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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Danièle Letocha et Sarah Marquardt, “La philosophie des XVe et XVIe siècles.” In ouvrage sous la direction de Raymond KLIBANSKI et Josiane BOULAD-AYOUB, La pensée philosophique d’expression française au Canada. Le rayonnement du Québec. Chapitre 4, pp. 163-182. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 1998, 686 pp. Collection “Zétésis”. [Le directeur général des Presses de l’Université Laval, M. Denis Dion, nous a accordé, le 11 septembre 2016, son autorisation de diffuser en libre accès à tous ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[163]

Première partie :
Histoire de la philosophie
Chapitre 4


La philosophie
des XVe et XVIe siècles
.”

par

Danièle LETOCHA et Sarah MARQUARDT

Université d’Ottawa

[164]
[165]

Université d’Ottawa

À première vue, on pourrait penser qu’il ne se fait pas beaucoup de recherches en français sur la Renaissance puisque seuls trois chercheurs s’identifient principalement à cette période dans nos départements de philosophie [1]. Néanmoins, de nombreux travaux, tout à fait substantiels en matière philosophique, émanent de disciplines connexes telles la théorie littéraire, l’histoire des idées, la théologie, les études italiennes et françaises, la littérature comparée, la théorie politique, la sociologie, etc., et les chercheurs, fragmentés entre ces champs et séparés par la dispersion géographique, ont cherché à se regrouper autour de l’objet Renaissance. D’abord réunis dans la Société des Seiziémistes [2], ils ont élargi le cadre historique (1350-1650) et l’horizon linguistique dès 1976, par la fondation de la Société canadienne d’études de la Renaissance [3] dont les congrès annuels font une bonne place à la philosophie.

Beaucoup d’équipes de publication se révèlent pluridisciplinaires, par exemple, en histoire des doctrines, en éthique, en esthétique, en philosophie du droit ou encore, en anthropologie. Plus récemment, on peut observer que les nouvelles enquêtes sur la rhétorique, la philosophie politique et la narratologie semblent ne pouvoir se légitimer qu’en traversant le spectre des humanités.

Nous avons nous-mêmes suivi cette pratique d’ouverture pour repérer la recherche philosophique de langue française sur la Renaissance, la prenant là où elle loge, sans trop tenir compte des étiquettes. Pourquoi cette latitude ? Parce que les corpus philosophiques de la Renaissance sont eux-mêmes polyvalents, imbriquant plusieurs dimensions dans des concaténations de divers modes discursifs, ce qui justifie une lecture du même ordre pour qui veut montrer où il se fait du travail philosophique. C’est ainsi que nous revendiquons aussi certains [166] travaux sur Rabelais et sur Montaigne produits dans un cadre littéraire, des entreprises d’éditions portant sur la Réforme ou sur l’Index des livres interdits, menées par des historiens ; d’autres encore, sur la médecine néo-platonicienne ou sur le scepticisme tardif n’ont pas été rattachées à des départements de philosophie quoiqu’elles aient un caractère philosophique indéniable et même central, dans le dernier cas.

De 1960 à 1980, au Québec, les institutions d’enseignement et de recherche connurent des changements fondamentaux [4] : réformes des programmes, sécularisation et modernisation des universités en furent les mots d’ordre. Le nombre total d’étudiants universitaires doubla, ce qui rendit possible une spécialisation plus fine. La prospérité économique et les choix de l’État permirent, à partir de 1969, l’ouverture progressive du réseau des campus de l’Université du Québec et la fondation (1969) du Centre d’études de la Renaissance dans l’Université de Sherbrooke. Cinq ans auparavant, la revue bilingue Renaissance and Reformation/Renaissance et Réforme avait commencé de paraître [5].

Comme ailleurs, en Europe, cet incrément se coupla avec une désaffection pour les langues classiques. En 1989, on ferma le vénérable Institut d’études médiévales de l’Université de Montréal, faute d’inscriptions [6]. Cette même régression continue aujourd’hui d’affecter la transmission des savoirs concernant le corpus philosophique renaissant presqu’entièrement rédigé en néo-latin, comme on le sait. Ainsi, on a vu une partie des thèses et publications se déplacer vers les langues modernes : Machiavel, More, La Ramée, La Boétie, Montaigne, Bodin, etc.

Si l’on veut identifier quelques caractères communs aux recherches qui se font en ce moment, en langue française, on peut d’abord signaler qu’elles se répartissent en deux types principaux : d’une part, le travail d’édition commentée modernisée ou traduite (Jacques Ferrand, Hélisenne de Crenne, Machiavel, La Boétie, La Légende dorée, Marie de Gournay, Pontus de Tyard, Jean Pic de la Mirandole, Guillaume Budé, Thomas More, Nicolas de Cues, Modrevius, etc.) ; d’autre part, l’analyse théorique « pointue », manifestant la fréquentation des courants et modèles (et même des modes...) anglo-américains, dans leur rigueur épistémologique et argumentative. C’est ainsi qu’on y trouve l’intégration scientifique des résultats obtenus dans le champ des Women’s Studies et des Gender Studies. Il s’agit là d’études disciplinaires strictes [7], auxquelles participent aujourd’hui plusieurs voix masculines, et où l’on trouve, par exemple, une des premières analyses anthropologiques de l’imaginaire [167] homosexuel : L’homosexualité dans l’imaginaire de la Renaissance [8] de Guy Poirier.

