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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Vincent Lemieux, Systèmes partisans et partis politiques. (1985)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Vincent Lemieux, Systèmes partisans et partis politiques. Québec: Les Presses de l’Université du Québec, 1985, 275 pp. Une édition numérique réalisée par Pierre Patenaude, bénévole, professeur de français à la retraite et écrivain, Chambord, Lac—St-Jean. [Autorisation de l'auteur accordée le 13 août 2004 de diffuser toutes ses publications dans Les Classiques des sciences sociales.]

SYSTÈMES PARTISANS ET PARTIS POLITIQUES

Introduction

Chapitre 1. L'étude des partis et des systèmes partisans
1.1. L'état actuel de la science des partis
1.2. Trois grandes questions sur les partis
1.3. Une perspective unificatrice
Résumé thématique
Orientation bibliographique
Chapitre 2. Une approche systémique
2.1. L'approche systémique des partis
2.2. Les composantes des partis
2.3. Les fonctions des partis
2.4. Les systèmes partisans, le système politique et l'environnement
2.5. Contrôle, variété et contrainte
Résumé thématique
Orientation bibliographique


[3]

INTRODUCTION

Chapitre 1
L’étude des partis
et des systèmes partisans



Les partis politiques au sens où nous les connaissons aujourd'hui existent depuis le XIXe siècle. Pour reprendre en la modifiant quelque peu la définition souvent citée de La Palombara et Weiner (1966 : 6), on peut dire que ce sont des organisations généralement permanentes, intermédiaires entre les gouvernants et les gouvernés, qui cherchent à obtenir, par la voie électorale principalement, des appuis dans le public pour contrôler les principaux postes d'autorité dans l'appareil gouvernemental.

De l'Occident où ils sont apparus d'abord, les partis politiques se sont répandus dans les sociétés non occidentales au cours du XXe siècle. Même s'il existe actuellement des sociétés sans partis, en particulier là où règnent des militaires, une très forte majorité des États sont dirigés, officiellement tout au moins, par des acteurs sociaux qui reconnaissent leur appartenance à un parti. C'est là le moyen de gouvernement qui demeure le plus répandu et que beaucoup d'observateurs de la politique estiment indispensable. Les systèmes partisans, ces ensembles faits d'un ou de plusieurs partis, sont très variés, mais ils ont aussi des traits communs qui rendent possible leur étude comparative. C'est à cette étude comparative que le présent ouvrage est consacré.

[4]

Dès le début du siècle les partis politiques ont fait l'objet de deux ouvrages marquants de la science politique : celui d'Ostrogorski (1979) sur la démocratie dans les partis britanniques et américains, et celui de Michels (1971) sur les tendances à l'oligarchie dans les partis et les syndicats socialistes, en Allemagne principalement. Ces deux ouvrages demeurent exemplaires en ce qu'ils allient avec succès les préoccupations théoriques et pratiques, dans une langue qui ne manque d'ailleurs pas d'éloquence.

Comme nous l'avons noté ailleurs (Lemieux, 1972) cette démarche n'a pas eu beaucoup de suite. Ostrogorski et Michels précédaient la science politique de leur temps, alors que les meilleurs spécialistes actuels des partis politiques se maintiennent plutôt dans le rang. Encore en 1960, Maurice Duverger (1960 : 22) écrivait que « l'étude des partis est une des branches les plus avancées de la sociologie politique ». Mais depuis, la plupart des auteurs qui tentent de renouveler l'étude des partis constatent plutôt un retard. En 1965, Joseph A. Schlesinger (1965 : 265) commençait un chapitre sur l'organisation des partis en notant que la théorie de l'organisation avait pris naissance dans l'étude des partis, mais que celle-ci voguait maintenant hors du courant principal de cette théorie. Cinq ans plus tard, William J. Crotty (1970 : 267) ouvrait une étude consacrée à la recherche sur les partis en déclarant que ce secteur ne se signalait ni par le caractère innovateur de ses perspectives théoriques et méthodologiques, ni par les données sûres qu'on y avait accumulées. William E. Wright (1971 : 3) disait à son tour, en s'appuyant d'ailleurs sur un verdict prononcé par Frank J. Sorauf (1964 : 124), que l'étude des partis politiques avait souffert de l'absence de théories capables de stimuler la recherche empirique. Plus récemment, Sartori (1976 : IX) notait que nous manquons d'une théorie des partis politiques et que ce manque n'a cessé de croître depuis les années 60. Par ailleurs, quelques rares auteurs témoignent d'un peu plus d'optimisme : c'est ainsi que Jean Charlot (1971 : 3), au tout début de son recueil de textes sur les partis, parle d'un « nouveau regain dû à un renouvellement des approches ». Mais de façon générale, les spécialistes des partis semblent plutôt insatisfaits des progrès accomplis au cours des vingt dernières années, et cherchent avec plus ou moins de succès à prendre de nouveaux départs.

[5]

1.1 L'ÉTAT ACTUEL DE LA SCIENCE DES PARTIS

La difficulté consiste d'abord à décider par quel bout prendre – ou reprendre – les partis. Dans son livre, Charlot ne distingue pas moins de six points de vue différents, qui renvoient à autant d'approches, elles-mêmes pratiquées par des spécialistes de diverses disciplines ou champs d'études. Selon lui, on peut se donner comme objet d'étude : 1) l'origine des partis, selon l'approche du développement politique ; 2) les partis comme système d'encadrement, selon l'approche structurelle ou l'approche du comportement ; 3) les objectifs des partis : l'approche utilisée est généralement celle de l'étude des idéologies ; 4) les activités des partis qui sont étudiées selon l'approche fonctionnelle ou l'approche du comportement ; 5) l'environnement des partis, selon l'approche systémique ou l'approche marxiste ; 6) les systèmes de partis, enfin, selon l'approche systémique.

On peut évidemment critiquer Charlot sur le détail de cette énumération. Il n'en reste pas moins que son tableau indique assez bien la dispersion actuelle que bien peu de théories un peu générales, ou même moyennes, viennent contenir.

À cet égard, les tentatives récentes laissent insatisfait, soit qu'elles ne parviennent pas plus que les anciennes à embrasser l'ensemble des partis ou des systèmes partisans, soit qu'elles visent cet ensemble mais sans parvenir à relier entre elles des propositions empiriques portant sur différents aspects des partis ou des systèmes partisans.

Aux États-Unis, la science des partis a été relancée par les ouvrages de Samuel J. Eldersveld (1964) et de Frank J. Sorauf (1964), parus au milieu des années soixante. Le premier, en montrant que les partis américains sont des « stratarchies » plutôt que des oligarchies, a apporté des prolongements intéressants à l'étude des partis comme systèmes d'encadrement, mais il ne déborde guère sur les autres champs distingués par Charlot. Sorauf, au contraire, a le mérite de présenter une vue globale des différentes composantes des partis américains. En particulier, son insistance à montrer que les partis existent en eux-mêmes, mais aussi dans le corps électoral et au gouvernement, a contribué à imposer une vue à la fois plus complète et plus intégrée des partis politiques, qui a d'ailleurs été reprise par d'autres auteurs. Mais dans son ouvrage de 1964 comme dans ceux qui ont suivi, Sorauf s'est contenté d'indiquer des voies de théorisation, sans aller lui-même [6] au-delà d'un schématisme éclairant mais encore insuffisant à réorganiser le savoir acquis sur les partis.

