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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Laurent Potvin, “Gérard-Majella Gosselin, fondateur de l'École de Génie de Chicoutimi” (2008). Château-Richer, Québec, 2008, 20 pp. Texte inédit. [Autorisation accordée par l'auteur le le 22 décembre 2008 de publier ce texte inédit dans Les Classiques des sciences sociales.]

Laurent POTVIN

Gérard-Majella Gosselin
Fondateur de l’École de Génie de Chicoutimi
”.

Château-Richer, Québec, 2008, 16 pp. Texte inédit pour Les Classiques des sciences sociales.

Présentation
Le fondateur de l’École de Génie de Chicoutimi
Épilogue

Présentation

Quand  les Frères Maristes, à la demande de Mgr Michel-Thomas Labrecque, arrivaient dans le diocèse de Chicoutimi, c’est Roberval qui les accueillait.

Il est fort intéressant, en furetant dans nos archives communautaires,  de prendre connaissance du contrat d’installation qui s’établissait alors entre les autorités locales et le Frère Supérieur général du temps, le R.F. Théophane. Ce contrat devait servir de modèle à plusieurs autres jusqu’en 1960, donc pendant plus de soixante ans.

L’arrivée des Frères enseignants dans le diocèse ouvrait la voie à une implantation imposante avec les années.  Énumérons simplement ce que l’histoire peut nous révéler à la suite de  la venue des Frères Maristes au diocèse de Chicoutimi.

• Ouverture d’une première école  dans le diocèse, en 1897, à Roberval.

• Entrée dans l’Institut des Frères Maristes de nombreuses recrues provenant de nos écoles du  diocèse.

• Organisation du Juvénat de Desbiens.

• Parmi ces recrues issues de Roberval, quelques Frères  se sont signalés dans le monde de l’éducation. J’en nommerai quelques-uns :

• Majella Gosselin,  École de Génie de Chicoutimi

• Roméo Allard,  visiteur de nos écoles à la Province de Lévis.

• Louis-Joseph Guay, premier provincial de Desbiens,  150 Frères.

• Fondation d’une Province mariste dirigée par le premier Provincial : F. Louis-Joseph Guay.

• Participation de la Province de Desbiens  à une mission au Congo Brazza.

• Fondation de la mission du Cameroun après l’exode forcée du Congo-Brazza causée par l’arrivée des communistes-léninistes qui s’emparaient de notre collège-pensionnat de Makoua.

• Ouverture dans le diocèse de l’École de Génie avec la participation du directeur de cette École et de nombreux confrères. Cette participation des Frères Maristes a  ainsi  favorisé l’organisation d’une Université  à Chicoutimi, UQAC.

• Avec les années, les Frères Maristes ont dirigé dans le diocèse une vingtaine de Maisons d’enseignement, y compris le juvénat de Desbiens et les deux  Maison d’étudiants, une à Normandin et l’autre à Alma.

Voilà le concours de circonstances qui expliquent, dans ce domaine, la présence et l’action du Frère Majella Gosselin, natif de Roberval, professeur dans une école des Frères Maristes, au service de la jeunesse du diocèse de Chicoutimi, au Saguenay, membre éminent de la corporation de ceux et celles qui ont travaillé activement à   la démocratisation de l’enseignement au Québec.

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Gérard-Majella Gosselin, frère mariste
Fondateur de l’École de Génie de Chicoutimi

Le directeur secrétaire

C’est durant l’année académique 1948-1949 que des cours universitaires de sciences ont commencé à se donner à Chicoutimi grâce à une collaboration étroite entre la Commission scolaire de Chicoutimi, les parents d’élèves, M. Philippe Poulin, inspecteur d’écoles et représentant du Département de l’Instruction publique, l’École polytechnique de Montréal et les Frères Maristes. On a demandé au Frère Majella Gosselin de jouer le rôle de secrétaire correspondant et de porte-parole auprès des autorités concernées. C’est que pour qu’un orchestre puisse donner un concert harmonieux, il faut un chef d’orchestre. Et un seul !

