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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Laurent Potvin, “Éloi-Gérard Talbot. Un généalogiste chevronné.” Château-Richer, Québec, janvier 2009, 28 pp. Texte inédit. [Autorisation accordée par l'auteur le le 8 janvier 2009 de publier ce texte inédit dans Les Classiques des sciences sociales.]

Laurent POTVIN

Éloi-Gérard Talbot.
Un généalogiste chevronné
”.

Château-Richer, Québec, janvier 2009, 28 pp. Texte inédit pour Les Classiques des sciences sociales.

Présentation
Un généalogiste chevronné
Qui était cet éducateur généalogiste ?
Un auteur  veut publier ses ouvrages
Sa renommée croissante…
Un confrère nous le présente plus amplement
Le conférencier
Membre de plusieurs Sociétés
Bibliographie
Un successeur
Une très riche bibliothèque
Quelques témoignages éloquents
Conclusion
Bibliographie
Nota Bene
Photos
1. F. ÉLOI-GÉRARD TALBOT, 1899-1976
2. F. ÉLOI-GÉRARD DANS SA BIBLIOTHÈQUE
3. F. ÉLOI-GÉRARD TALBOT,  DÉCORATIONS
• MÉRITE SCOLAIRE 3E DEGRÉ
• MÉDAILE GEORGES VI  (1937)
• MÉDAILLE ÉLIZABETH II  (1953)
4. RÉSIDENCE ET ÉCOLE DES FF. MARISTES : ÉCOLE LAURE-CONAN, LA MALBAIE

PRÉSENTATION

« Toute puissance nationale sort de la famille.
La grandeur des familles fait la grandeur
d’un pays, en dépit des gouvernements. »

Philippe Hériat

C’est en 1934 que je faisais la connaissance du F. Éloi-Gérard Talbot, un éducateur qui m’impressionnait fortement. J’étais loin alors de songer qu’un jour j’aurais l’honneur et le plaisir de le présenter en ces pages en sa qualité de  « généalogiste chevronné ». Qui dit généalogiste parle de quelqu’un qui s’intéresse aux familles qui forment le tissu de toute société. Et en remontant le temps, tout généalogiste  établit la suite des générations : donc l’histoire de telle famille, de ceux et celles qui ont transmis  la vie et qui ont donné à un pays les éléments de sa population. Une évidence : on ne peut parler d’histoire, ici comme ailleurs, qu’en parlant du passé, car il n’y a pas d’histoire du futur sauf en ce qui concerne les romanciers futuristes…Mais toute famille  prépare toujours l’histoire de demain.

Comme élève de l’Académie commerciale de Chicoutimi où enseignait F. Éloi-Gérard, je me trouvais devant un homme de taille respectable, à la démarche énergique, sûr de lui-même, inspirant le respect autant par sa personne que par son assurance à communiquer ses connaissances. Je faisais alors partie de l’Avant-garde, un mouvement qui devait donner naissance un jour à la Jeunesse étudiante catholique, la JÉC. F. Éloi-Gérard animait ce mouvement avec l’assurance de celui qui assume une responsabilité avec doigté grâce à son entregent, à la maîtrise de sa matière et à sa facilité de parole. Il m’a laissé alors l’impression d’un professeur de grande valeur qui était sans doute appelé à  poursuivre une carrière remarquable.

Effectivement, son biographe, F. Pierre-Adolphe Nicole, nous a laissé en seize pages très denses, un survol de la carrière du F. Éloi-Gérard. Quand, dans cette  monographie, il est question du travail en généalogie, un titre révélateur coiffe son exposé : UNE ŒUVRE COLOSSALE. Quelle justesse en cette expression !

C’est surtout du généalogiste dont il sera question dans les pages qui suivent. Après cette lecture, vous vous demanderez sans doute  comment est-il possible à un humain de concilier durant tant d’années ces deux carrières : professorat et  généalogiste ?