Depuis, d'autres auteurs ont tenté de rassembler en faisceau des fils épars. Une des entreprises les plus ambitieuses a été menée par Kenneth Janda (1970), dont l'équipe a accumulé une documentation considérable sur 150 partis de 50 pays différents. La codification des données est faite selon un cadre conceptuel que Janda a présenté dans une plaquette. Très ingénieux dans le choix des indicateurs des variables retenues, le cadre souffre toutefois de se tenir un peu trop au ras de la documentation existante. On ne saurait en faire le reproche à l'auteur qui n'avait pas d'autre choix, mais il faut bien admettre que des entreprises de ce genre, prisonnières de la science déjà faite, ne peuvent pas générer d'elles-mêmes le renouvellement théorique nécessaire à l'avancement de toute science.

On peut dire à peu près la même chose du livre très utile d'Epstein (1967) sur les partis politiques dans les démocraties occidentales. L'ouvrage est moins technique et mieux construit que celui de Janda et il porte sur l'ensemble des aspects des partis : action électorale, organisation, leadership, choix des candidats, etc. L'information est à point, mais la démarche demeure très empirique.

De façon différente William E. Wright (1971) a voulu montrer qu'à propos de toutes les composantes des partis on pouvait retrouver la distinction entre deux « modèles », eux-mêmes fondés sur des options différentes prises par les hommes et femmes de parti ou les hommes et femmes de science. On aurait ainsi le modèle qu'il nomme démocratique, et le modèle qu'il appelle rationnel-efficace. Les partis de ce second type n'ont, selon lui, que des fonctions électorales. De façon très pragmatique, ils se préoccupent avant tout de gagner les élections plutôt que de formuler des mesures politiques. Au contraire, les partis du type démocratique sont plus idéologiques et cherchent à faire participer leurs membres à la formulation des mesures politiques. Wright reprend en somme une distinction déjà formulée par Joseph A. Schlesinger (1968 : 428-436) et par Maurice Duverger (1951 : 221), parmi d'autres, entre les partis qui accordent la primauté aux électeurs et ceux qui l'accordent aux militants. Il a toutefois le mérite d'appliquer systématiquement cette distinction à un peu tous les aspects des partis : environnement, fonctions, structures, activités, et de montrer de façon assez convaincante le caractère omniprésent de cette grande opposition.

[7]

En France l'ouvrage de Duverger (1951) est demeuré unique, tellement que son auteur n'a pas cru bon de le mettre à jour à l'occasion des rééditions successives. La première partie du livre porte sur les structures des partis. C'est là qu'est mise en place la distinction célèbre entre les partis de cadres et les partis de masse. La deuxième partie porte sur les systèmes de partis. Duverger y avance une autre idée qui a fait couler beaucoup d'encre : celle que le mode de scrutin détermine les systèmes de partis. Cette idée a été fortement contestée par Lavau (1953) dans un petit livre très polémique, que Duverger a préfacé avec élégance.

En Grande-Bretagne, peu d'ouvrages généraux sur les partis ont été publiés, si l'on fait exception du petit livre souvent très perspicace de Jupp (1968) qui propose entre autres une typologie intéressante des systèmes partisans que nous aurons l'occasion de présenter au chapitre 3. L'ouvrage classique de Robert McKenzie (1963) sur les partis politiques britanniques porte principalement sur la distribution du pouvoir à l'intérieur des partis, dans la tradition de Michels et de Duverger.

Dans un livre fécond, qui est à l'origine de divers courants de recherche, Anthony Downs (1957) a construit une théorie économique de la démocratie fondée sur les deux postulats voulant que les partis cherchent à maximiser les votes qu'ils reçoivent des électeurs, et que ceux-ci cherchent à maximiser les avantages qu'ils reçoivent des partis. Un Suédois, Gunnar Sjoblom (1968), a repris cette démarche en la compliquant, pour l'appliquer au multipartisme. Selon lui les partis, dans un tel système, se caractérisent par les choix qu'ils font à propos de quatre catégories d'objectifs : la maximisation des votes, mais aussi la réalisation de leur programme, la maximisation de l'influence au parlement, et l'unité du parti. Si on présume que chacun des quatre choix tactiques se fait entre deux valeurs seulement : le positif et le négatif, on arrive à une typologie comprenant seize configurations stratégiques différentes, dont certaines apparaissent invraisemblables et d'autres vraisemblables. Ainsi on imagine difficilement une stratégie qui aurait des résultats positifs quant aux trois premiers objectifs, mais négatifs quant à l'unité du parti. On imagine plus facilement une stratégie qui a pour résultat de maximiser les votes et l'influence au parlement, mais d'empêcher la réalisation du programme et d'ébranler l'unité du parti.

[8]

Quelques ouvrages se sont inscrits dans la lignée de Downs et de Sjoblom, dont celui de Robertson (1976), qui propose une théorie de la compétition partisane, et celui de Katz (1980), qui formule une théorie des partis et des systèmes électoraux. Ces théories sont intéressantes, mais elles n'ont pas un caractère aussi général que celles de Downs et de Sjoblom.

Les partis hors de l'Occident ont posé des défis considérables à ceux qui ont tenté de les étudier en les reliant à la science bien incertaine des partis et des systèmes partisans. Parmi les ouvrages généraux, notons tout spécialement le recueil publié sous la direction de La Palombara et Weiner (1966) sur les partis politiques et le développement politique en Occident et hors de l'Occident. Dans une longue introduction portant sur l'origine et le développement des partis, les co-directeurs de l'ouvrage proposent les quatre critères dont nous avons parlé au début du chapitre, qui définiraient selon eux un parti politique : une organisation durable ; une organisation complète, y compris l'échelon local ; la volonté délibérée d'exercer directement le pouvoir ; et la volonté de rechercher un soutien populaire.

Ces critères sont plutôt restrictifs. Ils excluent les partis temporaires et surtout les partis « anti-système », qui à l'intérieur d'un système partisan donné n'ont pas pour but d'exercer le pouvoir. Les critères ont toutefois le mérite d'identifier les trois composantes des partis : la composante interne (notée par les premier et deuxième critères), la composante gouvernementale (notée par le troisième critère) et la composante publique (notée par le quatrième critère).

Si l'on fait exception de l'introduction et de quelques-uns des douze autres textes rassemblés par La Palombara et Weiner, cet ouvrage ne fait guère avancer la science des partis. L'Afrique noire, en particulier, posait déjà des défis que n'ont pas très bien relevés ceux qui ont cherché à y développer l'étude des partis. Tellement que dix ans plus tard, Sartori (1976 : 250-251) écrivait que l'Afrique noire était une espèce de Cap Horn sur lequel était venu se briser la science politique des partis.

L'ouvrage de Sartori sur les partis et les systèmes partisans est sans doute la contribution la plus importante à l'étude des partis politiques, depuis le livre de Duverger, paru vingt-cinq ans auparavant. Ce livre depuis longtemps attendu porte surtout sur les systèmes partisans, après une première partie, de nature générale, [9] sur la raison d'être des partis. Il doit être suivi d'un deuxième tome qui portera sur les types de partis, sur leur organisation et leurs fonctions. C'est un peu le même plan que nous suivrons dans le présent ouvrage, en nous inspirant plus d'une fois de Sartori.

