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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

LES NON-CONFORMISTES DES ANNÉES 30. UNE TENTATIVE DE RENOUVELLEMENT
DE LA PENSÉE POLITIQUE FRANÇAISE
. (1969)
Biographies


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean-Louis Del Bayle, LES NON-CONFORMISTES DES ANNÉES 30. UNE TENTATIVE DE RENOUVELLEMENT DE LA PENSÉE POLITIQUE FRANÇAISE. Paris: Les Éditions du Seuil, 1969, 496 pp. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec. [Autorisation de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales accordée par l'auteur et communiquée par Michel Bergès, le 8 avril 2011.]

[458]

Les non-conformistes des années 30.
Une tentative de renouvellement
de la pensée politique française


Biographies


ROBERT ARON : Né en 1898 au Vésinet, fils d'un fondé de pouvoir d'un agent de change. En 1915-1916, il est élève de première supérieure au lycée Condorcet où il fait la connaissance d'Arnaud Dandieu. Il part ensuite pour le front où, officier, il et blessé en 1918. Agrégé de Lettres après la guerre, il n'enseigne pas et entre dans l'édition. Il sera pendant un temps le secrétaire de Gaston Gallimard. Il se lance aussi dans le journalisme cinématographique (avec J.-G. Auriol à la Revue du cinéma) et dans le journalisme politique (service étranger de la Revue des deux mondes). Il s'occupe également du Théâtre A. Jarry avec A. Artaud. Après avoir fréquenté les milieux surréalistes, il entreprend, en 1927, avec Arnaud Dandieu un travail de recherches doctrinales qui constituera une des bases théoriques du mouvement l'Ordre nouveau dont il dirigera la revue de 1933 à 1938. Il demeure employé aux Éditions de la N.R.F. jusqu'en 1939. Arrêté en 1941, il est interdit de séjour à Paris et se réfugie à Lyon où il est mêlé aux préparatifs du débarquement américain en Afrique du Nord.  En novembre 1942, il gagne Alger grâce à l'aide de Jean Jardin, directeur du cabinet de P. Laval, et y fait partie des équipes administratives du général Giraud puis de celles du général de Gaulle. Avec Lucie Faure et Jean Amrouche, il fonde la revue la Nef dont il restera un des animateurs jusqu’en 1952. En 1944-1945, il participe à la création du mouvement Fédération et est encore aujourd'hui l'un des responsables les plus actifs du Mouvement fédéraliste français collaborant régulièrement au XXe  siècle fédéraliste. Depuis la Libération, il a d'autre part mené de front ses activités d'historien (Histoire de Vichy, Histoire de la libération de la France, Histoire de l'épuration, etc.) et sa carrière dans l'édition. Il est actuellement Directeur littéraire de la Librairie Académique Perrin et co-directeur de la revue historique Histoire de notre temps.

MAURICE BLANCHOT : Né en 1907 à Quain (Saône-et-Loire). Entre 1930 et 1940, il est rédacteur de politique étrangère au Journal des débats. Proche de certains milieux d'Action française, il collabore à Réaction et à la Revue française dans les années 1930-1934 puis, régulièrement, à Combat de 1936 à 1939. À la veille de la guerre, il est un des principaux rédacteurs d'Aux Écoutes. Durant l'Occupation, il est pendant quelques mois, en zone Nord, Directeur littéraire de Jeune France, association culturelle subventionnée par le Secrétariat général à la Jeunesse de Vichy. En 1941, [459] il publie un roman, Thomas l'obscur, début d'une seconde carrière de romancier et d'essayiste. Se désintéressant de la politique, il se rapproche alors des milieux existentialistes. À la Libération il collabore aux premières livraisons des Temps modernes, mais s'éloigne de l'existentialisme militant par son refus de tout engagement politique. Depuis la guerre, exégète notamment de Sade et de Lautréamont, il s'est consacré totalement à son œuvre d'écrivain et de critique, publiant régulièrement des articles et des notes dans la nouvelle Nouvelle Revue française.

ÉTIENNE BORNE : Né en 1907 à Manduel (Gard). Fils de professeur. Élève de l'École normale supérieure, il est reçu à l'agrégation de philosophie. Autour de 1930, il collabore à la revue dominicaine la Vie intellectuelle et fréquente l'entourage de Maritain. En 1929, il publie un article dans les Cahiers de J.-P. Maxence. En 1932 il participe à la fondation d'Esprit et y publie des articles jusqu'en 1935. Entré dans l'Université, il est professeur à Nevers, Sao-Paulo (Faculté de Lettres), Valenciennes et Toulouse. Jusqu'à la guerre, il collabore à diverses publications démocrates-chrétiennes, notamment à l'Aube ainsi qu'à Sept et Temps présent. Professeur à Toulouse durant l'Occupation, il participe aux activités du réseau Liberté puis à celles du mouvement Combat. À la Libération il est Commissaire à l'Information pour la région toulousaine. Il participe à la fondation du Mouvement républicain populaire et siège aujourd'hui encore dans les organismes directeurs du M.R.P. Éditorialiste de Forces nouvelles, il est co-directeur du mensuel France-Forum. Il est en outre membre du Centre catholique des intellectuels dont il a été le secrétaire général de 1953 à 1961. Professeur à Paris après la Libération il est depuis 1962 inspecteur de l'Académie de Paris.

