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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article d'Alice Parizeau, “L’armée et la crise d’octobre”. Un article publié dans la revue Criminologie, vol. 13, no 2, 1980, pp 47-78. Numéro intitulé : « Octobre 1970 : dix ans après ». [Autorisation formelle accordée par M. Jacques Parizeau, économiste, ancien premier ministre du Québec, le 18 septembre 2006 de diffuser la totalité des publications de sa première épouse décédée.]
[47]
Alice Poznanska Parizeau (1927-1990)
“L’armée et la crise d’octobre.”
Un article publié dans la revue Criminologie, vol. 13, no 2, 1980, pp 47-78. Numéro intitulé : « Octobre 1970 : dix ans après ».
L'autopsie de la crise d'octobre qu'on peut faire désormais avec un recul de dix ans, n'est certes pas satisfaisante. En effet, il est évident que toute la lumière n'a pas encore été faite sur ces événements et qu'on ignore jusqu'aux acteurs qui ont pu jouer à l'époque, dans les coulisses, des rôles plus que douteux. Ce qu'on parvient à obtenir, à l'opposé, c'est une certaine évaluation de la solidité de nos institutions, ainsi que des liens qui existent entre elles et qui faussent l'échelle d'importance de leurs missions respectives. Où s'arrêtent la priorité des principes démocratiques régissant le fonctionnement de l'appareil de la justice et où commence l'arbitraire dicté par l'évaluation d'une situation donnée ?
C'est là une question fondamentale poste par la crise d'octobre. Elle est, en outre, tout aussi valable en ce qui a trait à l'action de divers paliers d'autorité qu'en ce qui concerne les organes d'exécution.
Pour notre part nous proposons de l'examiner dans une seule optique celle de l'intervention de l'armée. Pour maintenir l'ordre public, les autorités disposaient en cet octobre mémorable des forces policières municipale, provinciale et fédérale. Les trois corps collaboraient étroitement sous un même commandement pour retrouver le ministre de l'époque, Pierre Laporte et l'attaché commercial de la Grande‑Bretagne, James Cross. Certes dans l'atmosphère de panique on a annoncé qu'il s'agissait d'une « insurrection appréhendée » et en droit cela justifiait l'appel à l'intervention de l'année, mais il n'en reste pas moins qu'on peut considérer celle appréciation des événements comme ayant des racines plus profondes et nourries par une longue tradition.
En effet, et la rétrospective historique le prouve, ce n'est pas la première fois dans l'histoire du Québec que l'armée venait à la rescousse de la police. La comparaison entre ses interventions dans les diverses provinces du Canada semble, en outre, confirmer que le Québec a été particulièrement « privilégié » à cet égard, singulièrement en périodes d'élection. Est-ce vraiment le rôle de l'année que de protéger ainsi les citoyens appelés à voter ?
[48] Quelle est, en fait, la mission de l'année à l'intérieur des frontières canadiennes ?
À l'origine, en Nouvelle‑France, l'armée joue un triple rôle. Elle défend la colonie et assure l'ordre, protège les habitants contre les attaques des Indiens et affronte l'invasion des Anglais. Après la défaite, qu'on désigne souvent dans les ouvrages d'histoire sous le terme de la « conquête », c'est l'armée britannique qui est chargée désormais de la défense du territoire contre l'offensive des américains, ainsi que du maintien de l'autorité des gouvernements.
En 1855, toutefois, Londres rappelle ses soldats et en 1871 il ne reste au Canada qu'une garnison à Halifax.
Pour assurer la défense du pays, on crée dès lors une milice volontaire qui compte 25 000 hommes, puis en 1914, un total de 57 000 hommes. Les miliciens sont des civils qui à l'occasion répondent à l'appel pour aider la police à calmer une émeut ; ou un mouvement de grévistes et pour intervenir dans les cas de sinistres. Selon les circonstances la milice se solidarise avec les fauteurs de troubles, ou avec des travailleurs sans trop se préoccuper de la nécessité fondamentale de protéger les institutions démocratiques et la sécurité de l'État. Mal entraînés, mal équipés, les miliciens ne peuvent compter ni sur des officiers, ni sur un prestige quelconque auprès de la population. Les budgets sont faibles et la reconnaissance de l'opinion publique on ne peut plus limitée. Et c'est ainsi que petit à petit apparaît une armée, dans le véritable sens de ce terme.
Les soldats sont formés dans des écoles qui sont en même temps des camps militaires, situés à Frédéricton, Saint-Jean, London, Winnipeg et Victoria. C'est cette armée-là qui va participer à la Première Guerre mondiale et encadrer les recrues qui voudront aller en Europe se battre contre l'envahisseur allemand.
En ce qui a trait à ses interventions à l'intérieur du Canada, le relevé lait par le major Jean Pariseau, dans sa thèse inédite, déposée au Service historique du ministère de la Défense nationale à Ottawa en 1973, se lit comme suit [1] :
L'importance numérique des interventions de l'armée
au Canada au cours de 1867-1933
1867 1
1884 - 5
1901 - 0
1918 3
1868 0
1885 - 2
1902 - 1
1919 5
1869 2
1886 - 1
1903 - 3
1920 0
1870 2
1887 - 1
1904 - 1
1921 2
1871 0
1888 - 3
1905 - 1
1922 1
1872 2
1889 - 4
1906 - 4
1923 1
1873 6
1890 - 1
1907 - 0
1924 1
1874 3
1891 - 1
1908 - 0
1925 1
1875 5
1892 2
1909 - 3
1926 0
1876 4
1893 1
1910 - 3
1927 0
1877 12
1894 0
1911 - 0
1928 0
1878 7
1895 1
1912 - 4
1929 0
1879 3
1896 1
1913 - 2
1930 0
1880 -4
1897 1
1914 - 2
1931 0
1881 1
1898 1
1915 - 0
1932 0
1882 0
1899 1
1916 - 2
1933 4
1883 - 2
1900 - 6
1917 - 2
1918 - 1
En somme, de la Confédération à 1933, les représentants du pouvoir civil firent appel aux militaires en 132 occasions.
