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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Laurent Mucchielli, “Recherche sur les viols collectifs:
données judiciaires et analyse sociologique
.” (2005)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Laurent Mucchielli, “Recherche sur les viols collectifs: données judiciaires et analyse sociologique.” Un article publié dans la revue Questions pénales, bulletin d’information, vol. 18, no 1, janvier 2005, pp. 1-4. Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales, Unité Mixte de Recherche – CNRS-UMR 2190. [M. Laurent Muchielli, sociologue et historien de formation, est chargé de recherche au CNRS et directeur du Centre de recherche sociologique sur le Droit et les institutions pénales au CNRS]. [Autorisation formelle des auteurs accordée le 8 septembre 2005]

Introduction

Cette recherche est née d’une interrogation face à la médiatisation aussi intense que subite de ce que les journalistes ont appelé "tournantes", reprenant à leur compte une expression argotique. Le comptage annuel de la fréquence des occurrences de l’expression "viol collectif" dans les titres des dépêches de l’Agence France Presse (source majeure d’information de l’ensemble des autres médias) met en évidence le phénomène. Alors que de 1990 à 2000, les viols collectifs n’avaient occasionné qu’un volume de 1 à 7 titres (pour une moyenne de 4 par an), en 2001 l’expression "viols collectifs" ainsi que celle, nouvelle, de "tournantes", apparaissent au total à 50 reprises. Le phénomène recule en 2002 avec 32 occurrences, puis seulement 23 en 2003, et il disparaît quasiment en 2004. L’analyse du contenu des articles de presse fait ressortir une version dominante présentant ce phénomène comme largement nouveau, en pleine expansion et propre à un lieu et une population donnés : les "jeunes de cités", c’est-à-dire les jeunes "issus de l’immigration". Cette vision s’inscrit en effet dans le cadre plus large du débat sur l’"insécurité" et "les banlieues", amplifié encore par le thème des violences faites aux femmes et par la peur de l’Islam. Cette médiatisation s’inscrit par ailleurs dans le contexte des campagnes électorales de 2001 et 2002, centrées sur le thème de "l’insécurité". À bien des égards, l’on a assisté à un phénomène de "panique morale" [1]

Nous avons alors cherché à en savoir plus. À côté d’une analyse qualitative et quantitative du traitement médiatique des "tournantes", nous avons d’abord entrepris de rassembler des documents historiques, puis analysé les statistiques disponibles, enfin dépouillé une vingtaine de dossiers judiciaires pour des affaires jugées ces dix dernières années (1994-2003) dans la région parisienne, aux assises (sous la qualification de "viols en réunion") et en correctionnelle (sous la qualification d’"agressions sexuelles en réunion") [2]. L’ensemble de ces deux analyses (sur le traitement médiatique et sur le phénomène lui-même) ainsi que les réflexions critiques issues de la confrontation entre elles font l’objet d’un livre à paraître [3]. On présente seulement ici des données et des éléments d’analyse sociologique.


[1] GOODE E., BEN-YEHUDA N., 1994, Moral panics. The social construction of deviance, Cambridge-Oxford, Blackwell.

[2] Deux de nos étudiantes nous ont aidé dans ce dépouillement (Géraldine BLAISE et Florence DUFÉE), nous les en remercions vivement.

[3] MUCCHIELLI L., 2005, Le scandale des "tournantes". Dérives médiatiques, contre-enquête sociologique, Paris, La Découverte.


Retour au texte de l'auteur: Jean--Christophe Marcel, sociologue, Sorbonne Dernière mise à jour de cette page le mardi 7 mars 2006 14:39
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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