UN GÉNÉALOGISTE
CHEVRONNÉ

« Parmi les pouvoirs de l’humanité,
il y a la capacité de faire émerger une personne
là où la nature avait créé un individu. »

Albert Jacquard

Quels sont les généalogistes du Québec qui n’ont pas, au cours de leurs recherches de documents, rencontré le nom d’Éloi-Gérard Talbot ? Quels sont ceux parmi eux qui n’ont pas consulté au cours de leurs travaux un ouvrage ou l’autre de ce généalogiste pour en extraire des données qui leur ont été très utiles ? Mais, d’entrée en matière,  je tiens à souligner qu’il  n’est pas étonnant que le généalogiste que je vais vous présenter a été avant tout un éducateur de carrière.  Comme enseignant et comme directeur d’écoles, il a voulu, comme le souhaite Albert  Jacquard, faire émerger des personnes responsables de tous ces jeunes individus qui se pressaient dans ses classes et dans les écoles où il se trouvait en qualité de professeur ou de directeur.

Qui était cet éducateur généalogiste ?

Mais, au fait, qui était donc ce généalogiste, ce lointain successeur de Mgr Cyprien Tanguay (1819-1902), un pionnier dans ce domaine ? Ce dernier fait toujours autorité dans le monde des généalogistes grâce à son « Dictionnaire des familles canadiennes-françaises » publié entre les années 1871 et 1890 et qui a bénéficié de nombreux suppléments d’informations aux cours des années et des diverses rééditions.  Ce généalogiste occupe sans contredit le premier rang des pionniers dans ce domaine.  La revue Cap-aux-Diamants, numéro 34, été 1993, présente, sous la signature de René Jetté, un article fort bien documenté sur « Les pionniers de la généalogie au Québec. » Après avoir signalé la parution de nombreux volumes comportant des répertoires et  autres compilations destinées à établir des lignées, l’auteur constate que cela a donné naissance à des recueils qui font appel aux  actes de mariages ; il ajoute  que « le plus illustre représentant de cette tendance fut le frère mariste Éloi-Gérard Talbot (1899-1976), auteur prolifique des généalogies des familles de 8 comtés ruraux de la région de Québec : Charlevoix-Saguenay (1941,1976), Beauce, Dorchester, Frontenac (1948), et Montmagny, L’Islet, Bellechasse (1970). »

Éloi-Gérard Talbot, en religion Frère Éloi-Gérard, est devenu Frère Mariste le 15 août 1914. Sa carrière d’enseignant s’étale sur 52 ans durant lesquelles il fut tour à tour professeur, maître de salle, directeur d’école. Durant près de trente ans, tout en  enseignant, il s’intéressa à la généalogie. Il appartenait donc à une catégorie spéciale, celle d’éducateur-généalogiste. Il a commencé à s’intéresser vraiment à la généalogie lors de ses premières recherches en vue de dresser la généalogie de sa propre famille. Cela aiguisa chez lui le goût de poursuivre ses recherches, afin de faciliter la tâche de ceux et celles qui, comme lui, auraient voulu, à leur tour, dresser la généalogie de leur propre famille et, pourquoi pas, celle des familles de leurs amis et connaissances. Il a poursuivi ses recherches dans ce domaine dans les lieux où il enseignait : à La Malbaie, à Beauceville, à Lévis, enfin à Château-Richer. Ce dernier endroit a été le lieu de sa retraite où il poursuivit à plein temps alors ses travaux de généalogiste. Au cours de sa carrière, il a pu glaner la masse imposante de ses trouvailles dans les divers greffes de ces endroits et jusqu’aux États-Unis. Son tout premier volume, une œuvre de 600 pages, porte le titre suivant : « Les généalogies de Charlevoix des origines à 1939. » C’est alors qu’il avait utilisé un système ingénieux de fiches permettant d’établir les lignées et lui facilitait la présentation de ses recherches dans les nombreux volumes qu’il a préparés dans ce domaine. Le système qu’il créa alors servit à plusieurs généalogistes après lui. Je reviendrai plus loin sur cette méthode, une innovation.

Les auteurs du Dictionnaire de la famille Félix Connolly – renseignements puisés sur Internet - nous donnent des précisions utiles sur la méthode suivie par F. Éloi-Gérard dans ses ouvrages dès le début de ses travaux de généalogiste. Nous pourrons noter les améliorations que ces auteurs ont apportées par la suite.  Comme la critique de cette méthode employée par F. Éloi-Gérard est importante, je crois nécessaire de vous présenter les précisions suivantes in extenso :

« Le présent dictionnaire – celui de la famille Félix Connolly - utilise la technique mise au point par M. Eloi-Gérard Talbot pour ses répertoires paroissiaux. Il s'agit d'une méthode ingénieuse qui permet de présenter à des profanes une somme imposante de données généalogiques sous une forme facile de consultation de la part de chercheurs ayant un minimum de préparation. 