Parallèlement, la Gendarmerie royale du Canada, fondée en 1873, se fait une réputation non seulement dans les diverses provinces canadiennes, mais même au‑delà du continent nord-américain, en Europe en particulier, grâce à son action humanitaire dans les régions du Grand Nord. Et tandis que l'armée, elle, est utilisée pour « calmer » des grévistes, des émeutes dans des pénitenciers, ou encore des « désordres » qui se produisent lors des élections, singulièrement au Québec, la Gendarmerie royale, c'est‑à‑dire une force policière fédérale bâtit sa légende sur l'aide qu'elle apporte aux Esquimaux !
Sur le plan des objectifs conférés généralement à la police et à l'armée cela apparaît paradoxal, mais dans le cadre législatif de l'époque cela s'explique de la façon suivante. Tout d'abord au XIXe siècle le maintien de l'ordre public relève des autorités municipales qui peuvent demander à cet effet, si elles l'estiment à propos, l'aide du gouvernement provincial. En d'autres termes, les maires doivent disposer des forces policières municipales et quand ces dernières sont jugées insuffisantes c'est la province qui intervient sur demande en envoyant la police provinciale. En ce qui concerne l'armée, au XVIIIe comme au XIXe siècle, les [50] juges peuvent demander l'intervention de l'armée dans tous les cas d'émeutes et d'insurrections appréhendées réelles ou évaluées par eux comme telles.
À l'opposé, le gouvernement fédéral et les autorités militaires n'ont pas le droit d'agir de leur propre chef (sauf si la loi des mesures de guerre est proclamée au préalable) et sont tenus à attendre une demande formelle de la part des autorités municipales ou d'un gouvernement provincial (36 Vict., chap. 46 ; 40 Vict., chap. 40 ; 42 Vict., chap. 35 ; 46 Vict., chap. 11).
On peut donc affirmer que dans un tel cadre, la conception même de la protection de la légitimité de l'État est différente de ce que l'on entend généralement sous ce terme. Le pouvoir judiciaire peut primer sur le pouvoir politique provincial et l'autorité municipale peut avoir un droit de décision qui prédomine sur celui du gouvernement provincial, tandis que le gouvernement fédéral se doit d'attendre qu'on le sollicite, ou encore proclamer une loi d'urgence. Et tout cela a des correspondances financières dont on ne saurait négliger l'importance.
C'est ainsi que les municipalités sont chargées d'assurer le respect de l'ordre public, si donc le maire décide de demander l'intervention de l'armée c'est son administration qui doit payer les frais encourus pour le transport des troupes, la solde, le logement et la nourriture.
Tout au long du XIXe et au début du XXesiècle les municipalités sollicitent à l'occasion l'intervention de l'armée, puis refusent d'assumer le coût des opérations et la même pratique existe en ce qui concerne la mobilisation de la milice. Ce n'est qu'en 1924, à la suite des grèves dans les mines de charbon qui furent à l'origine de la création d'une Commission royale d'enquête chargée d'analyser les problèmes et de formuler des recommandations, qu'on charge le système.
Désormais, c'est le procureur général de la province, soit les ministres de la justice provinciaux qui ont le pouvoir de demander l'aide de l'aimée et ce sont également les gouvernements provinciaux qui doivent rembourser les frais de l'intervention au gouvernement fédéral. Sans doute parce que les juges et les maires se sont avérés incapables, ou dans l'impossibilité d'assumer de tels engagements financiers, on reconnaît [51] implicitement dans ce deuxième quart du XXe siècle la philosophie selon laquelle la protection du pouvoir civil relève du pouvoir provincial qui en fait demeure depuis toujours le principal concerné lors des troubles et des actes de violence collective sur le territoire sur lequel il a été démocratiquement élu par les citoyens.
Le gouvernement fédéral pour sa part dispose du droit de proclamer la loi des mesures de guerre, soit sur demande expresse d'une province, soit à la suite du vote du Parlement, et c'est par la suite uniquement qu'il peut faire intervenir l'armée.
Cela signifie en d'autres termes que si une province décide d'élire un gouvernement dont la philosophie ou les objectifs ne correspondent pas à ceux défendus par le parti au pouvoir à Ottawa, le gouvernement fédéral ne peut pas l'empêcher d'assumer son rôle en envoyant l'armée. On voit mal, en outre, dans le contexte canadien, un gouvernement fédéral proclamer la loi des mesures de guerre, pour fausser le libre jeu des forces démocratiques. L'opinion publique n'accepterait certainement pas un tel acte d'exception à l'égard d'un gouvernement provincial élu, même s'il devait être communiste, fasciste, ou rhinocéros ! Il faut en somme pour qu'un gouvernement fédéral puisse empêcher un parti d'arriver au pouvoir dans une province qu'il y ait des manifestations de violence préalables suffisamment importantes, ou présentées comme telles, pour menacer « l'ordre et la paix publics », et le libre jeu des mécanismes démocratiques qui constituent chez nous la base même de l'exercice du pouvoir politique. Plus concrètement, une telle intervention doit être justifiée par une des quatre situations [2] dont :
- émeutes lors des élections ;
- émeutes graves aux pénitenciers ;
- conflits sociaux que le gouvernement provincial ne parvient pas à contrôler ;
- sinistres graves.