Dans son livre, Sartori constate après bien d'autres que nous manquons toujours d'une théorie des partis et que ce manque est de plus en plus évident avec l'augmentation de l'information disponible et le raffinement des techniques de cueillette de cette information.

Seiler (1980), en s'inspirant de Lipset et de Rokkan (1967), a composé un tableau des familles politiques qu'on retrouve dans les partis et qui sont fondées sur les grands clivages sociétaux. Cependant, comme l'a noté Stammen (1980 : 40), il y a tendance à un déplacement de l'intérêt, des partis aux systèmes partisans. Son livre sur les partis en Europe et surtout celui, dirigé par Merkl (1980), sur les systèmes partisans de l'Europe de l'Ouest, illustrent cette tendance. Mais ces ouvrages sont très descriptifs ou ne contiennent que des analyses partielles. La théorie des systèmes partisans et celle des partis dans ces systèmes restent à construire.

Nous allons donc tenter de contribuer à l'élaboration de cette théorie en organisant notre ouvrage autour d'une idée directrice qui appartient vraiment à la science politique des partis, soit la notion de contrôle, celui-ci ayant pour effet de contraindre l'action pour la rendre conforme à des normes. D'ailleurs, à bien y regarder, on constate (Lemieux 1977) que les grandes questions qui ont été posées sur les partis ainsi que les réponses les plus éclairantes qui ont été apportées tournent autour des phénomènes de contrôle dans chacune des trois composantes des partis : la composante interne, la composante publique et la composante gouvernementale.

1.2 TROIS GRANDES QUESTIONS
SUR LES PARTIS


Comme nous l'avons signalé, les critères de La Palombara et Weiner identifient nettement les trois composantes des partis et présentent d'ailleurs la composante gouvernementale et la composante publique en termes de contrôle : la recherche de l'exercice du pouvoir et la recherche d'un soutien populaire.

Les trois composantes des partis apparaissent plus nettement dans l'oeuvre de Sorauf (1968 : 10-11). Cet auteur conçoit les [10] partis comme un système d'interactions fait de trois éléments : l'organisation même du parti, le parti dans l'appareil gouvernemental et le parti dans le corps électoral. Ce dernier élément est trop restrictif. Mieux vaut considérer le parti dans l'ensemble des publics, dont les publics électoraux. Rose (1974) divise lui aussi son ouvrage sur les partis britanniques en trois sections : les partis et les élections, l'organisation interne, et le parti dans l'appareil gouvernemental.

Léon Dion (1972 : 64-65) voit également les partis de cette façon. D'après lui, ce sont des mécanismes d'interaction entre le système politique et le système social. Les partis ont ainsi des aspects électoraux, des aspects gouvernementaux et des aspects plus proprement médiateurs :

Les aspects électoraux concernent le recrutement, la nomination et l'élection des candidats : les partis y sont considérés comme un appareil de légitimation et d'intégration du système politique ; les aspects gouvernementaux ont trait à la relève politique, à la formation des majorités et des minorités parlementaires, à la désignation des gouvernants de même qu'à l'élaboration et à l'adoption des projets législatifs : de la sorte, les partis constituent un véhicule du pouvoir ; les aspects médiateurs, enfin, portent sur les interrelations des citoyens et des gouvernants à l'occasion de l'expression par les individus et les groupes de leurs intérêts et idéologies de même que de l'énoncé par les gouvernants des possibilités politiques : par là les partis se présentent comme des relais inter-systémiques.

Rappelons enfin l'ouvrage de Sjoblom (1968) où sont distingués quatre objectifs des partis dans les systèmes multipartis : la réalisation du programme, la maximisation des votes reçus, la maximisation de l'influence au parlement et l'unité du parti. À condition de mettre ensemble le premier et le troisième objectif, qui renvoient à la composante gouvernementale, d'élargir le deuxième pour qu'il consiste en maximisation des appuis (électoraux et non électoraux) reçus, et de considérer l'unité du parti comme un enjeu essentiel de la composante interne, on a là une typologie fondée elle aussi sur l'idée des trois champs où s'exercent les activités des partis.

Les trois champs et leurs rapports ont retenu l'attention des chercheurs parce qu'ils permettent de bien circonscrire l'action des partis, mais aussi parce que c'est là que se posent les problèmes concrets propres à ces organisations. L'action dans un des trois champs se déroule toujours en fonction de l'action dans les deux autres, d'où trois alternatives fondamentales pour les partis.

[11]

D'abord, sur le plan de la composante interne : le parti doit-il sélectionner des positions en fonction de son action dans le public, ou en fonction de son action dans l'appareil gouvernemental ? Les positions à tenir face au public ne sont pas toujours celles qui sont réalisables au gouvernement, et inversement les positions à prendre dans l'appareil gouvernemental ne sont pas nécessairement populaires dans le public. Dans son arène interne le parti doit concilier les exigences de la représentation avec celles de la gouverne, et cette conciliation ne va pas de soi, même dans les systèmes à parti unique.

Deuxième alternative qui touche cette fois la composante publique : faut-il rechercher le plus grand nombre d'appuis possibles afin que le parti se trouve en bonne position dans l'appareil gouvernemental, ou vaut-il mieux se limiter à des appuis plus aptes à sauvegarder l'identité du parti ? Ce choix se pose davantage dans les systèmes compétitifs de parti que dans ceux où un parti monopolise la direction du gouvernement ; cependant, même dans' les systèmes monopolistes le parti dominant peut estimer qu'il vaut mieux laisser à de petits partis, qu'ils lui soient soumis ou non, la représentation des intérêts qui différeraient trop de ceux qui font son identité propre.

Enfin la question du rôle du parti dans l'appareil gouvernemental est peut-être la mieux connue, ou du moins celle qui a été le plus souvent notée dans la littérature sur les partis. Le parti doit-il gouverner en fonction de ses adhérents ou en fonction de ses électeurs ? Là encore, il s'agit d'une alternative qui est plus visible dans les systèmes compétitifs que dans les systèmes monopolistes, mais les partis des systèmes non compétitifs n'en sont pas exempts dans la mesure où leurs adhérents ne représentent jamais parfaitement l'ensemble de la population.

Chaque parti a sa réponse, souvent variable dans le temps, aux trois alternatives qui se présentent à lui. Cette réponse, il la met en oeuvre par des relations de contrôle, c'est-à-dire en contraignant son action et celle des autres selon des finalités ou des préférences, qui sont en quelque sorte son « parti pris » face aux trois alternatives principales et aux autres problèmes auxquels il est confronté. Cette notion de contrôle, qui est centrale dans cet ouvrage, nous conduit à proposer une perspective unificatrice en vue de l'étude des partis et des systèmes partisans.

[12]

1.3 UNE PERSPECTIVE UNIFICATRICE

Les partis et les systèmes peuvent être étudiés en termes de contrôle, et cela dans tous leurs aspects structurels ou fonctionnels. Les contrôles s'exercent à l'intérieur des composantes des partis mais aussi entre elles. De même peut-on voir en termes de contrôle certains aspects des systèmes partisans. Le contrôle, qui consiste à rendre l'action conforme à des normes, renvoie à la grande opposition entre la variété et la contrainte, puisque conformer l'action à des nonnes c'est imposer une contrainte plus ou moins grande à la variété des possibles. Il y a des contrôles peu contraignants qui laissent subsister une grande variété, et d'autres très contraignants qui réduisent beaucoup la variété. Nous montrerons dans les chapitres suivants que les partis et les systèmes partisans peuvent être caractérisés selon que les contrôles des partisans laissent subsister une variété de possibles relativement grande ou relativement petite.

