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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les tendances de la criminalité au Québec: les nouvelles réalités et les nouveaux enjeux (1998)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Marc Ouimet, Les tendances de la criminalité au Québec: les nouvelles réalités et les nouveaux enjeux. Montréal: École de criminologie, Université de Montréal, 10 avril 1998, 38 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 11 septembre 2006]

Avant-propos

Ce document prend sa source dans le rapport L'évolution de la criminalité au Québec et son influence sur l'organisation des services spécialisés en matière de sécurité publique (30 mai 1997) rédigé pour le compte du Ministère de la sécurité publique du Québec par Marc Ouimet, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. 

Le mandat initial consistait en la rédaction: 

"d'une analyse sommaire des statistiques descriptives produites par le ministère de la Sécurité publique en matière de criminalité pour les dernières années, de manière à en dégager les tendances les plus significatives ainsi que les principaux enjeux pour l'organisation des services policiers, particulièrement en ce qui concerne les services dits "spécialisés". 

En plus de dégager les tendances de la criminalité à l'échelle québécoise, l'analyse devra faire ressortir les particularités régionales à cet égard et évaluer les impacts de celles-ci sur l'organisation des services policiers dans les régions concernées. De la même façon, elle devra faire état de tout phénomène ou problématique, à caractère social ou économique, spatial, culturel ou technologique, susceptible d'influencer sur l'évolution de la criminalité à l'échelle du Québec ou de ses régions et, par conséquent, sur la dynamique d'organisation et de prestation des services spécialisés de police. 

L'analyse devra en outre mesurer l'ampleur et l'évolution récente, dans les différentes régions du Québec, de phénomènes comme le crime organisé, les gangs de rue, les crimes économiques ou informatiques, les crimes en réseau, etc., et identifier les effets prévisibles de ceux-ci sur le processus d'allocation des ressources en matière d'enquêtes criminelles et de services spécialisés supportant de telles enquêtes."  

Le présent document constitue une extension du rapport initial. Il vise, entre autres, à approfondir les explications des tendances observées. Par contre, les informations du rapport initial sur les particularités régionales de la criminalité ne sont ici qu’esquissées. Finalement, les propos ici rapportés n’engagent que l’auteur du rapport et ne sauraient en aucun cas refléter la position des représentants du Ministère de la sécurité publique. 

Ce rapport est consacré à une présentation, analyse et interprétation des mouvements de la criminalité au Québec entre 1962 et 1996. D’abord, nous discuterons des connaissances accumulées sur les facteurs qui influencent le taux de criminalité en moyenne période. Ensuite, nous présenterons les courbes de l’évolution des différents types de criminalité en moyenne période (1962-1996) et en courte période (1991-1996). Finalement, nous examinerons comment le problème criminel se pose actuellement dans diverses régions du Québec. 

Dans notre sociétés, la criminalité est changeante. On peut observer d’année en année des modifications de la réalité criminelle. Certains crimes deviennent moins fréquents alors que d’autres sont de plus en plus populaires. Même lorsque le nombre d’événements pour un type de crime est comparable d’une année à l’autre, il est fort possible qu’une analyse comparative approfondie des caractéristiques des incidents indique des différences significatives. La criminalité est changeante parce que les délinquants sont versatiles. Lorsqu’il devient trop risqué de braquer des banques suite à l’installation massive de caméras de surveillance, certains se tournent vers d’autres types de commerces plus vulnérables. Les individus gravitant autour des milieux criminels sont particulièrement sensibles aux innovations. On découvre un bon filon et on l’exploite au maximum pendant que cela est encore possible. Cela semble encore plus valable pour les organisations criminelles. Par exemple, si des membres d’un réseau exercent la contrebande d’un produit particulier (i.e. la cigarette) et que cette activité devient moins lucrative, il faut se demander vers quel genre d’activités ce réseau va-t-il se réorienter. 

La criminalité de violence n’est pas rare. Au Québec, plus de 49,000 crimes de violence furent dénombrés par les forces policières en 1996. Puisque la majorité des crimes contre la personne ne sont pas rapportées à la police, le total réel des agressions sexuelles, vols qualifiés et voies de faits dépasse certainement le cap des 100,000. Annuellement, ce sont pratiquement 1,5% des citoyens qui sont victimes d’un crime de violence. Au fil des ans, les probabilités cumulatives font que la majorité d’entre nous deviendront un jour victime d’un crime de violence. Qui plus est, puisque ce qui arrive à nos proches nous affecte directement, comme par osmose, la violence ne peut être considérée comme un phénomène rare. Les risques de victimisation violente sont fonction du sexe, de l’âge, du statut socio-économique et des habitudes de vie de chacun (Sacco et Johnson, 1990). Ainsi, la probabilité annuelle de victimisation violente varie énormément d’une personne à l’autre. Certains groupes sociaux, comme les jeunes sans emploi ou les personnes défavorisées, sont les premières à faire les frais de la violence. Contrer la violence revient à améliorer la qualité de vie des groupes les plus défavorisés de notre population. Les taux de violence au Québec sont relativement bas à l’échelle canadienne et nord-américaine (Ouimet, 1993). 

Les crimes dits non-violents prennent une variété de formes. Les plus importants sont les vols simple, les vols avec effraction, les méfaits et les vols de véhicules à moteur. On dénombre annuellement environ 450,000 crimes non-violents au Québec. Beaucoup plus sont commis. Il va sans dire que la criminalité non-violente nous touche tous de près, directement ou indirectement via les primes d’assurances ou l’ajustement du coût des biens de consommation. À l’échelle nord-américaine, le Québec détient l’un des taux les plus élevés en matière de vol avec effraction et de vol de véhicule à moteur (Ouimet, 1993). 

Le principe de base de l’étude de l’évolution des taux de criminalité est celui de la stabilité. Déjà Quételet (1835) avait remarqué que le nombre de crimes d’une année ressemblait généralement au nombre de l’année précédente. Ainsi, l ’étude sur de très courtes périodes, disons un an ou deux, de la criminalité génère souvent l’impression que le phénomène est stable. Or, l’étude à plus long terme peut montrer qu’un phénomène suit une douce tendance à la hausse ou à la baisse. La stabilité des séries cache aussi souvent une réalité changeante. En effet, puisque les catégories de crimes sont hétérogènes, la stabilité peut vouloir dire une augmentation d’un type de comportement criminel et la diminution d’un autre. Par exemple, la baisse des voies de faits entre étrangers peut cacher la hausse des voies de faits entre conjoints. 

Le second principe à l’analyse des tendances de la criminalité est celui de la versatilité des délinquants. Il existe, dans notre société, un groupe plus ou moins bien défini d’individus qui sont favorablement disposés à la délinquance. Ils chercheront à exploiter les opportunités criminelles intéressantes et se spécialiseront temporairement dans un type de crime. Ainsi, lorsqu’un filon se tarit, ils se tourneront vers d’autres types d’activités criminelles. Cette réalité est importante pour les organisations policières, judiciaires et correctionnelles: lorsque des énergies supplémentaires sont investies pour contrer un type particulier de criminalité, on verra se poindre de nouveaux problèmes. Cette versatilité des délinquants est présumément plus grande lorsque ceux-ci bénéficient d’un réseau de support à leurs activités criminelles.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 20 décembre 2006 6:59
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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