En ce qui a trait aux émeutes effectives ou appréhendées lors des élections, l'armée n'est intervenue qu'au Québec, exception faite du seul et unique incident survenu en Ontario, en 1883, à la suite des contestations des frontières entre le Manitoba et [52] cette province. Dans sa thèse, le major Jean Pariseau commente ce genre d'interventions, qui au Québec ont eu lieu au cours de l'histoire à sept reprises, de la façon suivante:
Certaines interventions présentent un caractère plus que douteux. Par exemple, l'aide militaire lors de la défaite de Georges-Étienne Cartier en 1872. Bon nombre de miliciens qui répondent à l'appel des juges faisaient partie de la Brigade du Grand Tronc, compagnie ferroviaire dont Cartier, ministre de la Milice, était l'avocat-conseil. Sir John A. Macdonald, siégeant sur les bancs de l'opposition trois ans plus tard, avouera qu'il doutait fortement de la légalité de l'intervention. Les juges avaient signé la requête pour les troupes avant même l'apparition des signes avant-coureurs d'une émeute. Le texte de la loi fut en conséquence modifié de manière à inclure les cas de perturbations et d'émeutes « appréhendées » afin de justifier cette procédure à l'avenir... toute cette question de l'aide militaire en période électorale reste à étudier (p. 34 et 35 de la thèse inédite déjà citée).
Dès le début du XXe siècle et à plus forte raison après la crise de la conscription au Québec, les interventions de l'armée lors des élections, comme lors des conflits provoqués par des questions constitutionnelles sont non seulement impopulaires à l'avance, mais de fait difficilement concevables compte tenu de la réaction probable d'une partie de l'opinion publique.
À l'opposé, ce sont les conflits sociaux, fréquemment le corollaire des problèmes, ou des objectifs politiques, qui suscitent le plus grand nombre des interventions de l'armée. Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle ces interventions justifiées, ou pas, par un danger réel pour la stabilité des institutions politiques, suscitent, en outre, l'accord tacite d'une majorité silencieuse. En tant que défenseur de l'ordre et du fonctionnement des services dont les coûts sont défrayés par les contribuables, l'armée est reçue dès lors, dans les villes et régions concernées, comme une force indispensable pour la protection des citoyens.
C'est ainsi qu'au Québec, dès octobre 1969, on demande l'intervention de l'armée pour assurer l'ordre. En effet, à Montréal, les policiers font une grève illégale. Le gouvernement provincial et l'administration municipale ne semblent pas en mesure de contrôler pleinement la situation. D'autres troubles plus ou moins graves éclatent.
[53] Certes, on peut fort bien présumer que la Gendarmerie royale du Canada doit être la seule force fédérale appelée à intervenir directement pour protéger la population du Québec, mais tel n'est pas le cas. Il semble que malgré les connotations politiques toujours possibles l'action de l'armée est considérée comme plus positive, et on lui confère dès lors à. l'occasion la mission plutôt ingrate de se substituer à la police.
En 1969, l'action de l'armée au Québec ne dure que six jours et coûte aux contribuables de cette province la somme de $11 333,45. Un an plus tard, c'est l'enlèvement par le FLQ du diplomate britannique lames Cross et du ministre provincial Pierre Laporte. Les communiqués, présumément rédigés par les membres de diverses cellules, se succèdent à la radio et à la télévision. Plus tard, bien plus tard, soit en 1980, des témoins, telle Carole Devault devant la Commission Keable, ou encore dès 1978 l'officier de la GRC Cobb devant la Commission fédérale McDonald vont reconnaître que plusieurs communiqués furent rédigés par la police municipale et la Gendarmerie royale, il n'en reste pas moins que sur le coup, en 1970, l'énervement de la population s'aggrave et que pour un fort pourcentage des citoyens la présence de l'armée à Montréal constitue un phénomène rassurant.
« La crise du FLQ qui dura près de trois mois », écrit le major Jean Pariseau dans sa thèse, « fut sans doute la plus coûteuse de toutes les opérations militaires à l'aide du pouvoir civil dans l'histoire du Canada » (p. 80).
Dès le 12 octobre 1970, plusieurs centaines de militaires furent déployés dans la région de la capitale nationale pour aider la GRC à assurer la sécurité des personnes et de la propriété du gouvernement. Le 15 octobre, le Solliciteur général du Québec soumit une demande formelle pour obtenir l'aide militaire. Le lendemain, le Gouvernement fédéral invoquait les mesures de guerre. Jusqu'au 4 janvier, soit pendant 80 jours, chacun des 85 000 militaires de la force régulière était investi des pouvoirs d'un constable spécial ; en outre 6 000 d'entre eux prirent une part active aux opérations. Seul le recul du temps nous permettra d'évaluer cet événement dans toutes ses perspectives (p. 81).
Quel est le rôle exact de l'armée en 1970 ? L'utilise-t-on uniquement comme une force de dissuasion en faisant défiler [54] dans les rues les 6 000 officiers et soldats vêtus d'uniformes de combat ? Les soldats postés à Montréal devant les résidences des politiciens et des personnalités connues étaient-ils chargés de les défendre contre une attaque éventuelle des agresseurs felquistes, indicateurs de la police, policiers déguisés et autres ? Ne craignait-on pas que grâce à leur présence des « cibles de choix » seront identifiables plus aisément ? Car enfin il n'était guère évident que le domicile d'un tel ministre de l'époque était connu des présumés terroristes, mais il est certain à l'opposé qu'il le devenait grâce à la présence de deux soldats devant sa porte, armes aux poings.
Parallèlement, les 6 000 militaires qui prirent une part active aux opérations, avaient-ils le même rôle que celui de la police ?
Des plaintes ont été présentées au Protecteur du citoyen de l'époque, Me Marceau, par des citoyens de Hull, ville du Québec proche de la capitale nationale, Ottawa, où l'armée a effectué des perquisitions particulièrement musclées, défonçant des murs et des cloisons et on comprend mal pourquoi ce travail n'a pas été assumé par la police.
Grâce aux révélations faites devant la Commission d'enquête fédérale McDonald, on sait que l'officier Cobb a fait rédiger des faux communiqués du FLQ ou encore que l'agent de la GRC Samson a déposé une bombe sur le terrain d'un particulier, actes qui rendaient les présumés terroristes d'autant plus présents et agissants.