Dans ce dictionnaire, la méthode en question a été un peu élargie, afin de mieux répondre aux exigences particulières d'un dictionnaire de famille. M. Talbot, qui travaillait uniquement à partir des actes de mariages, ne donnait pas les enfants morts en bas âge, demeurés célibataires, ou entrés en religion: ils seront indiqués ici. M. Talbot avait également fait le choix de lister les enfants de sexe féminin sans leur descendance. Ici, on a inclus la descendance des enfants de sexe féminin, au même titre que celle des enfants de sexe masculin. Enfin, toujours dans l'esprit de mieux servir les familles qui utiliseront ces dictionnaires, les parents du second conjoint sont indiqués; ceci implique qu'on utilise deux lignes par mariage, au lieu d'une seule. » 

Dans le respect de sa méthode de travail, F. Éloi-Géard présenta ensuite  à ses lecteurs la série de onze volumes des généalogies de Beauce-Dorchester-Frontenac, chacun comptant trois cents pages et plus. Ce travail mené à terme, il consacra plusieurs années de sa laborieuse carrière à établir les  généalogies de Montmagny-Bellechasse-L’Islet, en tout  16 volumes.

Comment cet auteur a-t-il pu concilier enseignement à plein temps et recherches dans ce domaine de la généalogie ? Durant les années qu’il enseigna à Lévis, à la Polyvalente Louis-Fréchette, tous vendredis soirs, aussitôt sa classe terminée, il s’acheminait vers le greffe de Montmagny pour y passer la fin de semaine. Il logeait dans une famille apparentée à la sienne pour en revenir tard le dimanche soir. De retour à son lieu de travail, il bénéficiait de l’aide d’un confrère qui lui servait de secrétaire pour la compilation de ses données et leur mise au net.

Un auteur  veut publier ses ouvrages

Le moment venu, il lui a fallu songer à la présentation des fruits de ses laborieuses recherches généalogiques pour répondre aux demandes qui lui parvenaient de personnes intéressées à bénéficier de ses travaux pour leurs propres recherches. Un autre problème se présentait à lui : comment envisager les frais de l’édition ? La communauté lui avait demandé de compter, dans ce domaine, uniquement sur l’autofinancement… Les débuts dans un tel système sont très problématiques, car il faut songer à la mise initiale de fonds! Il lui restait le souci de trouver un imprimeur condescendant ou un éditeur qui consentirait à lui accorder les conditions de crédit qui rendraient possible l’emploi de ce système. Ses relations cordiales, son entregent, ses dons de persuasion lui aidant, il trouva toujours l’imprimeur qui acceptait de telles conditions…des promesses qu’ils seraient payés un jour ! Et ces ententes transigées de bonne foi ont toujours été à l’avantage des deux partis. Deux détails intéressants : il n’a pas voulu faire appel à des annonceurs et il a vainement essayé d’obtenir l’aide de Ministères fédéraux pour publier ses ouvrages. Il a donc vraiment misé à fond sur l’autofinancement, et cela lui a fort bien réussi.

Sa renommée croissante…

Frère Éloi-Gérard n’était donc pas le premier venu en généalogie. Ses travaux l’avaient fait connaître du monde des généalogistes où il s’est taillé une place enviable au point de lui permettre d’acquérir une  renommée enviable. En 1950, il était secrétaire de la « Société Historique de la Chaudière », membre de la « Société Généalogique canadienne-française », membre de la « Société Historique du Saguenay » et membre de l’ « American Association for State and Local History. »

Le meilleur moyen de faire mieux connaître le travail considérable et méthodique du F. Éloi-Gérard est de citer la Préface du Frère Roméo Allard comme nous la trouvons en page VIII du tome 2 de « Généalogie pour les comtés de Charlevoix-Saguenay. »

Un confrère nous le présente plus amplement

F. Roméo Allard,  dans la présentation qu’il fait de son confrère et de son oeuvre, commence par citer ce passage bien connu de Menaud, Maître-draveur de Mgr Félix-Antoine Savard :