Toutefois, pour donner encore plus d'unité à notre démarche nous allons la fonder sur un thème qui permette de définir simplement les systèmes partisans, les partis, leurs composantes et les relations fonctionnelles entre elles. Nous avons énoncé cette idée dans l'Avant-propos, en disant que les partis cherchent à contrôler les mandats d'autorité dans le système politique. Par système politique nous entendons un ensemble de relations de contrôle visant à la régulation de l'action dans une collectivité, et par autorité nous entendons la compétence officielle qu'ont les acteurs de définir des règles en vue de cette régulation. La définition des règles comprend trois moments : la fabrication des règles, l'application qui en est faite et les jugements officiels qui sont portés sur elles (Almond et Coleman, 1960 : 52-58).

L'insistance sur les mandats d'autorité introduit une perspective restrictive mais centrale sur l'action des partis dans chacune de leurs trois composantes. À peu près tous les auteurs qui ont cherché à définir les partis ont insisté sur leur fonction médiatrice et plus précisément sur le fait qu'ils prennent part aux élections, ou plus généralement aux consultations populaires, en vue d'être ainsi habilités à occuper des postes d'autorité dans le système politique. La compétence à définir des règles en vue de la régulation de la collectivité est ainsi conférée à des mandataires par des mandants. Ce processus mandatif comprend la définition du contenu des mandats, qui est faite dans les partis politiques par ceux que nous [13] nommerons les sélecteurs. Ces sélecteurs choisissent aussi ou voient à ce que soient choisis des aspirants mandataires qui cherchent à obtenir de la part des mandants dans le public des mandats d'autorité. Ces mandats feront d'eux des mandataires dans l'appareil gouvernemental, où ils chercheront à contrôler des mandataires d'autres partis ou encore des agents gouvernementaux, qui sont des non-mandataires.

Cette perspective, bien que centrale, est restrictive à certains égards. D'une part les partis peuvent s'occuper à autre chose qu'au contrôle des mandats d'autorité, par exemple à l'organisation de fêtes ou d'activités récréatives pour leurs membres. On peut cependant montrer que ces activités marginales ne sont pas sans rapport avec les activités centrales de contrôle des mandats d'autorité. D'autre part, certaines délégations d'autorité, de mandant à mandataire, échappent aux partis. Ainsi le directeur d'un service administratif peut déléguer certains de ses pouvoirs dans l'application des règles à un de ses subordonnés. Toutefois, ces délégations découlent généralement de délégations antécédentes, que contrôlent les partis.

Les systèmes partisans peuvent également être décrits en termes de contrôle des mandats d'autorité. Quand il y a un seul parti, il se confond avec le système partisan. Quand il y en a plus d'un, les trois composantes du système sont évidemment plus complexes que les composantes d'un parti donné. II y a concurrence entre des mandataires de partis différents dans la composante gouvernementale du système. Dans la composante interne, il y a des sélecteurs d'au moins deux partis différents qui, comme on le verra, peuvent être plus ou moins liés entre eux, en particulier pour des fins de direction du gouvernement. Ces liens peuvent résulter en des coalitions entre mandataires de différents partis pour la fabrication et l'application des règles qui découlent (plus ou moins ...) des mandats. Enfin, dans la composante publique les mandants sont exposés aux aspirants mandataires de plus d'un parti.

La notion unificatrice de contrôle des mandats d'autorité permet également de relier les fonctions des partis, c'est-à-dire les conséquences qu’ont les activités d'une composante sur les activités des autres composantes. La fonction générale mandative des partis dans le système politique peut en effet être décomposée en fonctions plus particulières de sélection, de représentation et de gouverne.

[14]

Les fonctions de sélection consistent dans les conséquences qu'ont les activités de la composante interne sur celles des deux autres composantes. Nous parlerons à ce propos d'orientations partisanes qui sont transmises à la composante publique et à la composante gouvernementale. Les fonctions de représentation ont leur origine dans la composante publique. Les activités des partis dans cette composante s'expriment en médiations qui sont transmises à la composante interne et à la composante gouvernementale. Enfin les activités de la composante gouvernementale résultent en fonctions de gouverne par les prescriptions qui sont transmises à la composante interne et à la composante publique. On peut dire, de façon thématique, que de la composante interne des orientations sont données aux mandats d'autorité, que de la composante publique les mandats sont médiatisés en direction des deux autres composantes, et que de la composante gouvernementale ils sont prescrits au parti et au public.

Les orientations, médiations et prescriptions peuvent être plus ou moins contraignantes pour les composantes auxquelles elles s'appliquent. Une composante sera dite dominante par rapport à une autre quand elle lui impose plus de contraintes qu'elle en reçoit en retour. Un ordre pourra ainsi être établi entre les composantes qui nous servira à construire une théorie systémique des partis et à éclairer l'étude de leurs fonctions.

Résumé thématique

Alors que les grands spécialistes des partis précédaient, au début du siècle, la science politique de leur temps, les travaux actuels sur les phénomènes partisans ne font plus partie de l'avant-garde. Les contributions théoriques significatives sont plutôt rares. Les auteurs qui traitent les partis dans leur ensemble distinguent généralement trois composantes : la composante interne, la composante publique et la composante gouvernementale. Les principales questions posées sur les partis portent sur ces composantes et sur les relations fonctionnelles entre elles. De même, les systèmes partisans ont un aspect interne, un aspect public et un aspect gouvernemental. Ces composantes ou ces aspects des phénomènes partisans peuvent être rassemblés dans une perspective unificatrice où les partis et les systèmes partisans ont pour objet le contrôle des mandats d'autorité dans le système politique. Le contrôle, qui consiste à rendre l'action conforme à des normes, renvoie à la [15] grande opposition entre la variété et la contrainte. Cette opposition sera omniprésente dans cet ouvrage et servira à fonder ou à définir la plupart des principaux concepts qu'on y trouvera.

Orientation bibliographique

Il n'existe pas, en langue française, d'ouvrage général, de nature comparative, qui soit à jour sur les partis politiques et les systèmes partisans. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons voulu écrire ce livre. En guise d'introduction, le lecteur pourra parcourir le recueil de textes de Jean Charlot, Les partis politiques (1971), qui présente et illustre différentes approches qui peuvent être employées dans l'étude des partis. Le livre de Maurice Duverger, Les partis politiques (1951), a beaucoup vieilli mais il demeure stimulant pour l'étude de la structure des partis et des systèmes de partis. Enfin l'ouvrage de Giovanni Sartori, Parties and Party Systems (volume 1, 1976), qui porte surtout sur les systèmes partisans, est d'une grande richesse, parfois un peu touffue. Les trois ouvrages sont de nature comparative, ce qui ajoute à leur valeur.