Un autre trait frappe l’observateur : l’inscription des chercheurs francophones dans les réseaux internationaux (franco-italien, allemand et suisse, britannique et américain). On reconnaît là le fait d’universitaires numériquement faibles et éparpillés, s’appuyant sur l’appartenance à de plus grands ensembles.

Nous faisons ici état des travaux de quelque vingt-cinq chercheurs actifs, dispersés dans une quinzaine d’institutions. Plusieurs [9] travaillent largement en français quoiqu’en milieu anglophone. Or, contrairement à la philosophie moderne et contemporaine, la philosophie de la Renaissance offre un terrain où les deux traditions se fréquentent et s’arriment facilement l’une à l’autre dans l’organisation de colloques, de séminaires avancés ou d’ouvrages collectifs. Ces échanges n’en restent pas à une courtoisie passive. Car, d’une part, on voit que les ouvrages anglais d’envergure [10] publiés par des Canadiens se retrouvent dans les bibliographies de leurs collègues québécois et canadiens-français. Les contacts vont cependant plus loin : il est facile de repérer, dans les travaux de langue française, des motifs, problématiques, méthodologies, catégories venus du monde savant anglo-saxon qui se trouvent repensés et renouvelés dans un autre réseau linguistique [11]. Ce rôle de commis-voyageur culturel est bien le troisième caractère de cette production philosophique de langue française.

Quelques mots sur les critères, par définition arbitraires [12], de ce tableau. Notre souci premier reste d’informer les lecteurs étrangers de ce qui se fait en langue française au Québec et dans le monde canadien-français hors Québec. Nous avons voulu suivre la décision du comité éditorial recommandant une perspective très ouverte. Nous distinguerons entre les œuvres essentiellement philosophiques et celle qui affectent le discours philosophique par de l’information inédite ou par une critique oblique. Pour être reconnu en tant qu’agent de la recherche en langue française ici, il faut et il suffit qu’on ait fait au moins deux publications et plusieurs communications en français [13]. Nous avons distribué les équipes de recherche et les publications selon leur objet : rhétorique, métaphysique ou politique. Toutes distorsions et lacunes doivent nous être imputées.

[168]

Le champ des études rhétoriques

Les études de la Renaissance tirent depuis longtemps bénéfice d’une longue tradition de traduction savante [14]. Celle-ci se poursuit avec les traductions d’Érasme et de More qu’a publiées Roland Galibois. Conjointement avec Germain Marc’hadour, il a publié un Érasme de Rotterdam et Thomas More, Correspondance, avec traduction, introduction et notes [15]. Plusieurs recenseurs ont souligné la qualité de celles qu’il a faites de Jean Pic de la Mirandole pour l’ouvrage de Louis Valcke [16] ; il prépare actuellement un ouvrage sur Érasme biographe de More. Roland Galibois a été associé à plusieurs des publications du Centre d’études de la Renaissance de l’Université de Sherbrooke (Québec).

Une autre équipe travaille dans cette lignée philosophique érudite : sous la supervision de Jean-Claude Moisan, directeur du groupe de recherche « Relire » (de l’Université Laval, lui-même lié à un réseau français métropolitain), plusieurs thèses explorent la théorie du discours, des questions de logique et de méthode, autant que les liens entre la rhétorique renaissante et ses modèles antiques [17]. Avec Marie-Claude Malenfant, il a publié les Trois premiers livres des Métamorphoses d’Ovide [18] ; il a codirigé le collectif Autour de Ramus. Texte. Théorie. Commentaire [19]. Spécialiste d’Aneau, il a étudié les rapports entre rhétorique et dialectique dans les écrits ramistes.

Chez la comparatiste Eva Kushner (Université de Toronto), on trouve un éventail de publications dont les objets sont déployés largement sur l’axe diachronique, de la Renaissance à la période contemporaine, tout en se situant exclusivement dans le registre théorique. Le fil conducteur de ces nombreux travaux théoriques paraît s’identifier à la question du sujet. Quelles sont les structures de la conscience qui changent à la fin de la Renaissance ? Quels sont les rapports entre subjectivité et discours [20] ? Quelles sont les figures de la raison dialogique chez Montaigne [21] ? Comment évoluent les rapports à la mémoire, au savoir, à la beauté au tournant de la modernité ? Voilà un registre épistémologique où articles et ouvrages collectifs trouvent une place précise, faisant avancer la problématique théorique vers une doctrine continuiste très élaborée qui thématise l’identité du moi dans l’écriture philosophique et littéraire, entre Renaissance et modernité. De plus, Eva Kushner codirige la section Renaissance de l’Histoire comparée des littératures de langues européennes [22]. On peut trouver dans son [169] survol « Études sur la Renaissance au Canada (1990-95) [23] » la face anglophone de la même lune que nous tentons ici de cartographier...

