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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La lutte syndicale chez les enseignants. (1973)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Sous la direction de Jean-Marc Piotte Lucie Bernier, Serge Denis, Georges Karam, Kenneth Kerr, Robert Kieffer, Louis Le Borgne, Jean-Marc Piotte, Mathias Rioux. La lutte syndicale chez les enseignants. Montréal : Les Éditions Parti Pris, 1973, 163 pp. [Le 8 juillet 2021, Mme Marie Leahey, au nom de M. Jean-Marc Piotte, nous accorde l'autorisation de diffuser ce livre en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

[7]

La lutte syndicale chez les enseignants.

Introduction

OBJECTIFS ET MÉTHODE

Nous avons pris connaissance dans un des numéros de Socialisme 69 d’un débat entre Michel Pichette et Hélène David [1]. Le premier condamnait le syndicalisme en l’accusant d’être un moyen privilégié, utilisé par les classes dominantes, pour intégrer les travailleurs au système capitaliste ; la seconde rétorquait que le syndicalisme était le seul moyen que possédaient les travailleurs pour défendre leurs intérêts économiques. C’était une discussion sans issue. Les deux affirmations étaient courtes ; le problème était mal posé.

Il est évident que le syndicalisme peut servir à intégrer les travailleurs au système capitaliste. Tout le système de négociation repose sur la possibilité d’arriver à une entente qui ne remet pas fondamentalement en question la répartition des pouvoirs entre les patrons et les travailleurs, et implique qu’entre les périodes des négociations, on instaure une trêve, un climat de paix sociale qui permet au patronat d’exploiter en toute quiétude la force de travail de ses employés. La convention collective est ainsi un contrat par lequel les travailleurs permettent aux patrons de leur extorquer de la plus-value, de faire sur leur dos des profits, en échange d’une certaine somme d’argent et de certains avantages [8] sociaux. Mais, d’autre part, le syndicat est le seul moyen de défense économique des travailleurs. Faut-il leur demander de jeter aux rebuts leurs syndicats en attendant une révolution ? La politique du “tout ou rien” a toujours été une position moraliste, une position d’intellectuel petit-bourgeois, condamnée à l’inefficacité, parce que coupée des conditions matérielles et bien concrètes dans lesquelles doit s’incarner toute politique. Le syndicat est non seulement un moyen de défense économique des travailleurs, mais aussi un instrument pour contester le pouvoir absolu du patronat en lui fixant des limites : la convention, si elle permet à la bourgeoisie d’exploiter les travailleurs, fixe aussi les limites de cette exploitation. Et enfin, une conscience politique de classe ne peut s’ériger que sur le fondement d’une conscience de classe économique. Or, celle-ci est principalement l’œuvre de la lutte syndicale. C’est ce que Lénine a compris lorsqu’il a fait le point sur l’expérience de la Révolution de 1905 [2]. Vouloir développer une conscience politique de classe en ignorant la lutte syndicale consiste à se fixer un objectif, en ne s’en donnant pas les moyens.

Les deux fonctions du syndicalisme - intégration des travailleurs au système capitaliste et contestation du pouvoir patronal par les travailleurs - sont liées au sein du système capitaliste. Selon le stade atteint par le développement capitaliste, selon le type de formation sociale et selon le rapport spécifique existant entre les travailleurs et l’employeur dans telle ou telle entreprise déterminée, l’aspect principal de la contradiction sera ou l’intégration des travailleurs ou le développement de leur conscience de classe. Le rôle des militants politiques consiste à lutter pour que la fonction de contestation du pouvoir patronal soit l’axe dominant du syndicalisme.