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INTRODUCTION

Chapitre 2
Une approche systémique


L'approche systémique des partis et des systèmes partisans a été peu développée jusqu'à maintenant. Elle a l'avantage de pouvoir traiter de la complexité et de l'interdépendance, et de concilier un point de vue fonctionnel avec un point de vue structurel.

Au point de vue structurel, les partis et les systèmes partisans sont faits de trois composantes : la composante interne, la composante publique et la composante gouvernementale, où l'on peut distinguer diverses positions qui sont tenues par les acteurs partisans et d'autres acteurs politiques. Ces positions sont reliées entre elles par des relations dont on peut montrer qu'elles ont toutes trait au contrôle des mandats d'autorité dans le système politique.

Les composantes des partis et des systèmes partisans sont aussi reliées entre elles et avec leur environnement par des rapports fonctionnels, où les extrants d'une composante sont les intrants des deux autres. La composante publique remplit ainsi des fonctions de représentation par les médiations qu'elle transmet aux deux autres composantes. La composante interne remplit des fonctions de sélection par ses orientations, et la composante gouvernementale remplit des fonctions de gouverne par les prescriptions qui en sortent.

[18]

Après une section sur les systèmes partisans, les systèmes politiques et leur environnement, nous définissons les concepts de contrôle, de variété et de contrainte qui sont au cœur de notre démarche. Nous montrons brièvement comment elles sont appropriées à l'étude des principaux aspects des partis et des systèmes partisans.

Principalement, le chapitre 2 veut montrer comment on peut étudier d'un point de vue systémique les structures et les fonctions des partis et des systèmes partisans, et comment les notions de contrôles, de variété et de contrainte permettent d'en cerner les principaux aspects.


[18]

[19]

Le système partisan, les partis qu'il comprend ainsi que le rapport au système politique et à l'environnement peuvent être illustrés ainsi, de façon provisoire (graphique 2.1).

Les relations internes aux sous-systèmes (public, interne, gouvernemental) représentent l'aspect structurel, tandis que les relations externes représentent l'aspect fonctionnel. Les unes et les autres peuvent être vues en termes de contrôle, ou de variété et de contrainte des états ou des actions possibles.

2.1 L'APPROCHE SYSTÉMIQUE DES PARTIS

Même si elle est maintenant très répandue dans les sciences sociales, y compris la science politique, l'approche systémique a été peu employée pour l'étude des partis et des systèmes partisans. Quelques auteurs ont montré brièvement comment on pouvait voir les partis et les ensembles de partis comme des systèmes, mais bien peu sont allés au-delà de la simple suggestion ou des interprétations vaguement systémiques. Sartori (1976 : IX – X), au début de son premier volume sur les partis et les systèmes partisans, constate qu'il y a un gouffre entre l'analyse systémique et la recherche empirique, et reporte au second volume ses ambitions théoriques dans le domaine.

Dans les années 60, Frank Sorauf (1964 : 156-159, 1968 : 409) a esquissé deux fois, à la fin de ses livres sur les partis américains, un schéma systémique qui nous servira de point de départ. L'un de ces schémas a d'ailleurs été traduit par Georges Lavau (1968) dans un article consacré au Parti communiste français. Ce schéma (graphique 2.2) distingue les différents aspects des partis et des systèmes partisans que nous allons présenter dans le chapitre. Il montre bien la complexité de ces phénomènes, mais aussi les rapports d'interdépendance entre eux.

Le schéma général (figure no 1) distingue l'environnement (y compris le système politique), la structure du parti et ses fonctions. Cela correspond à nos propres distinctions. Nous parlons cependant de composantes pour désigner l'aspect structurel des partis.

La figure no 2 qui identifie les relations internes du schéma général montre que l'environnement de Sorauf contient à la fois le système politique et l'environnement sociétal. Il nous apparaît nécessaire de faire la distinction car les deux peuvent varier de

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façon indépendante l'un de l'autre. Le système politique, en particulier dans ses aspects institutionnels, n'évolue pas de façon synchronique avec les changements dans l'environnement. Nous le verrons à la fin de l'ouvrage, quand nous traiterons des transformations des partis et des systèmes partisans.

Le schéma détaillé de Sorauf rejoint assez bien notre propre vue des composantes et des fonctions. Dans ce qu'il nomme la structure du parti, la distinction est faite entre le parti au parlement (la composante gouvernementale) et la hiérarchie du parti (la composante interne). Il y a aussi le rapport avec les clientèles (la composante publique), qui, cependant, est considéré comme extérieur à la structure du parti.

Les fonctions des partis sont présentées de façon centrale dans le schéma. Les trois fonctions identifiées correspondent bien à ce que nous nommons les fonctions de sélection (les prises de position, chez Sorauf), les fonctions de gouverne (le contrôle du pouvoir) et les fonctions de représentation (les élections). Le schéma montre comment les composantes structurelles du parti et ses fonctions sont reliées entre elles, en plus d'être reliées à l'environnement.

Nous allons adopter cette perspective systémique en y inscrivant notre idée directrice qui veut que les partis cherchent à contrôler les mandats d'autorité dans le système politique. Cette vue sera inscrite dans l'étude des composantes et des fonctions des partis et des systèmes partisans.

2.2 LES COMPOSANTES DES PARTIS

Quand on le voit d'un point de vue structurel, un parti peut se décomposer en trois composantes. Nous les avons présentées brièvement au chapitre précédent, en indiquant comment opérait dans chacune d'entre elles le contrôle des mandats d'autorité. Nous allons maintenant les présenter de façon plus détaillée en identifiant les principaux postes d'où les acteurs participent à l'action mandative des partis.

Dans leur composante interne les partis sont des organisations faites d'adhérents en relation les uns avec les autres. Dans la perspective que nous avons adoptée, ces adhérents cherchent à contrôler la sélection des mandats et des porteurs de mandat qui [22] donnent une identité au parti. On peut donc les considérer comme des sélecteurs. Certains d'entre eux sont des dirigeants, en meilleure position que les autres pour sélectionner les mandats. Les autres sont de simples membres.

Bien sûr les dirigeants ou les simples membres peuvent aussi occuper des postes dans les autres composantes des partis. Dans le concret les composantes sont en intersection entre elles. Des acteurs individuels donnés se trouvent dans deux ou même dans trois composantes. La division en composantes n'a pas pour but de ranger les partisans dans trois tiroirs différents et parfaitement étanches. Elle vise plutôt à identifier les trois principaux aspects structurels et fonctionnels des partis dans leur recherche du contrôle des mandats d'autorité.

La composante publique des partis comprend surtout les mandants sur qui reposent, finalement, les mandats d'autorité qui font l'enjeu de l'action des partisans.

Dans la plupart des systèmes politiques où existent des partis, les électeurs sont, officiellement tout au moins, les principaux mandants de l'autorité gouvernementale. On peut considérer également les membres des groupes d'intérêt comme des mandants. Par leurs contacts avec les partisans, ils contribuent eux aussi à médiatiser les mandats même si cela n'est pas reconnu officiellement par les règles institutionnelles du système politique.

Nous dirons donc que dans la composante publique les partisans sont en relation avec des acteurs qui occupent des postes de sujets, électeurs ou membres de groupes (les associés). Ces partisans peuvent être considérés comme des représentants.