Dans le registre directement rhétorique a paru un ouvrage collectif, dirigé par Bernard Beugnot et Robert Melançon (de l’Université de Montréal), explorant Les voies de l’invention aux XVIe et XVIIe siècle : études génétiques [24] et montrant que le vitalisme renaissant coïncide avec une volonté de montrer la genèse du texte, ses états et réécritures. Ils manifestent et l’auteur et le texte comme processus plutôt que comme produits.

On a vu combien, pour reprendre l’expression d’Eva Kushner, Montaigne rassemble les chercheurs ; il faut encore ici ajouter les travaux de Marcel Goulet sur Montaigne-lecteur qui reprennent le modèle médiéval des rapports à l’écriture pour éclairer les divers degrés de présence du scriptor dans sa propre écriture, jusqu’à devenir auctor [25].

On trouve également une perspective large et une grande vigueur spéculative dans l’œuvre maintenant foisonnante et solide de François Paré (Université de Guelph), théoricien et essayiste, qui se démarque de beaucoup d’autres chercheurs par cette singulière alliance avec le talent d’écrivain [26]. Il a produit certaines des plus rigoureuses analyses philosophiques de l’écriture montanienne [27]. Tous ses travaux sont reliés par le souci de saisir l’essence de l’institution littéraire et de ses canons ; il explore corrélativement la transgression, la marginalité, la fragilité. Comme théoricien de l’espace symbolique, il montre de l’audace tout en examinant le sort de la fonction auctoriale pré et postmoderne. Directeur de la revue Renaissance and Reformation/Renaissance et Réforme depuis plusieurs années, il est responsable de son envergure internationale et joue un rôle actif auprès des autres chercheurs.

La théorie du discours a conduit à l’examen (et même à l’exhumation) de plusieurs voix de femmes de la Renaissance, et particulièrement des discours féminins français du XVIe siècle. Le tandem Hannah Fournier (Université de Waterloo) — Jean-Philippe Beaulieu (Université de Montréal) a produit une édition critique des Épitres familières et invectives d’Hélisenne de Crenne [28] et plusieurs études critiques qui proposent une théorie du masque, du pseudonyme, de la dialectique entre autonomie et hétéronomie. On y perçoit comment s’affirme la spécificité de la subjectivité féminine dans la recherche générale de la possession de soi par l’écriture : nouvelle perspective sur le dialogue épistolaire renaissant, à laquelle Jane Couchman (Glendon College, Université York) apporte son concours en faisant revivre les salons et les œuvres morales qui en [170] sont issues [29]. On trouve le même thème de recherche chez Daniel Hickey (Université de Moncton).

Le même tandem Fournier-Beaulieu a publié le premier volume d’un projet d’édition des œuvres complètes de Marie le Jars de Gournay [30] (autre lien avec les études montaniennes) qui continue l’étude de l’émancipation de la subjectivité féminine. On doit ici faire une bonne place à un lieu d’émergence de jeunes chercheurs : le Groupe d’analyse et de recherche sur l’écriture des femmes [31] (GARSE — XVI) qui travaille autour de Diane Desrosiers-Bonin (Université McGill). Elle-même [32] prépare actuellement une édition critique de Marie Dentière et s’est fait connaître par la clarté et par la force persuasive de ses modèles théoriques dans le domaine de l’humanisme français. Enfin, on doit aussi faire une place aux nombreux travaux d’analyse des idées religieuses, éthiques et anthropologiques de Marguerite de Navarre signées par Brenda Dunn-Lardeau (Université du Québec à Montréal) [33] et par une dizaine d’autres chercheurs intéressés par la femme la plus instruite et sérieuse de son siècle. Après Montaigne, Marguerite de Navarre est le point de ralliement le plus fréquenté des analystes du discours et de la construction du sens.

le champ de la métaphysique

Par commodité, nous regroupons ici les travaux théoriques qui ne traitent ni du discours, ni de l’action, c’est-à-dire ceux qui s’intéressent à l’être, à l’Un, au temps, à la condition humaine, à l’extase, à la vérité, à la magie, à la question du corps propre.