ROBERT BRASILLACH : Né en 1909 à Perpignan. Fils d'un officier tué au Maroc en 1914. Élève de l'École normale supérieure il y est le condisciple de M. Bardèche, T. Maulnier et R. Vailland. En 1930, Henri Massis lui propose de collaborer à la Revue universelle. En 1931 il est chargé du feuilleton littéraire hebdomadaire de l'Action française. Dans les années 1930-1933, il donne aussi des articles littéraires à la Revue française de J.-P. Maxence. Entre 1933 et 1935 il s'oriente progressivement vers la politique. Il devient l'un des principaux rédacteurs de Je suis partout dont il est, en 1937, le rédacteur en chef. Il collabore aux premiers numéros de la revue Combat (1936) puis s'en éloigne à la suite d'un conflit avec les responsables de la revue sur l'antisémitisme. Prisonnier en 1940, il est libéré en avril 1941 et reprend sa collaboration à Je suis partout qui a continué à paraître en zone occupée, collaboration qu'il interrompt en août 1943. Ayant refusé de s'exiler après la Libération, il est emprisonné et condamné à mort. Il est exécuté le 6 février 1945, sa grâce ayant été refusée par le général de Gaulle malgré une pétition signée des plus grands noms de la littérature française.

[460]

ROBERT BURON : Né en 1910. Fils d'un imprimeur. Diplômé de l'École Libre des Sciences Politiques et docteur en Droit. En avril 1930, il signe le manifeste de la revue Réaction. De 1934 à 1937, il est employé au service des études de la Chambre de Commerce de Paris puis devient secrétaire de la Chambre syndicale des Chocolatiers. Il commence alors à militer dans des organisations démocrates-chrétiennes. En 1940, il appartient au Comité de répartition du cacao puis devient, de 1941 à 1944, secrétaire général du Comité d'organisation du Cinéma. Il s'engage dans la Résistance et participe aux activités du « Groupe de la Rue de Lille » animé par E. Amaury. De 1944 à 1947, il est administrateur de la radiodiffusion et co-directeur de l’hebdomadaire Carrefour des deux  Assemblées constituantes, il est député M.R.P. de la Mayenne de 1946 à 1958. Plusieurs fois ministre dans des  gouvernements de la IVe République, il participe notamment au gouvernement Mendès-France contre l’avis de son parti. Ministre dans les gouvernements de la Ve République de 1958 à 1962, il démission avec tous les ministre M.R.P. en 1962. De 1962 à 1967 il est Président du Centre de Développement de l’O.C.D.E. Fondateur des clubs « Objectif 72 », il est président de l'Union fédéraliste mondiale.

CLAUDE CHEVALLEY : Né en 1909. Élève de l'École normale supérieure (Section « sciences »), il fait, de 1931 à 1932 des études supérieures en Allemagne et présente en 1932 une thèse de mathématiques. Ayant travaillé avec Arnaud Dandieu à des recherches d'épistémologie depuis 1929, celui-ci l'entraîne à l'Ordre nouveau. Il collabore aux activités de ce mouvement jusqu’à sa disparition en 1938. Chercheur à la Caisse nationale des Sciences de 1934 à 1938, il participe à la fondation du groupe « Bourbaki ».  Après 1938 il est chargé de recherches et d'enseignement aux États-Unis. Revenu en France en 1954, après un séjour d'un an au Japon, il et actuellement professeur à la faculté des Sciences de Paris.

ARNAUD DANDIEU : Né en 1897 à Lestiac-sur-Garonne dans une famille bordelaise de tradition socialiste. Il fait des études supérieures de Droit et de Lettres et, après avoir été pendant un temps  secrétaire d'un avocat, devient, en 1925, bibliothécaire à la Bibliothèque  nationale. Il y demeurera jusqu'à sa mort. Il publie en 1925 une plaquette de vers, Cercles vicieux, puis, en 1927, un essai sur Proust. En 1927,  il entreprend avec Robert Aron les recherches dont devaient naître trois livres : Décadence de la nation française (1931), le Cancer américain (1931), la Révolution nécessaire 1933). Entré dans le groupe de l'Ordre Nouveau en 1930, il est rapidement la personnalité la plus marquante. Dans les années 1930-1933, il publie de nombreux articles dans Europe, Plans, Mouvements, Esprit, l'Ordre nouveau, la Revue mondiale, la Revue d’Allemagne, tout en poursuivant des recherches de philosophie, de psychopathologie, d'épistémologie scientifique et de sociologie. En pleine activité, il meurt en août 1933 des suites d'une opération bénigne.

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HENRI DANIEL-ROPS : Pseudonyme d'Henri Petiot. Né en 1901 à Épinal, fils d'officier. Élève des facultés de Droit et de Lettres de Grenoble, il prépare l'agrégation d'Histoire à laquelle il est reçu à l'âge de vingt et un ans. Il est successivement professeur à Chambéry, Amiens et Paris. Dans les années 1925-1930, il débute dans la carrière littéraire avec un essai, Notre Inquiétude (1927), un roman, l'Ame obscure (1929), et de nombreux articles dans diverses publications périodiques dont le Correspondant, Notre Temps, la Revue des vivants. À partir de 1931, il participe aux activités de l'Ordre Nouveau dont il contribue activement à diffuser les idées. Il s'en éloigne quelque peu après 1935 pour collaborer à Sept et à Temps présent. Jusqu'en 1940 il publie plusieurs romans, biographies et essais. En 1943, il commence sa monumentale Histoire de l'Église. Après la Libération il abandonne l'enseignement pour se consacrer à son œuvre d'historien et à la direction de la revue Ecclésia ainsi qu'à celle de la collection Je sais, je crois chez Fayard. Il participe aux travaux de plusieurs mouvements fédéralistes européens, collaborant à la revue Fédération puis donnant son appui au Mouvement fédéraliste français. Il est, de 1957 à 1963, l'un des cinquante gouverneurs de la Fondation européenne de la Culture. Il est élu à l'Académie française en 1955 au fauteuil d'Édouard Le Roy. Il meurt en juillet 1965.