La composante gouvernementale est faite, avons-nous dit, des mandataires des partis et des autres acteurs de l'appareil gouvernemental. On peut réduire à deux postes principaux les acteurs qui n'appartiennent pas à un parti donné : les mandataires des autres partis, s'il y en a, et ceux qui occupent la position d'agents gouvernementaux : fonctionnaires, juges, militaires, policiers, mais aussi les dirigeants des groupes de pression dans la mesure où ils contribuent à la régulation de la collectivité.

Les mandataires dans la composante gouvernementale disposent d'autorité suprême ou déléguée, c'est-à-dire de compétence officielle à définir les règles devant servir à la régulation de la collectivité. Cette définition peut consister à établir les règles, à les [23] appliquer ou à les juger. Dans cette perspective les mandataires partisans peuvent être considérés comme des gouvernants (qu'ils dirigent le gouvernement ou qu'ils soient dans l'opposition) qui cherchent à prescrire les règles découlant des mandats dont ils sont porteurs.

Dans notre perspective unificatrice les sélecteurs, les représentants et les gouvernants sont donc les principaux acteurs des partis. Plus exactement ce sont des positions de contrôle telles qu'un acteur donné peut fort bien en occuper plus d'une. Ainsi le chef du parti, quand il est un élu, occupe à la fois une position de sélecteur, de représentant et de gouvernant. S'il n'est pas un élu, il n'en occupe pas moins une position de sélecteur et une position de représentant.

Comme on le verra mieux plus loin, il sera utile pour les fins de la construction théorique d'identifier d'une part les partisans qui occupent deux positions de contrôle, et d'autre part les positions spécialisées qu'on trouve dans l'entourage des sélecteurs, des représentants et des gouvernants.

Nous dirons ainsi que les élus sont des partisans qui occupent les positions de représentants et de gouvernants à la fois, que les responsables occupent des positions de sélecteurs et de gouvernants à la fois, et que les activistes sont en position de sélecteurs et de représentants. Les permanents du parti sont des spécialistes de la composante interne, autour des sélecteurs. Les conseillers entourent les gouvernants et sont spécialisés dans les activités gouvernementales. Enfin les relationnistes sont des spécialistes de la composante publique, autour des représentants.

2.3 LES FONCTIONS DES PARTIS

D'un point de vue fonctionnel, les trois composantes des partis sont reliées entre elles, comme autant de sous-systèmes à l'intérieur d'un système. Les intrants d'un sous-système donné sont, en partie tout au moins, les extrants des deux autres sous-systèmes. Inversement, les extrants d'un sous-système donné deviennent, en partie, les intrants des deux autres sous-systèmes.

La description structurelle que nous avons donnée des composantes indique déjà la nature de leurs extrants, ou plus précisément de ce que nous considérons ici comme les extrants des composantes.

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À propos de la composante interne, nous avons noté que les partisans pouvaient être considérés comme des sélecteurs de mandats. Cela sous-entend que le parti fournit des « sélections » à l'intérieur de lui-même mais aussi à sa composante publique et à sa composante gouvernementale. Nous parlerons de fonctions de sélection, de la composante interne aux autres composantes, et nous nommerons orientations les extrants qui sont produits ou traduits, de la composante interne vers les autres composantes ou encore vers le système politique et l'environnement.

Dans la composante publique les représentants sont en relation avec les mandants que sont les électeurs et les membres des groupes. On peut considérer que les extrants des activités contrôlées par les représentants sont des médiations qui alimentent les composantes interne et gouvernementale, ainsi que certains secteurs de l'environnement. Nous parlerons de fonctions de représentation pour désigner les relations qui sont ainsi établies avec les deux autres composantes.

Enfin, dans la composante gouvernementale, les activités se déroulent entre les gouvernants du parti ainsi que de ceux-ci aux gouvernants des autres partis (s'il y en a) et aux agents gouvernementaux. On peut parler à ce propos de fonctions de gouverne qui s'expriment par des prescriptions où les gouvernants du parti cherchent à imposer les mandats dont ils sont porteurs.

Le graphique 2.3 résume la vue structurelle et fonctionnelle que nous venons de présenter.

Les trois composantes des partis sont disposées de bas en haut : la composante publique, la composante interne et la composante gouvernementale. Les principales positions des partisans et des autres acteurs politiques sont identifiées à l'intérieur des composantes, de même que les relations entre elles. Les relations fonctionnelles d'une composante à l'autre, ainsi que des composantes au système politique et à l'environnement, sont identifiées sous forme d'intrants et d'extrants : par exemple, les médiations qui sont les extrants de la composante publique deviennent des intrants de la composante interne et de la composante gouvernementale, etc.

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2.4. LES SYSTÈMES PARTISANS, LE SYSTÈME
POLITIQUE ET L'ENVIRONNEMENT


Quand il n'y a qu'un parti dans un système politique, il se confond avec le système partisan qui peut être représenté comme dans le graphique 2.3. Par contre, s'il y a plus d'un parti, cette confusion n'existe plus. On peut considérer qu'il n'y a toujours qu'une composante publique et une composante gouvernementale, commune aux différents partis, mais la composante interne se subdivise en autant de sous-systèmes qu'il y a de partis.

Dans la composante publique, les représentants des partis peuvent être vus en relation les uns avec les autres en plus d'être reliés aux électeurs et aux associés. De façon plus évidente, les gouvernants des différents partis sont reliés les uns aux autres dans la composante gouvernementale, en plus d'être reliés aux agents. Nous avons d'ailleurs considéré que les acteurs des autres partis étaient des acteurs pertinents dans la composante gouvernementale d'un parti donné, dans la mesure où l'on ne peut éviter d'entrer en contact avec eux, alors que ce n'est pas le cas dans la composante publique. Les composantes internes des partis demeurent distinctes dans notre représentation d'un système partisan à plus d'un parti, mais des relations fonctionnelles sont posées entre elles, les orientations d'un parti étant des intrants, le plus souvent « négatifs », pour un autre parti.

Le graphique 2.4 montre comment on peut représenter sommairement un système partisan comprenant deux partis distincts, ce qui est marqué par l'emploi des symboles prime (¢) et seconde (²) dans le cas des acteurs partisans.

Certains systèmes partisans de nature monopoliste sont coextensifs ou presque au système politique, entendu comme l'ensemble des relations de contrôle qui visent à la régulation de l'action dans une collectivité. Cela arrive lorsque des partisans contrôlent de l'intérieur ou de l'extérieur non seulement tous les postes d'autorité gouvernementale dans les appareils administratif, judiciaire, militaire, policier, mais aussi toutes les associations qui participent de quelque façon à la régulation d'une collectivité.

Dans d'autres collectivités, le système partisan est loin de recouvrir le système politique : fonctionnaires, juges, militaires, policiers sont sans attache partisane ou ne sont que très peu contrôlés de l'extérieur par les partisans. Il en est de même des associations.

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Parmi les règles qui sont adoptées dans un système politique, certaines contraignent de façon spécifique l'action des partis. Celles-ci sont d'ailleurs identifiées dans la partie supérieure du schéma de Sorauf. On peut les diviser en trois grandes catégories.

Il y a d'abord les règles de nature constitutionnelle qui définissent le régime politique, c'est-à-dire la répartition des « pouvoirs » ou des contrôles officiels entre les instances gouvernementales : parlement, exécutif, tribunaux. Ces règles définissent aussi le caractère unitaire, fédératif ou confédératif des systèmes politiques. Elles touchent surtout à la composante gouvernementale des partis.

