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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

L'ethnicité, un outil politique pour les autochtones de l'Arctique et de l'Amazonie” (1995)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Françoise Morin et Bernard Saladin d’Anglure [respectivement de l’Université Lumière, Lyon 2, et de Université Laval], “L'ethnicité, un outil politique pour les autochtones de l'Arctique et de l'Amazonie.” Un article publié dans la revue ÉTUDES/INUIT/STUDIES, vol. 19, no 1, 1995, pp. 37-68. Québec: Université Laval. [Autorisation accordée par Mme Morin de publier, dans Les Classiques des sciences sociale, toutes ses publications conjointes avec M. Saladin d'Anglure, le 10 avril 2008.]

Introduction

 

Vingt-cinq ans après la publication d'Ethnic groups and boundaries (Barth 1969), une analyse critique de l'anthropologie de l'ethnicité ne peut ignorer les développements spectaculaires de l'ethnicité autochtone qui ont conduit à la proclamation, par l'Assemblée générale de l'ONU, de l'année 1993 comme « Année internationale des populations autochtones », puis de la Décennie 1994-2003, comme celle des peuples autochtones. Ces développements ne sont pas le fruit du hasard, mais l'aboutissement des efforts concertés, tant des organisations politiques autochtones que des organisations non gouvernementales occidentales. Ces efforts ont débouché sur la reconnaissance internationale de la spécificité et de l'importance du « problème autochtone » par les grands États-nations [1] (Morin 1992c). L'Année internationale est le résultat le plus visible des aspirations de trois cents millions d'autochtones dans le monde, aspirations à être reconnus comme peuples, à être respectés dans leurs différences culturelles et à assumer un développement politique autonome. Pour faire face aux politiques d'assimilation et de développement industriel qui les menacent, de nombreux peuples autochtones se sont dotés de nouvelles organisations politiques, se sont refaçonnés des identités, ethniques ou panethniques, se sont redécoupés des territoires, dont certains, transnationaux. Il s'agit le plus souvent de processus, en constante évolution selon la conjoncture économique et politique. 

Parmi les nombreux faits marquants de cette « révolution autochtone », nous avons choisi d'en analyser trois, tous survenus autour de 1993, qui montrent bien comment l'ethnicité peut devenir un outil politique permettant de transcender les identités locales pour construire des solidarités ethniques ou interethniques plus larges. L'ethnicité est ici comprise comme un processus d'identification ethnique modulable pour faire face aux changements socio-économiques vécus par des minorités autochtones dominées politiquement et enclavées dans des États-nations. Le premier des faits retenus est un appel à l'aide du Conseil des anciens du peuple youkaguire (mille cent quarante deux personnes vivant en Sibérie nord-orientale) au Groupe de travail sur les populations autochtones de l'ONU à Genève (Saladin d'Anglure et Morin 1993) ; le second est une rencontre à Anchorage (Alaska) de délégués de la Conférence inuit circumpolaire (représentant environ 130 000 Inuit, du Groenland, de l'Arctique canadien, de l'Alaska et de la Sibérie) destinée à mettre sur pied une grande zone de libre-échange inuit panarctique ; le troisième est l'organisation par la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien (regroupant un million et demi d'Indiens de la forêt amazonnienne), à Iquitos (Pérou) de la première réunion de l'Alliance mondiale des peuples indigènes des forêts tropicales. 

Ces trois exemples ont en commun de relever d'une même problématique de l'ethnicité, celle que nous venons de définir, mais à des échelles différentes : l'ethnicité régionale youkaguire, l'ethnicité transnationale inuit, l'alliance panethnique amazonienne. En dépit de leur construction récente, ces identités ethniques sont loin d'être artificielles : elles sont imaginées ou inventées dans le sens illustré par Anderson (1983), Hobsbawm et Rangers (1983), Cohen (1985) et Dahl (1988) ; elles comportent des éléments anciens, réactivés et réinterprétés pour faire face aux pressions externes du colonialisme politique. 

Mais avant d'analyser dans le détail ces exemples, nous voudrions décrire le contexte théorique et éthique de l'anthropologie dans lequel il faut les situer pour qu'ils prennent tout leur sens. Nous le décrirons, sous le titre de « l'effet Barth », pour ce qui est du contexte intellectuel et sous celui de la « filière scandinave », pour le contexte éthique (Saladin d'Anglure 1992).


[1] La plupart d'entre eux avaient été hostiles à ces développements dans un premier temps, mais ne pouvant plus réprimer le mouvement, ils avaient décidé d'en tirer le maximum de capital politique.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 24 juillet 2008 15:29
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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