ANDRÉ DÉLÉAGE : Né en 1904, fils d'instituteur. Il prépare l'examen d'entrée à l'École normale supérieure à Paris et fait la connaissance en « khâgne » de Georges Izard. Malade, il doit renoncer à se présenter et est obligé d'abandonner ses études pendant plusieurs mois. Rétabli, il est, en 1930, bibliothécaire-adjoint à la Sorbonne. Il retrouve alors G. Izard et de leurs discussions va naître l'idée de créer une revue nouvelle qui sera Esprit. En stage à la Bibliothèque universitaire de Toulouse en 1931, il y crée et anime un groupe de travail. Il participe au Congrès de fondation d'Esprit à Font-Romeu en août 1937. Après la naissance d'Esprit il s'engage surtout dans la Troisième Force où il est le principal adjoint de G. Izard, assurant notamment l'organisation du mouvement et de son service d'ordre. Ayant désapprouvé la fusion de la Troisième Forte avec Front Commun, il se retire de la politique active et entreprend de préparer une thèse - la Vie rurale en Bourgogne jusqu’au débat du IIe siècle. Docteur ès Lettres, il est nommé professeur à l’université de Nancy. Pendant l'Occupation il participe à la Résistance dans le « Groupe secret de renseignements militaires ». Officier de renseignement après la Libération, il est tué au cours d'une mission en décembre 1945 lors de l'offensive allemande d’Esternach.

RENÉ DUPUIS : Né en 1905. Après des études supérieures de Droit et de Lettres il entre dans le journalisme, se spécialisant dans les problèmes de l'Europe centrale et collaborant à la Revue politique et parlementaire, au Capital, au Correspondant, à diverses revues hongroises et polonaises. En 1932 il publie un livre sur le Problème hongrois puis collabore avec A. Marc à la rédaction de Jeune Europe (1933). Correspondant de la Revue [462] de Hongrie, il est chargé de cours à l'Institut de Droit international de la faculté de Droit de Paris entre 1934 et 1940, Puis à 1'École des sciences politiques de Paris de 1940 à 1946. Depuis cette date, il se consacre à des recherches littéraires préparant une édition des Oeuvres ; complètes du duc de Saint-Simon.

GEORGES DUVEAU : Né en 1903 à Meyssac (Corrèze). Il fait des études supérieures de Lettres et fonde en 1921, avec F. Gérard, P. Naville et M. Lubeck, la revue l’œuf  dur. Très mêlé à l'avant-garde littéraire, il publie en 1927, un roman, le Testament romantique, qui est une sorte d'Éducation sentimentale des années 1920. Professeur à Cahors de 1927 à 1931, il est ensuite pendant un temps journaliste à Paris-Soir. En 1931-1932 il participe aux réunions précédant la fondation d'Esprit. Dans les années 1933-1935 il est l'un des orateurs les plus écoutés de la Troisième Force. Redevenu professeur, il se consacre à l'étude de « l'esprit de 1848 » qu'il avait découvert dans les années 1928-1930 et travaille à la rédaction de deux thèses : la Vie ouvrière en France pendant le second Empire et la Pensée ouvrière sur l'éducation. Docteur ès Lettres en 1945, il est nommé professeur à l'université de Strasbourg. Il meurt en juin 1958 alors qu'il préparait un livre consacré à l'étude de la Sociologie de l'utopie.

JEAN DE FABRÈGUES : Né en 1906, fils d'un attaché de cabinet ministériel. Élève du lycée Michelet, il fait ensuite des études supérieures de philosophie à la Sorbonne. Il adhère aux Étudiants d'Action française et collabore à l'Étudiant français et à la Gazette française. Après la mise à l'index il reste fidèle à l'Action française et devient secrétaire de Maurras, rédigeant la revue de presse dans l'Action française quotidienne. Il garde cependant des liens avec l'entourage de Maritain et se lie avec Bernanos. En 1930 il prend la direction de Réaction pour l'ordre et rompt avec l'Action française. Il dirige ensuite la Revue du siècle (1933-1934) Puis la Revue du XXe siècle et devient en 1936 le co-directeur, avec Thierry Maulnier, de Combat qui paraîtra jusqu'en 1939. Directeur d'une collection chez un éditeur le livres scolaires, après un bref passage dans l'Université, il dirige aussi en 1938-39 la revue Civilisation. Prisonnier en 1940, il est rapatrié et collabore en zone libre à la revue Idées. Il participe aussi pendant un temps aux activités de l'association culturelle Jeune France. En 1942, il devient directeur de l'hebdomadaire catholique Demain. Rédacteur en chef de l'hebdomadaire la France catholique après la Libération, il en est, depuis 1955, le directeur. Historien des idées, il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages : Bernanos tel qu'il était, le Sillon de Marc Sanguier, Christianisme et civilisations, Maurras et son Action française, etc.

ROBERT FRANCIS : Pseudonyme de Jean Godmé. Né en 1909, fils d'un entrepreneur de travaux publics. Tout en poursuivant des études d'ingénieur à l'École des travaux publics, il collabore, à partir de 1929, aux Cahiers, publication fondée par son frère J.-P. Maxence. Il en devient, en 1930, le directeur. Grand admirateur de la littérature anglaise et [463] d'Alain Fournier, il commence à écrire une série de gros romans à demi fantastiques, dont l'un obtiendra le Prix Fémina en 1935. Entre 1931 et 1935, il écrit dans la Revue française et dans la Revue du XXe siècle. En 1934, avec J.-P. Maxeace et Thierry Maulnier, il participe à la rédaction du livre Demain la France. De 1935 à 1940, il se retire du combat politique pour se consacrer à son œuvre de romancier. Pendant l'Occupation il publie quelques articles dans les Nouveaux Temps de J. Luchaire. Il aurait adhéré au F.P.F en 1942. Arrêté à la Libération, il passe en jugement et est acquitté. Il meurt quelques mois plus tard en 1946.