Les sections scientifiques s’organisent

Est-ce la prestance du Frère Majella Gosselin, un homme de plus de trois cents livres et d’une stature d’environ six pieds, qui lui aurait assuré la tâche de directeur organisateur? Pas du tout ! C’est d’abord son expérience pratique, acquise quelques années auparavant comme organisateur des études scientifiques à Lévis, École St-François-Xavier, et à  l’Académie de Chicoutimi ensuite. En effet, sous son impulsion les classes de sciences, 10e, 11e et 12e et 13e années, se sont organisées à l’Académie de Chicoutimi. C’est aussi grâce à son doigté qu’il est parvenu à dénouer une situation qu’il estimait profondément injuste. Aux finissants des collèges classiques, les portes des Universités étaient ouvertes tandis que ce n’était pas du tout le cas pour les finissants de 12e année des écoles du Département de l’Instruction publique. Pourquoi? Différence entre le contenu des programmes suivis et différence de deux ans de scolarité en moins aux cours du Département de l’Instruction publique.

Pourquoi la démocratisation de l’enseignement

De plus, Frère Majella croyait que la démocratisation de l’enseignement était non seulement  possible mais souhaitable dans le domaine de l’enseignement supérieur en sciences, ce qui permettrait aux ingénieurs qui travailleraient par la suite  dans notre milieu de provenir de notre région et d’être francophones. Il rêvait avec fierté qu’un jour, ce sont les ingénieux provenant de la région du Saguenay-Lac-St-Jean qui dirigeraient nos usines d’Aluminium,  celles de pâtes et papier et les autres qui seraient créées dans notre milieu. De plus, avec la création d’une l’École de Génie à Chicoutimi, les parents étaient conscients que leurs jeunes demeureraient dans la région un an ou deux – et même plus ! -  avant de s’expatrier à Montréal ou à Québec.   On peut toujours rêver, n’est-ce pas ?

Une semence d’Université

En mai 1946, Frère Majella mit en route un projet dont il rêvait depuis quelques années déjà : offrir enfin aux finissants de l’Académie commerciale de Chicoutimi la possibilité de fréquenter sur place une école de sciences de niveau universitaire. Après quelques voyages et de rencontres à Québec et à Montréal, plusieurs appels téléphoniques, une large correspondance et de multiples contacts personnels auprès de divers organismes locaux, Frère Majella était à même, en septembre 1948, d’accueillir 10 élèves en Première année de Génie dans ce qu’on peut appeler très modestement « une semence d’Université. » Déjà, depuis 20 ans le Mont-St-Louis, un collège appartenant aux Frères des Écoles Chrétiennes de Montréal, offrait de tels cours grâce à une affiliation à Polytechnique. Trois-Rivières et Shawinigan, depuis quelques années, offraient des cours de sciences de  niveau universitaire grâce à des ententes entre des universités et les Commissions scolaires. Et Chicoutimi ne voulait pas rester à la traîne : fierté oblige !

Vous venez de lire des collèges offrant des cours de niveau universitaires à   Montréal, de Trois-Rivières, de Shawinigan grâce à des ententes entre Commissions scolaires et Universités. Cette classe de niveau universitaire, une primeur à Chicoutimi, fonctionnait aussi dans les locaux de la Commission scolaire grâce à la coopération des forces vives du milieu. Ne faut-il pas voir là comme un tout premier pas vers l’idée d’une Université du Québec, une université qui se mettrait un jour au service des populations, dans divers milieux, là où sont les gens avides de connaissances mais qui ont la malchance de se trouver loin des grands centres comme Montréal et Québec? Ne peut-on pas estimer que, dans cette initiative du Frère Majella et de la Commission scolaire de Chicoutimi, apparaît au grand jour une vision originale et prophétique du monde actuel de l’éducation chez nous?

Polytechnique collabore pleinement

Frère Majella eut à transiger avec M. Ignace Brouillet, directeur de Polytechnique, et Monsieur Henri Gaudefroy, son successeur. Il reçut auprès de ces deux personnalités sympathiques l’accueil le plus cordial qui soit et une entière compréhension. En homme pratique. Frère Majella voulut régler, en noir sur blanc, les questions de programmes, de manuels, d’examens qui furent étudiées afin qu’un un protocole soit établi. Au début de ce fonctionnement, l’étudiant ayant réussi à Chicoutimi devenait étudiant de Polytechnique qui avait une entente avec les autres Universités en ce qui concerne les admissions. Comme on le voit ici, tout fonctionnait dans la confiance la plus grande qui soit car F. Majella était un homme d’ordre. Il aimait la clarté et la précision afin que chacun sache ce qu’on demande de lui. On verra que ces qualités seront déterminantes dans le succès de cette entreprise  qui naissait dans la coopération. Quant on est plusieurs à poursuivre un projet, il faut savoir en tout répondre à une question : qui fait quoi ici ? C’est un des principes de toutes les  organisations des entreprises.   Et le projet n’avait pas le droit de connaître des ratages.

