Quatrième de couverture

À Dole se sont exprimés bien des historiens et bien des romanciers. Place a aussi été donnée, dans le domaine de l’édition, à ces amateurs – de ceux qui aiment leur cité d’élection – tel Charles Velin, témoin si cultivé de notre modernité avec ses impressionnantes collections de clichés photographiques. 

Ce nouvel opus, “Grandir à Dole”, est le récit brillamment abouti d’une jeunesse vécue dans la première moitié du XX ème siècle. Ce livre témoin est unique, par l’ambition rarement égalée dans le genre. Il se présente à la fois comme une fresque, un éphéméride, une biographie qui refuse trop souvent (pour le plaisir égoïste du lecteur) à se romancer... 

Mais quelle grâce ! Il y a là, c’est sûr, un texte bâti comme un devoir de mémoire, qui nous amène au bord du sacré. C’est le propre de ceux qui, avec sensibilité, charisme, exigences et volonté, ont conjugué leur histoire personnelle à l’Histoire, l’intime de leur être à l’intelligence, au beau des artistes et à la générosité du coeur, très sûrement vivifiée par l’âme... 

La petite doloise de l’avenue de Landon, non loin du symbolique Mont Roland, a grandi – comme on peut chacun le faire – jusqu’à l’exemple, jusqu’à nourrir la fierté de sa famille et de son papa cheminot. 

Nul doute, Colette Moreux devenue sociologue et québécoise, s’est formée avec ses brillants contemporains que sont Cixous, Harendt, Derrida et Foucault. Consultez bien l’annexe de six pages, très denses, en fin d’ouvrage ; Elles nous offrent quelques clés, véritables orfèvreries pour accéder aux savoirs contemporains. 

Ainsi, depuis Gollut jusqu’à nos jours, en s’arrêtant un peu – à tout Comtois, tout honneur – sur l’ouvrage de F. Elijas de Tejada, Dole, la ville chérie, reine de l’Âge d’or en Franche-Comté est bien la cité, vitrine de notre civilisation qui continue à enfanter des talents et de beaux esprits. Elle a aussi engendré bien des comportements héroïques qu’elle sait réserver... En ses murs, au XX ème, se sont jouées encore – et cet ouvrage en témoigne – quelques scènes héritières d’un théâtre antique digne de l’Acropole et du “plakka” athénien. Les exigences critiques démontent sans cesse les mythes fondateurs, mais la substance même des vies, irradiée de quelque mystérieuse essence, les rehausse toujours mieux.

Pascal Magnin, éditeur.