LOUIS-ÉMILE GALEY : Né en 1904 dans une famille d'origine ariégeoise. Il fait des études d'architecte à l'École des Beaux-Arts de Paris. Ami d'enfance d'André Déléage, il participe aux réunions précédant la création d'Esprit et au congrès de fondation de la revue à Font-Romeu. Après 1933 il devient le bras droit de Georges Izard à la tête de la Troisième Force. En 1934, il est rapporteur aux États généraux de la Jeunesse française. Après la fusion de la Troisième Force avec le Front commun de Bergery (fusion qu'il désapprouve), il devient secrétaire général de la Flèche, organe du Parti frontiste. Parallèlement, il tente de créer en 1935 un mouvement d'action spirituelle, La Croisade, tentative qui se solde par un échec. Il quitte le Parti frontiste pour la S.F.I.O. en 1937 avec Georges Izard. Retrouvant à la S.F.I.O. les querelles de chapelle qu'il avait voulu fuir, il abandonne toute activité politique reprenant son métier d'architecte. En 1940, il participe à la fondation du mouvement des Compagnons de France dans lequel il devient « Chef des Provinces ». Il est ensuite directeur du Cinéma à Vichy tout en ne refusant pas son appui à la Résistance. Aujourd'hui, dégagé de toute appartenance politique, il est scénariste et chargé de mission à Pathé-Cinéma.

ROBERT GIBRAT : Né en 1904. Élève de l'École polytechnique, il poursuit aussi des études de Droit et devient un des rares spécialistes d'économétrie de l'époque. Mathématicien exceptionnel, il est professeur à l'École des mines de Saint-Étienne avant de devenir ingénieur-conseil de la Société générale d'entreprise. Entre 1931 et 1933 il participe aux travaux du Centre polytechnicien d'Études économiques fondé par Jean Coutrot puis adhère à l'Ordre Nouveau avec Robert Loustau en 1933. En 1934 il fait, avec R. Loustau, un rapide passage dans le groupe d'études sociales des Croix de Feu. À la veille de la guerre, il est directeur de l'Électricité : au ministère des Travaux publics. En 1942, il est pendant quelques mois secrétaire d'État aux Communications du gouvernement de Vichy. Après cet intermède gouvernemental, il reprend ses activités professionnelles. Ingénieur-conseil de l'Électricité de France, il a établi es calculs qui ont permis la construction de l'usine marémotrice de la Rance. Ancien président du Comité scientifique et technique de l'Euratom, il est directeur général du Groupement pour l'industrie atomique (« Indatom »).

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EDMOND HUMEAU : Né en 1907 à Saint-Florent-le-Vieil en Anjou. Élève de l'école communale puis du petit séminaire de Beaupréau, il passe ensuite un an au grand séminaire d'Angers. Malade, il s'établit dans le Valais (1929-1932) où il rencontre Ramuz qui publie ses premiers textes. En 1929, i écrit un article sur Gide pour les Cahiers de J.-P. Maxence. De retour à Paris en 1932, il entre en contact avec l'équipe d'Esprit par l'intermédiaire de Maritain et collabore régulièrement à la revue après sa fondation. Il milite aussi dans la Troisième Force et vote contre la fusion avec Front commun. Il adhère alors à la section socialiste du Plessis-Robinson dont il est exclu avec Marceau Pivert. Il renoue des liens avec Bergery et le mouvement frontiste, demeurant pacifiste même après Munich. Il entre dans la Résistance en novembre 1940 avec des anciens du P.S.O.P. et du frontisme. Rédacteur au Bureau universitaire de statistiques de 1937 à 1941, il est ensuite chef du service de reclassement des intellectuels en chômage. Depuis 1946, il est attaché de presse du Conseil économique. Retiré de l’action politique tout en restant membre de la S.F.I.O. malgré ses réticences, il s’est, depuis la guerre, consacré plus spécialement à son œuvre littéraire et poétique (Prix Max Jacob en 1956).

GEORGES IZARD : Né en 1903 à Abeilhan (Hérault), fils d'un directeur d'école. Il fait des études supérieures de lettres et de droit à la Sorbonne. Ayant entrepris de préparer l’agrégation de philosophie, il rencontre Emmanuel Mounier avec qui, en 1929-1930, il rédige un livre sur la Pensée de Charles Péguy. Gendre du ministre radical Charles Daniélou, il est pendant un temps chef de cabinet de son beau-père. En 1931-1932, il participe très activement, avec Déléage et Mounier, à la fondation d'Esprit, dont il est le rédacteur en chef d’octobre 1932 à juillet 1933. En 1933 il prend la tête de la Troisième Force avec le titre de Délégué Général. Après la fusion avec Front commun, il participe aux activités du Parti frontiste de Bergery, dont il devient un des députés en 1936. Il quitte ce parti en 1937 pour entrer à la S.F.I.O. Pendant l’Occupation il fait partie des groupes d'études de l'O.C.M. À la Libération, secrétaire général de I'O.C.M. et membre de l'Assemblée consultative, il tente de créer, avec l'appui de L. Blum, un parti travailliste mais il se heurte à l'opposition du général de Gaulle. Après avoir participé à la fondation de 1’U.D.S.R., il renonce à la politique active pour se consacrer à sa profession d'avocat, plaidant notamment pour Kravchenko contre le Parti communiste, pour Claudel contre Maurras et défendant les intérêts du Bey de Tunis et du sultan du Maroc au cours des crises de la décolonisation.

