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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“ L’université, les universitaires et la gauche... ” (2000)
Présentation de l'oeuvre


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Jean-Marc Piotte, “ L’université, les universitaires et la gauche : préambule aux textes de Normand Baillargeon, Jean-Marc Fontan, Mona-Josée Gagnon, Lucie Lamarche, Karen Messing et Ruth Rose ”. Un article publié dans la revue Cahiers de recherche sociologique, no 34, 2000 [Thème : Les universitaires et la gauche], pp. 5 à 24. Montréal : département de sociologie de l’UQAM. [Autorisation accordée le 21 juin 2003.]

Introduction


L'université est, depuis le XIIe siècle, le lieu privilégié de formation des intellectuels, c'est-à-dire de ceux qui ont une compétence et une expertise particulières dans un domaine du savoir et dans son expression. Depuis sa fondation, rares sont les intellectuels qui ne sortent pas de son sérail. Parmi ces autodidactes, il y a Rousseau et Pierre-Joseph Proudhon qui seront, faut-il s'en étonner ? des défenseurs des démunis contre les dominants.

Au Moyen Âge, l'enseignement universitaire est divisé en quatre domaines, dont deux visent une formation professionnelle (droit et médecine) et deux, une formation plus générale (théologie, alors le Savoir de tous les savoirs, et arts). Ces derniers comprennent le trivium (grammaire, rhétorique et logique) et le quadrivium (musique, arithmétique, géométrie et astronomie). L'université est donc, dès son origine, traversée par une tension entre ceux qui poursuivent une recherche désintéressée du savoir et ceux qui veulent acquérir un savoir pratique. Très peu d'étudiants sont appelés à devenir maîtres, professeurs à l'université. Ceux qui aspirent à des postes supérieurs dans l'Église ou dans les principautés choisissent le droit, voie d'accès privilégiée à ces fonctions. Tous les étudiants désirent évidemment mettre en valeur, d'une façon ou d'une autre, les connaissances acquises.

Le studium constitue un troisième pouvoir à côté de ceux du regnum et du sacerdotum. Ce pouvoir n'est pas équivalent à celui des deux autres. Le studium est organisé en corporation qui, à l'instar des autres corporations, accorde à ses membres une certaine indépendance au sein des communes. La corporation se caractérise par une autonomie interne (droit de se donner des statuts définissant les rapports entre recteur, maîtres et étudiants) et par une reconnaissance de sa personnalité morale par les pouvoirs locaux, civils et ecclésiastiques. Le pouvoir au sein de l'université relève, selon les villes et les époques, des maîtres, de la communauté des maîtres et des étudiants, plus rarement des étudiants ou du recteur. L'autonomie revendiquée s'exerce surtout face aux acteurs locaux : le pouvoir ecclésiastique, le pouvoir civil, et le peuple qui n'apprécie guère les habitudes non conformistes de ces étudiants venant d'un peu partout en Europe. La papauté accorde sa protection aux universités et obtient en échange leur appui pour défendre l'orthodoxie contre les hérésies et son pouvoir contre les visées hégémoniques de l'empereur.

L'université transmet le savoir acquis et l'étend. Comme toute institution, elle est plus encline à reproduire les connaissances reçues qu'à innover. La Renaissance, si elle est portée par des intellectuels ayant pour la plupart une formation universitaire, se déploie à l'extérieur des universités et contre l'enseignement des maîtres. Les Lumières, en France, se répandent de même largement autour de l'encyclopédie et hors des enceintes universitaires. Il n'y a pas un âge d'or des universités qui, autonomes face à la société, se seraient consacrées de facto à la recherche désintéressée de la vérité. Cet idéal d'autonomie au service de la recherche désintéressée fait partie de l'idéologie spontanée des professeurs d'université. L'université, depuis le XIIe siècle, a évidemment subi de profondes transformations, mais, et pour l'essentiel, les universités produisent, à chaque époque, dans chaque pays et à travers tous les changements, les intellectuels nécessaires au fonctionnement de la société, intellectuels qui sont évidemment dépendants des classes économiquement, politiquement et culturellement dominantes (1).


(1) Sur les universités, J. Verger,
Les universités au Moyen Âge, Paris, Quadridge/PUF, 1973 ; H. de Ridder-Symoens (dir.), A History of the University in Europe, Cambridge University Press, 1992, vol. I ; L. Bodin, Les intellectuels existent-ils ?, Paris, Fayard, 1997.


Retour au livre de l'auteur: Jean-Marc Piotte Dernière mise à jour de cette page le Lundi 07 juillet 2003 13:57
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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