Le viol, agression sexuelle d'une femme, est un phénomène dont l'ampleur est inquiétante et sous-estimée. En effet, les résultats d'un sondage de victimisation effectué par Santé Québec indiquent qu'au cours d'une année, il y a 3,97% (69 432) des femmes du Québec qui sont victimes d'une agression sexuelle (Ouimet, 1997). Cependant, seulement 3057 agressions sexuelles contre des femmes ou des enfants sont rapportées annuellement à la police. Par ailleurs, en 1996, 1263 agresseurs sexuels furent mis en accusation. De ceux-ci, 116 seulement (dont 37 agresseurs de femmes) reçurent une sentence fédérale, soit de deux ans et plus (moyenne 3,8 ans). En conséquence, on constate une disproportion spectaculaire entre le nombre d'agressions sexuelles commises et le nombre d'agresseurs sexuels sentencés sévèrement. Les agresseurs condamnés à une peine fédérale d'incarcération ont survécu à un processus de filtrage ; ils représentent les cas les plus dangereux ayant commis les délits les plus violents, et ce, de façon répétée. 

La ligne directrice de ce chapitre est l'étude des causes des divers types de viols. Dans un premier temps, nous examinerons les plus récentes théories générales de l'agression sexuelle d'une femme. Puis, nous aborderons des typologies d'agresseurs qui reposent principalement sur les caractéristiques du scénario délictuel. Finalement, nous présenterons des études sur les profils de personnalité d'agresseurs sexuels de femmes évalués à partir d'instruments psychométriques. Les résultats de ces études serviront d'introduction à la recherche que nous avons réalisée au sujet des troubles de la personnalité et des scénarios délictuels chez les agresseurs de femmes.