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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les militants du R.I.N. et les autorités politiques québécoises ” (1976)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Réjean Pelletier, “ Les militants du R.I.N. et les autorités politiques québécoises ”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Réjean Pelletier, Partis politiques au Québec (pp. 247-271). Collection science politique Cahiers du Québec, no 23. Montréal : Éditions Hurtubise HMH, ltée, 1976, 299 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 18 octobre 2004]
Introduction

Le Premier ministre Lesage déclarait devant l'Association des anciens du Collège universitaire de Toronto:

Il arrive souvent qu'on attribue au gouvernement du Québec tout le crédit de cette évolution positive (c'est-à-dire de la «révolution tranquille» et du développement économique de la province). Cela n'est pas entièrement exact car, si le gouvernement, dans les secteurs qui relèvent de sa juridiction immédiate, peut mettre de l'avant une politique de renouveau économique et social, il ne faut jamais oublier qu'il le fait, en réalité, à la demande du peuple de la province. Ainsi, le grand responsable de la révolution pacifique, c'est la population québécoise, dans ses éléments les plus actifs. Le gouvernement n'est que l'agent, mandaté par le peuple, à qui l'on a confié la tâche d'appliquer au Québec une véritable politique de grandeur nationale. (1)

Ces propos soulignent le rôle des autorités politiques «aux écoutes» de la population et font référence aux demandes que la communauté peut transmettre à ses gouvernants par différents canaux, dont les partis sont un élément essentiel dans notre type de société politique.

Easton définissait une demande comme «l'expression d'une opinion à l'effet qu'une décision impérative soit prise ou non sur un sujet particulier de la part de ceux qui sont habilités à le faire». (2) Les demandes sont le reflet de changements qui surviennent dans l'environnement, en particulier le système social, ou dans le système politique lui-même.

Déjà filtrés à l'entrée du système par les gardes-barrières, entre autres les partis politiques, les «wants» sont convertis en demandes par ces mêmes partis qui peuvent aussi les combiner ou en réduire le nombre. Mais les partis vont aussi s'employer, à l'occasion, à susciter des besoins et des désirs nouveaux qui seront, par la suite, transmis comme demandes aux autorités politiques. Un parti comme le R.I.N. s'est souvent consacré à cette tâche, faisant naître des besoins nouveaux dans la population ou assignant au système des objectifs que les autorités en place ne considéraient pas comme prioritaires.

Dans un système politique, le «stress» peut être causé par l'érosion du soutien ou par la surcharge des demandes, les deux étant d'ailleurs étroitement reliées. Cette surcharge peut être à la fois quantitative et qualitative. La surcharge quantitative fait référence au nombre, au volume global des demandes dans le système politique, alors que la surcharge qualitative s'applique au contenu même de la demande. Dans le cas du R.I.N., ces deux formes ont pu se retrouver à un moment ou l'autre de l'existence du parti. Mais la surcharge quantitative étant difficilement mesurable, nous allons plutôt nous arrêter à la surcharge qualitative, c'est-à-dire au contenu des principales exigences formulées par le R.I.N.

Mais une demande appelle normalement une réponse, c'est-à-dire une réaction des autorités politiques aux exigences déjà formulées de façon à s'adapter aux changements survenus dans l'environnement ou dans le système politique lui-même. Il peut aussi arriver que le refus de répondre de la part des autorités soit présenté comme une réponse à certaines demandes. D'ailleurs, la non-réponse des autorités peut parfois s'interpréter comme un délai que celles-ci s'accordent, afin de pouvoir satisfaire plus tard certaines exigences d'une façon adéquate.

En analysant l'action du R.I.N. dans le système politique québécois, nous allons nous attacher aux relations entre le R.I.N. et les autres partis politiques en tant que partis au pouvoir s'incarnant dans des autorités facilement identifiables au niveau de la décision, c'est-à-dire du gouvernement. Dans le régime politique québécois, les autorités en place sont issues du parti majoritaire si bien que la population identifie autorités politiques et parti au pouvoir et que, pour elle, un changement de gouvernement entraîne tout simplement un changement de parti au pouvoir. C'est pourquoi nous analyserons brièvement les réponses des différentes autorités politiques au cours des années 1960-68 au moment où existait le R.I.N.

Face aux exigences de ce parti, les autorités du système ont pu s'employer à y répondre de façon à s'adapter aux conditions changeantes du milieu québécois et surtout à la situation particulière engendrée par la création d'un parti indépendantiste. L'adaptation suppose que les autorités agissent, par leurs décisions, à la fois sur les demandes et sur les soutiens, les deux étant étroitement reliés. Répondant aux demandes afin de stimuler des soutiens, les autorités cherchent ainsi à s'adapter à des situations nouvelles.

Selon les réponses des autorités, les membres pourront apporter ou non leur soutien à ces autorités et à tout le système. Le soutien, en effet, dépend des réponses des autorités et de la perception qu'en ont les membres du système. Si ceux-ci les jugent conformes à leurs exigences ou, tout au moins, susceptibles de satisfaire une partie de leurs revendications, ils pourront apporter leur soutien aux autorités et, par là, à tout le système. Ce soutien pourra prendre la forme d'actions ou de déclarations en leur faveur. Dans le cas du R.I.N., les prises de position en faveur des autorités et du système ont été plutôt rares - elles ont le plus souvent fait place à la critique.

Mais le soutien peut aussi prendre la forme d'une attitude ou d'une orientation favorable à l'égard des autorités, du régime ou de la communauté. C'est ainsi que la satisfaction ou le mécontentement à l'égard de l'action gouvernementale devient un indice du soutien aux autorités.

Bref, les demandes (exigences) du R.I.N. ou de ses militants (3) furent présentées aux autorités du système politique québécois afin d'être converties en réponses. Ces réponses devaient normalement provoquer des soutiens de la part des militants du parti. C'est précisément cette dynamique demandes-réponses-soutiens qui constitue l'armature conceptuelle de cette étude.


Notes:

(1) Des extraits de ce discours ont été reproduits dans Le Devoir, 2 juin 1962.

(2) David Easton, A Systems Analysis of Political Life, New York, John Wiley, 1965, p. 38. On peut aussi consulter son autre volume, A Framework for Political Analysis, Englewood Cliffs, Prentice-Hall, 1965. D'ailleurs, notre cadre d'analyse se fonde sur la pensée eastonienne.

(3) Pour nous, dans le cas du R.I.N., nous définissons le militant comme celui qui s'identifie au parti et à sa cause et qui consacre une partie de son temps et de son énergie à l'avancement de ce parti et de cette cause (même sous la seule forme d'une contribution monétaire annuelle). Cette définition s'apparente à celle de Maurice Duverger (mais sans y correspondre exactement) dans Les partis politiques, Paris. A. Colin, 7e éd., 1969. pp. 133-140. En ce qui concerne l'échantillon lui-même, voir l'annexe à la fin de l'article.


Retour au texte de l'auteur: Réjean Pelletier, politologue, Université Laval Dernière mise à jour de cette page le Samedi 23 octobre 2004 19:26
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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