Le stade atteint par la croissance du capitalisme mondial favorise actuellement la formation d’une conscience de classe. [9] La période actuelle rejoint, à un certain niveau, l’époque des débuts du syndicalisme. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le syndicalisme n’était pas reconnu juridiquement. La lutte syndicale contestait alors directement le système capitaliste dans la mesure où la grève n’était pas reconnue légalement, dans la mesure où toute revendication économique conduisait plus ou moins directement à un affrontement avec l’État qui mettait son appareil (tribunaux, police et armée) au service de l’employeur particulier, afin de briser la résistance des travailleurs Avec l’octroi de la reconnaissance syndicale par l’État bourgeois, la fonction d’intégration du syndicalisme a tendu structuralement à prendre la position dominante par rapport à sa fonction de contestation Dans cette situation, les travailleurs politisés ont répondu par trois formes de syndicalisme : les syndicats communistes, subordonnés, par l’intermédiaire des militants, au parti, afin de limiter la fonction d’intégration du syndicalisme ; les syndicats sociaux-démocrates dont le parti n’est que l’extension et qui conduit à négocier économiquement et politiquement avec la bourgeoisie sans remettre son pouvoir en question ; enfin, les syndicats anarchistes qui se posent en même temps comme l’arme politique révolutionnaire pour abattre la bourgeoisie. Ces derniers syndicats, refusant toute trêve avec la bourgeoisie, ne se sont maintenus que dans les entreprises où le pouvoir de pression économique des travailleurs est très puissant (par exemple, chez les débardeurs de la Côte Pacifique aux U.S.A.). Dans les autres endroits, la bourgeoisie, utilisant sa force économique et politique, et quelquefois avec la complicité des syndicats rivaux, a réussi à anéantir ces syndicats.

Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, la croissance du capitalisme a conduit au capitalisme monopoliste d’État. Celui-ci joue un rôle de régulateur et intervient directement et massivement dans le domaine économique. L'État, devenu le plus gros employeur, est contraint de négocier avec ses employés ; la lutte économique est ici indissociablement liée à la lutte [10] politique [3]. Dans le secteur privé, l’État intervient, et de plus en plus, pour déterminer les cadres et les limites dans lesquels doivent se faire les négociations (par exemple, dans le secteur de la construction). Aussi, même si le syndicalisme est légalement reconnu, l’intervention de l’État entraîne nécessairement la politisation des conflits syndicaux.

À cela s’ajoute la spécificité de la formation sociale québécoise. La faction fédéraliste de la moyenne bourgeoisie, complètement subjuguée par l’impérialisme américain et la bourgeoisie canadienne, en plus d’être contestée par sa faction nationaliste, n’a qu’un champ extrêmement limité pour manœuvrer. Aussi, même face aux revendications des travailleurs qu’une bourgeoisie forte pourrait satisfaire, elle ne peut répondre que par la répression Ceci est d’autant plus exact dans la conjoncture actuelle, marquée par l’incapacité de l’impérialisme américain à dominer le processus inflationniste.

Ces facteurs (stade du capitalisme monopoliste d’état, crise économique du système capitaliste mondial, division et rachitisme de la moyenne bourgeoisie québécoise) expliquent, particulièrement au Québec, la politisation des conflits syndicaux et l’orientation actuelle des Centrales syndicales, et permettent de comprendre pourquoi la fonction de contestation du syndicalisme [11] devient prédominante par rapport à sa fonction d’intégration. Seuls les intellectuels de la classe dominante, genre Jean Pellerin, peuvent, par ignorance ou/et malhonnêteté, expliquer cette politisation par l’action ou l’agitation d’individus.

