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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“ La non réponse d'Althusser. (1974)


Une édition électronique réalisée à partir de l’article de Michel I. Makarius, “ La non-réponse d’Althusser ” (1974). Un article publié dans la revue L’Homme et la société, Revue internationale de recherches et de synthèses sociologiques, nos 31-32, janvier-mars 1974 et avril-juin 1974, pp. 259-265. Paris : Éditions Anthropos. [Autorisation accordée le 28 juillet 2003 par M. Michel Makarius]

Texte intégral de l'article

par Michel I. Makarius (1974)

courriel: mkrs@noos.fr

Maître de conférences en histoire de l'art contemporain,
Université Paris I-Panthéon Sorbonne

Introduction
Lire Althusser
Contre l’homme
La métaphysique de l’histoire
Le marxisme réifié
Annexe : Extraits de l’article de John Lewis

Introduction
Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes, c'est le tronquer, le déformer, le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. ” Lénine

Malgré son titre, Réponse à John Lewis, le livre d'Althusser ne répond pas à John Lewis. Pour s'en convaincre il suffit de se reporter à l'article en question publié par Marxism today (janvier et février 1972, nos 1 et 2) par le philosophe anglais. On verra qu'il est loin de correspondre à l'image que veut bien nous en donner Althusser. Dans cet article Lewis retrace l'influence de Hegel sur Marx, rappelle l'existence des Grundrisse (« toute discussion sur le marxisme qui ne tient pas compte des Grundrisse est condamnée à l'avance »), expose largement le point de vue althussérien. Au long de son écrit, Lewis confronte son interprétation de la doctrine marxiste - textes à l'appui - avec celle d'Althusser. Davantage une confrontation qu'une analyse, l'ensemble de l'article demeure assez superficiel ; le ton de la polémique reste sobre : point de développements articulés sur des prémisses comme le suggère Althusser, mais un exposé discursif. Aussi lorsqu'Althusser en extrapole quelques « thèses » pour ensuite les combattre, il déplace arbitrairement la problématique originelle de Lewis. Du même coup il ne lui répond pas, ou répond à côté, en porte à faux.

Lire Althusser

Ayant réduit le texte de Lewis, Althusser énonce ses propres thèses qu'il fait passer pour celles du marxisme-léninisme. Il explicite et « laisse au lecteur le soin de comparer ». Ramenée à quelques formules lapidaires, la position de Lewis est alors combattue sur des mots. Ainsi la thèse : c'est l'homme qui fait l'histoire est fausse, « bourgeoise ». Pour la réfuter, Althusser s'en prend très précisément au verbe faire : « qu'est-ce que peut bien vouloir dire le mot faire » se demande-t-il, pour ensuite comparer cet homme qui fait l'histoire avec le menuisier qui fait une table, et conclure qu'on ne peut faire l'histoire comme on fait une table. On peut se demander pourquoi Althusser effectue ce rapprochement puisque, comme il le dit lui-même, « quand un menuisier fait une table ça veut dire qu'il la fabrique », reconnaissant ainsi l'inadéquation de son exemple. C'est que, au moment même où il reconnaît une différence entre les deux verbes, il met un signe d'équivalence, faisant ainsi croire que la thèse c'est l'homme qui fait l'histoire veut dire en fait « l'homme fabrique l'histoire » (p. 20). Mais comme une table et l'histoire ne peuvent être mis sur le même plan sans choquer immédiatement, Althusser introduit une nuance et passe du verbe fabriquer au verbe créer pour aboutir à « l'homme créateur d'histoire ». Ramenant les deux termes « fabriquer » et « créer » au dénominateur commun faire, à fait dire à la thèse qu'il combat, l'inverse de ce qu'elle dit. Divinisant l'homme par glissements terminologiques, Althusser constate qu' « il fait tout » et se gausse de cet homme tout-puissant, ersatz de la philosophie bourgeoise, idéaliste et humaniste. En fait, Althusser masque par cette inversion le sens critique originaire de cette thèse, orientée contre la philosophie hégélienne, pour qui c'était justement l'Idée, l'Esprit absolu qui faisait l'histoire. L’homme est ici « de chair et de sang » en opposition avec l'esprit absolu, il est pris dans son moment d'universalité mais non comme abstraction pure : « Hegel fait de l'homme la conscience de soi, au lieu de faire de la conscience de soi, la conscience de soi de l'homme réel et par conséquent vivant dans un monde conditionné par lui » (Marx) (note 1). Par conséquent, l'affirmation l'homme fait l'histoire, se situe tout d'abord dans le cadre du renversement de l'idéalisme hégélien qui, comme on le verra, se perpétue chez Althusser même. Comme le rappelle John Lewis « l'humanisme et la croyance en l'homme n'ont jamais été pour Marx une théorie de l'homme abstrait, alors que pour Althusser toute la question est là. Mais c'est Marx lui-même, dans ses premiers écrits, ces passages précis qu'Althusser taxe d'idéalistes, qui parlant de l'homme abstrait, critique Feuerbach pour son erreur » (note 2). « Quant au menuisier on le connaît, mais l'homme qui fait l'histoire qui est-ce ? » continue de se demander Althusser qui répète « l'oubli » signalé par Marx dans sa troisième Thèse sur Feuerbach : « La doctrine matérialiste de la transformation des circonstances et de l'éducation oublie qu'il faut des hommes pour transformer les circonstances et que l'éducateur a lui-même besoin d'être éduqué ». Sans refaire la critique de la vacuité de la prétendue « coupure épistémologique » déjà largement établie, (Lefebvre, Semprun, Lewis, Schmidt, Mészaros), on comprend sous ce jour l'urgence pour Althusser d'excommunier les écrits ante 45.