On a appris également depuis que la police de Montréal disposait de force détails sur les individus impliqués dans le FLQ, mais n'agissait pas de crainte de compromettre ses informateurs tandis que l'armée se « montrait », sans avoir pour autant le leadership des opérations.
Le service de l'intelligence de l'armée contrôlait-il à son tour celui de la GRC et de la police, provinciale ou municipale ? Le « sixième homme », te felquiste anglophone, connu des forces de l'ordre, mais qui n'a pas été inquiété, tandis que plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées, interrogées ou perquisitionnées au Québec, était-il l'agent double de l'armée ?
Ce sont là les quelques questions qu'on ne peut éviter de poser eu ce dixième anniversaire le la Crise d'octobre. Questions [55] d'autant plus graves et lourdes de signification qu'elles illustrent l'insouciance des autorités fédérales face à l'armée ; force chargée non pas du travail policier, mais de la défense du territoire en cas de guerre.
L'armée canadienne est parvenue à s'imposer sur le plan international après son intervention lors de la Première et surtout de la Deuxième Guerre mondiale. Elle fut reconnue alors, en Hollande singulièrement, comme une des forces militaires alliées non seulement des plus héroïques, mais encore, ce qui est particulièrement rare, des plus proches de la population civile. C'est l'armée canadienne, en effet qui a sauvé certaines régions des Pays-Bas des inondations sciemment provoquées par l'armée allemande détruisant systématiquement les digues.
Par ailleurs, depuis 1945, l'armée canadienne a assuré et assure encore dans le monde plusieurs missions de surveillance du cessez-le-feu.
Parallèlement à l'intérieur du territoire national elle s'est distinguée lors des missions de sauvetage dans le Grand Nord, ou encore de divers sinistres et feux de forêts. Soulignons finalement que le recrutement de l'armée canadienne, basé en partie sur l'offre d'assurer aux recrues intéressées une formation universitaire, en échange d'un engagement pour une période limitée, demeure un modèle du genre imité par d'autres pays. II s'agit, en somme, d'une force militaire relativement jeune dont le rôle ne saurait être lié à celui de la police. Certes jusqu'à très récemment encore l'armée canadienne ne parlait que l'anglais au niveau des communications et du commandement, mais il n'est pas évident que c'est là une raison dirimante pour la considérer comme prédestinée à intervenir dans les opérations de police au Québec.
À cetégard l'exemple de l'action militaire en 1970 est très significatif. Désormais, soit dix ans plus tard, l'évidence de l'infiltration des groupes marginaux, et du PLQ a été établie devant deux commissions d'enquête, dont l'une provinciale et l'autre fédérale. En 1970, on croyait que les terroristes faisaient du terrorisme à l'insu de la police paralysée par son ignorance, mais actuellement il est prouvé qu'un certain immobilisme a été dicté, entre autres, par le souci de protection des informateurs.
[56] Comment les soldats et les officiers de l'armée réagissent-ils aux révélations relatives à la crise d'octobre dans laquelle ils furent impliqués ?
Les perspectives d'avenir seront-elles, en outre, conformes aux expériences passées ?
Les tableaux chronologiques des interventions de l'armée canadienne à l'intérieur des frontières indiquent que numériquement elles furent surtout importantes au Québec [3]. Doit-on conclure partir de là que les forces policières du Québec sont moins efficaces que celles de l'Ontario, et qu'il n'y a pas de raisons évidentes pour présumer que cet état de choses va changer ?
Certes, on ne saurait répondre à ce genre de questions. Il est parfaitement impossible, par ailleurs, de savoir quelle est l'attitude des soldats et des officiers face à l'obligation d'aider les forces policières lors des conflits sociaux tels que les grèves, par exemple. Il n'en reste pas moins qu'à l'époque actuelle il est particulièrement malaisé de considérer qu'on peut indéfiniment imposer à un corps constitué des missions qui ne correspondent pas à une certaine vision de ce qu'on attend d'une armée moderne d'un État démocratique. Au risque de compromettre les chances d'un recrutement valable, il est temps, en somme, de préciser les normes en fonction desquelles la paix et la sécurité des citoyens sont suffisamment menacées pour qu'on fasse appel à l'armée... Est-il nécessaire de rappeler à cet égard qu'en Europe, dans les pays tels que la France ou la Belgique, on a cessé depuis longtemps d'utiliser l'armée pour des opérations de police, bien que le service militaire est toujours encore obligatoire, ce qui élimine en partie certaines difficultés de recrutement !
TABLEAU II. QUÉBEC *
[57]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1867 (26 sept. - 30 oct.)
Québec
Grève ; chantier de construction navale
75+
2.
1869 (30 août)
Québec
Grève ; débardeurs
75+
3.
1870 (mars)
Québec
Déneigement d'un train
200+
4.
1872 (5 août)
Québec
Élection
50 +
5.
1872 (28 août - 29 août)
Montréal
Élection
100+
500+
Défaite de G.E. Cartier. Les troupes ne furent pas payées, même après une poursuite judiciaire. Appel illégal.
6.
1873 (4 mars - 5 mars)
Québec
Élection ; Québec-Centre
150+
250+
7.
1874 (juin)
Québec
Garde de l'Hôtel de Ville
20+
8.
1875 (16 nov.)
Montréal
L'affaire Guibord
1 081
9.
1875 (19 déc. - 20 déc.)
Montréal
Émeute ; ouvriers du canal Lachine
250
10.
1877 (27 avril)
Québec
Émeute à cause du haut coût de la vie
150
* Tableaux chronologiques établis à partir des données réunies par le major Jean Pariseau dans sa thèse inédite intitulée : « L'aide militaire au pouvoir civil », Service historique, ministère de la Défense nationale, Ottawa 1973.
TABLEAU II (suite)
[58]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
11.
