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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Michel Pichette, “La télévision: un enjeu pour les familles” (1994)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Michel Pichette, “La télévision: un enjeu pour les familles”. Document de travail, Forum Familles-Médias, Service à la collectivité, UQAM, 1994. [Autorisation accordée par l'auteur le 2 mai 2006 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Introduction

« En général, nous sommes des êtres qui croyons les histoires qu’on nous raconte. Pour la première fois, ces « histoires » ne nous sont pas racontées par nos parents, par nos amis ou par d’autres adultes mais par des médias de communication. Cela a changé quelque chose dans nos vies. »
Georges Gerbner

 

Le début des années ‘90 nous fait assister au raffinement des moyens technologiques qu’on avait vu poindre dans la décennie précédente.  Le développement de plus en plus poussé du câble, du satellite, de la téléphonie donne accès un nombre plus élevé de canaux (chaînes payantes, canaux spécialisés), à une télévision de plus en plus interactive (transactions de consommation, choix du contenu des émissions, etc.). La télévision continue d'occuper une place de première importance dans la vie quotidienne des individus et des familles.

Ëtre téléspectateur, est devenu un mode de vie. Nous n'échappons pas à la télévision; elle fait corps avec nos rituels quotidiens. Sans nous en rendre compte, nous vivons avec le réflexe qui nous fait allumer le téléviseur avec la même spontanéité et le même empressement que nous accordons à la plupart de nos gestes familiers. Pour plusieurs d'entre nous, vivre sans télévision, c'est comme se priver du café du matin ou passer une journée sans soleil. Une journée sans télévision, c'est une journée où l'on souffre d'une absence. Manquer de télévision c'est comme se mettre en retrait du monde et cesser d'être à son écoute; c'est vivre sans communication. Plus encore, c'est perdre le sentiment d'appartenance et de participation à la vie de la société; c'est cesser d'être relié. Nous vivons avec un besoin intime de télévision. 

La télévision est là, omniprésente, mais d'une certaine manière nous la regardons sans la voir. Nous la laissons nous parler et nous montrer plein de choses parmi lesquelles nous essayons de choisir. La télévision s'est imposée peu à peu à nous comme une grande bulle à l'intérieur de laquelle nous nous réfugions, fondamentalement solitaires, guidés par le mouvement de baguette de ses artisans qui y font l'animation de rythmes, d'images et de sons qui coulent en nous sans que nous ayons l'impression de pouvoir y faire quelque chose. Les sons et les images de la télévision nous traversent, elles pénètrent au plus profond de nous, au-delà de notre conscience, à des niveaux très profonds, comme s'il s'agissait de rêves. 

Mais la télévision n’est-elle pas davantage qu’un simple divertissement ? N’est-elle pas l’écho relatif et l’interprète de ce que nous vivons, pensons et souhaitons comme personnes et comme société. En cherchant à nous ressembler et à nous refléter, ne nous fabrique-t-elle pas aussi, à sa façon, une interprétation de nos réalités ? Ne fait-elle pas des choix qu’elle nous impose en laissant dans l'obscurité ou dans le silence, certaines dimensions capitales de nos vies individuelles et sociales ? La télévision ne dit pas et ne montre pas tout, même si elle nous entretient dans l'idée qu'elle est un miroir de ce que nous sommes et vivons. Ce qui l'intéresse, n'est-ce pas d'abord les faits de la réalité qui peuvent être mis en spectacle. La recherche que déploient ses gestionnaires et ses artisans pour attirer et retenir notre attention pour des fins de cotes d'écoutes et de revenus publicitaires, ne provoque-t-elle pas une sélection d'idées, de faits, de valeurs, de façons de dire et de montrer qui évacuent la complexité et réduit la vie à un va et vient incessant de héros heureux ou malheureux, bons ou mauvais, gagnants ou perdants ? Sauf exception, rien ne transpire à la télévision du travail de construction complexe qui préside à ses choix de programmation, à ses stratégies de productions et à ses impératifs de marketing et de rentabilité. D'une certaine manière, il est possible de dire que l'important dans la télévision, ce n'est pas ce qu'on voit, mais ce qu'on ne voit pas. 

La télévision nous atteint dans presque toutes les fibres de notre personnalité. Elle provoque une activité, une façon de voir, de lire, d'observer, de comprendre et de gérer les rapports que chacun de nous entretenons avec notre vie intérieure, avec nos proches, avec la nature, avec notre société et celle des autres. Quand bien même tout cela se fait dans les formes du divertissement (ou du détournement), les langages de l'image et du son tout comme la puissance de communication de la télé nous atteignent. Ils introduisent et développent une rupture dans nos modes traditionnels de penser et de vivre nos rapports avec nous-mêmes et avec ce qui nous entoure. La télévision constitue à ce chapitre un agent nouveau et actif d'acculturation.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 24 décembre 2006 7:59
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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