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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La jeunesse intellectuelle d'Égypte
au lendemain de la deuxième guerre mondiale
. (1960)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Raoul Makarius(1960), La jeunesse intellectuelle d'Égypte au lendemain de la deuxième guerre mondiale. La Haye : Mouton et Co, Éditeurs, 1960, 100 pages. Michel Makarius, le fils de Laura et Raoul Makarius, nous a généreusement accordé, dimanche le 17 novembre 2002, son autorisation de diffuser cette oeuvre ethnologique. Un grand merci.

Avant-propos

Raoul Makariux, Paris, 1957


Pour étrange que cela puisse paraître, les Occidentaux qui comprennent le moins l'Égypte d'aujourd'hui sont ceux précisément qui y ont passé de nombreuses années de leur existence. L'évolution qui s'accomplit dans ce pays a découvert des aspects psychologiques correspondant fort peu à l'image superficielle que ses résidents étrangers s'en sont faite et qu'ils présentent trop souvent à l'Occident comme véridique. Une telle méconnaissance ne peut qu'aggraver les désaccords qui surgissent des difficultés dans lesquelles se débat le monde contemporain, alors qu'une compréhension agissante serait à même d'ouvrir d'innombrables voies de conciliation quand se présentent les malentendus.

Les relations entre la France et l'Égypte ont, dans leur ensemble, toujours été bonnes. Sans doute, il y a eu Suez, mais la querelle n'avait rien de comparable au conflit qui a opposé l'Égypte à la Grande-Bretagne pendant plus de soixante-dix ans ; quant aux questions sujettes à controverses, elles ne relèvent pas des rapports directs entre les deux pays. Ces rapports sont donc susceptibles de se développer considérablement, surtout dans le domaine culturel, en partant sur de nouvelles bases. Il existe en Égypte une opinion intellectuelle en mesure d'apprécier la contribution de la culture française à l'humanisme universel, mais la culture française est trop souvent arrivée au public égyptien sous des expressions étriquées, boulevardières et mondaines, fallacieuses en regard des valeurs humaines qui forment le plus grand crédit de la France à l'étranger. Plus de sérieux, nous semble-t-il, s'est manifesté dans l'effort des Orientalistes et des Arabisants pour rejoindre une connaissance valable de l'Égypte, et, en général, du Moyen-Orient - sérieux exigé par la difficulté même de la tâche qui est de celles qui ne finissent pas, l'objet dont on s'efforce de saisir les moments subissant de continuels changements.

L'après-guerre, qui a marqué un bond décisif dans l'évolution des peuples sous-développés, a altéré profondément la physionomie de l'Égypte, de sorte que l'image tracée par les enquêteurs les plus consciencieux, tout en gardant son fond de vérité, coïncide de moins en moins avec la réalité dans son ensemble. Un nouvel effort de ré-interprétation s'impose, qui s'aidera cette fois des ouvrages écrits par des Orientaux, sur les Orientaux, à l'intention des lecteurs d'Occident. Citons, à titre d'exemple, en ce qui touche à l'Égypte, Egypt in Mid-Century de Ch. Issawi, Growing up in an Egyptian Village de Hamed Ammar, Egypt : A Cultural Survey de M. M. Mosharrafa, ouvrages écrits dans la langue de la puissance qui a dominé le pays depuis la fin du siècle dernier.

En France, en dehors des articles parus dans la presse, citons l'étude-reportage des Lacouture, une des rares œuvres consacrées à l'Égypte dans sa changeante réalité contemporaine. Sur le plan scientifique et de l'enseignement, le programme d'études dirigé par M. le professeur J. Berque au Collège de France et à l'École Pratique des Hautes Études, se distingue par la recherche d'un équilibre constant entre l'analyse et la synthèse, par l'attention portée sur les aspects les plus dynamiques de la vie égyptienne, en même temps que par le souci de départager dans l'actuel entre le transitoire et le permanent, tout en donnant à chaque manifestation sociale la juste mesure de sa valeur.

Dans le cadre d'un tel travail d'élucidation, ne pouvant qu'aider à des rapprochements souhaitables, il nous a été possible de présenter ce témoignage sur la jeunesse égyptienne, Les années 1945-46, les premières de la paix, ont marqué un nouveau départ dans l'évolution des peuples. C'est donc à cette période qu'il faut remonter pour percevoir les attaches des phénomènes sociaux nouveaux avec la situation d'avant-guerre. Ceux qui furent jeunes dans ces années ont vécu avec plénitude un moment décisif dans la croissance de leur pays : les intellectuels ardents et totalement engagés que nous nous efforçons de faire vivre dans les pages qui suivent, sont les héros harassés d'une histoire qui est celle de l'Égypte contemporaine. Parce qu'ils ne se reconnurent pas dans la génération qui les a précédés, et qu'ils furent leurs propres guides, en eux peuvent se reconnaître ceux qui sont jeunes aujourd'hui.

Pour nous être appliqués à cerner une période aussi restreinte, la présentation de notre sujet ne pouvait éviter une certaine schématisation et devait introduire des démarcations là où la réalité, fluide et mouvante, offre des aspects qui passent insensiblement l'un dans l'autre. Moins excusables sont les lacunes qui s'y font sentir, surtout au dernier chapitre qui n'offre de la nouvelle littérature égyptienne qu'un aperçu partiel et bousculé : mais là les ouvrages nécessaires à une analyse plus approfondie ont fait défaut. Si, toutefois, nous nous hasardons à présenter cette étude au public français, c'est dans l'espoir que, malgré ses insuffisances, elle contribuera à une meilleure compréhension de l'Égypte d'aujourd'hui, et fera, dans les limites qu'elle s'est assignées, œuvre de rapprochement et d'amitié entre deux peuples.

Paris, 1957

Retour à l'ouvrage des auteurs: Raoul Makarius Dernière mise à jour de cette page le Lundi 10 mars 2003 19:00
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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