« Nous sommes venus, il y a trois cents ans et nous sommes restés ! Nous avions apporté d’outre-mer nos prières et nos chansons : elles sont toujours les mêmes ! Nous avions apporté dans nos poitrines le cœur des hommes de notre pays vaillant et vif… Il n’a pas changé ! Nous sommes d’une race qui ne sait pas mourir ! » Et Frère Roméo Allard de poursuivre : « C’est pour que l’assemblée de ceux qui sont nés d’eux puissent chanter leur sagesse que le Frère Éloi-Gérard Talbot a publié, en 1940, le « Recueil de généalogies des comtés de Charlevoix et de Saguenay. »

« Je viens, écrivait alors Frère Éloi-Gérard, de terminer la compilation des mariages de ces deux comtés. C’est un travail qui m’a coûté trois années de longues et patientes recherches.
J’ai fait le relevé des 22 451 mariages inscrits dans les registres d’état civil conservés au greffe de La Malbaie. »

Ce travail de longue haleine, Frère Talbot a pu le faire grâce à la clairvoyance des premiers ouvriers de la Nouvelle-France qui s’imposèrent le soin de tenir les registres nationaux.

Admirable, en effet, fut le travail de nos curés : du Père Le Caron, récollet, qui ouvrit le registre de Québec, en 1618, par le mariage « entre Étienne Jonquest, de Normandie, et Anne Hébert, fille de Louis Hébert » ; du jésuite Poncet qui ouvrit celui de Ville-Marie par le baptême d’un Indien : « Anno 1642, die 28 aprilis, Ego Josephus Poncet, societatis Jesu, sacerdos, baptizani Anintakete. »

Par la suite, au fur et à mesure de la fondation des paroisses, furent ainsi consignés, au civil et au religieux, les actes de naissance, de mariage et de décès.

Admirable fut le travail des notaires royaux, enregistrant depuis le premier juillet 1636, les contrats de mariages, les ventes et les achats des terres… alors que les cours de justice établies à Québec, par Louis XIV, dès décembre 1674, nous renseignaient sur les procès du temps.

Grâce à cette documentation exceptionnelle dont ne peut se vanter peut-être aucun autre pays,  Frère Éloi-Gérard Talbot a pu remonter à l’ancêtre d’origine de chaque famille, indiquant même lorsque la chose était possible, le nom des parents de l’ancêtre, la province ou le pays d’où il venait, la date et l’endroit de son premier mariage. C’est pourquoi chaque famille de ces deux comtés peut composer sa petite histoire généalogique, établir les liens de parenté qui l’unissent à d’autres et intercaler les dates qui l’intéressent avec celles de la grande histoire du pays. Chacun pouvant ainsi faire sa propre généalogie, il lui est permis de la mieux comprendre et de la mieux goûter.

Ce Recueil a représenté un travail gigantesque de la part du Frère Éloi-Gérard Talbot comme le rappelle Mgr Victor Tremblay, lui-même grand historien. « Il fallait son énergique application, ses aptitudes et sa puissance de travail exceptionnelle pour réaliser cet ouvrage ! Comment, en marge de ses devoirs de professeur, a-t-il pu relever et analyser tant d’actes d’état civil, compiler, agencer et placer en des tableaux précis tant de détails, faire pour tant de familles le relevé généalogique qui prend des années à celui qui le fait seulement pour la sienne ? »

Cette deuxième édition se veut encore plus près des sources, ce qui a permis quelques retouches et corrections en plus de quelques amplifications.

Puisse ce recueil être dans toutes les familles de Charlevoix et de Saguenay ! »

Cette citation d’une préface fort élogieuse nous montre à l’évidence l’esprit de système du Frère Éloi-Gérard, un système qui facilite grandement  les recherches des vrais généalogistes comme celles des amateurs. »

Roland-J. Auger, alors directeur des Archives nationales du Québec, vantait dans la Préface de « Généalogie de Montmagny, L’Islet et Bellechasse », le travail du Frère Éloi-Gérard. Il écrivait : « Les généalogistes, les démographes, les généticiens, enfin tous les chercheurs qui consulteront ce dictionnaire généalogique en plusieurs tomes y verront d’un seul coup d’œil la descendance des ancêtres et apprécieront à la fois la simplicité et la facilité du système de classement choisi par le Frère Éloi-Gérard. C’est la numérotation, à gauche pour l’ascendance, et à droite pour la descendance. C’est d’ailleurs le même système que l’on retrouve dans les familles de la Beauce, Dorchester et Frontenac.

