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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

UNE RELIGION À TRANSMETTRE.
Le choix des parents. ESSAI D’ANALYSE CULTURELLE
. (1991)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Micheline Milot, UNE RELIGION À TRANSMETTRE. Le choix des parents. ESSAI D’ANALYSE CULTURELLE. Sainte-Foy: Les Presses de L'université Laval, 1991, 165 pp. [Autorisation formelle accordée par Mme Milot le 24 juillet 2005 de diffuser ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

[vii]

UNE RELIGION À TRANSMETTRE.
Le choix des parents.
ESSAI D’ANALYSE CULTURELLE.

Préface

La religion catholique, système symbolique éclaté et fortement ébréché en Occident, se transmet encore. On pourrait même avancer, sans pour autant verser dans l'hyperbole, que l'éducation religieuse des jeunes enfants est, avec le phénomène des funérailles religieuses, la manifestation la plus répandue et la plus explicite, sur le plan social, de rapports au catholicisme.

Nécessité de « vérités éternelles » dont parle Bateson ? résurgence des « archétypes » décrits par Jung ? ou encore impossibilité de se départir d'un « fond commun du vraisemblable» tel que dépeint par Castoriadis ? Indéniablement, on constate bien un référentiel symbolique ayant une « certaine » teneur religieuse dans le composite d'une culture dite séculière, à l'intérieur de laquelle, comme le disait De Certeau, comportements religieux et foi se sont résolument déliés. Mais alors, comment comprendre la persistance d'une telle pratique éducative? C'est aux parents, premiers agents de transmission de la culture, que nous avons posé la question: mais pourquoi?

Dans ce dialogue avec les acteurs sociaux que sont les parents, nous avons exploré les espaces sémantiques qui composent le cadre symbolique et conceptuel de ce qu'est devenu le catholicisme québécois, du moins celui d'une grande partie de la population. À cet égard, les motifs qui sous-tendent chez les parents leur choix d'un enseignement religieux et de la sacramentalisation pour leurs jeunes enfants apparaissent comme un révélateur privilégié. En effet, dans cette volonté de transmission se cristallisent les aspects d'une religion encore valorisés et jugés essentiels par les individus et, partant, justifiant le désir de sa reproduction.

En donnant aussi résolument la parole aux parents, il s'est agi d'essayer de comprendre le paradoxe [viii] de la persistance d'une demande de transmission de la religion catholique aux nouvelles générations, demande qui, dans le même souffle, révèle les nombreuses formes de désaffection de ce même catholicisme. Quel sens alors donner à la qualification de catholique qui marque encore l'identité et le recours à certains rites ? Il serait tentant d'y voir la survivance, plus ou moins fossilisée, d'une forme religieuse vidée de son contenu. Nous découvrons au contraire un filon d'identité dont la vitalité s'ancre dans la relation dialectique entre le changement et la permanence, entre la tradition et la mouvance des nouveaux idéaux de socialisation.

Comme tout aspect de la culture, la religion tente de se frayer une voie entre la reproduction de bribes de valeurs et de croyances lui assurant son enracinement dans l'histoire et l'adaptation à un contexte socio-culturel qui bat en brèche l'intégrité de toute tradition. Il faut considérer d'ailleurs que le phénomène de différenciation sociale et le pluralisme des interprétations de l'existence humaine font que les individus ne donnent plus leur assentiment à une vision du monde univoque pour tous les registres de leur existence. Si le référentiel religieux n'est désormais plus structurant de la socialité, il acquiert toutefois une fonction en réponse aux besoins de l'individu, et ce, indépendamment des critères d'appartenance du groupe confessionnel. C'est donc au cœur de la dialectique, où les faits sociaux agissent sur la détermination symbolique des individus, laquelle infléchit à son tour les premiers, que se situe notre exploration.

Sans geindre sur les aléas de la recherche que connaît, pour le meilleur et pour le pire, tout chercheur sans toujours s'y attendre, je dois bien reconnaître que je me suis aventurée sur un terrain « où les anges - ceux de Gregory Bateson, bien sûr ! -n'osent même plus mettre le pied », comme me le soulignait l'un des lecteurs de mon premier manuscrit. Il signifiait ainsi, fort à propos d'ailleurs, qu'il est un peu hardi d'inscrire un créneau de recherche dans un espace déjà quadrillé par les concordances et discordances théoriques, méthodologiques et surtout idéologiques des discours du pouvoir, de la science et du sens commun. Mais le risque valait la peine, puisque la richesse des discours recueillis auprès [ix] des acteurs sociaux -que sont les parents et les traits qui en ont été dégages ici invitent chacun, spécialiste de la pédagogie ou de l'analyse de la religion, intervenant en pastorale sacramentelle ou tout lecteur s'intéressant à la mouvance de la religion dans le creuset de la culture, à déplacer ses façons de voir habituelles. Cette étude introduit le lecteur à une approche systématique de la religion, en situant celle-ci dans son rapport dialectique avec l'individu et la culture.

Je tiens à souligner chaleureusement l'apport de mon collègue et ami Marcel Aubert qui, par ses remarques judicieuses et quelques heureuses expressions que mon texte lui doit, a su m'encourager et stimuler tous les moments de l'écriture.

M.M.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 16 mars 2019 15:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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