Dans ces domaines, de solides traditions nous encadrent [34]. On doit faire place à une grande entreprise telle l’édition des œuvres complètes de Pontus de Tyard qu’Eva Kushner mène seule : jusqu’à nouvel ordre, elle sera vraisemblablement la seule spécialiste de Pontus de Tyard philosophe. D’une même manière isolée, Élaine Limbrick (Université de Victoria, Colombie-Britannique) qui fut une élève de Pierre Mesnard, à Tours, verra son Montaigne traduit en français chez Champion [35]. Très présente dans les milieux français métropolitains, et centrée sur un même thème philosophique unique, elle a choisi de poursuivre son histoire du scepticisme dans le XVIIe siècle français en analysant les œuvres de l’évêque Pierre-Daniel Huet, adversaire de Descartes et témoin tardif de la pensée sceptique chrétienne. Ses travaux sur [171] Montaigne, sur Sanchez, sur les libertins, réévaluent les rapports entre foi et raison en faisant du rationalisme une doctrine minoritaire dans le XVIIe siècle français.

Un autre héritier de la grande tradition [36] métaphysique est Louis Valcke (jusqu’à récemment à l’Université de Sherbrooke [37]). Au cours des vingt dernières années, il s’est acquis le renom de grand expert international du corpus de Jean Pic de la Mirandole sur lequel il a publié en italien et en français au moins. Son récent livre [38], paru en parallèle avec celui de O. Boulnois et de G. Tognon [39], place Pic en porte-à-faux avec l’humanisme italien : selon Louis Valcke, la biographie de Pic montre qu’il fut un penseur religieux chez qui la scolastique l’emportait sans l’ombre d’un doute sur l’idéal rhétorique, c’est-à-dire que son identification avec l’humanisme lettré constitue un malentendue né au XIXe siècle et ancré dans l’histoire. Il reprend cette thèse dans « Facettes et reflets du mythe mirandolien [40] ». Il continue aujourd’hui l’approfondissement du conflit théologique entre Rome et Pic sur les Conclusiones [41].

Dans la génération plus jeune, Donald Beecher (Université Carleton) joue un rôle très particulier du fait qu’il est éditeur de musique et de textes anciens en même temps qu’il fait des recherches systématiques sur la nouvelle, sur la métrique des vers et sur la médecine philosophique néo-platonicienne qui nous intéresse nettement plus, en l’occurrence. Spécialiste d’anthropologie, il a d’abord fait, avec Massimo Ciavolella, l’édition anglaise de Jacques Ferrand, (médecin du XVIIe siècle qui résume les conceptions de la Renaissance), Traicté de la maladie d’amour ou mélancolie érotique, dont l’introduction savante est en traduction pour une édition française, à Paris. Il a dirigé Le beau au Temps de la Renaissance, Carrefour 17.2., Ottawa, 1995.

On trouve chez Yvan Morin (Université Laurentienne) une perspective également anthropologique qui fait l’inventaire du passage de l’organicisme ficinien au mécanisme cartésien. Sa thèse, soutenue à Ottawa, il y a cinq ans, fait une étude comparative des doctrines de Ficin et de Descartes concernant l’âme, la raison et le monde [42].

Thomas More a suscité une thèse philosophique, également rédigée à Ottawa et soutenue sous le titre de « Thomas More : le sixième continent. L’Utopie de More ou la découverte d’un nouveau continent du savoir [43] ». L’auteur, Nicole Morgan, y soutient que le texte de l’Utopie met en place plusieurs des conditions de possibilité de la construction des sciences humaines, tirant la Renaissance du nord dans le sens d’une rationalité abstraite. Tout au contraire, Pierre Brind’Amour s’est attaché [172] à la magie et à la numérologie dans l’ouvrage le mieux documenté et le plus complet que nous ayons sur Nostradamus [44]. Il n’a pas eu le temps de pousser plus loin ses recherches, la mort l’ayant fauché fort jeune. C’est dans cette même direction que travaille Colette Quesnel qui, après la publication à Montréal et à Paris de son mémoire de maîtrise en sciences médiévales [45], a fait une thèse à dimension philosophique sur l’extase chez Rabelais, parmi tous les étudiants qui ont bénéficié de la supervision généreuse de Guy Allard. Il s’agit d’une conception très concrète du corps humain et de ses pouvoirs cognitifs. Colette Quesnel est, comme François Paré, écrivain autant qu’analyste.

le champ de la théorie politique

Le directeur du Centre d’études de la Renaissance de l’Université de Sherbrooke, J. M. De Bujanda [46] est la cheville ouvrière d’une entreprise internationale de longue haleine, soutenue par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, qui a produit dix volumes de L’Index des livres interdits au XVIe siècle [47]. Son travail sur la censure ecclésiastique va chercher ses dimensions théoriques dans l’histoire des idées et de la religion, dans la théorie des idéologies et enfin, dans la sociologie de la culture. Ses diverses équipes de rédaction on réuni principalement des Américains, des Français et des Italiens, des Québécois francophones et des Canadiens de langue anglaise. Ces recherches fournissent l’horizon des travaux sur le Concile de Trente, sur la Contre-Réforme et sur le rôle de la Société des Jésus dans la culture française [48]. À partir des institutions répressives de Rome et de l’Université de Paris, on peut connaître et interpréter les condamnations particulières ; cette précieuse documentation donne donc une forme à la confiscation des libertés religieuses et politiques telles que Galilée et Descartes ont eu à la craindre. J. M. De Bujanda a, de plus, dirigé un collectif récent qui réunit des vues réflexives et critiques sur la censure [49].