Pour parvenir à cette fin, l’auteur a dû consulter des milliers et des milliers de registres paroissiaux et, qui sait, peut-être plus d’un million d’actes d’état civil. Sans compter aussi la consultation des contrats de mariages devant notaires dans bien des cas ! »

Cependant, la méthode utilisée par F. Éloi-Gérard admet des limites comme nous pouvons en prendre connaissance sur le site de la « Fédération québécoise des sociétés de généalogie » dans le « Portail de la généalogie québécoise » sur Internet.  Je juge opportun de noter ici les remarques et restrictions que l’on y trouve :

« La façon originale et différente de classer l’information et de la relier entre elles par un système de renvois numériques caractérise les ouvrages du frère Éloi-Gérard Talbot. Elle est parfois reprise par d’autres chercheurs mais, dans ces derniers cas, la présence d’un index par patronyme du nom du conjoint permet de retracer rapidement un mariage. Cela permet de résoudre le problème principal dans les ouvrages de Talbot qui est de trouver un mariage qui servira de référence.
Il est à noter que cette méthode de classification n’est applicable qu’à une famille et qu’une fois l’ancêtre identifié; en effet, la cohérence des numéros attribués à chacun des mariages dépend de la relation établie avec cet ancêtre. »

Le conférencier

Frère Éloi-Gérard fut aussi un conférencier invité par les amis de son œuvre, à Québec, à Montréal, à Sherbrooke et même aux Etats-Unis, car il était parfait bilingue. Il émerveillait ses auditoires par sa mémoire prodigieuse, le récit de nombreux épisodes tirés du terroir beauceron, sa riche documentation et surtout par son entregent marqué de cordialité et de bonhomie.

Ainsi, le 10 octobre 1966, il participait à une conférence organisée par La Société de généalogie de Québec. Le sujet traité : « Les premiers notaires de Montmagny. » Le 27 octobre 1968, il y traitait des « Surnoms des familles de Beauce. »  J’ai puisé sur Internet les détails concernant ces deux conférences.

Membre de plusieurs Sociétés

Au cours de sa longue carrière de généalogiste, il fut membre de plusieurs Sociétés. J’en ai cité quelques-unes auparavant. Je vous en livre ici une liste plus complète :

Société historique de Québec
Société des Cahiers Percherons de France
Société généalogique d’Alençon, France
Société généalogique du Saguenay
Société généalogique Canada-France dont il fut l’un des dix membres fondateurs.
Congress Library of Washington
National Genealogical Society

Il faudrait citer ici les noms de cinq ou six autres sociétés auxquelles il  ne participa qu’occasionnellement.

Bibliographie

Voici une longue liste que je ne prétends pas exhaustive des publications de ce généalogiste. On reste étonné du nombre de volumes que ces ouvrages représentent !

Talbot, F. Éloi-Gérard,  Recueil de généalogies des comtés Charlevoix et Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1939,  Tome 1    A à J.

Talbot, F. Éloi-Gérard,  Recueil de généalogies des comtés Charlevoix et Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1939, Tome 2    K à Z.

Talbot, F. Éloi-Gérard, Recueil de généalogies des comtés de Beauce, Dorchester et Frontenac. 11 volumes publiés entre 1949 et 1955.

Talbot, F. Éloi-Gérard, Recueil de généalogies des comtés de Beauce, Dorchester, Frontenac (1625-1946). 11 volumes.

Talbot, F. Éloi-Gérard, Généalogie des familles originaires des comtés de Montmagny, l’Islet et Bellechasse. 16 volumes.

Talbot, F. Éloi-Gérard,  Généalogie pour les comtés de Charlevoix et de Saguenay. (600 pages contenant des données sur  140 000 mariages).

Talbot, F. Éloi-Gérard,  Recueil de généalogies des comtés de Charlevoix et Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1939 [nouvelle édition révisée parue en 1996].

Talbot, F. Éloi-Gérard et St-Hilaire, Guy, Mariages de ST-Jean-Chrysostome (1830-1966), St-Romuald-d’Etchemin (1854-1966).

Talbot, F. Éloi-Gérard et St-Hilaire, Guy. Mariages de Lauzon (St-Joseph de la Pointe-de-Lévy) 1679-1965.
Publication B. Pontbriand, Montréal (Québec), 1966.

