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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

“La division du travail sociologique : une question de clivage idéologique ?” (1983)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Jean-Guy Lacroix, Benoît Lévesque, Danielle Desfossés et Germain Dulac, assistants de recherche La division du travail sociologique : une question de clivage idéologique ?Un article publié dans La sociologie et l'anthropologie au Québec. Conjonctures, débats, savoirs et métiers, pp, 121-134. Actes du Colloque de l'ACSALF, mai 1983. Textes publiés sous la direction de Johanne Boisjoly et Gilles Pronovost. Montréal: ACSALF, cahiers de l'ACSALF, no 33, 1985, 238 pp. [Autorisation formelle accordée par les deux auteurs de diffuser cet article.]

Introduction

La sociologie s'est développée très rapidement dans l'après-deuxième guerre mondiale au moment de l'émergence du capitalisme monopoliste [1] et dans le cadre de l'élargissement de l'État caractéristique de l'État keneysien, de l'État interventionniste. Ce développement de la sociologie s'est, au Québec, principalement fait durant les années 1960 dans le cadre de la Révolution Tranquille et a été caractérisé par une spécialisation de la discipline face aux autres sciences sociales et une diversification interne par l'ouverture de sous-champs sociologiques. 

Cette diversification s'est produite sous l'impact d'impératifs sociaux posés par divers mouvements sociaux (ex : les mouvements coopératifs et syndicaux...) mais aussi par de grands débats socio-politiques ayant débouché sur des politiques sociales modifiant substantiellement la pratique sociale de la “société civile” (ex : la réforme de l'éducation et celle des soins hospitaliers et médicaux...) [2] 

Ainsi, dans ce développement semble poindre une diversification de la pratique sociologique. À l'approche théorisante et globalisante des théoriciens-enseignants “s'adjoignent” non seulement des approches spécifiques concernant des problèmes spécifiques mais aussi des approches méthodologiques différentes (entre autres les méthodes quantitatives), et des pratiques différentes (particulièrement l'animation sociale et la recherche-consultation comme professionnel à l'emploi de l'État). Il semble donc' qu'à la diversification de la sociologie corresponde une division du travail sociologique. 

Il nous apparaît comme central dans cette question de la diversification de souligner que la division du travail sociologique doit être conçue comme une ---division--- de problématiques non pas spécifiques à des sous-champs de la sociologie mais de celles qui réfèrent à la totalité sociale. La division dont il est question concerne donc le rapport social et les projets sociaux liés aux différentes forces sociales constituant ce rapport. Autrement dit la division dont il est question est la division idéologique du champ et de la pratique sociologiques. 

Ce problème n'est pas neuf, déjà en 1960 Fernand DUMONT ET Jean-Charles FALARDEAU précisaient, dans la présentation du premier numéro de Recherches Sociographiques, que ; 

(...) notre société est peu connue. Pour une large part, nous en sommes encore au niveau des vastes représentations idéologiques concurrentes. On parle souvent du "'Canadien français-, de l'“Ouvrier”, du “Capitalisme”, comme s'il s'agissait là de groupements homogènes et bien connus. Bien sûr, l'analyse sociologique doit s'exercer à ce plan : c'est une excellente façon d'aborder une société que d'analyser les vastes représentations idéologiques qu'elle s'est données, au risque de s'enfermer dans des adhésions ou des thèmes stéréotypés”. [3] 

Nous pensons que l'adhésion idéologique dont parlent DUMONT et FALARDEAU n'est pas un risque, ni aléatoire à certains ouvrages et/ou auteurs. Cette adhésion est en effet structurante du discours et de la pratique sociologique elle-même. Que cette adhésion soit volontaire/consciente ou inconsciente, même de “bonne foi”, il nous apparaît fondamental de souligner que le discours et la pratique sociologiques ne sont jamais neutres ni -au-dessus- du rapport social. Au contraire ce discours et cette pratique ont toujours une fonction, un rôle, une utilité sociale ... pour les forces sociales du rapport social. Marcel FOURNIER mentionnait d'ailleurs très justement en 1974 que dans l'analyse du développement de la sociologie au Québec il fallait : 

“(...) rendre compte de l'utilisation que des groupes ou classes sociales ont faite de ce savoir et des intérêts qu'ils ont eus à l'utiliser (...) cette étude devient aussi l'analyse des transformations de la structure des rapports entre, d'une part, le sous-champ scientifique et, d'autre part, les champs politique, religieux et économique”. [4] 

Le problème que nous posons est donc celui de l'utilité sociale du discours et de la pratique sociologique et corollairement celui des intérêts sociaux auxquels sont liés les différentes problématiques de la totalité sociale. La division du travail sociologique ne renvoie donc pas dans notre problématique à des divergences de méthodes, de théories, de pratiques professionnelles... etc. mais à un clivage de nature scientifico-idéologique.


[1]     Marcel FOURNIER, “La Sociologie québécoise contemporaine”, Recherches Sociographiques, Vol. XV, no 2 et 3, mai-août, 1974, p. 169. [Texte disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[2]     Ibidem, pp. 192-197.

[3]     Fernand DUMONT et Jean-Charles FALARDEAU, “Pour la recherche sociographique au Canada français”, Recherches Sociographiques, Vol. 1, no 1, janvier-mars, 1960, p. 3.

[4]     Marcel FOURNIER, art. cit., p. 168.


Retour au texte de l'auteur, Pierre Mackay, département des sciences juridiques, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 3 mars 2006 17:27
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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