Comme on l’a dit, c’est à l’Université McGill que s’exerce l’enseignement et la direction de recherche [50] de Diane Desrosiers-Bonin qui comportent une composante philosophique très puissante. Directrice-adjointe de Renaissance and Reformation/Renaissance et Réforme, elle a déjà produit une œuvre considérable dont les deux pôles peuvent se caractériser ainsi : d’une part, la théorie du discours et les modèles d’analyse sémiologique ; d’autre part le corpus de Rabelais comme lieu [173] où se disent une tradition [51], un système de sens original et une éthique. Dans son ouvrage principal, Rabelais et l’humanisme civil [52], elle révise les rapports entre Rabelais et la tradition antique pour montrer comment le poids des discours fréquentés est normatif. Les motifs du vin, du prince et des diables montrent comment Rabelais appartient au monde aristotélicien et cicéronien de l’humanisme du nord. L’auteur examine trois lignes de valeurs : la politique, l’économie et la morale, en tant qu’ils sont des lieux écrits et lus d’une intersubjectivité rhétorique, fort éloignée de notre définition du politique.

Pierre-Louis Vaillancourt (Université d’Ottawa) s’est, lui aussi, souvent associé au réseau des chercheurs français métropolitains. Il a travaillé sur les corpus de Machiavel [53], de La Boétie, de Montaigne, etc. [54], dans la perspective de l’histoire des mentalités, en se centrant sur la sémantique des vertus [55]. Il codirige avec Marie-France Wagner un ouvrage sur la notion de vertu, du Moyen Age à la modernité, qui paraîtra en 1998.

Un représentant des collèges post-secondaires travaille et publie exclusivement dans le champ de la philosophie politique de la Renaissance : Gérald Allard (Collège de Sainte-Foy). Il a donné une nouvelle édition du Discours de la servitude volontaire de La Boétie [56] avec une solide introduction ; après un séjour en Italie qui l’a rapproché des interprétations péninsulaires de Machiavel, il a publié sa version commentée du Prince [57]. Travaillant sur la métaphore, sur l’imitation et sur l’éloquence antique, il met en lumière les médiations rhétoriques de la vérité philosophique dans les textes renaissants.

Enfin, un mot sur les recherches de l’une des deux auteurs de ce survol : Danièle Letocha (Université d’Ottawa) qui travaille à préciser son modèle de raison rhétorique [58] comme lieu d’intersection des discours de l’humanisme renaissant, en opposition avec la raison ontologique des premiers modernes, ce qui l’apparente au premier champ ici survolé. Son propos vise à déterminer comment advient le sens quand la tradition opère comme sujet. Une partie de ses travaux traite de la Renaissance italienne ; le reste porte sur les rapports entre subjectivité [59] et pouvoir d’État, sur la sphère du droit et celle des libertés, sur le contraste entre une intersubjectivité sans sujet et la souveraineté du sujet monologique, toujours dans une lecture discontinuiste des rapports entre Renaissance tardive et début de la modernité. Une vingtaine d’articles se distribuent sur Pic, sur Érasme, sur Machiavel, sur La Boétie, sur Montaigne, sur Bodin, sur Descartes, etc., avec une insistance particulière sur le XVIe siècle polonais [60] sur lequel elle prépare une monographie (et une [174] traduction de Modrevius) pour rendre compte de la paix religieuse dans la République nobiliaire, au siècle d’or.

En conclusion, on peut s’étonner d’avoir trouvé ici une période de l’histoire de la philosophie où autant de femmes écrivent avec une autorité indiscutée, sinon indiscutable... Le lecteur aura également noté que trois types de chercheurs travaillent sur le corpus philosophique de la Renaissance : ceux qui veulent le comprendre pour lui-même et le rapporter aux autres doctrines philosophiques ; ceux qui veulent l’explorer pour le mettre en relations avec l’architecture, la poésie, le théâtre, la nouvelle, ou encore, avec les œuvres plastiques ; enfin, ceux qui veulent expliquer par le fondement théorique des diverses philosophies les crises religieuses, les guerres civiles, les institutions nouvelles de la Renaissance.

Tous ces chercheurs se fréquentent et s’écoutent mutuellement avec beaucoup d’intérêt, comme le montre le grand nombre d’ouvrages collectifs produits depuis cinq ans et qui explorent surtout les rapports complexes entre subjectivité poreuse et écriture littéraire ; n’est-ce pas là ce que font aussi les enquêtes philosophiques post-modernes ?