Professeur de mathématiques

Frère Majella, tout en étant directeur et secrétaire de cette nouvelle École de Génie, a tenu à demeurer professeur de mathématiques, une fonction qui lui tenait à cœur et dans laquelle il excellait. Ses anciens élèves peuvent facilement se remémorer cette scène familière : Frère Majella, au tableau noir, armé d’une craie dans la main droite et de son inséparable mouchoir dans la main gauche… C’est que, été comme hiver, suant beaucoup, il avait constamment besoin de son mouchoir pour s’éponger le visage… Ce spectacle, je vous prie de me croire, n’enlevait rien au professeur à la clarté de ses explications ni à la pertinence de ses démonstrations!

Première année de génie

J’ai eu, durant l’année académique 1949-1950, le plaisir d’enseigner sous les ordres du Frère Majella. Je me trouvais alors un peu comme le géomètre de l’Académie! J’enseignais la géométrie en 10e, 11e, 12e années aux diverses options. En 1ère de Génie, j’enseignais la géométrie, plane et dans l’espace, la géométrie analytique. Cette classe comptait 14 étudiants dont 2 bacheliers provenant du Séminaire de Chicoutimi. Nous avions un jeune Grec venant d’un de nos collèges de Grèce. L’École de Génie prenait déjà un petit air international! Ce fut pour moi une excellente expérience. Cela me permettait de me rendre compte sur le terrain des avantages dont ces jeunes étudiants bénéficiaient : commencer un cours universitaire dans leur milieu familial en jouissant de conditions économiques fort avantageuses, évitant frais de voyages, frais de pension, tout en demeurant dans un milieu étudiant bien connu.

Sa démission  par attachement à son oeuvre

En 1953, Frère Majella s’est trouvé subitement dans l’obligation de démissionner comme directeur de l’École de Génie car, selon sa propre expression, « il refusait d’assister lui-même à la destruction de son œuvre. » Qu’était-il donc survenu? Il convient de bien saisir les raisons de la première crise grave de cette jeune institution. D’après une entente transigée – un protocole – entre lui et les autorités de Polytechnique, il recevait en fin d’année les questionnaires d’examens préparés par des professeurs de Polytechnique ou préparés par les professeurs de l’École de Génie et soumis à Polytechnique. Il avait charge d’assurer la surveillance de ces examens et l’envoi des copies à Polytechnique. En cette année 1953, le directeur de Polytechnique, Monsieur Henri Godefroy, un grand ami du Frère Majella depuis la fondation de l’École de Génie, a fait parvenir les questionnaires d’examens à M. René Tremblay, directeur des études de la Commission scolaire de Chicoutimi, lui demandant de superviser les examens et de bien vouloir lui faire parvenir les copies une fois les examens complétés. De plus, par résolution, la Commission scolaire demandait au Frère Majella d’ajouter des cours de philosophie, d’histoire et de religion au programme de la Première Année de Génie. Tout se passait donc comme si la Direction des Études de la Commission scolaire voulait imposer ses vues ignorant les ententes que Frère Majella avait négociées pendant deux ans avec les partenaires de ce projet : Polytechnique, la Commission scolaire et l’Inspection des écoles.

Or, depuis la fondation de l’École de Génie, Frère Majella remplissait soigneusement ces deux fonctions quant aux examens. Il perçut cette nouvelle façon de procéder comme un manque de confiance envers lui, et, en homme fier, démissionna tout net. Quant Frère Majella avait pris une décision mûrement réfléchie, il ne revenait jamais sur sa décision.

