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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Les caractéristiques démographiques et sociales des meurtriers et de leurs victimes.
Une enquête sur un département de la région parisienne dans les années 1990 (2004)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Laurent Mucchielli, “Les caractéristiques démographiques et sociales des meurtriers et de leurs victimes. Une enquête sur un département de la région parisienne dans les années 1990”. Un article publié dans la revue Population-F., vol. 59, no 2, 2004, pp. 203-232. [M. Laurent Muchielli, sociologue et historien de formation, est chargé de recherche au CNRS et directeur du Centre de recherche sociologique sur le Droit et les institutions pénales au CNRS]. [Autorisation formelle des auteurs accordée le 8 septembre 2005]

Introduction
Les homicides disent beaucoup sur les fractures des sociétés où ils se produisent. Les dossiers criminels ne contiennent pas seulement des indications sur les circonstances des meurtres ; ils informent très largement sur les caractéristiques biographiques des meurtriers, même s’ils sont peu prolixes sur les victimes. À partir d’une étude exhaustive des dossiers criminels jugés dans le département français des Yvelines dans les années 1990, Laurent MUCCHIELLI montre qu’appartenant dans leur quasi-totalité aux classes populaires, les meurtriers sont des hommes marqués par de lourds handicaps familiaux, scolaires et sociaux, qui dans leur majorité sont inactifs et n’ont pas de vie conjugale au moment des faits. Les victimes appartiennent aux mêmes catégories sociales mais sont, plus souvent que les meurtriers, de sexe féminin. Certaines histoires de vie, dans lesquelles les individus ont peu reçu dans le passé et n’ont rien à perdre dans le présent, poussent ainsi à accorder moins de prix à la vie des autres aussi bien qu’à la sienne. 

Au cours des années 1990, un peu moins de 2 000 homicides, tentatives d’homicides et coups mortels ont été, en moyenne, enregistrés annuellement par la police et la gendarmerie françaises. À quelles réalités sociales correspond ce phénomène dans notre société ? Cette recherche est née du constat qu’il était difficile de répondre à la question posée en l’état actuel des connaissances. Les recherches sur le sujet sont en effet rarissimes en France. Les plus anciennes sont liées au développement de la criminologie juvénile à partir des années 1960, autour notamment du centre de recherche de Vaucresson (par exemple : Henry et Laurent, 1974, p. 71-87). En 1976, la thèse de J.-C. Chesnais sur Les morts violentes en France depuis 1826 établit les principales caractéristiques historiques, géographiques et sociales des homicides. Il faut attendre ensuite la thèse d’État de J.-M. Bessette en 1984 et des publications tardives tirées de cette recherche (notamment Bessette, 1994) pour avoir de nouveau quelques données sur les homicides, mais sur la base d’un matériel empirique remontant aux années 1960 et 1970. Enfin, la thèse de B. Michel (1991), consacrée au meurtre, réalise une intéressante revue de travaux juridiques, historiques et de sciences humaines, mais n’apporte en guise de matériel empirique que quelques dizaines d’articles de presse français et suisses datant également des années 1970. En réalité, dans l’espace intellectuel français, c’est surtout vers l’école historique que le chercheur en sciences sociales peut se tourner pour s’imprégner d’un corpus de travaux nombreux et instructifs au double plan empirique et méthodologique. 

Aux États-Unis, la situation est toute différente. Dans les années 1950, les livres d’Albert Morris (1955) et surtout de Marvin Wolfgang (1958), un élève de Thorsten Sellin, deviennent rapidement des « classiques » suscitant de nombreuses recherches basées le plus souvent sur des analyses de grandes séries d’affaires criminelles traitées par la police. Depuis cette date, les recherches empiriques se comptent par centaines et alimentent chaque année les nombreuses revues de sociologie et de criminologie américaines. À tel point que ce qui n’était au départ qu’un objet de recherche tend à devenir un sous-champ à part entière, ainsi qu’en témoigne le lancement en 1997 de la revue Homicide Studies. Un article de revue ne suffirait pas à dresser un bilan de cette littérature scientifique. Signalons cependant quelques grandes problématiques qui la traversent. La première – et la plus nourrie – est la recherche des facteurs permettant d’analyser les comportements, tant sur le plan des individus (auteurs et victimes) que sur celui des contextes urbains dans lesquels ils se signalent par des fréquences particulièrement élevées. Ensuite, l’analyse des relations entre auteurs et victimes fait l’objet de travaux plus rares mais d’autant plus intéressants qu’ils fournissent généralement le socle des tentatives de construction des typologies des homicides. La recherche des circonstances et des contextes (situationnels, matériels, relationnels, etc.) des passages à l’acte criminel donne lieu à des travaux moins nombreux. Enfin, l’importante variation des taux d’homicides d’un pays à l’autre et au sein même des pays constitue une problématique classique qui continue à faire l’objet de recherches historiques, anthropologiques et sociologiques. 

Dans cet article, nous retenons la définition générale selon laquelle les homicides sont des comportements qui résultent d’interactions entre des auteurs et des victimes, dans des situations données et dans des contextes historiques, sociaux et culturels donnés (Mucchielli, 2002, p. 148). Le présent article aborde un aspect de cette réalité complexe : il présente les caractéristiques démographiques et sociales des auteurs et des victimes à partir d’un échantillon local et en discute la portée sociologique générale.


Retour au texte de l'auteur: Jean--Christophe Marcel, sociologue, Sorbonne Dernière mise à jour de cette page le mardi 7 mars 2006 14:37
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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