Revenant plus loin dans son livre sur cette question de l'homme, Althusser rappelle la phrase de Marx dans le 18 Brumaire : « les hommes font leur propre histoire... » mais il croit pouvoir la désamorcer à son avantage parce que dix-sept ans plus tard, l'auteur du Capital ajoutera en préface que « la lutte des classes en France a créé des circonstances et des rapports qui ont permis à un personnage [Napoléon III] médiocre et grotesque de jouer le rôle de héros ». Althusser considère cette précision tard venue comme un désaveu ou « une prudence » par rapport au texte original. C'est assez dire qu'Althusser lit « individu » là où il y a écrit « homme » et « sujet », là où il y a écrit « personnage ».

Contre l'homme

À l'homme, Althusser oppose les masses et au faire l'histoire, la lutte des classes : « Plus question de "l'homme". On le sait. Mais dans "La lutte des classes et le moteur de l'histoire", plus question de "faire" l'histoire. Plus question de "faire", c'est-à-dire, plus question de la question du sujet de l'histoire : qu'est-ce qui fait l'histoire ? » (p. 28). On serait bien en peine de trouver le mot moteur dans le Manifeste comme Althusser le laisse entendre (note 3). Même si nous reprenions à notre compte l'idée selon laquelle « la lutte des classes est le moteur de l'histoire », cela n'enlève rien au fait que ce sont les hommes qui font l'histoire ; ne serait-ce que parce que les classes sont composées d'hommes, évidence que la trouvaille althusserienne des masses évacue (note 4). Les deux propositions ne sont pas antinomiques mais complémentaires : lorsque les hommes font l'histoire, la forme de cet acte est celle de la lutte des classes ; cet aspect antagonique est celui fondamental, déterminant, le véritable enjeu, le lieu du mouvement. L'image du moteur n'est là que pour indiquer le dynamisme contenu dans la lutte ; en aucun cas ce moteur ne peut remplacer le sujet, celui-ci fut-il la « masse ».

Certes Althusser voit bien le danger de ces objections. Aussi croit-il pouvoir les devancer en revenant dans un écrit ultérieur (inclus dans sa Réponse) sur le sujet agissant. « Pour mon compte, je dirais : les hommes (pluriel) concrets sont nécessairement sujets (pluriel) dans l'histoire car ils agissent dans l'histoire en tant que sujets (pluriel). Mais il n'y a pas de Sujet (singulier) de l'histoire. Et j'irai plus loin : « les hommes » ne sont pas « les sujets » de l'histoire ». (p. 70).

Que le lecteur ne se laisse pas abuser. De ces distinctions, Althusser ne retiendra comme hommes viables que « les agents des différentes pratiques sociales du procès historique de production et de reproduction » (p. 70). Plus simplement, cela veut dire qu'il reconnaît au menuisier sa qualité d'homme, chose que nous savions déjà. Mais fort de cette nuance qu'il croit être l'identification du sujet par le matérialisme historique, il s'en prend au sujet sous son acception philosophique qu'il considère comme un résidu dépassé de l'idéologie bourgeoise. Cependant, par l'usage de cette image du moteur - apparemment fort matérialiste - le discours althussérien bascule dans la métaphysique. L'homme se retrouve transcendé par le Moteur d'une histoire qu'il ne fait pas -, et l'histoire, par la magie de l'auto-mouvement, se déroule selon un cheminement prescrit à l'avance. La définition althussérienne de l'histoire comme un « immense système naturel-humain » dans lequel se développe la lutte des classes, reproduit, sous une terminologie mécaniste, la téléologie hégélienne du concept se déployant selon le parcours et les limites de sa phénoménologie. Aussi, elle n'échappe pas à la critique de Marx qui, à propos de l'idéalisme hégélien et de ses représentants (Bauer et Cie), montrait comment « l'histoire devient [donc] comme la vérité, une personne particulière, un sujet métaphysique auquel les individus humains réels servent de simples supports » et reprochait à cette vérité d'être « un automate qui se prouve lui-même. L'homme n'a qu'à le suivre » (note 5). « Mais pour Marx », rappelle très justement Lewis « le capitalisme qui s'effondre ne se transforme pas automatiquement en socialisme ».

