« Lieu de doute, d’insécurité, d’obscurité et de mémoire, l’intériorité pourrait bien être la seule garantie qu’on possède de l’autonomie subjective fondant l’altérité, ce en quoi il faut à tout prix préserver les frontières si l’on tient à notre condition d’être historique et politique. » Céline Lafontaine [1]

Dans son ouvrage La population face aux médias, Lina Trudel écrivait [2], en 1992, que les débats et la discussion politique sur les sujets d’intérêt public se font maintenant par médias interposés. (…) Le champ de la communication sociale a ainsi tendance à se rétrécir de plus en plus à l’espace médiatique. Du fait de leur isolement et de leur éloignement croissant des centres de décision, les individus dépendent effectivement de plus en plus des médias pour obtenir les informations nécessaires tant pour faire face aux problèmes de la vie quotidienne que pour participer à la vie sociale. L’information est donc devenue un service essentiel au même titre que la santé et l’éducation. Aussi le droit du public à une information de qualité, diversifiée, plurielle et accessible est-il l’un des droits universels de la personne. 

L’information est cet ensemble de renseignements de divers ordres dont tout individu a besoin pour se développer personnellement, pour apprendre, pour décider et pour exercer ses activités de consommateurs et ses responsabilités de citoyen. Celle-ci nous est accessible de nombreuses façons par les médias et son abondance est bien réelle. Nous pouvons aujourd’hui accéder à des contenus d’information de toutes sortes, de toutes qualités et de toutes les provenances : télévision par le câble et le satellite, Internet, presse écrite et publications spécialisées, radio, cinéma, jeux, publicités, musiques, produits dérivés, etc. 

Quels que soient les traitements qu’ils utilisent et les intentions qu’ils poursuivent, les médias traitent toujours de sujets qui ont pour toile de fond des réalités qui se réfèrent à l’univers physique, affectif, social, politique, économique, éducatif, éthique, esthétique, artistique… Ces derniers ont toujours un rapport avec des enjeux de nos vies personnelles, de la société civile et de l’environnement. C’est principalement dans les médias que nous puisons aujourd’hui nos informations sur l’histoire dont nous sommes issus ou qui est en train de se faire, sur la finalité de la vie, sur les grands mythes et les valeurs, sur les produits de consommation matériels et culturels, sur les conditions nécessaires à notre santé physique et mentale, sur les conditions de vie et de travail des individus et des nations, sur la mondialisation et l’émergence des nouvelles puissances, sur les inégalités, sur les enjeux environnementaux et sur les biotechnologies, sur l’éthique médicale et de la recherche, sur le rôle de l’État et les enjeux de la privatisation, sur les agendas et les stratégies des décideurs politiques et économiques, sur les droits de la personne, sur les responsabilités citoyennes… Voilà autant de sujets dont les médias sont nos principaux informateurs et dont nous avons besoin pour nous construire une opinion et prendre des décisions. 

Quiconque cherche aujourd’hui à s’informer peut le faire et trouver ce qu’il recherche. Le Sommet des Amériques, l’invasion des États-Unis en Irak, le projet Noroît d’Hydro Québec, la politique de l’eau et la décision du CRTC concernant la station de Radio CHOI à Québec… n’auraient pas connu les débats et les manifestations qui les ont entourés sans l’existence de la presse d’information. Toutefois, s’il est juste de dire que nous ne manquons pas de sources de renseignements, il l’est tout autant d’affirmer que les médias ne nous renseignent pas tous de la même façon. Ils font appel à une grande variété de formes et de genres de traitements  (journalistique [3], fictionnel, ludique, publicitaire) et à différentes stratégies de communication dont les intentions ne donnent pas toujours accès à la qualité, à la diversité et à la pluralité. L’information de qualité existe, mais encore faut-il s’infor­mer, se tenir informé, savoir où trouver cette information et pouvoir s’en octroyer le temps. En cette époque dominée par la confusion des genres, par la concentration, la convergence et la marchandisation de « l’information » et de la culture, cela exige une bonne dose d’héroïsme : il nous faut dorénavant dépasser la réception quotidienne ordinaire et spontanée que nous faisons des médias.