Le capitalisme monopoliste d’État tend donc à fortifier l’aspect politique des luttes syndicales. Mais il y a un autre effet qui, contradictoire à celui-ci, peut - abstraction faite des autres facteurs (état de crise du système capitaliste et spécificité de la formation sociale québécoise) - favoriser l’intégration du syndicalisme au système capitaliste. L’État, intervenant dans les négociations, tend à imposer des négociations au niveau régional, sectoriel ou provincial Ceci entraîne nécessairement les syndicats à favoriser l’unité et la solidarité - par-dessus les divisions de chapelle ou d’étiquette syndicale - ce qui est évidemment positif. Mais, d’autre part, ce type de négociations peut entraîner des maquignonnages au sommet qui favoriseraient encore plus la bureaucratisation des syndicats, en coupant le sommet de la base. L’appareil syndical, comme tout organisme bureaucratique, tend nécessairement à la bureaucratisation parle monopole qu’exercent sur l’information tous ceux qui sont à plein temps. Cette bureaucratisation est d’autant plus forte dans certaines Fédérations et “Unions” où les permanents dirigent tout et se comportent, vis-à-vis les élus et les syndiqués, comme des généraux par rapport à des soldats. Certaines de celles-ci peuvent arracher de très bonnes conventions collectives, mais ne peuvent - malgré des déclarations quelquefois incendiaires de leurs permanents - permettre aux membres d’élever leur conscience politique, car elles ne les associent pas à la discussion et à la prise de décision La CSN, entre autres, a bien vu ce danger, qui, lors de la négociation du Front commun, a mis sur pied dans chaque syndicat local des structures d’appui aux négociations. Par cette action, la CSN indiquait le moyen de contrer la bureaucratisation (par des syndicats locaux structurés et forts) mais constatait également que la vie syndicale à la base était à peu près inexistante ; [12] car, pendant la période de négociation du Front commun, il a fallu créer de toutes pièces ce qui aurait dû exister de façon permanente : des syndicats locaux structurés et dynamiques.

Seul un syndicalisme fort et dynamique au niveau local peut contrer - surtout au stade du capitalisme monopoliste d’État - l’intégration des travailleurs au système capitaliste. C’est pourquoi notre étude porte sur la vie syndicale au niveau local Si beaucoup d’études ont été consacrées à certaines grèves spectaculaires, aux structures syndicales et aux rapports entre syndicats et gouvernements, très peu portent sur le syndicalisme au niveau local C’est pourtant à ce niveau que les travailleurs vivent le syndicalisme ; c’est pourtant à ce niveau que se fait ou non, chez les travailleurs, l’union entre lutte syndicale et lutte politique. Notre étude démontrera d’ailleurs que la vie syndicale est souvent très faible au niveau local et que même dans certains syndicats - à l’école secondaire St-Luc et à la polyvalente X, par exemple - on est incapable de faire respecter sa convention.

Un autre ordre de facteurs explique l’importance politique de l’étude sur le syndicalisme. Dans la conjoncture politique actuelle, où l’aspect progressiste du P.Q. illusionne plusieurs travailleurs, il est impossible à court terme de mettre sur pied un parti des travailleurs qui aurait, à l’échelle du Québec, une base suffisamment large pour être efficace. C’est dans l’action, par leurs propres expériences, que les travailleurs apprendront à saisir la vraie nature du P.Q. Or, malgré certains dirigeants syndicaux péquistes, genre Jean Gérin-Lajoie, les luttes syndicales ne peuvent actuellement que se radicaliser et contester encore plus durement le pouvoir établi De par l’absence d’un parti socialiste, le P.Q. étant assuré des voix de la “gauche”, cherche à éviter toute position radicale, pour s’attirer les voix de la “droite”. Cette politique du P.Q. s’est manifestée clairement lors de la manifestation d’octobre contre Power Corporation, pendant la diffusion du document “Ne comptons que sur nos propres [13] moyens” et pendant la lutte du Front commun. La prise de conscience de la nature petite-bourgeoise du P.Q. et de la nécessité de se donner leur propre organisation politique se feront, chez les travailleurs, surtout par et dans la lutte syndicale. Aussi, pour les militants politiques, le front syndical est le centre d’action actuellement privilégié. C’est surtout par le syndicalisme que les travailleurs mèneront les luttes les plus fermes et les plus inflexibles dans les prochaines années ; c’est surtout dans la lutte économique que les travailleurs prendront conscience de la nécessité de s’organiser politiquement ; c’est surtout dans la lutte syndicale que se formeront des militants capables d’organiser, de penser tactique et de rattacher les objectifs socialistes aux préoccupations immédiates des travailleurs.

