[iii]
Avant-propos
- « L’homme n’est point né pour résoudre les problèmes du monde, mais pour chercher où le problème commence, afin de se tenir dans les limites de l’intelligibilité. » (Johann Wolfgang von Gœthe)
Cher lecteur,
Le domaine des humanités se caractérise de curieuse façon par rapport aux autres domaines. Chez ces derniers, on prétend que les solutions viennent finalement à bout des problèmes.
Ainsi, Karl Marx écrivit : «Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières, il s'agit maintenant de le transformer». Il est décédé sans avoir vu ce qui est arrivé à ceux qui l’ont cru.
L’ambition de Johann Wolfgang von Gœthe était plus modeste, comme en témoigne la phrase que j’ai citée en exergue à cet avant-propos. Dans le domaine des humanités, ce sont les problèmes qui viennent à bout des solutions offertes de temps à autre.
Dans cette étude, je soulève l’interrogation suivante : faut-il suivre la recommandation de Démocrite : «Mieux vaut réfléchir avant d’agir que regretter après avoir agi.», ou celle de Mathurin Régnier : «Qui choisit prend pire.» ?
À propos de l’alternative : «Il y aura demain une bataille navale ou il n’y en aura pas.», Aristote a écrit : «Il faut alors nécessairement que l’une des deux propositions contradictoires soit vraie et l’autre fausse, mais ce n’est pas forcément celle-ci plutôt que celle-là : en fait, c’est n’importe laquelle, et, bien que l’une soit vraisemblablement plus vraie que l’autre, elle n’est pas pour le moment vraie ou fausse.»
En est-il de même pour l’alternative : «Demain, j’agirai comme ceci ou comme cela.» ? Si oui, comment pourrait-il être possible d’avoir une droite règle vraie en matière éthique ?
Dans cette étude, où j’ai exploré cette problématique, je me suis rendu compte, à l’exercice, qu’elle était fort complexe, bien que fort intéressante. Suis-je parvenu à la résoudre ?
Je juge m’être au moins conformé à l’enseignement de Johann Wolfgang von Gœthe. Si «l’homme n’est point né pour résoudre les problèmes du monde», qui suis-je pour prétendre le contraire ? Néanmoins, j’ai fait l’effort de «chercher où le problème commence», et de me «tenir dans les limites de l’intelligibilité».
Ai-je réussi ? Évidemment, lecteur, il t’appartient d’en juger !
Gilles Plante
Saint-Étienne-des-Grès, 31 juillet 2013
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