Pourquoi Polytechnique avait-il agi de la sorte? Manque de confiance envers Frère Majella devant les bons résultats habituels des élèves de son École de Génie? Oubli du protocole établi entre lui et Polytechnique quant aux examens de fin d’année, protocole en vigueur depuis 1948? Ou encore, changement unilatéral d’un tel protocole? Erreur du secrétariat de Polytechnique dans l’acheminement des questionnaires d’examens de fin d’année? Changement de procédure à une demande provenant de la Direction des Études le la C.S.? De toute façon, Frère Majella jugea ce geste indélicat envers lui et comme un manque flagrant de confiance envers sa personne de la part des autorités. Chose certaine, quand on connaît la sensibilité de cet homme et le soin qu’il avait mis afin d’assurer la naissance de cette École, ses efforts pour se conformer aux conditions d’affiliation et ses nombreuses démarches afin d’assurer sa survie, on comprend fort bien sa réaction. Ce qu’il jugeait indélicatesse l’aura profondément blessé.

De plus, il jugeait comme inacceptables deux autres décisions de la C.S.

A/ Ajouter de nouvelles matières aux 35 heures de cours prévues dans l’enseignement par Polytechnique et tel qu’accepté lors de la négociation du début.

B/ Supprimer la 12e scientifique spéciale, car, sans cette classe préparatoire, les étudiants n’auraient plus alors le niveau voulu pour être admis en Première de Génie à Chicoutimi.

Too many cooks spoil the broth

La réalité était donc la suivante. La Direction des Études de la C.S. désirait tout simplement traiter cette classe comme une sorte de 14e année du secondaire en évinçant ainsi du décor le Frère Majella. Pour sauver son initiative de cours universitaires de sciences à Chicoutimi, Frère Majella ne voyait qu’une solution : démissionner. Cependant, il tenait à demeurer professeur et conseiller de son remplaçant. En posant ce geste d’éclat, il voulait garantir la survie de l’École de Génie. Il voulait clairement appliquer le principe qui découle de cette question : « Qui fait quoi ici? » Il connaissait trop bien le proverbe anglais : Too many cooks spoil the broth.

Frère Paul-Émile Boulet, nouveau directeur

Le Provincial des Frères Maristes, connaissant bien le Frère Majella, se contenta de remplacer ce directeur démissionnaire par le Frère Paul-Émile Boulet, D. Sc., qui deviendra, de 1975 à 1990, directeur de la bibliothèque de l’UQAC. Habilement, le nouveau directeur intervint auprès de la C.S. et obtint en douceur que l’exécution de ces trois décisions irrecevables soit remise aux calendes grecques!

Pour démontrer la vitalité de l’œuvre fondée par Frère Majella, j’estime utile de poursuivre l’histoire de l’École de Génie pour laquelle il avait travaillé avec tant de dévouement et de compétence pendant 7 ans comme organisateur si l’on compte les deux années consacrées à la planification en vue de la mise sur pied de cette École. D’ailleurs, il y demeurait très actif sur plusieurs fronts.

Ouverture de la 2e année de Génie

À l’été 1959, Frère Paul-Émile Boulet et quelques professeurs rencontraient les autorités de Polytechnique à Montréal afin de demander l’autorisation d’ouvrir la 2e année de Génie. Ils revenaient à Chicoutimi avec la permission écrite d’ouvrir cette 2e année. Il restait une question pratique à étudier : comment réaliser ce projet?

En septembre 1960, le Provincial des Frères Maristes autorisait le Frère P.-É. Boulet à ouvrir cette 2e année de Génie sous la dépendance des Frères Maristes et à leurs frais en ce qui concerne les salaires des professeurs que la communauté fournirait à cet effet, toujours avec la collaboration de la Commission scolaire qui permettait ainsi aux deux classes de Génie d’utiliser les locaux d’enseignement, les laboratoires et la bibliothèque de l’École Dominique-Racine qui venait d’ouvrir ses portes. La vieille Académie ne pouvait plus accueillir toute sa clientèle… Elle était devenue trop petite malgré les agrandissements obtenus en supprimant la grande chapelle transformée en salles d’enseignement. De plus, victime de la vétusté, cette vénérable Académie était vouée à la démolition. La résidence des Frères, située rue Morin, beaucoup plus récente, ayant été aménagée vers 1930, fut vendue par la C.S.

Le bilan de l’année académique 1960-1961 reflète assez bien les efforts et les résultats obtenus puisqu’en première année de Génie, 35 des 41 étudiants obtinrent leur promotion en 2e tandis qu’en 2e année, tous furent promus.

 Durant cette même période des années soixante, l’École de Génie fut appelée par l’École Normale de l’Enseignement Technique de Montréal à collaborer au perfectionnement du personnel enseignant du secteur professionnel. En décembre 1967, l’École de Génie était autorisée à donner à Chicoutimi le certificat d’études générales pour l’enseignement des sciences, le CEGES.

