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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de madame Micheline Milot [sociologue, UQAM], “L'investigation du croire. Parcours et impératifs méthodologiques”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Raymond Lemieux et Micheline Milot, Les croyances des Québécois. Esquisses pour une approche sociologique, pp. 93-114. Québec: Université Laval, Groupe de recherches en sciences de la religion, 1992, 383 pp. Collection: Les Cahiers de recherches en sciences de la religion, vol. 11. [Autorisation accordée par l'auteure le 17 novembre 2004.] Introduction L'objectif général de la recherche et son originalité impliquent un double défi méthodologique : soit l'élaboration d'un questionnaire ouvert, mais rigoureux, et la place la plus large possible accordée au discours des acteurs sociaux, avec tout l'intérêt que comporte une telle perspective, mais également avec les risques inhérents à une telle tentative. Il faut bien reconnaître que, dans l'entretien de recherche dans les sciences sociales en général, il n'y a pas que la dimension « contenu » à recueillir : il ne suffit pas d'administrer un questionnaire ; c'est une situation sociale, complexe, comportant de multiples enjeux qu'il faut prendre en considération, car c'est le statut des données qui est en jeu. Le problème méthodologique que pose l'entretien en regard du statut des données réside principalement en ce qu'il importe d'obtenir à la fois :
Le fait est que l'on peut obtenir des données pleinement fiables, mais parfaitement stériles du point de vue des objectifs de la recherche, ou valides, mais avec une absence quasi totale de fiabilité, l'induction de l'interviewer étant trop importante. Bourdieu et Passeron disaient :
La recherche sociale par mode d'interview s'avère en fait une « situation sociale ». Qu'est-ce qui compose cette situation sociale ?
Tout en étant conscients de la présence incontournable de ces variables inhérentes à la recherche, la perspective de notre étude nous invitait tout particulièrement à donner résolument la parole aux acteurs sociaux, et à infléchir le moins possible leur discours par des préjugés ou pré-conceptions souvent présentes chez les chercheurs dans ce type d'enquête. Une telle place laissée à la parole de l'informateur le situe d'emblée dans un rôle plus valorisant, où sa subjectivité et ses points de vue strictement personnels ont une teneur valorisée par l'interviewer. Cette orientation méthodologique a certainement des conséquences directes sur les résultats obtenus, en l'occurrence, la mise en relief de façon particulièrement éloquente de systémiques de croyances fortement individualistes, l'individu étant moins enclin à fournir des réponses « socialement acceptables ». Nous pensons que la qualité de « fiabilité » des matériaux recueillis réside en bonne partie dans cette optique choisie par l'équipe de recherche. Un autre aspect, inhérent cette fois-ci au cadre conceptuel de la recherche, a exigé une attention particulière afin de s'assurer de la « validité » du matériel. Le fait est que le terme même de « croyances » est très généralement associé au champ de la religion. Notre structure de mise en situation et de déroulement de l'entrevue, tout en demeurant très souple, devait justement permettre d'éviter une association aussi étroite, afin que ne soient pas élagués du discours des informateurs tous les autres registres de croyances qui étaient englobés dans l'acception du terme pour l'équipe de recherche. Nous présenterons maintenant successivement les deux grands axes méthodologiques par lesquels nous avons tenté de d'optimaliser la fiabilité du matériel discursif recueilli et sa validité : soit la structure générale du questionnaire et les principaux points d'attention qui ont marqué la formation des interviewers.
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