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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Sens et politique. Pour en finir avec de grands désarrois (1990)
Liminaire


Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Jean-Marc Piotte, Sens et politique. Pour en finir avec de grands désarrois (1990). Montréal : VLB Éditeur, 1990, 188 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 27 mai 2004].

Liminaire

À l’Ouest, tout est calme. Les nouveaux mouvements sociaux qui avaient bouleversé l'ordre établi dans les années 60 et 70 se sont assoupis. Des intellectuels, jadis adeptes du changement, sont devenus postmodernes, posture idéologique justifiant le désengagement social. Le Québec s'inscrit évidemment dans cette mouvance dont l'origine remonterait à la crise économique amorcée par le premier choc pétrolier en 73. Ici, l'échec référendaire marque ce passage d'une société animée par des espoirs à une société résignée à ses maîtres. Le PQ, social-démocrate durant son premier mandat, devient néo-libéral dans le second. Il réduit de 12 à 20 % les salaires dans le secteur public et para-public tout en votant des augmentations salariales qui font de la députation du Québec celle qui est la mieux payée au Canada. Par les décrets et la loi 37, il brise les syndicats du secteur public, fer de lance de la combativité du mouvement syndical et pépinière où le PQ recrutait bon nombre de ses militants. Le PQ pave ainsi la voie au retour victorieux du Parti libéral de Bourassa. Depuis lors, les syndicats cherchent maladroitement à se protéger des coups assénés par les gouvernements et le patronat. Depuis lors, les groupes populaires, composante essentielle du mouvement social et national, accordent la priorité aux services à la population et négligent la contestation du pouvoir.

À l'Est, tout bouge. Ceux qui expriment publiquement leurs émotions et leurs idées, les artistes et les intellectuels, réclament pour tous la liberté d'expression. Les consommateurs remettent en question la planification centralisée, bureaucratique, autoritaire et demandent un retour plus ou moins radical au marché. Les citoyens exigent la démocratisation de l’État. Ces trois grands objectifs poursuivis selon des modalités et des rythmes différents par des secteurs plus ou moins larges de la population touchent chacun des pays de l'Est. Beaucoup d'intellectuels de ces pays sont fascinés par les sociétés capitalistes industrialisées : les USA seraient un modèle à imiter. Ils semblent donner raison à Thatcher, Bush et Mulroney qui se pavanent. Vivant au centre de ce qui apparaît souvent à l'Est comme des oasis de liberté et de prospérité, nous en connaissons les manques en terme de justice et de sécurité sociale, nous savons que la progression du P.I.B. y masque la croissance du chômage, de la précarité du travail, de la pauvreté. Comment appuyer les luttes démocratiques des peuples des pays de l'Est sans tomber dans les bras de Thatcher ? Serions-nous condamnés au choix entre socialisme existant réellement et capitalisme tout aussi réel ?

Le tiers-monde recouvre des réalités fort contrastées. Les différences sont sans doute plus nombreuses que les ressemblances entre les Nouveaux pays industrialisés (NPI) et ceux qui s'enfoncent dans la dépendance et la misère. Ces derniers sont traversés par des luttes pour un développement économique et social autogéré. Si on excepte les pays de religion musulmane, le marxisme-léninisme y occupe toujours une place importante parmi les révolutionnaires. Lénine demeure un maître pour bien des leaders asiatiques, latino-américains et africains adeptes de transformations radicales. Malgré la crise qui traverse les pays de l'Est, le marxisme-léninisme n'est pas mort. On peut même prévoir qu'il continuera pour certains de servir de guide dans les pays où la grande propriété foncière n'a pas été démantelée par une réforme agraire.

Les trois textes qui suivent s'inscrivent dans ce contexte idéologique. Ils peuvent être lus séparément l'un de l'autre et dans l'ordre désiré par le lecteur. Cependant, ils ont été écrits dans la succession où ils sont présentés et constituent le résultat d'un questionnement précis, d'un cheminement articulé.

Le premier interroge la principale idéologie révolutionnaire du XXe siècle, le marxisme-léninisme. Je remonte aux origines de celui-ci, relève les débats entre Marx, Proudhon et Bakounine, entre Kautsky, Bernstein et Luxembourg, entre Lénine et ces derniers, confronte leurs analyses aux grands événements révolutionnaires (1848 et 1871 en France, 1905 et 1917 en Russie) qu'ils ont cherché à comprendre, à expliquer. Cette étude met en lumière les multiples discussions qui ont enrichi le marxisme avant que le marxisme-léninisme ne vienne les occulter. Elle montre comment le léninisme introduit une rupture avec la tradition révolutionnaire du XIXe siècle. Elle permet de mieux saisir les destins séparés du marxisme-léninisme et de la classe ouvrière. Elle éclaire les bouleversements en cours dans les pays de l'Est, la IIe Internationale semblant prendre sa revanche sur la IIIe.

Aux utopies de 68 a succédé la postmodernité comme courant idéologique influent chez les intellectuels et les artistes, chez les étudiants de sciences humaines, de lettres et d'arts. J'interroge Jean-François Lyotard qui a lancé en 1979 ce courant devenu une mode. Je confronte ses analyses à celles de Bell et Touraine sur la société post-industrielle dans le sillage desquelles il dit se situer. je lui oppose les perspectives utopiques d’Habermas – qui est aussi un adversaire acéré de la postmodernité – et de Gorz. Au-delà de la critique de la postmodernité, je cherche à dégager un espace pour penser le devenir de la société sans tomber dans une philosophie de l'histoire.

Les analyses des deux premiers textes encadrent les éléments du projet de société que j'esquisse dans le troisième. Comment penser ensemble développement économique et développement social, marché et État, poursuite de la liberté et recherche de la justice, efficacité économique et respect de l'environnement ? Comment protéger les sphères d'existence humaine qui n'ont pas encore été colonisées par l’État ou le marché ? Ces réflexions s'organisent autour des effets de la crise économique sur ce qui constitue notre principale activité dans les sociétés industrielles, le travail.

Je ne cherche pas seulement à interpréter l'époque dans laquelle nous vivons : je désire encore changer le monde. Les valeurs de la révolution française – liberté, égalité, fraternité – méritent toujours que nous poursuivions leur réalisation.


Retour au livre de l'auteur: Jean-Marc Piotte, sociologue, retraité de l'enseignement, UQAM. Dernière mise à jour de cette page le Dimanche 22 août 2004 09:46
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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