Admission des jeunes filles

Pendant plusieurs années, des jeunes filles du Saguenay-Lac-St-Jean posaient leur candidature pour être admises à l’École de Génie. Dominique-Racine serait devenue une école mixte. Elles étaient refusées. En 1964, après étude et entente entre la Commission scolaire, les Frères Maristes et Mgr Marius Paré, évêque de Chicoutimi, les jeunes filles étaient enfin admises à l’École de Génie.

Bilan provisoire

Effectuons un bilan provisoire concernant les étudiants ayant fréquenté l’École de Génie de 1948 à 1964. Durant ces années, 529 élèves sont passés par l’École de Génie de Chicoutimi. De ces étudiants, 85 % ont décroché un diplôme dans des institutions universitaires. Nous possédons la liste, grâce aux archives du Frère Majella et de ses remplaçants, de tous ces diplômés selon les universités fréquentées. D’où provenaient donc ces diplômés?

Chicoutimi et les environs

30 %

Port-Alfred et les environs

7,5 %

Arvida

12 %

Kénogami-Jonquière

14 %

Alma et les environs

12 %

Haut du Lac St-Jean

9,5 %

Régions extérieures

15 %

Ouverture de la 3e année de Génie

Septembre 1967, ouverture de la 3e année de Génie avec ses différentes options. Chaque option donna lieu à la formation d’un département dont les directeurs furent choisis au début de janvier 1967 : Génie civil, Gilles-G. Bergeron; Génie mécanique, Raymond Auger; Génie électrique, Ronald Fortin; Génie métallique, Michel Bouchard; Génie physique et physique, Rodrigue St-Laurent; Génie mathématiques, Claude Boucher.

Vers la 4e année de Génie

Dès septembre 1967, tout en préparant officiellement l’ouverture de la quatrième année, le directeur de l’École de génie, Frère Paul-Émile Boulet, entreprenait les pourparlers après de l’Université Laval pour l’ouverture d’une 2e année de géodésie et de foresterie et d’une 3e année de Sciences pures.

Vers l’Université du Québec à Chicoutimi

À ce moment, deux organismes fusionnèrent à Chicoutimi sous le nom d’École de Génie et de Commerce durant l’été 1967 afin de profiter du fait que l’École de Commerce possédait une charte dont pourrait bénéficier l’École de Génie qui n’en possédait pas. Cette nouvelle institution participera activement en collaboration avec l’École des Infirmières, le Groupe St-Thomas Inc., le Petit Séminaire, l’Institut de Technologie, à la création du CEGEP de Chicoutimi en 1967. On confia aussi la présidence du comité de coordination et de planification d’une Nouvelle Université à Chicoutimi au Frère Paul-Émile Boulet.

Poursuivant ses activités, cet important regroupement d’institutions deviendra l’embryon des Départements des Sciences (École de Génie) et des Sciences administratives (École de Commerce) et servira ainsi à favoriser grandement l’ouverture de l’Université du Québec à Chicoutimi en 1969.

Pour souligner les débuts de l’enseignement universitaire à Chicoutimi, les autorités de l’UQAC ont apposé une plaque-souvenir dans l’entrée de la bibliothèque Paul-Émile-Boulet. Elle se lit ainsi :

HOMMAGE

Aux pionniers de l’enseignement universitaire au Saguenay-Lac-St-Jean

Aux Institutions préalables qui devinrent en 1969 l’Université

École de Génie

École de Commerce

Centre de formation des maîtres

Grand Séminaire

Au Groupe Saint-Thomas qui a été un porte-parole efficace de la région

pour obtenir l’Université.

Pour sa part, l’œuvre du Frère Majella, 1948-1969, atteignait alors ses 21 ans, l’âge de la majorité! Elle pouvait dès lors s’épanouir fièrement en véritable Université en donnant naissance au Département des sciences pures et appliquées de l’Université du Québec à Chicoutimi, selon une nouvelle formule mise de l’avant par le gouvernement du Québec.