On retrouve aussi les règles qui s'appliquent aux partis eux-mêmes, c'est-à-dire à leur reconnaissance en droit, à certaines de leurs activités (financement, dépenses et autres activités électorales, etc.). Ces règles on trait à la plupart des composantes des partis et des systèmes partisans, mais elles portent principalement sur la composante interne.

Enfin, il y a les règles qui définissent le système électoral, soit la carte électorale et le mode de scrutin, et qui touchent par là à la composante publique des partis avant tout. Ces règles, comme les précédentes, ne sont pas sans contraindre l'action et l'état des partis et du système partisan. On n'a qu'à penser aux différences entre les conséquences de la proportionnelle et celles du scrutin majoritaire.

Les partis sont soumis à ces différentes règles, mais ils peuvent les changer, en particulier quand ils sont porteurs de mandats d'autorité qui remettent en question les règles existantes.

Le système partisan et le système politique dans lequel il est inclus sont aussi soumis à des intrants qui leur viennent de l'environnement sociétal. On peut distinguer à cet égard, comme le font certains systémistes du politique (en particulier Lapierre, 1973), l'environnement intra-sociétal et l'environnement extra-sociétal. C'est, dans le schéma de Sorauf, la culture politique, la composition de la population, les institutions économiques et sociales, les objectifs et la structure des intérêts. Lapierre, quant à lui, distingue dans l'environnement quatre systèmes sociaux autres que le système politique, soit les systèmes bio-social, écologique, économique et culturel.

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Ces environnements produisent des intrants sur lesquels les partis n'ont qu'un contrôle limité : par exemple, une guerre dans l'environnement extra-sociétal, ou des clivages de toutes sortes (socio-économiques, ethniques, religieux, etc.) dans l'environnement intra-sociétal. Nous prendrons ces phénomènes en considération au chapitre 13, où il sera question de la transformation des systèmes partisans.

2.5 CONTRÔLE, VARIÉTÉ ET CONTRAINTE

Le contrôle est un des principaux concepts de cet ouvrage puisque les partisans sont définis comme des acteurs qui cherchent à contrôler les mandats d'autorité dans le système politique.

Nous avons dit très généralement du contrôle qu'il consistait à conformer l'action à des normes. C'est à peu près la définition de Etzioni (1968 : 45) selon qui le contrôle est l'activité qui consiste à préciser les états que l'on préfère et à corriger les processus en cours de façon à ce qu'ils évoluent en direction des états préférés. Le contrôle, c'est en quelque sorte un pouvoir finalisé par les préférences qui sont sous-jacentes.

Le contrôle sera vu ici dans une perspective de communication et plus précisément dans la perspective de la « nouvelle » communication. Dans l'avant-propos d'un ouvrage qui présente cette nouvelle approche, Yves Winkin écrit (1981 : 7-8) :

Ce modèle de la communication n'est pas fondé sur l'image du télégraphe ou du ping-pong – un émetteur envoie un message à un récepteur qui devient à son tour un émetteur, etc. ... – mais sur la métaphore de l'orchestre. La communication est conçue comme un système à multiples canaux auquel l'acteur social participe à tout instant, qu'il le veuille ou non : par ses gestes, son regard, son silence, sinon son absence... En sa qualité de membre d'une certaine culture, il fait partie de la communication, comme le musicien fait partie de l'orchestre. Mais dans ce vaste orchestre culturel, il n'y a ni chef, ni partition. Chacun joue en s'accordant sur l'autre.

La notion de contrôle, ou de pouvoir finalisé, introduit une perspective politique dans cette vue un peu naïve de la communication. Les acteurs sociaux ont des préférences plus ou moins conscientes, fondées sur des normes ou des finalités qui dirigent leur action. Chacun joue en s'accordant à l'autre, mais aussi, réciproquement, en accordant l'autre à soi.

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Dans cette perspective « politique », on peut distinguer six dimensions du contrôle selon qu'un acteur donné, considéré comme destinateur, cherche à contrôler sa propre action, celle d'un destinataire, le canal entre eux, le message, le code ou le contexte (Jakobson, 1963 : 213-14). Soit, par exemple, un partisan qui cherche à contrôler un électeur :


1 – il devra d'abord maîtriser sa propre action, ses tactiques, afin d'arriver à convaincre l'autre ;
2 – il devra avoir une certaine emprise sur le destinataire, retenir son attention par du prestige ;
3 – le partisan doit contrôler les canaux, avoir accès au destinataire pour utiliser ou établir le contact avec lui ;
4 – il faut aussi qu'un message soit transmis au moyen du canal, c'est-à-dire que le destinateur ait les ressources requises ;
5 – les règles du jeu, ou le code, doivent permettre que la communication se fasse. Autrement dit, le destinateur doit être habilité ou avoir la compétence nécessaire pour communiquer avec le destinataire ;
6 – enfin le contrôle s'exerce parfois par conditionnement en définissant ou en exploitant des situations spatio-temporelles favorables dans le contexte.


Il s'agit de dimensions analytiques du contrôle, telles que chacune se retrouve dans les autres. Dans la pratique, les dimensions se recoupent entre elles. L'emprise dépend de la maîtrise d'un acteur, des ressources qu'il investit dans ses messages, de sa compétence dans l'utilisation des codes. La compétence ne sert à rien si, par exemple, les messages ne sont pas pertinents ou s'il n'y a pas de canaux d'un participant à l'autre.

Sans que nous utilisions systématiquement dans l'ouvrage ce schéma des six dimensions du contrôle – ce qui alourdirait grandement notre démarche – nous y ferons référence à l'occasion. Les relations entre les acteurs, entre leurs positions à l'intérieur des composantes, seront vues constamment en termes de contrôle, de même que les relations fonctionnelles entre les composantes (sous forme de médiations, d'orientations et de prescriptions).

La notion de contrôle renvoie à celles de variété et de contrainte et ce, de deux façons : une façon microscopique et une [31] façon macroscopique. Dans une relation donnée, le contrôle c'est de réduire la variété des possibles en les contraignant à partir de préférences. Mais de façon plus macroscopique, on peut aussi considérer que l'ensemble des contrôles dans une composante ou entre deux composantes est plus ou moins contraignant ou plus ou moins varié, selon qu'il réduit grandement ou non le nombre des possibles dans cette composante ou entre les deux composantes.

La variété est mesurée par le nombre d'éléments dans une situation, le nombre de relations entre ces éléments, et le nombre de modalités de ces relations. Plus la variété est grande, plus la contrainte est petite, et inversement plus la variété est petite, plus la contrainte est grande.

Cette mesure de la variété et de la contrainte peut être appliquée à chacune des composantes des partis et des systèmes partisans. Ainsi, dans la composante publique, un parti qui cherche à agir sur les choix électoraux d'un peu tous les individus ayant droit de vote comportera plus de variété qu'un parti qui s'intéressera surtout au vote des électeurs de certaines régions dans la population électorale. Un parti qui recherchera des appuis dans la plupart des associations sera plus varié que celui qui se concentrera sur certaines d'entre elles. Dans la deuxième partie de l'ouvrage, consacrée aux composantes des partis, nous dirons qu'un parti qui a une grande variété dans sa composante publique a un caractère extensif, alors qu'un parti qui présente peu de variété, donc beaucoup de contrainte, a un caractère plutôt intensif.