Talbot, F. Éloi-Gérard et Pontbriand, Benoît,  Mariages de St-Lambert (1854-1967), St-Étienne (1861-1967), St-David (1877-1967) (Comté de Lévis).  Publication No. 61, Publication B. Pontbriand, Sillery (Québec).

F. Éloi-Gérard et B. Pontbriand, Mariages de St-Apollinaire (1867-1967), St-Flavien (1856-1967), St-Agapit (1867-1967) Dosquet (1912-1967 comté de Lotbinière, Québec, 1968.

Mariages St-Henri-de-Lauzon (1854-1968), St-Étienne (1861-1967), St-David (1867-1967) Comté de Lévis

Talbot, F. Éloi-Gérard, Répertoire des contrats de mariages de Charlevoix-Saguenay, 400 pages.

Talbot, F. Éloi-Gérard, Mariages St-Joseph-de-la-pointe-Lévy, 1679-1965).

Talbot, F. Éloi-Gérard, Inventaire des contrats de mariages au greffe de Charlevoix.  Chicoutimi, Société historique du Saguenay, 1943, 373 pages. (N.B. Ce volume contient des pages de corrections du Recueil de généalogies de Charlevoix-Saguenay,  édition  1941.)

Talbot, F. Éloi-Gérard, Histoire de La Malbaie.

Talbot, F. Éloi-Gérard, Inventaire des greffes du notaire Abel Pichon, de 1709 à 1749.

Talbot, F. Éloi-Gérard, Supplément aux volumes de généalogie de Beauce-Montmagny-L’Islet, Goulet, Napoléon, éditeur  1978,   113 pages.

Plusieurs de ces ouvrages ont connu  des rééditions.

Un successeur

F. Eloi-Gérard Talbot prit sa retraite de l’enseignement en 1966 pour faire partie de la communauté de Château-Richer, alors lieu d’implantation de la Maison Provinciale. Il y vécut dix ans y poursuivant ses activités de généalogiste. Il décéda le 25 mai 1976. Frère Victorin Paré, son successeur, continua pendant quelques années l’œuvre si bien commencée par Frère Éloi-Gérard en révisant des dizaines de milliers de fiches laissées par son prédécesseur à la lumière des nouvelles données reçues de correspondants, généalogistes ou non, et des corrections inévitables que peuvent exiger des relevés de tant de documents.   Il travailla alors à une réédition complète de « Généalogie de Charlevoix-Saguenay » en six volumes. Il présentait en tête un « Avertissement au lecteur » dont voici un passage :

« L’œuvre du Frère Éloi-Gérard Talbot, mariste, ayant été accueillie gracieusement par les généalogistes, par un bon nombre de Canadiens, ainsi que par certains étrangers, nous avons décidé de faire publier une nouvelle édition revue et corrigée en six volumes qui apportera plus de précisions… Vous remarquerez aussi que nous sommes « remontés dans le passé et descendus dans le présent », grâce aux familles qui nous ont fourni des renseignements complémentaires. »

L’ensemble des œuvres du Frère Éloi-Gérard fut vendu par la suite à la « Société de généalogie de Lanaudière. » Cette transaction importante comportait des milliers de fiches et des centaines d’ouvrages invendus alors. Cette Société a été choisie parce qu’elle était à même de poursuivre les travaux de généalogie entrepris avec enthousiasme par F. Éloi-Gérard.

Une très riche bibliothèque

Au cours de ses longues années de recherches, F. Éloi-Géard avait constitué une très riche bibliothèque généalogique et historique qui comporte plus de 1600 volumes et autres documents. Quand il prit sa retraite du monde de l’enseignement, il fit partie de la communauté de  Château-Richer. Il organisa son bureau dans un grand appartement qui devint en même temps le local de sa bibliothèque  généalogique. Cette solution lui plaisait, car elle facilitait le travail qu’il poursuivait dans ce domaine, un travail qui devenait alors sa tâche principale. Il y travailla durant les dix dernières années de sa vie.

Cette bibliothèque a été conservée intégralement  et elle n’est pas à vendre. Une très sage décision prise à la lumière sans doute de l’attention qui est portée sur les valeurs patrimoniales. Elle demeure  propriété des Frères Maristes tout en étant  prêtée à la « Société de généalogie de Château-Richer » où elle peut servir aux nombreux chercheurs qui fréquentent ce centre généalogique important de la Côte de Beaupré.

