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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Pierre Maranda, “Le folklore à l’école: socio-sématique expérimentale.” (1978)
Introduction
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Pierre Maranda, “Le folklore à l’école: socio-sématique expérimentale.” Un article publié dans l’ouvrage sous la direction de Claude Dupont, Mélanges en l’honneur de Luc Lacoursière. Folklore français d’Amérique, pp. 294-312. Montréal: Les Éditions Leméac, Inc., 1978, 485 pp. [Autorisation formelle accordée, le 6 juillet 2005, par M. Pierre Maranda de diffuser ses travaux.]
Introduction
La tradition orale comme l’oeuvre poétique sont des distillats où la parole revendique les prérogatives de la langue. Par un travail appliqué de formulation et de stylisation, ces discours tendent à atteindre, au-delà des grammaires, le substrat sémantique qui, structurant les idéologies à même lesquelles se pense tout énoncé verbal, donne à des compatriotes culturels le sentiment de se comprendre quand ils se parlent.
Ce n'est donc pas par hasard que Luc Lacourcière a mis autant de scrupules à établir l'édition critique des oeuvres du poète québécois Nelligan et à les annoter, qu'à recueillir et à documenter des comptines ; qu'il ne lui suffisait pas de faire porter ses analyses sur les contes : il lui fallait également porter sa réflexion sur l’oeuvre du romancier Philippe Aubert de Gaspé. Folkloriste à plein titre, Lacourcière est, inéluctablement, tout aussi bien homme de lettres.
Ce travail veut rendre hommage à notre collègue en explorant, comme il l'a fait, des documents témoins. Les données que nous avons obtenues et que nous analysons se situent cependant à un niveau sous-jacent à la tradition orale et à la littérature. En effet, il sera ici question de ce que j'ai appelé ailleurs l'infra-discours populaire [1] ; cette rumeur qui nous habite et scande nos propos, nos pensées et nos rêves, c'est-à-dire ces schèmes issus d'une tradition et qui, le plus souvent à l'insu de ceux qui la véhiculent, structurent les paradigmes de nos taxinomies, de nos préférences et de nos préjugés tout comme les syntagmes de nos discours, de nos conversations et de nos jugements. Il s'agit des bribes secrètement articulées d'un murmure qu'on peut percevoir comme incohérent ou indicible mais qui n'en forme pas moins les mots dans la bouche de ceux à travers qui, leur conférant leur identité, il existe.
J'ai utilisé, dans un autre texte dédié à Luc Lacourcière, des comparaisons topographiques pour suggérer un principe de construction de ces espaces sémantiques que nous définissons en les occupant et qui, en retour, aménagent nos pensées.
Dans son pays natal, les routes reliant des villes sont facilement repérées par chacun ; dans sa ville ou son village, des rues familières forment des trajets qu'on emprunte sans y penser entre les immeubles qu'on a l'habitude de fréquenter : ainsi, le réseau sémantique de sa culture à soi relie, pour chacun et sans qu'on ait besoin d'y penser, dogmes à préjugés, clichés à proverbes, et structure l'interprétation comme la communication. C'est là qu'on a pris forme en s'y coulant, intellectuellement et émotivement, depuis l'enfance.
Ces pays, ces patelins sémantiques sont des réseaux d'idées reçues, de stéréotypes, de croyances, d'espoirs, de valeurs, de fantaisies et phantasmes, de contes, de chansons populaires, d'expressions reconnues ou acceptables de la conscience collective. On peut s'y exprimer facilement en allusions, en patois symbolique. On s'y retrouve sans peine bien que tous ne soient pas également en mesure d'expliquer comment (songeons à la difficulté que nous avons parfois de donner des directions précises, par exemple le nom des rues, quand un passant étranger au quartier où nous habitons nous demande des renseignements). On retourne à ce réseau plus ou moins délibérément - comme dans l'engouement pour la mode rétro - si besoin est de se retremper, de se réorienter par rapport au système sémantique qui constitue son identité culturelle bien à soi [2].
[1] Pierre Maranda, « Du Drame au poème: L'infra-discours populaire dans la basse-ville de Québec », Études littéraires, no 10 (1977), pp. 525-544.
[2] Pierre Maranda, « Cartographie sémantique et folklore : Le Diable beau danseur à Rimouski », Recherches sociographiques, 18 (1977), pp. 247-270, pp. 247-248.
Dernière mise à jour de cette page le lundi 20 février 200611:06 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
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