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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Vincent Lemieux, “Le législateur et le médiateur: analyse d'une campagne électorale”. Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 3, no 3, septembre-décembre 1962, pp. 331-345. Québec: Les Presses de l’Université Laval. [Autorisation de l'auteur accordée le 13 août 2004 de diffuser toutes ses publications.] Introduction Je voudrais cerner ici, par approximations successives, deux modes de représentation politique plus ou moins opposés dans notre société, et sans doute dans d'autres sociétés aussi. À cette fin, l'élection provinciale de 1956 dans une circonscription de la région de Québec et la campagne électorale qui l'a précédée sont fort instructives, puisque les deux candidats incarnent a souhait les deux modes de représentation en question. Ce sont B. du parti Libéral, avocat d'une trentaine d'années, et S. de l'Union Nationale, voyageur de commerce approchant la soixantaine. Les deux hommes se sont déjà affrontés en 1952, et B. a vaincu difficilement son adversaire, député depuis 1949, par 9,725 votes valides contre 9,626. Cette répétition de l'expérience dans des conditions les unes semblables les autres différentes rend cette élection de 1956 encore plus intéressante de notre point de vue. Pour dégager les diverses oppositions entre B. et S., je propose d'examiner d'abord les définitions que ces candidats ont données d'eux-mêmes et celles que leurs équipes ont données d'eux durant la campagne électorale. C'est à partir de l'analyse de ces définitions que j'établirai les deux modes de représentation politique et les mécanismes sociologiques qu'ils impliquent. J'ai conservé de la campagne de 1956 dans la circonscription concernée des comptes rendus d'assemblées parus dans deux quotidiens de Québec (Le Soleil et L'Action catholique) et dans deux hebdomadaires locaux, ainsi que quelques feuilles de propagande des deux partis. À l'époque, j'ai aussi assisté à quatre assemblées dont il me reste des notes personnelles. Ce sont là les sources, évidemment partielles, que j'utiliserai dans cet article. Les comptes rendus des journalistes, en particulier, qui sont mes sources les plus importantes, ne retiennent que quelques extraits des discours, parfois déformés. Donc, l'échantillon sur lequel je travaille est loin d'être parfait, mais je crois qu'il suffit à un premier essai d'analyse. Quand la méthode sera plus raffinée, il faudra évidemment que la matière soit plus exacte.
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