Sur demande, les Archives des Frères Maristes du Canada, à Château-Richer, pourraient vous communiquer les données sur   cette bibliothèque généalogique. De même, le fonds F. Éloi-Gérard Talbot, conservé à Château-Richer, peut être consulté par les chercheurs. Par ailleurs, deux  fonds  - Famille Talbot-Veilleux et Frère Éloi-Gérard Talbot -  sont conservés à Beauceville,  « Société du patrimoine des Beaucerons. »

Quelques témoignages éloquents

Lors de son décès, plusieurs témoignages sont parvenus à Château-Richer. Je vous en livrerai ici quelques-uns pour vous permettre de vous rendre compte de l’estime dont jouissait ce confrère auprès de la population.

« Je connaissais F. Éloi-Gérard depuis plus de trente ans alors qu’il était à La Malbaie. C’était un bon ami. J’ai toujours suivi ses travaux avec intérêt. J’espère que vous pourrez continuer de publier des généalogies de Bellechasse-Montmagny-L’Islet au-delà du volume XII… Je m’inscris naturellement pour recevoir la suite, et vous prie de me croire… » (Luc Lacourcière, Cité universitaire, Québec.)
« Je crois sincèrement que F. Éloi-Gérard fut un colosse digne d’être présenté à l’admiration, sans oublier sa merveilleuse facilité d’éveiller l’amitié par ses récits et ses réparties captivantes……. Comment a-t-il pu mener de front ses études personnelles, son travail remarquable de professeur et ses recherches en filiation familiale si ce n’est grâce à une forte santé, à une très belle intelligence et un idéal farouche poursuivi et réalisé par son œuvre ? Un modèle de pluralisme ! » (F. R. A.)
« Les publications généalogiques des familles de Charlevoix-Saguenay sont une œuvre gigantesque, à la portée sociale et nationale……. » (Mgr Victor Tremblay)
« L’œuvre du F. Éloi-Gérard reste un modèle dans le genre et j’espérerais que beaucoup de jeunes puissent l’imiter, afin de doter le Québec de tels instruments de travail pour les généalogistes. Sa spécialité était de tracer la généalogie des familles à l’échelon des comtés, ce qu’il était seul à faire et ce qui est extrêmement utile aux chercheurs et leur permet de sauver beaucoup de temps. » (R.A., Archives provinciales, section généalogie)

Je terminerai par ce dernier témoignage provenant de M. Benoît Pontbriand, agronome, qui  fut publié dans L’Ancêtre, page 449, numéro de juin 1976 :

« F. Éloi-Gérard était un patriote québécois convaincu. De sa lecture assidue des grands quotidiens, il assimilait rapidement tout ce qui concerne le développement du Québec. C’est dans ce même esprit qu’il avait entrepris son œuvre de portée nationale et sociale. Il voulait donner de la fierté à ses compatriotes, leur prouver qu’ils descendaient de fondateurs honnêtes, braves, énergiques, travailleurs et créateurs. Son message a passé et des disciples achèvent de mettre à la portée du public la compilation des mariages à la grandeur du Québec. Il laisse donc une œuvre, une bibliothèque, une documentation des plus imposantes en généalogie et en histoire. »

C’est sur ce dernier hommage que je termine ici ces quelques pages dans lesquelles j’ai voulu faire revivre une figure mémorable parmi nos généalogistes québécois. Son œuvre n’a pas l’envergure de celle de Mgr Cyprien Tanguay, mais elle est de même qualité, poursuivant les mêmes buts : faire connaître aux générations actuelles qu’elles sont issues d’une race fière, attachée aux valeurs qui permettent à la société actuelle de s’épanouir sous le soleil, grâce aux exemples de  vie laborieuse  de fiers devanciers.

Souhaitons qu’un biographe puisse nous présenter la carrière étonnante de ce généalogiste  qui a suscité des centaines d’amateurs de cette discipline qui ont pu, grâce à ses recherches, établir facilement la généalogie de leurs propres familles. Actuellement, les sources qui facilitent une telle entreprise sont nombreuses et d’accès facile.  