La métaphysique de l'histoire

Le partage de l'homme en nombre « singulier » et « pluriel » qui aboutit au rejet du premier et à la reconnaissance de l'autre, procède de la scission entre matérialisme historique et matérialisme dialectique (p. 70). Il est particulièrement instructif de voir comment Althusser retourne à cette distinction qui le rattache à la vision naturaliste et stalinienne du marxisme. Car si cette double dénomination peut, à la limite, être une façon globale de désigner la doctrine marxiste dans un souci « pédagogique », cela ne peut se faire qu'en considérant les termes historique et dialectique dans leur étroite unité. « Le matérialisme historique étend les principes du matérialisme dialectique à l'étude de la vie sociale » dit encore Staline (note 6), même si cette assertion est grosse d'ambiguïté. Althusser va plus loin : le premier est science, le second philosophie, dit-il, faisant ainsi écho à ses propres tentatives de trancher l'œuvre de Marx en ces deux parties hétérogènes.

Le rejet du matérialisme dialectique par le moyen terme philosophie sur lequel Althusser greffe toute une aura poussiéreuse et réactionnaire est en fait, celui de la dialectique tout court. En scindant le marxisme en matérialisme dialectique et matérialisme historique, Althusser supprime de l'histoire la dialectique. Ce qui était en germe dans le discours théorique stalinien nous est maintenant pleinement révélé : « Hypostasiée en vision du monde, la dialectique se réduit à un catalogue continuellement réadapté à la situation politique, à des principes s'adaptant, comme des écorces vides et des schémas vierges, aux contenus » dit fort bien Schmidt (note 7). L'attaque menée contre le sujet est la même que celle contre la dialectique, il s'agit de la même médaille. En définissant l'histoire comme « un processus sans sujet » l'auteur de Pour Marx ne fait que très exactement la naturaliser, c'est-à-dire la figer en un « système naturel humain ».

Métaphysique quant à son fond, la théorie althusserienne se retrouve partiellement chez Hegel dans la mesure où ce dernier est l'héritier de toute la tradition philosophique idéaliste. Ceci ne signifie pas que Althusser soit « hégélien » au sens où on l'entend aujourd'hui. Au contraire, ne se maintenant unilatéralement que « d'un seul côté du système hégélien » (Marx), il en refuse le dépassement, récusant les concepts, toujours opératoires, d'aliénation et de négation de la négation. Nous avons vu comment Althusser rejette la thèse de l'irruption de l'homme concret sur la scène de l'histoire, axe qui permet le renversement de l'idéalisme hégélien. Du même coup il se retrouve enfermé dans le cercle ancien de la métaphysique. Le sujet ayant été neutralisé, le pouvoir transcendant de l'histoire - malgré un arsenal linguistique matérialiste - demeure toujours intact. La réduction de l'homme concret au simple niveau économique répond symétriquement à l'amplification de l'homme abstrait au simple niveau philosophique. Dans cet ordre inchangé, la métaphysique se double ici d'économisme ; telle est la vérité du pseudo-couple économisme/humanisme inventé par Althusser.

Le marxisme réifié

Le problème déterminant et concret de l'intervention active du sujet sur l'ensemble de son histoire, posé par Lewis, se voit donc résolument escamoté. « Althusser ne croit pas à un changement basé sur le développement de la conscience politique du prolétariat ; il substitue à cette approche essentiellement hégélienne, le positivisme de la construction d'une structure théorique fondée sur l'observation scientifique des faits économiques « recul » qu'il reconnaît comme « étant à deux doigts du positivisme » (note 8). (Inutile de dire qu'ici, l'approche hégélienne est prise sous son aspect positif) (note 9).

