univers de Jérôme Legaré n’a de réalité qu’en tant que secrété par l’art. »

CONCLUSION

Il y a des yeux qui reçoivent la lumière,
Il y a des yeux qui donnent la lumière.

Je viens de parcourir ces deux lignes sur un document qu’Internet offrait récemment à ma vue parmi  d’autres réflexions de penseurs anonymes.  En relisant « ces yeux qui donnent la lumière », je ne trouve pas d’autre artiste de ma connaissance auquel mieux les appliquer qu’à Jérôme Legaré… Et avec vous, je me place parmi  tous « ces yeux qui reçoivent la lumière » provenant de la vision d’un artiste :  Jérôme Legaré! 

Je vis dans une maison où un nombre impressionnant d’oeuvres de cet artiste  s’offrent à notre vue quotidiennement. Et je ne peux pas, à l’occasion, ne pas  m’arrêter sur tel ou tel tableau du Frère Jérôme, tableau qui fait sourdre  en moi le souvenir de telle ou telle  maison, de tel coin du pays du Saguenay, d’un jour de plein soleil, d’une scène l’hiver nordique… Ainsi, quand je me trouve devant l’aquarelle où l’auteur nous présente la « Tourelle rouge » de Chicoutimi, je me souviens que notre famille a vécu dans un des logements  de cette maison au temps de ma prime jeunesse…Le style particulier de la maison Laforest –  nom du propriétaire d’alors - attirait  l’attention des passants.

Dans les pages que vous venez de parcourir, je viens de faire dérouler lentement devant vous le long parcours d’un artiste qui a vécu dans le monde des religieux, dans celui des professeurs et celui des artistes.  Ces trois mondes lui étaient familiers. Il les aimait. Il participait activement à la vie qui règne en chacun d’eux. De ces trois mondes, ses yeux  ont reçu de la lumière.  Il a su observer ces mondes, il a vécu longuement à leur contact pour nous livrer, - et avec quel talent! -  la somme des impressions lumineuses que ces trois mondes ont fait naître en lui au pays d Saguenay.

Ses yeux ont reçu cette lumière provenant de ces trois mondes. Et, ensuite, ses yeux  ont voulu, à leur tour, nous rendre cette lumière, comme embellie et marquée par son habileté remarquable à savoir utiliser les couleurs, le bois, l’eau, la pierre, le papier…

Grâce à lui et à ses talents, ces divers supports sont encore là sous nos yeux pour nous faire admirer toutes ces beautés qui nous entourent.

Merci, Frère  Jérôme Legaré. Merci d’avoir traduit grâce à votre art subtil  ces beautés délicates que vous saviez si bien  observer dans la lumière. Merci d’avoir réussi, en quelque sorte, à les immortaliser, grâce à vos qualités artistiques.  Vous continuez toujours à les offrir aux yeux émerveillés des résidants  de cette maison et des visiteurs qui ont vite fait de reconnaître la qualité artistique de vos œuvres.

BIBLIOGRAPHIE

Fonds Jérôme Legaré, Archives des FF. Maristes, En cours de classification.

Jérôme Legaré,  Aquarelles,  Château-Richer, En cours de classification.

Jérôme Legaré, Oeuvres diverses et localisations. En cours d’établissement par les archivistes. Château-Richer.

Potvin Laurent,   Frère Jérôme Legaré,  Monographie, 1999, 34 pages.

Potvin Laurent,   De viris illustribus,  Monographies. Château-Richer, 2008, pp. 77-83.

Jérôme Legaré, étudiant aux Beaux-Arts de Montréal

APPENDICE I

EXPOSITIONS PERMANENTES

ŒUVRES DE JÉRÔME LEGARÉ

CHÂTEAU-RICHER
7141, avenue Royale

1- Salon des Aquarelles

Petit  lac Ha! Ha!
Petit Saguenay
Cap du Saguenay
Vieux moulin de Laterrière
Rivière Péribonka
Pour le souvenir, pensez à moi
Tournesols
Anthurium
La Fée des bois
Chute de la rivière du Moulin
Frimas
Cap du Saguenay
Méandre de la Jacques-Cartier
Chute du Diable
Le Juvénat Ste-Anne, Lévis

2-  Salle 154

Jeanne d’Arc écoutant les voix
Tourelle rouge
Jason   (mythologie)
Ferme à St-Ambroise
Ferme à Laterrière

3- Foyer Champagnat

Deux chalets isolés
Navire dans la Baie des »Ha ! Ha !
Rivière du Moulin
Fjord Saguenay
Chalet sur le Saguenay
En canot sur le Saguenay
Vue sur les Monts Valin
Deux îlots
Vielle maison de campagne
Église Sacré-Cœur, Chicoutimi
Une anse sur le Fjord
Cap-aux-Oies
Paix du soir

APPENDICE II

QUELQUES ŒUVRES DE JÉRÔME LEGARÉ

Rivière–du-Moulin, Chicoutimi

LEAD Technologies Inc. V1.01


LEAD Technologies Inc. V1.01







* M. Jean-Paul Legaré, « Peintre de la lumière »,  est le frère de Jérôme Legaré.  Je le remercie d’avoir accepté de préfacer cet article concernant son frère.  Internet pourra vous renseigner surla carrière de Jean-Paul Legaré, ses œuvres et son rayonnement artistique grâce à  l’enseignement.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 12 mars 2009 18:25
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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