JEAN JARDIN : Né en 1904. Après des études supérieures de lettres et de droit, il suit les cours de l'École libre des sciences politiques où il fait la connaissance d'Alexandre Marc. Alors sympathisant de l'Action française, il participe aux réunions du Club du Moulin-Vert d'où devait naître le mouvement l'Ordre Nouveau, aux travaux duquel il collabore de 1931 à 1938. Dans les années 1929-I930, il est directeur du service d'information économique de la banque Dupont avant de devenir, de 1932 [465] à 1941, un des principaux collaborateurs de Dautry aux Chemins de Fer. De I94I à 1943 il occupe diverses fonctions à Vichy. Il est notamment membre du cabinet de Bouthillier puis directeur du cabinet de Pierre Laval. En 1943, il est nommé chargé de mission à Berne. Retiré de l'action politique après la Libération il est devenu un important homme d'affaires.

JEAN LACROIX : Né en 1900. Licencié en droit, il fait des études de philosophie à Grenoble sous la direction de Jacques Chevalier. Sympathisant de l'Action française au cours de ses études de Droit, il s'en éloigne ensuite sous l'influence du R. P. Valensin et de J. Chevalier. Agrégé de philosophie, il est professeur à Châlons-sur-Saône (1925-1927), à Lons-le-Saulnier (1927-I930) s'occupant de cercles d'études de lycéens et collégiens. Professeur à Dijon à partir de 1931, il participe à quelques-unes des réunions ayant précédé la fondation d'Esprit. Après la naissance de la revue il y collabore régulièrement représentant une tendance proche des milieux démocrates-chrétiens (Cahiers de la nouvelle journée). En 1938 il assure, avec P.-A. Touchard, la direction de l'hebdomadaire le Voltigeur. En 1940, il partage les hésitations de Mounier devant le régime de Vichy et prête son concours à l'École de cadres d'Uriage avant de se tourner vers la Résistance. Après la Libération il recommence à collaborer à Esprit, jusqu'à la mort d’A. Béguin en 1957. Se gardant de tout engagement politique direct, il s'est consacré depuis 1945 à une œuvre de philosophie politique exprimée par l'écrit et la parole. Il est, depuis 1937, professeur de « Khâgne » à Lyon. Il est par ailleurs membre du Comité directeur des Semaines sociales de France et du Centre catholique des intellectuels. Il assure depuis la Libération le feuilleton philosophique du journal le Monde et dirige la collection « Initiation philosophique » aux Presses Universitaires de France.

PHILIPPE LAMOUR : Né en 1903. Il fait des études de droit à la faculté de Droit de Paris où il participe aux réunions d'un groupe se réunissant autour du professeur Achille Mestre (avec A. Philip, Léo Lagrange, A. Parodi). En 1925, il adhère au Faisceau de G. Valois dont il est exclu en 1928. Il tente alors sans succès de fonder un Parti fasciste révolutionnaire. En 1931 il participe à la fondation de Plans dont il est le rédacteur en chef. Après la disparition de Plans, il continue d'exercer sa profession d'avocat en y ajoutant le journalisme (à Mondes de Barbusse) et l'action publique. Après les événements de février 1934, il participe à divers grands procès (Bony contre Gringoire, affaire Stavisky, etc.) Avocat de l'Association juridique internationale, il plaide en Grèce, Yougoslavie, Roumanie, etc., tout en collaborant à l’œuvre et à Vu et Lu. En 1936 il est candidat malheureux du Front Populaire à Sens. Entre 1936 et 1938 il est, en Espagne puis en Tchécoslovaquie, le correspondant de l'Illustration, de Vu et de Messidor. Engagé volontaire en 1939, il prend, après l'armistice, la direction d'une exploitation agricole dans l'Allier. Il s’installe ensuite dans le Gard où le contraint à se réfugier une menace d'arrestation. À la [466] Libération il est adjoint au commissaire de la république du Languedoc pour les questions agricoles et dirige le quotidien la Renaissance. Président de la Fédération des exploitants agricoles du Gard il est élu secrétaire général de la Confédération générale agricole en mars 1945 et le restera jusqu'en 1954 tout en étant membre du Conseil économique. En 1954 il quitte la C.G.A. pour devenir président-directeur général de la Compagnie d'aménagement de la région du Bas-Rhône-Languedoc. Élu en 1962 président du Conseil supérieur de la Construction, il collabore au Plan d'aménagement du territoire dont il préside la Commission nationale.

PIERRE-OLIVIER LAPIE : Né en 1901, fils du recteur de l'académie de Paris. Il fait des études supérieures de droit et devient en 1925 avocat au barreau de Paris. Au cours de ses études de droit il participe aux réunions organisées par le professeur A. Mestre. Un peu plus tard il se lie avec Arnaud Dandieu et prend part aux premières recherches de l'Ordre Nouveau dans les années 1930-1933. En 1932 il crée, finance et dirige le bulletin Mouvements qui sert de tribune pendant quelques mois à l'Ordre Nouveau. Il rompt avec ce mouvement en 1933 et participe dans les premiers mois de 1934 à l'élaboration du Plan du 9 juillet dont il est un des signataires. Il milite dans le Parti frontiste de Bergery et est élu en 1936, député de Nancy comme « socialiste indépendant ». Il adhère peu après à la S.F.I.O. Pendant la guerre, ayant rejoint la « France libre », il est gouverneur du Tchad de 1940 à 1942 puis membre de l'Assemblée Consultative. Réélu député de Nancy, il est plusieurs fois ministre dans les gouvernements de la IVe République puis délégué de la France aux Nations Unies. En 1959, il est président de la commission chargée d'étudier les rapports entre l'État et l'enseignement privé. Il est, depuis cette date, représentant de la France à la haute autorité de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier.