Le sujet est cette pièce maîtresse qu'il faut à tout prix réduire si l'on veut conserver l'histoire comme un tout-déjà-donné immobilisé par un devenir intégré à l'avance. On voit ici a quel point cette conception de l'histoire s'accorde parfaitement avec l'idéologie du statu quo. Lorsqu'il refuse le sujet parce qu'il est ce qui s'oppose au système, sa négation et par là, son devenir, Althusser succombe devant l'image technocratique de la société parfaitement huilée. Les failles, la lutte des classes, la revendication de liberté, l'art, le discours critique, toutes les tentatives pour briser cette machine sont par avance digérés. « La puissance révolutionnaire des masses n'est puissante qu'en fonction de la lutte des classes » (p. 30) écrit Althusser, sans se rendre compte que sa vision purement mécaniste ne peut aboutir qu'à de telles tautologies. On comprend maintenant le pourquoi de toute cette phraséologie sur la philosophie en dernière instance lutte des classes dans la théorie, sur la pratique théorique, sur la production de concept et la production artistique reprise par tous les suivants de l'althussérisme. Sous le couvert d'une terminologie marxiste de peu de frais, ils récupèrent et réintègrent, par un moyen terme économique, dans la merveilleuse machine de l'histoire tout ce qui risque d'être sa négation, tout ce qui peut ressembler à une revendication de liberté portant en elle l'affirmation du sujet. Certes Althusser reconnaît bien le menuisier comme « agent-sujet », mais c'est en tant que fabricant de table, comme spécialiste d'un secteur de la production. Or celui-ci n'est sujet que lorsqu'il arrête son travail pour en dénoncer l'exploitation et l'aliénation, et s'affirme dans la négation de sa négation ; et lorsqu'il fabrique une table il est encore sujet car il peut cesser son travail. « L'homme ne connaît que ce qui est, non ce qu'il fait » dit encore Althusser (p. 35). Dans ce monde positif le faire contient le danger d'un moment négatif ; mais même cette connaissance « porte la marque de l'homme ». Comment s'en sortir, se demande Althusser avec son immanquable rigueur. Et de proposer en note (p. 38, bas) de changer la phrase « on ne connaît que ce qui est » par « n'est connu que ce qui est »

Un déterminisme absolu est invoqué pour recouvrir l'argumentation d'un semblant de scientificité et d'objectivité. S'alignant sur un matérialisme peu nuancé, Althusser reprend la vieille querelle contre le fibre arbitre, sans voir que le matérialisme n'est véritablement dialectique que lorsqu'il permet d'espérer une société libérée à partir du déterminisme présent. A force de refuser le concept de négation, il se trouve incapable de le concevoir « comme équilibre instable entre deux forces dont l'une tend à se maintenir et l'autre à changer le réel, et ces forces sont en dernière analyse des forces sociales en lutte dans une histoire qu'elles sont en train de faire » (note 10). Dans ces conditions Althusser ne risque pas de connaître ce qui n'est pas ou pas immédiatement. Soit en d'autres termes, l'envers de l'idéologie, ce pourquoi elle existe, car ce qu'elle cache est encore une fois ce qui lui dit non, sa négation. À quelle classe sert une telle connaissance, incapable de déceler ce qui dans le réel n'est pas immédiatement donné, ce qui ne s'y oppose pas, ce qui n'est pas susceptible de le transformer - ici, maintenant - si ce n'est à celle qui a besoin de connaître ce qui est, pour le maintenir tel quel. Sur quoi débouche pratiquement cette vision de l'histoire comme processus sans sujet et système tout-déjà-donné, si ce n'est devant l'abdication de toute initiative et prise de conscience, devant l'immobilisme, complice de l'état de fait. Quelle pratique révolutionnaire - fût-elle transposée momentanément sur le terrain théorique - justifie le terrorisme du verbe et de l'argumentation ? Par rapport à quelle actualité peut-on considérer le livre d'Althusser, qui sacrifie si volontiers aux mythes de la société capitaliste réifiée, comme « un événement politique majeur » (E. Terray).

Car enfin, n'est-ce pas le capital qui dans cette société parle de « miracle » économique, escamote toute trace de travail humain dans la marchandise, dépersonnalise la cité, chosifie le corps, glorifie la technique, mythifie la science. Qui camoufle la classe ouvrière derrière le voile réconciliateur de la consommation, de l'information truquée, de la fausse culture, de l'éducation-pour-tous. Qui encore, instrumentalise l'étudiant, l'artiste, l'intellectuel, pervertissant toute opposition réelle en « folie » ou « délinquance » ; bref, qui s'en prend toujours à l'homme dans son identité, en tant que sujet pour en faire un objet. De quel côté se range Althusser lorsqu'il déclare : « il faut se débarrasser du fétichisme de l'homme » dans cette société qui fétichise son contraire - la marchandise.