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NOTES

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Références Bibliographiques

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Machiavel, Sur les Princes (et autres textes), traductions, commentaires et notes, Sainte-Foy, Le Griffon d’argile, 1989.

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Nostradamus astrophile, Ottawa/Paris, Presses de l’Université d’Ottawa/Klincksieck, 1993.

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Beecher, Donald (dir.),

Le Beau au temps de la Renaissance, Ottawa, Carrefour 17.2, 1995.

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Rabelais et l’humanisme civil, Genève, Librairie Droz, 1992.

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_____, La problématique du sujet chez Montaigne, Paris, Champion, 1995.

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[181]

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« Rencontre des deux Michel : Michel Serres et Michel de Montaigne. Le sujet sporadique », in Eva Kushner, dir., La problématique du sujet chez Montaigne, Paris, Champion, 1995.

Valcke, Louis et Roland Galibois,

Le périple intellectuel de Jean Pic de la Mirandole suivi du Discours de la dignité de l’homme et du traité L’être et l’un, Québec/Sherbrooke, Presses de l’Université Laval et Centre d’études de la Renaissance, 1994.

[182]



[1] Louis Valcke, Gérald Allard et Danièle Letocha ; le premier a pris sa retraite il y a deux ans.

[2] Société de langue française fondée en 1974 par Eva Kushner (aujourd’hui en littérature comparée, à l’Université de Toronto) et par J. M. De Bujanda (de l’actuelle Faculté des Lettres et sciences humaines, Université de Sherbrooke).

[3] La Canadian Society for Renaissance Studies, bilingue français/anglais, compte quelque deux cents membres répartis entre une quinzaine de champs d’expertise distincts. Le quart de ses membres publie généralement ou occasionnellement en français. Son congrès annuel constitue un forum pluridisciplinaire fécond.

[4] La période des années cinquante, dominée par un enseignement lourdement néo-scolastique, n’offrait pas un climat favorable à l’étude de la Renaissance pour elle-même. Deux cas l’illustrent suffisamment. D’une part, la série des conférences que donna, à l’Université de Montréal, Robert Lenoble sur l’idée de nature aux XVIe et XVIIe siècles, qui ne réussit guère à susciter de l’intérêt pour la Renaissance chez les philosophes québécois d’alors, peu réceptifs à cette épistémologie bachelardienne. On trouve ce contenu dans son livre inachevé, devenu un classique : Esquisse d’une histoire de l’idée de Nature, paru chez Albin Michel en 1969, soit dix ans après sa mort. D’autre part, à la fin des années cinquante et toujours à l’Université de Montréal, Michel Ambacher donnait un cours de philosophie des sciences sur la révolution copernicienne reflétant les travaux de sa thèse d’État, faite avec René Poirier, qu’il publia en 1961, aux Presses Universitaires de France, sous le titre de Méthode de la philosophie de la nature. Cet enseignement vigoureux et innovateur n’eut pas de postérité intellectuelle significative.

[5] À partir du Centre for Reformation and Renaissance Studies de Victoria College (University of Toronto). Aujourd’hui université fédérée à celle de Toronto, Victoria offre le seul programme spécialisé dans l’étude de la Renaissance avec d’excellentes ressources de bibliothèques. Mais on n’y trouve pas de cours de philosophie proprement dite.

[6] Fondé peu avant la seconde guerre mondiale par l’Ordre dominicain, il a dispensé pendant un demi-siècle un enseignement de très haute qualité. On y supprima d’abord le premier cycle puis, le reste du programme, l’Amérique du nord n’ayant jamais accepté le modèle des centres de recherche sans enseignement. En 1999, le fameux Pontifical Institute of Mediaeval Studies connaîtra le même sort. Or ces deux instituts ont constamment contribué aux études sur la Renaissance, particulièrement grâce aux professeurs Guy H. Allard et Claude Sutto, du côté français.

[7] De troisième génération, c’est-à-dire débarrassées de la charge militante des débuts.

[8] Paris, Champion, 1996.

[9] Dont les deux auteurs de ce texte.

[10] La grande édition d’Érasme et de ses amis ou les éditions anglaises d’Ochino, de Bodin, de Valla, de Cues, etc. que produit le Centre for Reformation and Renaissance Studies de Toronto, au premier chef, et aussi les classiques publiées par Donald Beecher, à la maison Dovehouse d’Ottawa, pour citer quelques cas.

[11] Cette interfécondité n’est réciproque que dans une moindre mais réelle mesure.