JEAN LE MARCHAND : Né en 1907. Membre de l’Association des étudiants d’Action française de Paris, il signe en 1930 le manifeste de Réaction. Ayant participé aux activités du groupe Réaction, il crée, avec Pierre Andreu, en 1933, le Front national-syndicaliste dont l’existence devait être assez éphémère. De 1936 à 1939, il est secrétaire de rédaction de Combat. Entre 1940 et 1944 il est fonctionnaire au Secrétariat général à la Jeunesse de Vichy et anime pendant quelques mois une revue mensuelle : les Cahiers français. Après la Libération, il s’est consacré à sa carrière de journaliste. Rédacteur en chef de la Table Ronde, il suit ensuite François Mauriac à l’Express pour en réorganiser les pages culturelles avant de devenir rédacteur en chef de l’hebdomadaire Jours de France, puis secrétaire général et directeur littéraire de l’hebdomadaire Arts et Loisirs.

ROBERT LOUSTAU : Né en 1899. Engagé volontaire en 1917. Élève de l’École polytechnique et de l’École des mines, il exerce ses compétences dans le bassin de la Loire jusqu’en 1930. Il entre ensuite dans la sidérurgie où devait se poursuivre sa brillante carrière. Parallèlement à ses [467] activités professionnelles, il s'intéresse aux problèmes économiques et sociaux et, entre 1931 et 19 33, il participe aux travaux du Centre polytechnicien d'études économiques (X Crise), fondé par J. Coutrot. En 1933, il adhère à l'Ordre Nouveau. En 1934, il fait un bref passage dans le groupe chargé d'élaborer la doctrine sociale des Croix de Feu. En 1937, il est membre du Comité directeur du Parti populaire français dont il démissionne en 1938. En 1940, il est pendant quelques mois directeur du cabinet de P. Baudouin, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Vichy. Il collabore à la rédaction de la Charte du travail et établit le brouillon du Message de Saint Étienne sur les problèmes sociaux. Après la Libération, renonçant à toute activité politique, il s'est consacré totalement à ses occupations professionnelles.

ALEXANDRE MARC : Pseudonyme d'Alexandre-Marc Lipiansky. Né en 1904 à Odessa dans une famille israélite. Chassé de Russie par la révolution, il termine ses classes secondaires au lycée Saint-Louis à Paris avant d'entreprendre des études de philosophie à Iéna. Revenu en France, il fait ensuite des études de droit et de sciences politiques. Diplômé de l’École libre des sciences politiques en 1927, il entre aux éditions Hachette sur la recommandation de J. Isaac. En 1929, il fonde le Club du Moulin-Vert d'où nait, en 1930, l'Ordre Nouveau dont il devait être l'un des principaux animateurs. S'étant rapproché du catholicisme, il collabore en 1932-1933 à la Vie intellectuelle. Il se convertit au catholicisme en octobre 1933 après la mort d'A. Dandieu. De 1935 à 1939, il collabore régulièrement à Sept (page politique sous le pseudonyme de Scrutator), dont il est le secrétaire de rédaction, puis à Temps présent. Dans les années 1940- 1943, il donne des articles à Temps nouveaux et, engagé dans la Résistance, participe à la fondation de Témoignage Chrétien. De 1943 à 1944, il est interné en Suisse comme réfugié politique. En 1945, il collabore pendant quelques mois à Témoignage Chrétien puis se consacre entièrement aux mouvements fédéralistes européens. Après avoir participé à la création du groupe Fédération, il devient, en 1946, secrétaire général de l'Union européenne des fédéralistes. Animateur du Mouvement fédéraliste européen créé en 1953, il est, depuis 1954, directeur du Centre international de formation européenne ainsi que de l'Institut européen des hautes études internationales à Nice.

CHARLES MAUBAN : Pseudonyme de Henri Caillemer. Né en 1907 à Grenoble, il fait des études supérieures de droit et de sciences politiques. Dans les années 1930, collaborateur de la N.R.F., il publie quelques romans et donne des articles à diverses revues. De 1933 à 1939, il collabore successivement à la Revue du siècle, à la Revue du XXe siècle puis à Combat. En 1940, il est délégué de la Jeunesse à Lyon, puis directeur au Secrétariat général de la jeunesse a Vichy. Après la Libération, il se consacre à la direction d'une exploitation agricole tout en continuant ses activités d'homme de lettres et en collaborant à Rivarol de 1951-1957. Élu député indépendant de la Vendée, en 1958, il participe, avec G. Bidault et R. Duchet, à la création du Rassemblement pour l’Algérie [468] française. Battu aux élections en 1962, il est depuis 1963 conseiller culturel auprès de l'ambassade de France en Afghanistan.

THIERRY MAULNIER : Pseudonyme de Jacques Talagrand. Né en 1909 à Alès, fils de professeur. Élève de l'École normale supérieure, il y est le condisciple de R. Brasillach et de R. Vaillant. Dès 1930, Henri Massis lui propose de collaborer à la Revue universelle. À partir de 1931 il donne périodiquement des chroniques à l’Action française. Lié avec Jean-Pierre Maxence, il participe aux activités de la Revue française puis collabore à la Revue du XXe siècle avant de devenir, de 1936 à 1939, le co-directeur (avec J, de Fabrèques) de Combat. En 1935, ses livres sur Nietzsche et Racine lui valent le Grand Prix de la critique. En 1937, il fonde avec J.-P. Maxence un hebdomadaire de combat l’Insurgé, qui ne survivra que quelques mois. Collaborateur permanent, à partir de 1936, de l'Action française, il le reste durant les années 1940-1944, tout en commençant à collaborer au Figure où devait se poursuivre sa carrière de journaliste après la Libération. Depuis 1945, il a eu tendance à se dégager de la politique immédiate pour se consacrer à son œuvre d'écrivain, d'auteur dramatique et de critique. Critique dramatique à Combat et à la Revue de Paris, il fonde en 1950 avec F. Mauriac la revue la Table Ronde. Il participe depuis 1946 aux activités du mouvement Fédération et collabore régulièrement au XXe Siècle fédéraliste. Il est, depuis 1964, membre de l'Académie française.