Il en est de même dans la composante interne des partis. Ceux qui ont un grand nombre d'adhérents présentent évidemment plus de variété que ceux qui en ont peu. Mais la variété se mesure aussi, du point de vue du contrôle, par le nombre relatif de ceux qui occupent des positions de sélecteurs dans le parti. Par exemple, un parti dont les postes de dirigeants sont tous occupés par des élus est moins varié, à cet égard, qu'un parti dont une bonne partie des dirigeants ne sont pas des élus. Le caractère réciproque ou non des contrôles entre les simples membres et les dirigeants est une autre dimension de la variété et de la contrainte. Les partis très contraints, en l'un ou l'autre des aspects qui viennent d'être signalés, seront dits centrés, alors que les partis qui présentent une grande variété seront dits décentrés.

Dans la composante gouvernementale, la contrainte tient surtout au caractère programmatique d'un parti. Les partis de ce [32] genre sont plus restrictifs dans l'exercice du contrôle à l'intérieur du groupe de leurs gouvernants, auprès des gouvernants des autres partis et des agents de l'État. Ils cherchent aussi à exercer des contrôles plus unilatéraux, étant donné que les préférences qui inspirent leur action sont plus précises et tolèrent peu d'être informées par les acteurs qui ne sont pas du parti. D'autres partis, au contraire, ont un caractère plus opportuniste. Les relations de contrôle à l'intérieur du groupe des gouvernants sont plus variées, elles sont moins tournées vers certains partis ou certains agents plutôt que d'autres et les contrôles ont un caractère davantage bilatéral. Les partis dont la composante gouvernementale pose ou propose beaucoup de contraintes seront dits programmatiques, tandis que les partis qui sont plus variés à cet égard seront dits opportunistes.

Évidemment, la variété et la contrainte comportent différents degrés, si bien qu'il est un peu abusif, par exemple, de parler de parti programmatique par opposition à un parti opportuniste. C'est là une façon simpliste de classer les partis en chacune de leur composante. Dans le concret, les différences sont plus subtiles. Ainsi, dans la composante publique, un parti pourra être plutôt intensif du côté des associations, mais plutôt extensif dans le contrôle du choix des électeurs. Nous prendrons ces différences en compte quand viendra le temps de caractériser les composantes des partis.

Les relations fonctionnelles entre les composantes, où les extrants d'une composante sont des intrants pour les autres composantes, seront elles aussi traitées en termes de variété et de contrainte, dans le but surtout de voir si, par rapport à une autre, une composante impose plus ou moins de contraintes qu'elle n'en reçoit. C'est sur l'ordre ainsi établi des composantes que nous construirons une théorie générale des partis. Dans la mesure où, à l'intérieur des composantes, ceux qui exercent du contrôle sont des représentants, des sélecteurs ou des gouvernants, l'exercice reviendra à se demander dans quel ordre ces catégories d'acteurs sont disposées quand on considère les contraintes qu'ils s'imposent les uns aux autres.

Les systèmes partisans comme les partis peuvent être caractérisés en termes de variété et de contrainte. Nous le ferons dans la partie suivante de l'ouvrage. Les traits pertinents ne seront toutefois pas les mêmes que pour l'étude des partis. Nous nous intéresserons à des traits des trois composantes, mais en tant qu'ils [33] sont pertinents au contrôle de la composante gouvernementale. Cela permettra de donner une certaine unité à la typologie des systèmes partisans qui sera ainsi construite.

Cette façon de définir les systèmes sociaux en termes de variété et de contrôle n'est pas nouvelle. Elle reprend en d'autres termes les grandes oppositions faites entre l'autorité et la liberté, l'ordre et le désordre, etc. Elle trouve cependant dans la réflexion actuelle de certains savants des développements nouveaux, qui ne sont pas sans intérêt pour l'étude des systèmes sociaux, même s'ils ont été élaborés d'abord dans le domaine des sciences biologiques.

Ainsi, Henri Atlan (1979 : 49) note que l'organisation est faite d'un degré optimal de variété et de redondance, et que :

De façon plus générale, on peut concevoir l'évolution des systèmes organisés, ou le phénomène d'auto-organisation, comme un processus d'augmentation de complexité à la fois structurale et fonctionnelle résultant d'une succession de désorganisations rattrapées suivies chaque fois d'un rétablissement à un niveau de variété plus grande et de redondance plus faible.

On verra au cours de cet ouvrage les problèmes qui sont posés aux partis et aux systèmes partisans par trop de contraintes ou trop de variété, et comment chacun à sa façon cherche à résoudre ces problèmes par des voies diverses.

Résumé thématique

Dans leur composante interne, les partisans qui participent à l'exercice du contrôle peuvent être considérés comme des sélecteurs. Leur contrôle s'exerce dans la sélection des mandats d'autorité ou de ceux qui seront appelés à les porter. Dans la composante publique, les partisans agissent comme des représentants, et cherchent à contrôler les mandants, électeurs ou membres des groupes (les sujets). Enfin dans la composante gouvernementale, les partisans peuvent être vus comme des gouvernants. Ils cherchent à contrôler, de l'intérieur ou de l'extérieur, les mandataires et les agents qui définissent les règles visant à la régulation de la collectivité.

La composante interne transmet, fonctionnellement, des orientations à la composante publique et à la composante gouvernementale. Elle remplit ainsi des fonctions de sélection. La composante [34] publique, d'où s'exercent les fonctions de représentation, transmet des médiations aux composantes interne et gouvernementale. Cette dernière, enfin, transmet des prescriptions vers les composantes interne et publique et remplit ainsi des fonctions de gouverne.

Les relations structurelles et fonctionnelles peuvent être vues en termes de contrôle, celui-ci consistant à conformer l'action à des préférences selon des moyens qui correspondent aux différents aspects de la communication. L'action est ainsi plus ou moins variée ou plus ou moins contrainte. C'est dans ces termes que seront étudiées les composantes des partis et des systèmes partisans, mais aussi les rapports fonctionnels entre elles.

Orientation bibliographique

Sur l'approche systémique, on pourra lire l'ouvrage de Bernard Walliser, Systèmes et modèles. Introduction critique à l'analyse des systèmes (1977), qui situe bien les uns par rapport aux autres les principaux aspects et les principaux concepts de ce courant de pensée. Pour une introduction plus facile et plus concrète, il y a le livre de Joël de Rosnay, Le Macroscope. Vers une vision globale (1975). Il n'existe pas, à notre connaissance, d'ouvrage consacré à l'approche systémique des systèmes partisans. On trouvera toutefois une ébauche de cette démarche chez Sorauf (1964, 1968). Jean-William Lapierre, dans L'Analyse des systèmes politiques (1973), a montré à la suite de David Easton dans Analyse du système politique (1974) que l'approche systémique se prêtait bien à l'étude des phénomènes politiques. Sur les notions de variété et de contrainte, l'ouvrage de W. Ross Ashby, Introduction à la cybernétique (1958) est très éclairant. Enfin, on trouvera une première présentation de l'approche présentée ici dans Vincent Lemieux, « Pour une science politique des partis » (1972).



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 13 novembre 2012 13:16
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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