[12] Outre les récents numéros du Newsletter/Bulletin (Ottawa) et les trois dernières éditions du Directory/Répertoire (Toronto) des chercheurs, tous deux publiés par la Société canadienne d’études de la Renaissance, nous avons également dépouillé les deux dernières éditions du Répertoire international des seiziémistes (Paris) et les quatre plus récentes du répertoire international (section Canada) des Scholars of Early Modern Studies (Kirksville, MO, U.S.A. ). À cela, nous avons ajouté notre propre enquête auprès des chercheurs eux-mêmes. Nous avons aussi considéré les projets de recherches subventionnés par des organismes provinciaux ou fédéraux. Sauf exception, notre enquête s’arrête à l’été 1997.

[13] C’est pourquoi on trouvera dans notre liste des chercheurs anglophones travaillant dans des institutions anglaises, au Québec et ailleurs.

[14] Dans le passé, le doyen Maurice Lebel, de l’Université Laval, a publié la première traduction française du Passage de l’hellénisme au christianisme de Guillaume Budé (texte bilingue, Sherbrooke, éd. Paulines, 1974).

[15] Centre d’études de la Renaissance, Université de Sherbrooke, 1985.

[16] Louis Valcke et Roland Galibois, La périple intellectuel de Jean Pic de la Mirandole, suivi du Discours de la dignité de l’homme et du Traité de l’être et de l’un, Québec et Sherbrooke, Presses de l’Université Laval et Centre d’études de la Renaissance, 1994.

[17] L’un de ses projets en cours a pour thème l’impact littéraire des traductions des métamorphoses d’Ovide.

[18] Paris, Champion, 1996.

[19] Avec Kees Meerhof, Québec, chez Nuit Blanche, 1997. Le contexte des querelles ramistes à l’Université de Paris a récemment reçu un éclairage nouveau et très nuancé grâce aux travaux archivistiques de James K. Farge, bibliothécaire du Pontifical Institute, en particulier Le parti conservateur au XVIe siècle : L’Université et Parlement de Paris à l’époque de la Renaissance et de la Réforme, Paris, Les Belles Lettres, 1992, préfacé par Marc Fumaroli. On y démontre la fragilité relative du Collège de France face à la toute-puissante faculté de théologie qui sut paralyser les efforts de Ramus pour réformer le programme et les méthodes d’enseignement depuis la faculté des arts.

[20] Eva Kushner, dir., La problématique du sujet chez Montaigne, Paris, Champion, 1995. On lui doit une dizaine d’autres études sur Montaigne.

[21] « La notion de vérité dans le discours scientifique du XVIe siècle » in Revue canadienne de littérature comparée, XXIII (mars 1996).

[22] Cf. Tibor Klaniczaj, Eva Kushner et André Stegmann, L’Avènement de l’esprit nouveau (1400-1480), Budapest, Akademiai Kiadó, 1988, et le vol. VI en préparation, Crise et essors nouveaux (1560-1610).

[23] Literary Research/Recherche Littéraire, no 25, Toronto, Victoria University, 1996.

[24] Paragraphes 9, Département d’études françaises, Université de Montréal, 1993.

[25] Auteur d’une thèse inédite « Montaigne lecteur exemplaire » (1992), il travaille à un ouvrage sur l’attention et l’intention lectrices à la Renaissance.

[26] Son livre sur Les littératures de l’exiguïté (Le Nordir, Hearst, 1992) a obtenu le prix du Gouverneur général.

[27] Par exemple « Rencontres des deux Michel : Michel Serres et Michel de Montaigne. Le sujet sporadique » in Eva Kushner, dir., La problématique du sujet chez Montaigne, op. cit.

[28] Presses de l’Université de Montréal.

[29] Cf. « “Voyant que c’est d’une femme l’ouvrage” : la parole féminine à la Renaissance, en France » in Marguerite Anderson et Christine Klein-Lataud, dir., Paroles rebelles, éd. du Remue-ménage, Montréal, 1992.

[30] Marie le Jars de Gournay, Les Advis ou les présens de la Demoiselle de Gournay, 1641, (3 volumes prévus), vol. I, Amsterdam, Rodopi, 1997.

[31] Dans un projet de corpus féminin français du XVIe siècle sur CD-Rom.

[32] Dont nous verrons plus loin la production en philosophie politique.

[33] Qui prépare une édition critique informatisée de la Légende dorée, après en avoir donné une édition standard.

[34] Pensons à l’enseignement de Raymond Klibansky (Université McGill et Institut d’études médiévales de l’Université de Montréal) et surtout, à son édition des volumes I-II-III-V-XII des Opera Omnia de Nicolas de Cues, chez Meiner et au Warburg Institute, entre 1928 et 1983. Cet horizon d’excellence a aussi donné à la philosophie de la Renaissance (R. Klibansky et R.W. Hunt) la série des neuf volumes des Mediaeval and Renaissance Studies de 1941 à 1956, en Angleterre. Enfin, a paru en français, à Paris, en 1989, la traduction Durant-Bogaert/Evrard : Saturne et la mélancolie, écrit avec E. Panofsky et F. Saxl (Gallimard) qui touche la philosophie de la Renaissance. De ses bureaux de Londres et de Paris, Raymond Klibansky mène encore plusieurs projets dont celui du présent survol de la recherche de langue française au Canada.