Ici une distinction s’impose. Les syndicats ne peuvent se transformer en organisations politiques et ne doivent pas créer des partis qui leur seraient institutionnellement liés. De par sa structure, le rôle du syndicat est de négocier avec la bourgeoisie tandis que celui d’un parti socialiste est de lui arracher le pouvoir politique, économique et culturel Ces deux fonctions déterminent la spécificité et du syndicat et du parti Le syndicalisme peut aider l’organisation politique des travailleurs dans la mesure où il conduit fermement ses luttes syndicales, où il suscite chez les syndiqués des débats politiques et dans la mesure où peuvent s’y former des militants Là s’arrête son rôle.

Travailler dans les syndicats, pour y faire quoi exactement ? Lénine dit que les militants du parti doivent travailler dans toutes les organisations - même les plus réactionnaires - où se trouvent des travailleurs, et y défendre la politique du Parti. Mais, au Québec, il n’existe pas de parti socialiste et, même s’il en existait un, il faudrait d’abord connaître la ligne syndicale qu’il proposerait. Dire qu’il faut construire des syndicats locaux engagés et combatifs est encore trop général II faut préciser.

C’est dans cette perspective que nous avons étudié quatre unités syndicales ; une au niveau de l’élémentaire, deux au niveau [14] secondaire, et une au niveau collégial Nous avons choisi le secteur de renseignement parce que c’est celui que nous connaissons le mieux, étant notre milieu d’étude et/ou de travail Les unités syndicales choisies ne l’ont été que parce que nous avions des “contacts” qui ont facilité le démarrage de l’enquête. Cet échantillon ne peut nous donner une image complète du syndicalisme ; il nous permettra cependant de saisir les principaux problèmes qui se posent au niveau de la structure et du fonctionnement du syndicat local ainsi qu’au niveau de son orientation syndicale et politique. Si notre étude ne porte que sur le syndicalisme enseignant, plusieurs des problèmes identifiés se posent cependant dans des termes similaires dans les autres secteurs, surtout ceux constitués d’employés. Nous pourrions dire la même chose des hypothèses de solution que nous proposons en conclusion, Le. qu’elles peuvent être en grande partie applicables, sous une forme ou sous une autre, dans les autres secteurs.

Quelle méthode d’enquête avons-nous choisie ? Nous avons enquêté auprès des dirigeants des syndicats locaux. Cette approche comporte une faiblesse dans la mesure où les dirigeants peuvent ne pas refléter sur certains points les positions des dirigés. Mais, faute de temps, nous n’avons pu vérifier nos données auprès des syndiqués et, de toute façon, notre approche nous permet, selon nous, de cerner assez exactement les principaux problèmes qu’affrontent les militants syndicaux au niveau local Nous avons interrogé les dirigeants de chaque syndicat local de façon collective car ils travaillent collégialement, et, en les faisant discuter, nous pouvions percevoir et leur façon d’identifier les problèmes et leurs divisions, s’il y avait lieu [4]. Nous nous opposons ici à la vieille conception libérale qui a imprégné si fortement les sciences sociales et qui consiste à mener des [15] enquêtes auprès des individus, comme si l’idéologie d’une société ou d’un groupe social était égale à la moyenne statistique des pensées des individus.

