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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Marcel J. Mélançon, Albert Camus. Analyse de sa pensée (1976)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Marcel J. Mélançon, Albert Camus. Analyse de sa pensée. Suisse: Les Éditions universitaires Fribourg, 1976, 279 pp. Le livre a aussi été publié à Montréal en 1978 par la Société des Belles-Lettres Guy Maheu inc., 1978, 279 pp. [Autorisation formelle accordée par l'auteur le 15 juillet 2005 de diffuser ce livre.]

Introduction

Il existe une abondante publication sur Albert Camus. Plus de 1300 titres de volumes, d'articles de revues, de comptes rendus, ont été recensés. Et cela, pour les écrits de langue française seulement [1]. La plupart traitent de Camus comme homme de lettres, comme homme de théâtre ou comme philosophe. 

Il nous a semblé qu'une analyse de sa pensée philosophique s'imposait, et qu'elle devait se faire du point de vue de sa position métaphysique par rapport à Dieu. En effet, nous croyons que cette position explique en grande partie la philosophie d'Albert Camus. L'absurde, par exemple, ne définit-il pas l'état d'un monde sans Auteur ? La condition humaine, telle qu'elle est décrite par Camus, ne présente-t-elle pas la situation de l'homme sans Dieu ? L'éthique de la révolte ne propose-t-elle pas une conduite aux hommes privés de Dieu ? Sans vouloir réduire la pensée de Camus à un système (Camus s'est toujours refusé à ce qu'elle soit réduite à un système), nous tenterons de l'analyser dans l'optique de cette position métaphysique à l'égard de Dieu. 

Notre perspective dans cette étude ne sera pas celle de l'homme de lettres, du chrétien ou du théologien, mais celle du philosophe. Cependant, vu l'influence de la pensée chrétienne chez Camus, nous devrons tenir compte de certaines données théologiques véhiculées par un vocabulaire religieux de péché, de grâce, de salut et de sainteté. 

Une autre observation s'impose, celle de l'évolution de la pensée de Camus. Certains thèmes sont demeurés constants depuis ses oeuvres de jeunesse jusqu'à celles de la maturité ; tel, par exemple, celui de l'immortalité qui sera toujours niée. D'autres, par contre, ont subi une évolution allant dans le sens d'une rupture ou d'un approfondissement ; ainsi l'éthique de la quantité du Mythe de Sisyphe a été remplacée par l'éthique de la qualité dans L'Homme révolté ; l'absurde, sans être renié, a fait place à la révolte. Dans le cas de Dieu, certaines questions ne peuvent pas ne pas se poser : la position prise dans L'Étranger est-elle la même que celle adoptée dans La Chute ? S'agit-il, dans l'ensemble de l'œuvre de Camus, d'une négation catégorique de l'existence de Dieu ? D'une affirmation de son impuissance dans le monde ? A-t-il fait une distinction entre le Dieu des philosophes et le Dieu des chrétiens ? A-t-il vraiment conclu ? Ce sont là les questions auxquelles nous tenterons de répondre. 

Une difficulté se présente : l'absence de synthèse et la pluralité des genres littéraires. Camus n'a pas charpenté sa pensée à la manière d'un traité de philosophie, où la signification des termes est toujours la même, où le langage est toujours technique. Les mots « absurde » et « monde », entre autres, varient suivant les contextes. Les genres littéraires diffèrent : roman, théâtre, journalisme, essai. L'analyste doit en tenir compte : un roman peut modifier la pensée exprimée dans un essai antérieur. Cependant une même pensée circule sous ces divers modes d'expression. C'est elle qu'il faut dégager et analyser. 

De plus, il est impossible de traiter d'un thème en un seul endroit. Celui de la mort, par exemple, se rencontre dans l'absurde, se retrouve dans la condition métaphysique (Dieu est l'auteur de la mort), dans la condition historique (les hommes tuent) et dans l'éthique (l’attitude face à la mort). Les perspectives sont différentes. 

En dernier lieu, nous avons choisi de multiplier les citations textuelles. Si la lecture de cette étude en est alourdie, la précision en est certainement favorisée. En outre, cet ouvrage ne se prétend ni définitif ni exhaustif ; il pourrait cependant constituer un instrument de travail pour des recherches ultérieures (une bibliographie et un index analytique ont été longuement élaborés à cet effet). 

Le plan suivant a été adopté : Une première partie expose l'absurde, qui pourrait être considéré comme étant l'état du monde sans Dieu ; face à cet absurde, une triple solution est possible : le suicide physique ou philosophique, et le maintien de l'absurde. Une seconde partie présente la condition humaine, situation de l'homme sans Dieu : elle est à la fois métaphysique et historique. Une troisième section expose la révolte contre la condition métaphysique et historique. Finalement, la dernière partie traite de l'éthique de la révolte, où l'homme se propose de sauver les autres grâce à des principes basés sur la nature humaine.


[1] Bibliographie, p. 234.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 2 avril 2010 16:08
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



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