[35] Ses articles et notices en anglais sur le scepticisme de Montaigne et sur celui de Francisco Sanchez sont fameux dans le monde anglo-américain ; seize articles publiés en français entre 1981 et 1995 portent sur le scepticisme. Cf. « La relation du scepticisme avec la subjectivité » in Eva Kushner, ed., La Problématique du sujet, op. cit. ; « L’espace métaphysique dans l’Apologie de Raimond Sebon », in Montaigne : Espace, voyage, écriture, Paris, Champion, 1995 ; « Doute sceptique, doute méthodique : vers la certitude subjective », in Montaigne, Regards sur les Essais, Waterloo, Wilfrid Laurier University Press, 1986.

[36] Dont Guy H. Allard qui fut longtemps attaché à l’Institut d’études médiévales est un représentant célèbre.

[37] Où il a été associé au Centre d’études de la Renaissance.

[38] En collaboration avec Roland Galibois, Le périple intellectuel de Jean Pic de la Mirandole, suivi du Discours de la dignité de l’homme et du Traité L’être et l’un, Québec/Sherbrooke, Presses de l’Université Laval et Centre d’études de la Renaissance, 1994.

[39] Jean Pic de la Mirandole, Oeuvres philosophiques, Paris, PUF, 1993.

[40] Renaissance and Reformation/Renaissance et Réforme, XX. 1, Toronto, 1996.

[41] Cf. « La condamnation de Jean Pic de la Mirandole : réévaluation des enjeux » in J.M. De Bujanda, Le contrôle des idées à la Renaissance, Genève, Droz, 1996.

[42] Cette thèse a donné la matière de plusieurs articles.

[43] Paris, J. Vrin, 1995. Nicole Morgan a publié (notamment dans Carrefour) plusieurs textes philosophiques sur Machiavel et l’épistémologie des modernes.

[44] Nostradamus astrophile, Ottawa/Paris, Presses de l’Université d’Ottawa/Klincksieck, 1993.

[45] Mourir de rire d’après et avec Rabelais, Montréal/Paris, Bellarmin/Vrin, 1991.

[46] Historien de formation, spécialiste du travail archivistique.

[47] Sherbrooke/Genève, Centre d’études de la Renaissance/Droz, 1984-1996.

[48] Cf. les textes de Claude Sutto (Université de Montréal), sur les universités des Jésuites en France : on y voit les raisons de leur influence sur le profil de la première modernité baroque et en particulier, sur la diffusion des sciences nouvelles.

[49] Le contrôle des idées à la Renaissance, Genève, Droz, 1997, auquel participent, entre autres, Jean-Claude Margolin, Louis Valcke et James K. Farge.

[50] Sur l’imaginaire, sur les utopies, sur Montaigne ; en sémiotique, en épistémologie et en narratologie, notamment.

[51] Cf. « Macrobe et les âmes héroïques » Renaissance et Réforme, XI. 3 (1987) qui fait suite à « Le Songe de Scipion et le commentaire de Macrobe à la Renaissance », in Françoise Charpentier, dir., Le songe à la Renaissance, Presses de l’Université de Saint-Étienne, 1990.

[52] Genève, Droz, 1992.

[53] Cf. « Du bon usage de la mystification » in Danièle Letocha, Relire Machiavel aujourd’hui, Ottawa, Carrefour 14.2, 1992.

[54] Outre ses séminaires et publications sur la Renaissance, il a publié sur l’écrivain contemporain Réjean Ducharme et sur l’écriture des Franco-Ontariens avec la même liberté que François Paré.

[55] Cf. « La notion de foi jurée dans l’ordre politique » in Danièle Letocha, Aequitas, Aequalitas, Auctoritas, Paris, Vrin, 1992. Il a aussi étudié les vertus de clémence et de libéralité.

[56] Modernisation, présentation et commentaire, Sainte-Foy, Le Griffon d’argile, 1985.

[57] Machiavel. Sur les princes (et autres textes), Sainte-Foy, Le Griffon d’argile, 1989.

[58] Cf. « Raison rhétorique et socialité » in Études maritainiennes, XIII (1997) et “Lire la Renaissance dans le texte” in Nouvelle Revue du XVIe siècle, 1996.

[59] Cf. Préface et « L’autorité de la conscience jusqu’au Concile de Trente » in Danièle Letocha, Aequitas, Aequalitas, Auctoritas, Paris, Vrin, 1992.

[60] Entre autres : « Nature et Nature humaine : l’autorité de la raison selon Andreas Fricius Modrevius » in Luisa Rotondi Secchi Tarugi, L’Uomo e la Natura nel Rinascimento, Milano, Nuovi Orizzonti, 1996.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 28 octobre 2018 8:12
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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