1877 (12 juil. - 13 juil. 16 juil.)
Montréal
Émeute ; défilé orangiste et obsèques de Hackett
1041
Un chahuteur, blessé par la baïonnette d'un milicien, mourut par la suite.
12.
1877 (1er nov. - 10 nov.) (30 nov. - 4 déc.)
Mansonville
Tentative de démolir un chemin de fer
11
Incident international. Frais payés par la compagnie de chemin de fer South-Eastern R.R.
13.
1877 (28 nov.)
Québec
Émeute anticipé ; élection partielle
50+
Laurier accède au ministère.
14.
1877 (17 déc.)
Québec
Émeute anticipée ; élection
50+
15.
1878 (1er mai)
Québec
Émeute anticipée ; élection provinciale
50+
16.
1878 (12 juin - 16 juin)
Québec
Grève ; ouvriers de la construction
150+
1150
Confrontation : 1 mort, 10 blessés, 728 miliciens vinrent de Montréal.
Coût total $8 100 dont $3 980 payés par la ville, et le reste par la province.
17.
1878 (5 juil. - 12 juil.)
Montréal
Émeute anticipée ; défilé orangiste
258+
2 881
Les miliciens ne participèrent que 3 jours. La ville refusa de payer la note de $13 701,69 ; dont $10 000 furent assumés par le gouvernement fédéral.
TABLEAU II (suite)
[59]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
18.
1878 (17 sept)
Québec
Émeute anticipée ; élection fédérale
50+
Défaite du gouvernement Mackenzie.
19.
1878 (31 août - 10 oct.)
Ste-Thérèse
Incidents lors de la construction du chemin de fer Ottawa-Occidental
9
310+
La moitié des troupes furent relevées le 26 septembre. Coût défrayé par la province.
20.
1879 (15 août - 22 août)
Québec
Émeute ; rivalité des sociétés de bateliers
100+
650+
200 constables spéciaux aidèrent la police.
Coût : $6 522.86, payés par la ville.
21.
1880 (12mai -18 mai)
Québec
Émeute ; rivalité des sociétés de bateliers
100+
500+
Coût : $2 073,44, payés par la corporation municipale.
22.
1881 (3 juil.)
Montréal
Grève ; débardeurs
700+
23.
1884 (28 juil.)
Aylmer
Résistance au passage du chemin de fer Pontiac & Pacific R.
45+
Intervention non justifiée.
24.
1885 (28 sept. - 15 oct.)
Montréal
Émeutes anti-vaccin
830
Coût : $7953,71 payés par la ville
25.
1886 (13janv. - 24 mai)
Comté de Lévis
Surveillance des terres de la Couronne
30+
26.
1886 (25 sept. - 3 oct.)
Fury
Grève ; ouvriers de la Mereford R.
220+
TABLEAU II (suite)
[60]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
27.
1889 (8 avr. - 12 avr.)
Québec
Recherche d'un condamné par contumace
10+
28.
1889 (16 mai - 20 mai+)
Québec
Incendie du quartier Saint-Sauveur
150+
Deux militaires furent tués par une explosion.
29.
1889 (19 sept.-21 sept.+)
Québec
Éboulement ; quartier Champlain
200+
30.
1891 (16 sept. - 17 sept.)
Hull
Grève ; ouvriers de la compagnie E.B. Eddy
168
Coût : $236,04.
31.
1892 (7 juil. - 26 juil.)
Isle-aux-Coudres
Surveillance des contrebandiers
50+
Patrouille sur le Saint‑Laurent à bord du Constance.
(9 août - 7 oct.)
5
32.
1895 (17 nov. - 20 nov.)
Canton de Low
Refus des fermiers de payer leurs taxes
118
Coût : $1 683,38 payés par le Canton.
33.
1900 (2 mars)
Montréal
Bagarre ; étudiants de Laval et McGill
1 000+
34.
1900 (31 juil. - 3 août)
Magog
Grève ; employés de la Dominion Cotton
118
Coût : payé par la compagnie.
35.
1900 (25 oct. - 30 oct.)
Valleyfield
Grève ; employés de la Montreal Cotton
3
468
Réclamation de $6 521,25 soumise par ta Milice $2 040,24 payés par la ville.
TABLEAU II (suite)
[61]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
36.
1903 (28 avr. - 11 mai)
Montréal
Grève ; débardeurs
53+
1 332+
Coût : $19 836,18 payés par la ville après la poursuite judiciaire.
37.
1905 (25 juin - 27 juin)
Grand-Mère
Rapt d'une jeune fille au passage d'un cirque à Roberval
23
Aucune réclamation ne fut soumise par les troupes régulières transportées depuis la ville de Québec.
38.
1906 (8 oct. - 23 oct.)
Buckingham
Grève ; employés de MacLaren Mills
40
126
Coût : $2 350,47 payés par la ville après une poursuite judiciaire.
39.
1918 (28 mars - 2 avr.)
Québec
Émeute ; crise de la conscription
1 200+
---
Intervention légalisée postérieurement par un Ordre-en-Conseil. Mesures de guerre. Résultat : 4 personnes tuées et plusieurs blessées.
40.
1918 (12 déc. - 13 déc.)
Montréal
Grève ; policiers et pompiers
240+
Quelque 800 troupes additionnelles furent alertées.
41.
1919 (30 juil.)
Lauzon
Grève ; ouvriers de la Davie Shipbuilding
28
On ne donna pas suite à une seconde requête en date du 5 août.
42.
1919 (4 août - 11 août)
Montmorency
Grève ; employés de la Dominion Textile
28
La corporation municipale refusa de payer la solde des militaires au montant de $544,91.
43.
1921 (25 juin - 29 juin)
Québec
Grève ; policiers et pompiers
52
Coût : $189,76.
TABLEAU II (suite)
[62]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
44.