CONCLUSION

En terminant ces pages,  permettez-moi de  donner la réponse à la question que je  posais en introduction : « Comment est-il possible de concilier ces deux tâches, celle de professeur et celle de généalogiste ? » En sachant gérer son temps dans le respect des priorités. F. Éloi-Gérard a su utiliser son temps de façon planifiée. Il savait se reposer… en travaillant à autre chose. C’est que le changement dans des occupations constitue une forme de repos en venant rompre l’attention dirigée tantôt sur un sujet, tantôt sur un autre. Quatre activités principales ont occupé le temps du F. Éloi-Gérard : les exercices de la vie religieuse (prières, messe, méditation…) l’enseignement, les études (lectures, cours, etc.), la généalogie.

Grâce à cette discipline quasi-militaire, il a su abattre une somme impressionnante de travaux. Je viens de parler de discipline quasi-militaire mais il faut supprimer le quasi… F. Éloi-Gérard a suivi les cours de Grade A de l’armée canadienne, cours qui formaient des entraîneurs de corps de cadets. Il avait le titre de capitaine. Par la suite, il a dirigé des groupes de cadets pendant plusieurs années, au Collège Laval d’abord, puis à Chicoutimi et dans plusieurs écoles où cet entraînement existait. L’aspect formateur de tels cours le séduisait car l’armée reste une école d’énergie, de soumission et de solidarité, autant de valeurs importantes en éducation.

De plus, il devait se rendre dans des centres qui conservent les données généalogiques en sécurité car de tels documents ne sortent jamais des lieux où ils sont conservés. Il est donc impossible d’emprunter ces volumes comme on peut le faire  pour certains livres de bibliothèque ; cette politique cause aux usagers des déplacements fréquents, parfois longs et coûteux.

Qu’on imagine les efforts qu’exigent de telles recherches, que l’on dresse la liste  de ses ouvrages en ce domaine… alors,  on ne peut que proclamer haut et fort  une profonde admiration envers  ce généalogiste chevronné. Il aura laissé aux siens une somme impressionnante de données qui, de nos jours, facilitent grandement le travail des généalogistes et le plaisir  de ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire de leur famille.  Il n’est que de composer TALBOT ÉLOI-GÉRARD sur Internet  en utilisant GOOGLE, pour nous rendre compte du nombre de données que nous pouvons obtenir sur les œuvres de ce généalogiste chevronné.

BIBLIOGRAPHIE

Bibliothèque Talbot, F. Éloi-Gérard. Archives des FF. Maristes du Canada. 1635 entrées.

Fonds Talbot,  F. Éloi-Gérard, Archives des FF. Maristes du Canada.

Internet Répertoire Talbot Index : F. Éloi-Gérard. Étude d’environ 100 éléments sur les 187 de ce répertoire.

Nicole, F.  Pierre-Adolphe  Monographie F. Éloi-Gérard Talbot, 1899-1976, 16 pages.

NOTA BENE

Je communique quelques données à l’adresse de ceux et celles qui seraient intéressés à poursuivre des recherches sur l’œuvre de cet important généalogiste.

1- Les Archives des FF. Maristes du Canada, Château-Richer.

2- La Société du patrimoine des Beaucerons. Elle possède plus de 230 fonds d'archives provenant d'individus, de familles, d'organismes, de clubs sociaux, d'entreprises et de fabriques, dont la plupart sont accessibles et peuvent être consultés dans nos locaux.

Elle dispose d'instruments de recherche pour faciliter la tâche des chercheurs :

- État général des fonds
- Répertoires de fonds
- Bases de données informatisées
- Inventaires architecturaux et patrimoniaux

Elle possède le fonds Frère Éloi-Gérard Talbot et de la famille Wenceslas Talbot et Caroline Veilleux.

Photos

1. F. ÉLOI-GÉRARD TALBOT, 1899-1976


2. F. ÉLOI-GÉRARD DANS SA BIBLIOTHÈQUE


3. F. ÉLOI-GÉRARD TALBOT, DÉCORATIONS

• MÉRITE SCOLAIRE 3E DEGRÉ
• MÉDAILE GEORGES VI  (1937)
• MÉDAILLE ÉLIZABETH II  (1953)


4. RÉSIDENCE ET ÉCOLE DES FF. MARISTES :
ÉCOLE LAURE-CONAN, LA MALBAIE



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 11 janvier 2009 11:12
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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