Hommage reconnaissant

Le 7 avril 1966, un banquet regroupa de nombreux invités du monde de l’éducation de Chicoutimi à l’Hôtel Chicoutimi pour souligner le 50e anniversaire de la vie d’enseignant du Frère Majella. M. Henri Gaudefroy, recteur de Polytechnique, y prit la parole pour souligner l’œuvre magistrale du Frère Majella. Il tint à mettre en évidence à la même occasion les mérites des membres de la Commission scolaire dans l’organisation de l’enseignement scientifique de niveau universitaire à Chicoutimi. En termes délicats et empreints d’émotion, Frère Majella remercia l’orateur, cet ami depuis 1946, pour sa franche coopération au profit de la jeunesse régionale et des marques d’ouverture dont il avait fait preuve depuis 1946 en collaborant franchement avec nous pour l’ouverture de notre École de Génie et son maintien dans notre milieu.

Les dernières années de ce fondateur

En 1967, la santé du Frère Majella devenant de plus en plus défaillante, il se retira à la Maison Provinciale de Desbiens où se trouvait l’Infirmerie des Frères Maristes. Natif de Roberval, il a pu passer plusieurs années, de 1967 à 1983, ayant sous les yeux un superbe paysage qui lui était bien familier : une vue splendide sur le lac St-Jean que les autochtones appellent dans leur langue le Piékouagami.

Frère Majella décédait le 15 juillet 1986 au Foyer Champagnat de Château-Richer où il demeurait depuis 1983. Il repose dans la paix du Seigneur parmi ses confrères défunts de la crypte de Château-Richer.

L’UQAC a tenu à mettre en évidence à l’entrée de la bibliothèque Paul-Émile-Boulet une œuvre artistique du Frère Jérôme Legaré qui représente le Frère Majella en buste. Cette Université bien de chez nous a tenu à honorer ainsi les deux premiers directeurs de l’École de Génie de Chicoutimi, une école qui, créée en 1948, peut être considérée comme la semence qui a donné naissance à notre Université du Québec à Chicoutimi, membre des Universités du Québec et dont la région, à juste titre, a raison d’être fière.

ÉPILOGUE

Les enseignants des années 1940 et 1950 sentaient bien que l’école ne répondait pas tout à fait aux besoins de leurs élèves : les jeunes des écoles publiques. Pourquoi ? Tout simplement parce que les programmes, malgré leur lente évolution, ne  permettaient pas à leurs élèves, en fin de cours, d’accéder aux études avancées, donc universitaires, comme eux et leurs parents le souhaitaient ardemment.

En 1963, le Rapport Parent est venu,  à juste titre, mettre en évidence que "la crise de l'enseignement est universelle. Partout sont remises en question les structures administratives et pédagogiques, partout se préparent ou s'appliquent des réformes plus ou moins radicales; c'est que l'homme moderne n'habite plus le même univers que ses ancêtres."

Les religieuses et les religieux  chargés de la direction de nombreuses écoles au Québec, ainsi que leurs personnels enseignants, percevaient de manière aiguë cette sorte de distorsion dont souffrait notre société.   Leurs moyens aptes à corriger cette situation qui persistait depuis trop longtemps étaient fort limités.

C’est dans ce contexte que le Frère Majella, avec l’accord de son Institut religieux, a voulu apporter une orientation nouvelle aux études des étudiants de l’Académie commerciale de Chicoutimi qui songeaient aux études scientifiques. Il se posait une question : « Comment se fait-il que, dans une usine comme Alcan, tous les ingénieurs, ou presque, soient des étrangers ? »  C’est que les nôtres ne sont pas du tout favorisés à accéder à de telles qualifications.  La situation est la même dans le Saguenay-Lac-St-Jean pour les fonctions qui exigent des ingénieurs.

Il a donc imaginé une solution de concert avec les autorités locales. Il a vendu son idée à ces administrateurs et les a convaincus d’aller de l’avant selon le plan qu’il avait conçu. L’idée leur a plu.  Le groupe s’est mis à l’étude. Une solution proposée a été acceptée.  Maintenant,  1948 est loin… Cette idée a germé, s’est développée, et une Université complète fonctionne maintenant au service de la région.  La démocratisation de l’enseignement ce n’est pas un concept en l’air…car elle a fini par se  réaliser chez nous… Et ailleurs aussi…

Merci à tous ces fonceurs qui ont  vus naître leurs projets, des projets sortis de leurs rêves les plus optimistes!  Merci à celui qui a lancé une idée devenue une institution de haut savoir au service  des nôtres.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 30 décembre 2008 17:06
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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