1941 (26 juil. - 7 août)
Arvida
Grève ; Aluminium of Canada
144
Coût : $5 701,57 ; aide à la PPQ et à la GRC. Modification au Règlement sur la Défense du Canada.
45.
1943 (24 oct. - 8 nov.)
Shawinigan Falls
Grève ; Aluminium of Canada
264
Appel selon la section 51A du R.D.C. Aide à la GRC.
46.
1943 (13 déc.)
Montréal
Grève ; policiers et pompiers
300+
Les soldats furent amenés du Camp Borden, et 700 furent placés en alerte.
1944 (5 fév.)
47.
1962 (17 juin - 19 juin)
Montréal
Émeute au pénitencier # St‑Vincent-de-Paul
190
48.
1963 (13 mai - 2 juil.)
Montréal
Émeute au pénitencier # St-Vincent-de-Paul
100+
Coût : $70 670,20,
49.
1969 (7 oct. - 13 oct.)
Montréal
Grève des policiers
587
Coût : $11 333,45.
50.
1970 (15 oct.)
Montréal
Kidnapping et meurtre par le FLQ
6 000+
Les militaires sont venus à l'aide de la GRC dès le 12 octobre et le 16 octobre, le gouvernement invoqua les Mesures de guerre. Emploi de 42 avions.
1971 (4 janv.)
TOTAL des interventions : 50
+ = Montant estimatif,
# Au point de vue juridique l'aide au service pénitencier n'est plus assurée à partir de 1950 par l'aide militaire au pouvoir civil.
TABLEAU III. ONTARIO
[63]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1869 (mars)
Ottawa
Déneigement d'un train
200+
Troupes britanniques
2.
1875 (3 oct.)
Toronto
Agitation orangiste
850
3.
1876 (30 déc.)
Belleville
Grève ; cheminots du Grand Duke Railway
245
Le nombre maximum de troupes en service à Belleville, en tout temps, fut de 167.
1877 (3 janv.)
Sarnia
50 +
4.
1877 (2 août - 3 août)
Pembroke
Bagarre de bûcherons
32
5.
1878 (12 juil.)
Gamanoque
Émeute anticipée ;
défilé orangiste
75+
6.
1878 (12 juil. - 13 juil.)
Ottawa
Bagarres suite à un pique‑nique orangiste
75+
7.
1880 (10 mai - 11 mai)
Long Point
Prévention de combats de boxe entre Américains, sur le sol canadien
200
Patrouille à bord du Annie Craig. Solde ($586,23) et transport payés par le gouvernement provincial.
(18 mai)
71
8.
1883 (25 sept.)
Rat Portage
Émeute anticipée ; élection
43+
Problème de frontière entre le Manitoba et l'Ontario.
9.
1884 (6 oct.)
Tamworth
Terreur semée par les ouvriers de la Napanee, Tanworth & Quebec R.
43+
TABLEAU III. ONTARIO (suite)
[64]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
10.
1884 (8 déc. - 11 déc.)
Port Rowan
Émeute anticipée ;
ouvriers italiens de la Port Rowan & Lake Shore R.
65
11.
1889 (22 juin)
Kingston
Émeute anticipée ; pénitencier
50
Coût défrayé par le gouvernement fédéral.
12.
1899 (10 juil. - 22 juil.)
London
Grève ; conducteurs de tramways
60
138
13.
1900 (22 avr. - 15 juin)
Thorold
Tentative de dynamiter le canal Welland
53
Les fauteurs de troubles venaient des États‑Unis.
14.
1900 (7 sept)
Galt
Émeute lors d'une arrestation
30
15.
1902 (23 juin)
Toronto
Grève ; conducteurs de tramways
1 362
Transport depuis Niagara-on-the-Lake et solde de $3 892 payés par la ville.
16.
1903 (29 sept. - 7 oct.)
Sault Ste-Marie
Grève ; employés de la Consolidated Lake Superior
87
376
Coût : $7 343,08 payés par la ville après poursuite judiciaire.
17.
1903 (3 nov. - 5 nov.)
Niagara Falls
Grève ; employés de diverses compagnies de construction
58
18.
1906 (28 juin)
Kingston
Grève ; employés du Grand Tronc
100
Aucune réclamation ne fut soumise par les militaires.
19.
1906 (23 nov. - 7 déc.)
Hamilton
Grève ; employés des tramways
175
Coût: $6 859,99 payés par la ville.
TABLEAU III. ONTARIO (suite)
[65]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
20.
1909 (12 août - 16 août)
Fort William
Grive ; débardeurs du CP
78
168
Les réguliers ont remplacé les miliciens. Coût : $3 400 payés par la ville. Transport fourni par le CP depuis Toronto.
21.
1910 (23 juil. - 3 août)
Brockville
Grève ; employés du Grand Tronc
59
82
Les réguliers ont remplacé les miliciens. Solde ($556,20), nourriture, logement et transport payés par la ville.
22.
1910 (1er août - 4 août)
Bridgeburg, Anticari
Grève ; employés du Grand Tronc
1
36
Coût : $778.05 payés par la ville après poursuite judiciaire.
23.
1912 (29 juil.)
Port Arthur
Grève ; charbonniers du CN
200+
24.
1912 (24 déc.)
Brantford
Émeute lors d'une arrestation
100
25.
1913 (8 nov.)
Kingston
Émeute anticipée ; étudiants de Queen's
84
26.
1916 (6 mai - 12 mai)
Thorold
Grève ; ouvriers de la Confédération Construction
42
Mesures de guerre. Soldats de la Force active.
27.
1917 (8 sept. - 10 sept.)
Fort City
Émeute suite à l'application du Règlement XVII
1
35
Question scolaire.
28.
1919 (5 mai - 12 mai)
Toronto
Grève ; emballeurs de viande
75+
TABLEAU III. ONTARIO (suite)
[66]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
29.
1919 (12 mai - 14 mai)
Windsor
Grève ; employés des tramways
209
Coût : $2 187,63 payés par la salle.
