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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Facteurs sociaux de la santé, de la maladie et de la mort (1994)
Résumé


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Ginette Paquet, Facteurs sociaux de la santé, de la maladie et de la mort”. Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de in ouvrage sous le direc-tion de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin, Traité des problèmes sociaux. Chapitre 11, pages 223 à 244. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pages.

RÉSUMÉ 

par Serge Cantin 

 

In Traité des problèmes sociaux EN BREF. Synthèse préparée par Serge Cantin, Chapitre 11, pages 51-53, Sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, 1995, 205 pages. 

 

Au Québec, les services de santé accaparent près de 9% de la richesse collective, comparativement à 4% il y a trois décennies. À rebours de l'idée très répandue voulant que l'état de santé dépende du nombre de médecins et d'hôpitaux disponibles, nous découvrons l'importance cruciale des facteurs sociaux sur la santé, la maladie et la mort dans les sociétés industrialisées et notamment au Québec. 

Dans un premier temps, on fait le point sur les conceptions de la santé et du bien-être. Depuis une cinquantaine d'années, l'équation «santé = soins de santé» a été largement admise, sans que l'on semble trop se préoccuper du fait que l’accroissement des dépenses de santé ne se traduisait pas nécessairement par une amélioration de la santé collective. Bien que cette perception étroite de la santé domine encore dans bien des milieux, une nouvelle conception, plus globa­le, de la santé est apparue au cours des dernières années qui prête attention non seulement aux dimensions psychologiques, mais également aux causes sociales de la maladie telles qu'elles se manifestent à travers les écarts de niveaux de santé observés entre différents groupes de la population. Certains de ces écarts, ceux qui relèvent par exemple de variations biologiques liées au vieillissement, sont inévitables; d'autres, par contre, renvoient à des facteurs évitables et peuvent être qualifiés d'injustes. Tels sont: a) les effets néfastes sur la santé de certains styles de vie, lorsque les possibilités de choisir sont sévèrement limitées; b) l'exposition à l'insalubrité et à des conditions de vie et de travail difficiles; c) l’accès inadéquat à des services de santé essentiels et à d'autres services publics. Dans cette dernière catégorie de facteurs qui peuvent, à des degrés divers, compromettre l'accessibilité égale aux services, on retrouve la pauvreté, la race, le sexe, l'âge, la religion; certaines barrières financières, organisationnelles et culturelles; une répartition inégale des ressources affectées aux services et aux soins de santé entre les régions; enfin, une trop large proportion de ressources consacrées à des services de haute technologie. 

Dans un deuxième temps, on dresse un bilan des connaissances sur l'inéga­lité sociale devant la maladie et la mort. Dans presque tous les pays développés, des inégalités significatives ont été observées au plan de la santé entre les catégories les plus privilégiées et les moins favorisées de la société. De telles inégalités, qui se mesurent en termes d'espérance de vie, de mortalité, de prévalence de maladies spécifiques, etc., ne peuvent être liées qu'à des facteurs sociaux et culturels, puisque dans la plupart des sociétés modernes tous les citoyens ont également accès à un système de santé public. Des recherches menées au Canada confirment l'existence de ces inégalités entre classes sociales; par exemple, on y observe que l'espérance de vie d'un retraité est d'autant plus grande que son revenu aura été élevé pendant les douze années précédant sa retraite. Au Québec, même si dans l'ensemble la situation socio-sanitaire s'est améliorée, il n'en demeure pas moins selon les études - notamment l'Enquête Santé Québec - que les Québécois et Québécoises à faible niveau d'instruction et de revenu présentent plus de problèmes de santé et de problèmes sociaux ainsi que plus de décès prématurés que les autres. Pour l'espérance de vie en bonne santé, qui tient compte de la durée et de la qualité de vie, l'écart entre riches et pauvres serait de 14,4 ans. Un écart de 10 ans est également observé entre les espérances de vie des populations de quartiers favorisés et défavorisés de Montréal. Quant au taux de mortalité infantile, il est deux fois plus élevé en milieu défavorisé. Et ainsi de suite. Une relation a également été établie entre la pauvreté et les mauvaises habitudes de vie, de même qu'entre la pauvreté et l'incidence des problèmes sociaux. 

Dans un troisième temps, quelques hypothèses sont avancées concernant l'influence des facteurs sociaux sur la mortalité et la maladie. La stabilité des écarts de mortalité et de morbidité entre les classes socio-économiques sur une longue période de temps indiquent la présence de facteurs sociaux sous-jacents qui agissent au fil des générations. Deux facteurs s'avèrent déterminants. Le premier est la pauvreté. On reconnaît assez aisément l'existence de corrélations entre le produit national brut (PNB) per capita et l'espérance de vie. Mais des études récentes ont attiré l'attention sur la relation existant entre le degré d'équité dans la répartition de la richesse (la pauvreté relative) et l'état de santé. Ainsi, au Japon, l'espérance de vie à la naissance est passée entre 1955 et 1986 de 63,6 à 75,2 ans pour les hommes, et de 67,8 à 80,9 ans pour les femmes. Cette augmentation est liée de toute évidence à la croissance phénoménale du PNB japonais durant la même période, mais elle tient sans doute également au fait que l'écart relatif de revenu entre les plus pauvres et les 20% plus riches de la population japonaise est le plus faible de tous les pays de l'OCDE. Sur ce point, un rapport publié en 1992 par les Nations Unies montre que même si le Canada est l'un des pays qui offrent les meilleures conditions de vie, des disparités importantes y subsistent néanmoins et que de nombreux Canadiens et Canadiennes ne profitent guère des progrès du développement. Quant au Québec, sa situation générale s'est grandement détériorée au cours des dernières années au regard des différents indices de pauvreté (les personnes seules, les familles monoparentales, etc.), ce qui ne peut qu'entraîner des effets directs et indirects sur la santé et le bien-être des plus défavorisés. Le second facteur de risque majeur pour la santé et le bien-être est l'environnement social et plus particulièrement les conditions et le milieu de travail. Des études ont montré que la liberté de prendre des décisions, la place que l'on occupe dans la hiérarchie de l'entreprise et le niveau d'autonomie dont on dispose quant à l'utilisation de ses compétences, sont autant de variables qui entrent en jeu dans le lien très étroit que l'on observe entre la classe sociale et les maladies cardiovasculaires. Les effets du chômage sur la santé ont également été démontrés. 

Dans la conclusion, on souligne et déplore la disproportion entre les sommes énormes investies dans la recherche biomédicale et le peu d'investissements consacrés à la compréhension de l'influence des déterminants sociaux sur la santé et le bien-être collectifs; alors que pourtant tout indique que les gains véritables dans le domaine de la santé ne résulteront que d'une meilleure compréhension de cette influence. L'action préventive auprès des enfants pauvres et de leur famille, dont on fait grand état aujourd'hui au Québec, n'aura d'efficacité qu'à cette condition.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 31 mai 2008 11:32
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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