À quoi sert ce pseudo-marxisme refait à l'image de la société qu'il prétend combattre ?

ANNEXE

Nous soumettons ici quelques extraits
de l'article de John Lewis

« Nor when we turn back to the Manuscripts do we find the "high-water mark of Hegelianism", the "idealism" from which Marx is supposed to free himself, the "total return to Hegel", which Althusser sees there in which "the whole of nature is derived from logical abstraction". On the contrary, we find the theory of man creating his world himself through his labour, which Marx accepts from Hegel and maintains through all his latter work, but treats materialistically as meaning that all history is man's self creation. »

« We find here in the Manuscripts, rather than in the German Ideology, in the essay entitled " Critique of the Hegelian Dialectic as a whole, which Althusser appears never to have read, Marx fundamental criticism of Hegel. »

« It is remarkable that Althusser should turn a black eye on the concept of alienation in the German Ideology work, for it is an essential part of the whole of Marx's argument here.. »

« One cannot turn any work of Marx without entering immediatly into the human problem. in 1843, we find him proclaiming "the doctrine that man is the supreme being for man... therefore with the categorical imperative to overthrow all those conditions in which man is an abased, abandoned, contemptible being" ».

« At the right time, if we come to understand, we can and must pass beyond, supersede, transcend, the capitalist economy and establish a socialist one, in which the production and distribution of goods is carried out in terms of reason and human needs, and no longer under the alienation and obstructive laws of the commodity market. But all this appears to Althusser pure Hegelianism, and he will have none of it. »

« Althusser's substitution of the system for praxis, leads to the disappearance of the creative man of history, and the arrival of "a knowledge" reserved for the elite, completely separated from the masses by the "break" between involvement and conscious search for a way forward on the one hand, and the level of detached system of organised abstraction on the other. »

« Therefore Althusser, rejecting Marx's philosophical approach, and accepting scientific objectivity as his method, analyses and describes the pre-existing structure of capitalism and its economic transformation. Man as active subject goes, and we return to a pre-marxist form of materialism and the corresponding theoretical model or conceptual reproduction of the world... »

« The parallel with the schoolmen of the Middle-Ages cannot be avoided. Every purely conceptual system, though once it is accepted is going to rule the facts and dedicate our actions, can never reach the certainty of unquestionable unanimity. »


Fin du texte.

Notes:

(1) Marx, La Sainte ramille, Éditions Sociales, page 227.


(2) « Humanism, and faith in man, was never for Marx the theory of « abstract » man, though that is Althusser's whole point. But it was Marx himself in his earlier writings, those very writings, which Althusser characterises as idealist, as treating man as an abstraction, who criticises Feuerbach for this error... »


(3) C'est Lénine qui, après avoir affirmé que « les hommes sont les artisans de leur propre histoire », utilise cette métaphore dans un but purement explicatif. (Lénine, Karl Marx, Éditions de Pékin p. 20)


(4) L'utilisation du terme de masse justifie éventuellement la stratégie électoraliste de l'union populaire qui abandonne le point de vue de classe et mise sur les alliances des couches moyennes.


(5) Marx, La Sainte Famille, Éditions Sociales, p. 101.


(6) Staline, Les questions du léninisme, Éditions de Moscou, p. 557, 1947.


(7) Alfred Schmidt, Il concetto di natura in Marx; traduction italienne, Ed. Laterza, p. 184. Voir aussi sa critique d'Althusser dans Der strukturalistiche Angriff auf die Geschichte, (Ed. Suburkamp 1969) et Geschichte und Struktur, (Ed. Karl Hauser, 1971)


(8) « Althusser does not believe in evolutionary change based on the development of proletarian political consciousness ; for this essentially hegelian approach he substitutes the positivism of building a theoretical structure based on the scientific observation of economic facts, a "retreat" which he admits comes "within a handsbreath of positivism".


(9) Dans ce fatalisme économique aucune place ne revient au rôle du parti. Cela peut surprendre lorsqu'on connaît les options politiques d'Althusser. Cependant en ne débouchant sur aucune pratique précise, ses éventuels « écarts » théoriques restent purement spéculatifs, et sont, par conséquent, parfaitement tolérés (voire souhaités).


(10) O. Revault d'Allonnes, « La création artistique et les promesses de la liberté » in Raison présente, 1972, no 24 p. 69. Pour être précis, disons que l'auteur oppose au déterminisme la création artistique ; cette dernière est cependant entendue ici comme affirmation (et promesse) de la liberté.


Retour au texte de l'auteur: Michel I. Makarius, historien de l'art Dernière mise à jour de cette page le Mardi 29 juillet 2003 08:57
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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