30.
1932 (17 oct.)
Kingston
Émeute ; pénitencier fédéral
197
Réduction des troupes à 21 dès le 27 octobre.
1932 (20 oct.)
31.
1933 (26 sept - 6 nov.)
Stratford
Grève ; ébénistes et apprêteurs de volaille
130
Intervention préalable de la CPP.
32.
1941 (13 sept.)
St. Catharines
Grève ; fonderie McKinnon
400+
Appel selon la section 51A du R.D.C.
(1er oct.)
33.
1945 (15 août - 16 août)
Sudbury
Émeutes du Jour. V.J.
149
Aide à la CRC et OPP. Coût : $408,40.
34.
1954 (15 août)
Kingston
Émeute au pénitencier #
100
Plus de 150 militaires furent alertes.
35.
1966 (4 juil. - 5 juil.)
Kingston
Émeute au pénitencier #
100+
36.
1971 (14 avr. - 21 avr.)
Kingston
Émeute au pénitencier #
550
TOTAL des interventions : 36
TABLEAU IV. NOUVELLE-ÉCOSSE
[67]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1876
Sydney Mines
Grève ; charbonnages
40+
Coût : $622,14 payés par le gouvernement fédéral.
2.
1880 (23 fév. - 24 fév.)
Westville
Grève ; charbonnages
36
3.
1883 (24 mars - 14 mai)
Glace Bay
Grève ; Lingan Mines
43+
Coût : $6 070,50 (dont $2 000 de frais judiciaires) payés par le gouvernement fédéral.
4.
1897 (19 oct. - 3 nov.)
Windsor
Incendie majeure
50
40
Les troupes régulières étaient britanniques. Le gouvernement provincial paya $500 du coût total ($592).
5.
1904 (4 juil. - 22 juil.)
Sydney
Grève ; employés de la Dominion Iron & Steel Works
130
365
Coût : $7 809,09 payés par la ville après poursuite judiciaire.
6.
1909 (8 juil 1909 - 3 mars 1910)
Glace Bay,
Sydney Mines
Grève ; charbonnages
546
Réduction des troupes à 278 dès le 9 septembre, puis à 181 le 6 novembre.
Coût : $52 139,04.
7.
1909 (11 juil. - 1er oct.)
Inverness
Grive ; charbonnages
111
Coût : $7 335,10.
8.
1910 (12 juil. 1910 - 15 avr. 1911)
Springhill
Grève ; charbonnages
165
Réduction des troupes à 55 dès le 17 août, puis à 34 le 8 octobre.
Coût : $11 703,56.
TABLEAU IV. NOUVELLE-ÉCOSSE (suite)
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
9.
1917 (6 déc. - 20 déc.)
Halifax
Explosion dans le port
1 000+
1 000+
Tous les soldats et marins cantonnés près de Halifax ont aidé.
10.
1922 (17 août - 4 sept.)
New Aberdeen
Grève ; charbonnages Dominion
972
(Voir ci‑dessous).
11.
1923 (1er juin - 17 août)
Comté du Cap Breton
Grève ; charbonnages et aciérie
1 151
Intervention générale de la police provinciale. Coût pour les deux années : $239 182,13.
12.
1925 (11 juin - 21 août)
New Waterford, Glace Bay & Caledonia
Grève ; charbonnages
2 000+
Coût estimé $325 000.
13.
1945 (7 mai - 20 mai)
Halifax
Émeutes du Jour V.E.
1 307
Des membres de la MCR furent responsables du gros des désordres.
TOTAL des interventions : 13
TABLEAU V. COLOMBIE-BRITANNIQUE
[69]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1877 (29 avr. - 3 mai)
Wellington
Grève ; charbonnages
109
2.
1887 (27 avr.)
Port Moody
Grève ; employés du CP
26+
Le transport des troupes fut effectué par le CP.
3.
1888 (16 juil. - 25 août)
Hazelton
Rixes entre Indiens à la Rivière Skeena
86
1
Intervention non justifiée. Les troupes furent accompagnées de 12 constables spéciaux. La traversée aller/retour et l'attente pour le bateau comptent pour 20 jours.
4.
1890 (5 août - 1 déc.)
Wellington
Grève ; mine Dunsmuir
27
26
Appel non justifié. Coût remboursé par la compagnie. Réduction des troupes effectuée à partir du 18 août.
5.
1900 (24 juil. - 31 juil.)
Steveston
Grève des pécheurs
179
Agitation anti-syndicale et anti-japonaise. 28 constables spéciaux. Coût : $2 822,32 payés par le gouvernement fédéral.
6.
1912 (3 fév.)
Vancouver
Démonstration « communiste »
75 +
TABLEAU V. COLOMBIE-BRITANNIQUE (suite)
[70]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
7.
1913 (14 août)
Nanaimo, Lady Smith, Extension, South Wellington, Cumberland & Kingston
Grève ; charbonnages
5+
900+
Le nombre de troupes en service varie de jour en jour. Coût : $255 313,86.
1914 (15 août)
8.
1914 (21 juil. - 23 juil.)
Vancouver
L'incident du Komogatu Maru
200
L'intervention principale par le HMCS Rainbow.
9.
1916 (26 juin - 29 juil.)
Minto
Grève ; charbonnages
100+
ibid.
10.
1918 (23 mai - 4 juin)
Vancouver
Grève ; ouvriers des chantiers maritimes
100+
Mesures de guerre.
11.
1924 (13 déc.)
Nanaimo
Poursuite de voleurs
25+
Patrouille navale à bord du HMCS Patrician.
12.
1932 (1er mai - 2 mai)
Vancouver
Émeute anticipée, agitation communiste
52
Transport des troupes depuis Victoria à bord du HMCS Vancouver.
TOTAL des interventions : 12
TABLEAU VI. MANITOBA
[71]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1870 (16 avr.)
