Introduction

Si l'éthique s'intéresse aux relations d'un individu avec d'autres individus en s'appuyant sur un ensemble de valeurs destinées justement à comprendre et à définir ces rapports des hommes entre eux (1), il est certain que, dès que l'on pose l'existence d'une société politique, on pose en même temps le problème de rapports éthiques à l'intérieur de cette société.

On peut étendre cette signification éthique à des rapports entre groupes - comme les partis politiques - au sein d'une telle société en faisant appel à certaines valeurs qui doivent fonder leurs actions. Ces valeurs définissent ce qui est bien et ce qui ne l'est pas dans la conduite humaine et font ainsi référence à l'influence que l'on peut avoir sur d'autres personnes et au choix conscient des fins et des moyens pour y arriver. En ce sens, toute communication humaine implique des problèmes éthiques. Ainsi en est-il de la communication que les partis politiques entretiennent entre eux et avec l'électorat qu'ils cherchent à convaincre.

Tout parti, en effet, non seulement cherche à conquérir le pouvoir politique, mais remplit aussi une fonction pédagogique: il propose une analyse d'une situation donnée, cherche des explications à certains problèmes et offre des solutions de façon à éclairer les conditions du débat politique, même si la façon d'aborder les problèmes et les types de solutions proposées reposent le plus souvent sur l'idéologie même du parti.

Le prochain référendum sur l'avenir politique du Québec devrait normalement porter sur les termes de la souveraineté-association, ce qui correspond au premier engagement du Parti québécois dans son programme, soit de «réaliser la souveraineté politique du Québec par les voies démocratiques et proposer au Canada une association économique mutuellement avantageuse» (2). De même, «la» question posée devrait reprendre le contenu de cette option politique (3).

Ce sera alors l'occasion pour chaque parti de déployer son arsenal de propagande afin de convaincre l'électorat québécois du bien-fondé de ses propres propositions. Ce faisant, les partis établiront des réseaux de communication avec cet électorat et utiliseront différents moyens pour le convaincre, ces moyens s'inscrivant dans un cadre d'action déjà défini sur le plan juridique et dans une arène politique présentant des caractères particuliers.

Notes:

(1) Voir Raymond Polin, Éthique et politique, Paris, Sirey, coll. Philosophie politique, 1968, pp. 101-103.
(2) Parti québécois, Le programme officiel et les statuts, 1978, p. 7.
(3) Ce qui n'exclut pas évidemment la possibilité de présenter une question «étapiste». Gérard Bergeron a déjà analysé certaines formulations de questions dans Ce jour-là... le référendum, Montréal, éditions Quinze, 1978, pp. 221-230.