    JEAN-PIERRE MAXENCE : Pseudonyme de Pierre Godmé. Né en 1906, fils d'un entrepreneur de travaux publics. En 1925, il commence à collaborer à l'hebdomadaire la Gazette française dont le directeur l'introduit dans le milieu du Roseau d'Or où il devient un fidèle de Maritain et de Massis. Gérant d'une petite librairie, il fonde en 1928 les Cahiers, donnant aussi des articles à la Revue catholique des idées et des faits, à la Revue fédéraliste et à la Vie intellectuelle. En novembre 1930, il devient rédacteur en chef de la Revue française. Il se lie alors avec T. Maulnier et R. Brasillach et se rapproche de l'Action française sans y adhérer. Après la faillite de la Revue française, en juillet 1933, il collabore au Rempart et à Aux Écoutes. Dans les années 1933-1934, il s'engage dans la ligue la Solidarité français dont il est un des plus brillants orateurs. De 1933 à 1939, professeur de philosophie au collège de Mortefontaine, il assure le feuilleton littéraire de l'hebdomadaire Gringoire. Pendant cette période, il donne des articles à la Revue du XXe siècle et à Combat, participant, avec T. Maulnier, à la brève aventure de l'Insurgé (1937). Pendant l'occupation, il publie des articles littéraires dans divers journaux parisiens, Aujourd'hui, Paris-Midi, tout en étant directeur des services sociaux du Commissariat aux prisonniers à Paris. Il donne aussi quelques articles doctrinaux à des revues favorables à la Révolution nationale : Idées, les Cahiers français, Mouvement communautaire. Menacé d'arrestation à la Libération, il s'exile en Suisse où il fonde et dirige à Genève un Centre supérieur de philosophie d’inspiration thomiste. Il meurt à Genève en mai 1956.

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EMMANUEL MOUNIER : Né à Grenoble en 1905, fils d'un préparateur en pharmacie. Il prépare une licence de philosophie à Grenoble, sous la direction de Jacques Chevalier, après avoir interrompu des études de médecine. Agrégé de philosophie en 1928, il renonce à une carrière universitaire dans l'enseignement supérieur pour fonder, en 1932, Esprit, dont il sera le directeur jusqu'à sa mort. Marié avec une Belge, il est, entre 1935 et 1939, professeur au lycée français de Bruxelles, partageant son temps entre Bruxelles et Paris. En 1940, il voit disparaître sans regrets un régime qu'il jugeait faible et discrédité. Il accueille avec une certaine sympathie la « Révolution nationale », fait reparaître Esprit, collabore à l'hebdomadaire du mouvement Compagnons, participe aux activités de l'association culturelle Jeune France et accepte de professer à l'École des Cadres d'Uriage. Il s'aperçoit cependant rapidement que le régime nouveau ne répond pas à ses espoirs, et Esprit s'oriente vers une résistance intellectuelle larvée. La revue est interdite en août 1941 et Mounier, entré dans le mouvement de résistance Combat, est arrêté. Libéré après une éprouvante grève de la faim, il se replie à Dieulefit où la revue tient deux congrès  clandestins et où il écrit son Traité du caractère. À la Libération, il fait renaître Esprit et apparaît comme le chef spirituel des « chrétiens engagés » tout en conservant certaines distances vis-à-vis des « progressistes » Il commence alors un assez long « bout de chemin » avec les communistes et l’extrême-gauche auquel devaient mettre fin « l'excommuni­cation » de Tito et le procès Rajk. Il meurt subitement d'une crise cardiaque le 22 février 1950.

ANDRÉ PIETTRE : Né en 1906 à Caudry (Nord), fils d'industriel. Il fait des études supérieures de droit et signe le manifeste de Réaction. Agrégé des facultés de droit, il est nommé professeur à la faculté de droit de Strasbourg en 1937, dont il devient le doyen en 1952. Il est professeur à Paris depuis 1953. Un temps président d'Économie et Humanisme, il est membre de la commission générale des Semaines sociales de France.

DENIS DE ROUGEMONT : Né en 1906 à Neuchâtel (Suisse), fils de pasteur. Études à Neuchâtel, Vienne et Genève. Après avoir été influencé par le surréalisme, le romantisme allemand et certaines doctrines ésotériques, il redécouvre le christianisme sous l'influence de Karl Barth. À Paris, de 1930 à 1934, il participe à la création de l'Ordre nouveau et d'Esprit. Fonde en même temps la revue Hic et Nunc, qui se réclame de Kierkegaard et K. Barth, et collabore à la N.R.F. En 1934, publie Politique de la personne, exposé des grands thèmes du personnalisme et de la théorie de l'engagement. Après deux ans de chômage vécus à l'île de Ré et dans le Gard, il est nommé lecteur à l'université de Francfort (1935-36). De retour à Paris, il devient rédacteur en chef des Nouveaux Cahiers, chez Gallimard, publie Penser avec les mains, puis l'Amour et l'Occident, tout en collaborant activement à l’Ordre nouveau et à Esprit. Mobilisé en Suisse en 1939, à l'état-major général, il fonde la Ligue du Gothard (mouvement de résistance civile et militaire avant la lettre).