Rivière-Rouge
Expédition à la Rivière‑Rouge
437
756
Les troupes régulières étaient britanniques et ne participèrent que pendant 180 jours dont près de 175 en voyage.
1871 (14 juil.)
2.
1873 (mars-déc.)
Winnipeg
Désordres frontaliers
50+ (x 5)
Chaque intervention dura environ une semaine.
3.
1874 (17 nov. - 20 déc.)
Winnipeg
Attaque sur la prison
50+
4.
1876 (27 nov.)
Près de Gimli (Lac Winnipeg)
Épidémie de vérole ; aide au service de la santé
11
1877 (21 juil.)
5.
1884 (31 oct. - 1er nov.)
Winnipeg
Attaque anticipée sur la prison
50+
190+
(1er nov. - 2 nov.)
81
6.
1888 (31 oct. - 7 nov.)
Winnipeg (Meadingly)
Litige entre le CPR et le Northern Pacific & Manitoba R.
Re : croisement des voies
Les troupes furent transportées et nourries aux frais de la province. La ville refusa de payer la solde de $620 qui fut assumée par le gouvernement fédéral. Plusieurs constables spéciaux assistèrent.
7.
1906 (30 mars - 1er avr.)
Winnipeg
Grève ; employés des tramways
86
210
Frais payés par la ville.
TABLEAU VI. MANITOBA (suite)
[72]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
8.
1919 (15 mai. 5 juil.)
Winnipeg
Grève générale
1112
Plusieurs constables spéciaux aidèrent la RMMP. Emploi d'un avion pour surveiller le déploiement des foules. Coût $196 821,11.
TOTAL des interventions : 8
TABLEAU VII. NOUVEAU-BRUNSWICK
[73]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1875 (27 janv. - 5 fév.)
Caraquet
Question scolaire du Nouveau‑Brunswick
93
2.
1875 (6 mai)
Saint-Jean
Grive ; débardeurs
50
3.
1876 (12 juil.)
Saint-Jean
Émeute anticipée ; défilé orangiste
138+
4.
1877 (22 juin - 3 juil.)
Saint‑Jean
Incendie majeur
20
140
5.
1879 (14 janv.)
St. Andrews
Émeute anticipée ; pendaison de T. Dowd
41
6.
1914 (23 juil. - 25 juil.)
Saint-Jean
Émeute générale des ouvriers
6
260
Les miliciens sont venus au secours des réguliers débordés par 7 000 émeutiers. Coût : $1847.
7.
1921 (29 juin)
Saint-Jean
Grève ; employés des tramways
66
Coût : $985,46.
TOTAL des interventions : 7
TABLEAU VIII. TERRITOIRES DU NORD-OUEST
[74]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1874 (17 août -5 oct.)
Fort Qu'appelle
Signature d'un traité avec les Indiens
50
117
Le voyage aller‑retour dura un mois.
2.
1879 (8 mai - 14 mai)
Cross Lake
Grève ; ouvriers du Canadien Pacifique
76
Intervention autorisée par décret du gouverneur général-en-conseil. Coût défrayé par le gouvernement fédéral.
3.
1885 (23 mars - 15 juil.)
Batoche, Cut Knife Hill, Duck Lake, Fish Creek, Frenchman's Butte
Insurrection des Métis
7 982 (en tout)
Résultats :
rebelles 70 morts et 200 blessés ;
- militaires 26 morts et 103 blessés.
Coût : $4 451 584,38 plus les réclamations de $3,000,000 assumés par le gouvernement fédéral.
TOTAL des interventions : 3
TABLEAU IX. ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD
[75]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1877 (13 juil. - 14 juil.)
Charlottetown
Émeute anticipée ; défilé orangiste
78
2.
1893 (29 août)
Souris
Soulèvement des pêcheurs
16
TOTAL des interventions : 2
TABLEAU X. SASKATCHEWAN
[76]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1912 (1er juil. - 8 juil.)
Régina
Tornade
300+
La RHWMP fournit 150 constables. Une centaine de miliciens se sont relevés à toutes les huit heures.
2.
1932 (8 nov. - 20 nov.)
Prince-Albert
Émeute ; pénitencier
27
Coût total, y compris le transport depuis Victoria $2 096,93.
TOTAL des interventions 2
TABLEAU XI. YUKON
[77]
Date
Lieu
Événement
Militaires
Milice volontaire
Remarques
1.
1893 (6 mai 1900 - 6 juin +)
Fort Selkirk et Dawson
Émeutes anticipées ; ruée vers l'or du Klondyke
203
Treize civils étaient attachés à la troupe qui fut réduite à 97 le 8 septembre 1899. Quatre soldats sont morts durant leur service.
Relevé récapitulatif des interventions de l'armée au Canada
(selon leurs causes et par province) (1867-1971) *
Province
Genre d'interventions
Grèves
Élections
et émeutes
anticipées
Émeutes
Cataclysmes
Autres
Total des interventions
Québec
18
10
14
3
5
50
Ontario
17
5
10
1
3
36
Nouvelle-Écosse
10
---
1
2
---
13
Colombie-Britannique
7
1
3
---
1
12
Manitoba
2
1
2
1
2
8
Nouveau‑Brunswick
2
2
2
1
---
7
Territoires du Nord-Ouest
1
---
1
+++
1
3
Île-du-Prince-Édouard
---
1
1
---
---
2
Saskatchewan
---
---
1
1
---
2
Yukon
---
1
---
---
---
1
* Dans l'ordre décroissant.
[1] Pour les détails concernant ces interventions, voir les tableaux à la fin de cet article, construits à partir des données relevées par Jean Pariseau.
[2] Pour détails voir les tableaux récapitulatifs à la fin de cet article, élaborés à partir des données réunies par le major Jean Pariseau.
Dernière mise à jour de cette page le mardi 26 octobre 201018:13
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue,
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
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