Nous avons préparé deux questionnaires : l’un portant sur la structure et le fonctionnement du syndicat, et l’autre sur son orientation idéologique (voir annexes 1 et 2). Ces questionnaires n’étaient qu’un guide pour diriger la discussion et s’assurer que tous les points seraient abordés. L’enquêteur animait la discussion, faisant en sorte que le déroulement interne de celle-ci fut respecté, tout en s’assurant que toutes les questions étaient touchées, et que leur formulation adhérait à celle des dirigeants syndicaux plutôt qu’à celle des questionnaires. Ce type d’enquête, axé sur la discussion, impliquait que les questions soient pertinentes pour les questionnés. Nous nous opposions ainsi à une autre manie des sociologues qui consiste à poser des questions absolument insignifiantes pour l’interviewé, mais qui sont supposées contenir une signification cachée et profonde pour l’enquêteur, l’homme de science. Ce type de discussion que nous avons conduit joue ainsi une double fonction : premièrement, nous donner une image assez fidèle des problèmes auxquels doivent faire face les dirigeants ; deuxièmement, susciter des discussions qui puissent entraîner chez les questionnés des remises en question, et donc, de nouvelles actions. Afin d’assurer une certaine homogénéité à l’enquête, nous avons pris comme modèle la discussion que nous avons menée, en deux étapes, avec l’exécutif du Syndicat des professeurs du CEGEP du Vieux Montréal, discussion à laquelle assistaient tous les participants à cette enquête. (Faute de temps, nous n’avons pas rédigé le rapport d’enquête sur ce syndicat. Il n’apparaît donc pas dans cet ouvrage). Dans les quatre syndicats étudiés, l’enquête a été menée en deux étapes, entre janvier et avril 1972. Cette précision de dates n’est pas superflue dans la mesure où, dans le milieu de l’enseignement, l’absence de tradition syndicale ainsi que le roulement fréquent des professeurs entre différentes institutions entraînent des changements [16] brusques et profonds dans la vie syndicale de la plupart des syndicats locaux.

Sauf pour le syndicat de l’élémentaire, deux enquêteurs assistaient à chaque séance de discussion, l’un jouait le rôle d’animateur tandis que Vautre voyait à l’enregistrement et, si le matériel était défectueux (comme cela s’est présenté), jouait le rôle de sténo, tout en assistant l’animateur pour que celui-ci n’oublie aucune des questions. Les compte-rendus de ces discussions tendent à rapporter, aussi fidèlement que possible, les vues exprimées par les membres interviewés.

Notre étude portant sur des syndicats locaux, nous avons préparé et mis en annexe de courts documents qui permettront au lecteur de situer le syndicat local au sein de sa structure syndicale (annexe 3 : la Corporation des enseignants du Québec ; annexe 4 : l’Alliance des professeurs de Montréal ; annexe 5 : la Fédération nationale des enseignants québécois).

En conclusion, nous reprenons l’ensemble des problèmes soulevés en esquissant des hypothèses de solution, hypothèses dont certaines ont été expérimentées au Syndicat des professeurs de l’Université du Québec (SPUQ). C’est dans ce cadre que nous publions en annexe 6 la constitution du SPUQ, celle-ci nous ayant, en quelque sorte, servi de modèle pour proposer un type de structure syndicale.

Jean-Marc PIOTTE



[1] Socialisme 69, no 19, octobre-décembre 1969.

[2] Voir Sur Lénine, de Jean-Marc Piotte, éd. Parti Pris, 1972, pp. 37-43.

[3] En 1965 et, surtout, en octobre 1966, le Gouvernement a édicté des normes de financement qui deviennent contraignantes pour les Commissions scolaires. De nombreuses grèves se furent déclarées à l’automne 1966 et au début de 1967. Mais les syndicats enseignants ne peuvent plus jouer une Commission scolaire contre une autre afin d’arracher de meilleures offres salariales : derrière les Commissions se tient une partie patronale forte et unie, l’État québécois. En février 1967, le Gouvernement adoptait le bill 25 par lequel il suspendait le droit de grève des enseignants, imposait la négociation provinciale et fixait de façon unilatérale une échelle de salaires unique pour les enseignants de toutes les Commissions scolaires. Ce fut l’origine de la politisation progressive des syndicats d’enseignants.

[4] Sur ce type d’enquêtes, voir Mao Tsé-Toung, “préface aux Enquêtes à la Campagne”, Oeuvres choisies, T. 3, pp. 7-9, et rencontrer Hélène David.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 10 juillet 2021 13:09
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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