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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Jean MEYNAUD, Les groupes de pression internationaux. (1961)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean MEYNAUD, Les groupes de pression internationaux. Lausanne: Jean Meynaud, 1961, 560 pp. Collection: ÉTUDES DE SCIENCE POLITIQUE, n° 3. Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole, professeure à la retraite de l'École polyvalente Dominique-Racine de Chicoutimi. [Autorisation accordée par les ayant-droit de l'auteur le 19 octobre 2008 de diffuser toutes les publications de l'auteur dans Les Classiques des sciences sociales.]

Avant-propos

CE TRAVAIL trouve son fondement dans les efforts entrepris pour appliquer à l'étude des relations internationales la catégorie « groupes de pression ». D'un emploi courant dans l'examen de l’action gouvernementale intérieure, cette notion n'est pas encore pleinement utilisée pour l'explication des rapports entre les pays. Ce décalage, particulièrement sensible chez les spécialistes européens, ne semble pas imposé par la nature des choses : il résulte simplement de l'insuffisance les liaisons entre les diverses branches de la science politique. On forme l'espoir que ce livre contribuera à l'unification méthodologique de la discipline en incitant les chercheurs à se servir, pour l'analyse de la vie internationale, d'un schéma qui a fait ses preuves sur le plan des phénomènes internes et que l'on supposera connu du lecteur dans ses grandes lignes.

Cependant, l'objet propre de cet ouvrage n'est pas de plaider pour une extension dont le principe a déjà suscité de nombreuses réflexions théoriques et quelques applications pratiques. On s'efforcera d'établir qu'il est possible d'améliorer la connaissance du sujet en ayant recours au concept « groupe de pression international ». Il s'agit, en somme, non de découvrir des faits encore inconnus, mais de présenter un cadre spécifique d'interprétation permettant de tirer un meilleur parti des données disponibles et, notamment, de l'immense matériel assemblé par les historiens.

Le concept sur lequel on va raisonner est donc de nature empirique. Il a pour rôle de faciliter la classification et la compréhension d'un certain ordre de comportement. Il ne saurait avoir d'autre justification que l’utilité. Autrement dit, le critère auquel on entend soumettre cette recherche est la valeur opérationnelle de la formalisation énoncée.

Cette tentative n'est pas à l'abri de la controverse. Elle repose sur la [p. 6] certitude qu'il est souhaitable d'étendre aux rapports internationaux le schéma « forces de pression » (dont chacun sait qu'il est affecté de plusieurs imperfections théoriques). Mais l'acceptation de ce point de vue n'oblige pas à tomber d'accord sur l'opportunité d'instituer une différenciation à l'intérieur des groupements. Il est prudent et équitable de prévenir le lecteur que la sélection d'un ou plusieurs facteurs particularisant le « groupe de pression international » soulève des difficultés considérables et se heurte à de sérieuses objections.

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C'est au professeur Jacques Freymond que je suis redevable de l'inspiration initiale de cette étude. Le point de départ en a été un cours temporaire fait, en mai 1957, à l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales. On offre ici le résultat des recherches poursuivies depuis lors, sans songer à dissimuler les défauts et lacunes de ce premier essai. Il est aisé de remonter à leur source.

On n'aura pas besoin d'insister sur l'ampleur du thème abordé : l'exploration systématique de ses divers aspects dépasse la capacité d'un chercheur isolé. Mais, si l'on met à part le cas des États-Unis, rares sont encore les spécialistes en science politique qui peuvent s'appuyer sur une équipe d'enquêteurs expérimentés ou, plus modestement, disposent d'un bon service de documentation. Cette situation conduit à réaliser, à une échelle individuelle, des projets dont l'élaboration et l'exécution devraient être collectives. Ce travail n'a pas échappé à une telle servitude dont l'ultime conséquence est d'inciter à l'abstention ou d'obliger à prendre les risques intellectuels qui découlent inévitablement d'une investigation partielle.

Beaucoup en tirent la conclusion qu'il est préférable de se contenter de recherches d'allure monographique et de renvoyer à plus tard la formulation d'un cadre général. La suggestion n'est pas sans attrait et semble en harmonie avec les exigences de la méthode expérimentale. Cependant, pour une discipline aussi jeune que la science politique, sa Mise en œuvre aboutirait à une véritable capitulation.

Sans présentation d'ensemble, qui explicite et situe les phénomènes, il n'existe pas de stimulant pour l'établissement de telles monographies. Admettons que cet obstacle soit surmonté : le manque d'un schéma global, provoquant infailliblement une dispersion des efforts, conduirait [p. 7] à l'acquisition de résultats hétérogènes dont l'inutilité, pour la construction de la théorie, n'est plus à démontrer. Ces observations, aujourd'hui très banales, imposent la réalisation prioritaire d'un canevas de référence : elles obligent en même temps à le traiter comme une, hypothèse de travail.

La méthodologie de cette étude s'exprime dès lors en quelques mots : identifier les faits considérés et construire un schéma théorique qui permette de les rapprocher, de les classer, de les interpréter. Le propre de cette démarche est de postuler un constant va-et-vient entre les faits et la théorie. Position certes sans originalité : elle est effectivement celle de tous les spécialistes qui s'efforcent, avec des fortunes diverses, d'améliorer la connaissance positive des sociétés humaines.

Cette conception, en dépit de sa netteté, reste exclusive de tout aveuglement sur le sens et la portée des opérations effectuées ou des outils utilisés. Psychologues et sociologues ont depuis longtemps éclairé les chercheurs sur les infirmités du jugement humain ; ils ont établi le caractère utopique et l'aspect naïf des prétentions à une objectivité absolue. Le premier devoir du spécialiste est de faire preuve d'esprit critique à l'égard de ses propres exposés. Mais, ces réserves exprimées, la recherche positive reste l'instrument privilégié et en quelque sorte la seule voie disponible pour l'observation et l'explication des phénomènes de la vie sociale.

Difficile à pratiquer, cette méthode est souvent décevante dans ses résultats immédiats. Elle exige une longue patience qui risque d'indisposer, et parfois de décourager, les chercheurs. Il arrive souvent que l'exploitation d'une masse considérable de données permette tout au plus de dégager des constatations préliminaires ou des observations secondaires. Mais ce déblaiement progressif du terrain, représentatif du stade actuel de la science politique, est la condition nécessaire pour atteindre une connaissance complète ou, si l'on préfère, le prix à acquitter.


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Cet ouvrage comporte une somme de notes bibliographiques assez considérable. Elle englobe les matériaux – disons plus franchement, une petite partie d'entre-eux – sur lesquels il semble possible de se fonder pour la [p. 8] construction de la catégorie « groupe de pression international » (qui ne paraît pas encore avoir donné lieu elle-même à un examen systématique). Cette masse de références ne répond ni au souhait d'exposer une érudition qui reste fragmentaire, ni au désir de trouver une justification aux positions prises. Sur de très nombreux points ces notes prolongent le texte et ouvrent des perspectives supplémentaires. Un souci a présidé à leur établissement : celui de faciliter la tâche des étudiants qui seront parfois amenés à considérer ce livre comme un instrument de travail.

Un tel appareil provoque inévitablement une surcharge typographique s'il est distribué au bas des pages. Afin d'éviter l'incommodité qui en résulte pour le lecteur s'intéressant seulement au texte, on a décidé de le reporter en fin de volume * avec les index.

Lausanne, décembre 1960.



* [Dans cette édition électronique les notes de fin ont été converties en notes de bas de page, MB.]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 11 octobre 2010 10:27
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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