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Envoyé en mission aux États-Unis, il 'y passe les années 1941-1947. Professe à l’École libre des Hautes-Études de New York. En 1942-43, il rédige les émissions de « la Voix de l'Amérique parle aux Français ». Revenu en Europe en 1947, il s'engage dans le mouvement fédéraliste européen et joue un rôle important dans la « campagne des congrès » : discours inaugural à Montreux en 1947, rapport culturel et message final à La Haye en 1948, organisation et rapport général à Lausanne en 1949. Il fonde, en 1949, le Centre européen de la culture, à Genève, qu'il dirige encore aujourd'hui. Il crée en 1954 la Fondation européenne de la culture (transférée en 1957 à Amsterdam), dont il reste l'un des gouverneurs. Préside, de 1951 à 1966, l'exécutif du Congrès pour la liberté de la culture. Professeur à l'Institut universitaire d'études européennes et à l'université de Genève. Auteur de vingt-six volumes, traduits en quinze langues.

PIERRE-HENRI SIMON : Né en 1903 dans une famille de la bourgeoisie charentaise. Élève de l'École normale, supérieure où il est le condisciple de Nizan et de Sartre. Attiré par l’Action française, il est alors un militant actif du mouvement des Jeunesses patriotes dont il devient un des dirigeants pour la branche étudiante. Il participe aussi à cette époque aux activités des Équipes sociales de Robert Garric. À partir de 1926-1927, ses orientations commencent à se modifier et il collabore à la Vie intellectuelle et au Correspondant. De 1930 à 1939, il est professeur aux facultés catholiques de Lille, collaborant à Esprit, Sept, Temps présent. Prisonnier de 1940 à 1945, il est, après la Libération, professeur en Belgique, au Canada, en Suisse, tout en continuant de publier des articles dans diverses publications françaises. En 1956, il est membre du comité directeur des Cahiers de la République fondés par P. Mendès-France. Durant le conflit algérien il s'engage directement dans les débats suscités par cette guerre avec son livre Contre la torture. Depuis la mort d'É. Henriot, il rédige le feuilleton littéraire du journal le Monde. En novembre 1966, il est élu à l'Académie française au fauteuil de Daniel-Rops.

PIERRE-AIMÉ TOUCHARD : Né en 1903 dans la Sarthe, fils d'un directeur d'école. Il fait des études supérieures de lettres à la Sorbonne tout en étant répétiteur au lycée Henri-IV. À partir de 1933, il est étroitement associé à la vie d'Esprit dont il rédige notamment la chronique théâtrale. Il participe aussi aux activités de la Troisième Force. Professeur à l'École Alsacienne, il dirige, en 1938, avec Jean Lacroix, l'hebdomadaire le Voltigeur créé en marge d'Esprit. Resté en zone occupée après l'armistice, il désapprouve l'attitude de Mounier à l'égard de Vichy. Nommé directeur de la Maison des lettres grâce à F. Perroux, il fait de cette dernière un centre de résistance. Après la guerre il est successivement directeur du Comité parisien des œuvres sociales en faveur des étudiants puis administrateur de la Comédie-Française, tout en donnant des chroniques théâtrales à diverses publications (le Monde, la Revue de Paris, Europe, etc.). En 1956, il est nommé inspecteur général des Spectacles. En 1967, il devient directeur du Conservatoire de Paris.

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ANDRÉ ULMANN : Né en 1912. À partir de 1930, il poursuit des études de droit et de lettres tout en étant le secrétaire de Charles Dulot à l’Information sociale auprès de qui l'avait introduit Jacques Kayser. Ayant rencontré Mounier chez Maritain il devient, de 1932 à 1935, le secrétaire de rédaction d'Esprit. En 1935, il est secrétaire de rédaction de l'hebdomadaire de gauche Vendredi et collabore au Peuple (organe de la C.G.T.) et à Messidor. Durant la guerre d'Espagne, il est membre du Comité international d'assistance au peuple espagnol. En 1939 il fonde avec Armand Petitjean une éphémère publication, le Courrier de Paris et de la province, destinée à rassembler tous les partisans d'une « révolution nationale et populaire ». Prisonnier en 1940, il participe à la création du premier mouvement de résistance de prisonniers. Libéré et revenu en France, il prend la direction d'un réseau de résistance. Découvert, il est arrêté en septembre 1943 et déporté au camp de Mathausen. À la Libération, proche du Parti communiste, il est nommé délégué à l'Assemblée consultative. Après avoir dirigé la revue Étoiles, il entre à la Tribune des Nations dont il est, depuis 1946, le rédacteur en chef.

RENÉ VINCENT : Né en 1909. Il fait des études de lettres et de droit à Paris. Il est alors membre de l'Association des étudiants d'Action française et collabore à l'Étudiant français et à l'Ami du peuple du soir. En 1930 il est rédacteur en chef de Réaction et rompt avec l'Action française. Il donne ensuite des articles à la Revue du siècle et à la Revue du XXe siècle. En 1936, il devient rédacteur en chef de Combat dont il est la cheville ouvrière. Prisonnier en 1940, il est libéré pour raisons de santé. Attaché au Secrétariat général à la Jeunesse de Vichy, il devient ensuite chargé de mission au ministère de l'Information. Pendant cette période, il dirige une revue doctrinale Idées. En 1945, il abandonne toute activité politique. Il est actuellement directeur des services juridiques d'une importante entreprise de construction et rédige les chroniques littéraires de la France catholique sous le pseudonyme d'Alain Palante.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 13 octobre 2012 14:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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