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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“Présentation. Religions et sociétés... après le désenchantement du monde (1998)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de madame Micheline Milot [professeure titulaire, département de sociologie, UQAM],  “Présentation. Religions et sociétés... après le désenchantement du monde”. Un article publié dans la revue Cahiers de recherche sociologique, no 30, 1998, pp. 5-17. Montréal: Département de sociologie, UQAM. [Autorisation accordée par l'auteure le 17 novembre 2004]

Introduction

Contrairement à ce qu'avait prédit Malraux, le problème religieux n'est certes pas le problème principal de cette fin de siècle. Pour paraphraser l'affirmation qu'on lui attribue, mais qu'il n'a jamais prononcée, le XXIe siècle sera, sans être nécessairement religieux. Toutefois, la situation actuelle, en ce qui concerne la religion dans les sociétés modernes, ne semble pas donner davantage raison aux prédictions sécularistes qui liaient les processus de rationalisation à la mort définitive des dieux.

Bien que le surnaturel ne fonde plus l'ordre politique et moral de la plupart des sociétés, les références religieuses se trouvent présentes au sein des groupes et des nations, et ce sous diverses formes. Ainsi, les conflits sporadiques ou endémiques qui secouent la planète impliquent, en grande majorité, des groupes identifiés sous des bannières confessionnelles : le Kosovo (musulmans et orthodoxes), le Proche-Orient (juifs et musulmans), l'Afghanistan (musulmans modérés et fondamentalistes chiites), l'Irlande (protestants et catholiques), le Timor oriental (catholiques et musulmans), la Tchétchénie (musulmans et orthodoxes), le Cachemire (hindous et musulmans), le Tibet (bouddhistes et athées), l'Algérie (musulmans intégristes et musulmans modérés ou laïques), et la liste pourrait s'allonger.

Dans le contexte plus pacifique des sociétés occidentales, les grandes traditions confessionnelles habitent encore l'espace de la mémoire collective, malgré l'effondrement de leur pouvoir social : la déclaration d'affiliation confessionnelle (affiliation « sans implications », le plus souvent) est encore le fait d'une large majorité, la croyance en Dieu ou en une puissance supérieure est affirmée par plus de 80% de la population, les rites liés à la naissance et à la mort sont encore très répandus, toutes traditions confondues. Certes, l'expansion des processus de sécularisation a contribué au rétrécissement de la portée sociale des confessions traditionnelles. Cependant, on assistait en même temps à l'émergence d'une multitude de groupes et de mouvements religieux ou spirituels. Les croyances d'origines les plus diverses se disputent un marché symbolique dans lequel l'aspiration au bien-être, physique et psychique, la recherche d'harmonie, la volonté de réalisation personnelle et les diverses quêtes de sens tentent de trouver satisfaction, selon une version immanente du salut. Seulement au Québec, on dénombre plus de 600 groupes religieux ou spirituels, dans lesquels se rassemblent des personnes issues de tous les milieux sociaux et professionnels. Ces adhésions s'effectuent de façon relativement discrète. L'un ou l'autre de ces groupes fait occasionnellement l'objet d'un battage médiatique lorsque s'y commettent des actes illégaux ou violents. Ces faits sont particulièrement dramatisés par les médias et inquiètent davantage l'opinion publique quand ils sont débusqués dans de tels petits groupes plutôt que dans la société en général.

Quelle que soit la forme selon laquelle ce foisonnement se faufile dans les rouages de la société, il nous rappelle que la fin du rôle social des religions ne signifie pas la fin des croyances religieuses. Si celles-ci ne déterminent plus l'organisation de la cité, que signifie leur effervescence ?

Devant cette prolifération de croyances, d'adhésions et de recherches de sens qui se produit simultanément au déclin du pouvoir social des grandes traditions religieuses, différents ordres de questionnement préoccupent les chercheurs qu'intéressent les rapports entre religion et modernité. Sans prétendre à un inventaire exhaustif de la recherche actuelle, ce numéro des Cahiers propose un aperçu des analyses et des réflexions qui se rattachent à diverses problématiques sociologiques concernant les faits religieux : le rapport entre les croyances religieuses et l'organisation de la vie individuelle et sociale, les accointances entre les fonctionnements religieux et les fonctionnements politiques, les transactions complexes entre les grandes confessions religieuses et les sociétés modernes, le rôle des références transcendantales dans le façonnement du lien social, pour n'en nommer que quelques-unes. Ainsi, les différents articles s'appliquent à dégager les composantes religieuses présentes au cœur des logiques sociales de nos sociétés prétendument « sorties de la religion ». Comme tous ces travaux s'inscrivent à la suite du renouvellement des théories de la sécularisation, et ce dans le contexte de désenchantement de la modernité elle-même, je rappelle quelques traits marquants de cette évolution théorique.


Retour au texte de l'auteure: Micheline Milot, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 5 février 2007 9:05
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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