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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Raymond Lemieux, Pastorale, science et université” (1987)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Raymond Lemieux, Pastorale, science et université”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Marcel Viau et Raymond Brodeur, Les études pastorales: une discipline scientifique ? Pastoral Studies as a Scientific Discipline ?, pp. 27-63. Les Cahiers de recherches en sciences de la religion, vol. 8, 1987. Québec: Groupe de recherches en sciences de la religion, 1987, 398 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 29 août 2006.]

Introduction

Le titre de cet article n'a de prétention que d'en indiquer l'objectif principal : faire le point des transactions entre les trois lieux qui y sont désignés : la science, l'université, la pastorale. Ces trois réalités sont-elles réductibles les unes aux autres ? Dans quelle mesure peuvent-elles être mises en relation ? Autrement dit, que pouvons-nous comprendre des pratiques pastorales, ces pratiques essentiellement d'Église, appartenant à une institution bien précise, quand nous les faisons entrer en relation avec les deux autres pratiques qui, elles, appartiennent à d'autres institutions ? 

Le problème est moins simple que nos habitudes de langage peuvent le laisser croire. Deux niveaux d'analyse s'imposent : qu'est-ce qu'une pratique ? qu'est-ce qu'une institution ? Quel chassé-croisé de rapports y a-t-il entre pratiques et institutions diverses ? Ces questions soulèvent des enjeux théoriques précis et importants : dégager ce en quoi les termes communs cachent des complexités, et des complicités, inavouées. Il semble tout naturel en effet que l'université accueille des pratiques d'Église pour leur donner la caution de la science et les garantir du sceau de la compétence. N'est-elle pas au service de la collectivité ? Mais est-ce bien exactement ce qui se passe ? Le rapport entre université et science est-il lui-même aussi limpide qu'on veut bien le croire ? Là aussi, nous sommes invités à préciser nos concepts : qu'est-ce que la science ? Qu'est-ce que la science universitaire ? En quoi des études pastorales peuvent-elles ou doivent-elles être scientifiques ? Quelles garanties leur donne l'université à cet égard ? 

L'enjeu est ici l'autonomie même des pratiques pastorales, c'est-à-dire ce en quoi elles peuvent se donner en vérité pour ce qu'elles sont : des pratiques d'Église. À l'instar de n'importe quelles autres pratiques, les pratiques pastorale reçoivent leur identité d'un certain groupe, d'une communauté donnée. Ce groupe a des intentions qui lui sont propres, un désir d'agir sur la société. En quoi la science, si elle est bien ce qu'on vient chercher à l'université, apporte-t-elle quelque chose à ce désir ? Peut-elle le faire venir à sa propre clarté, ou bien, l'éclairant sous un jour nouveau, en rendre la critique possible ? Peut-elle le légitimer, ou lui donner une efficacité qu'il ne trouverait pas autrement ? Quels rapports y a-t-il entre science et action pastorale ? 

Le débat ne fait que commencer. De quelle science s'agit-il quand nous parlons d'études pastorales ? Une telle question n'est évidemment pas exclusive aux rapports présumés entre Université et Église. Elle concerne toute pratique universitaire dès lors que celle-ci affecte une intervention sociale. 

De son appropriation par l'université, institution du savoir, la pratique scientifique est quasi automatiquement renvoyée au discours du maître, c'est-à-dire, en dernière analyse, au pouvoir. Y a-t-il une autre science possible que celle de la maîtrise ? Si la question concerne de façon cruciale la vie de l'Église, dans la mesure où ce que l'on vient chercher dans des études pastorales est bien la maîtrise de l'institution, on voit sans difficulté qu'elle est loin d'être exclusive à cette dernière. C'est la possibilité même d'un autre mode de rapport à la connaissance qui est en jeu. Quel est ce mode ? Quelles en sont les enjeux, les objectifs, la méthode ? 

Dans notre effort pour préciser les concepts, nous commencerons donc par ce premier point, celui des rapports entre science et université, en vue d'établir un peu plus clairement ce qui est en cause quand nous parlons de science. Nous verrons que le concept d'études pastorales, par la complexité des instances qu'il fait intervenir, met profondément en question la notion de science. Celle-ci doit être rigoureusement précisée si nous voulons lui donner, justement, une opérationnalité scientifique. De ces précisions nous dégagerons, dans un deuxième temps, un certain nombre de considérations sur les rapports entre science et action, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit en pastorale : agir sur les hommes et sur la société. A partir de là, nous serons peut-être en mesure de réfléchir avec un peu plus d'acuité sur l'ensemble de notre problème, en mettant en scène un concept neuf, ou du moins regardé avec des yeux neufs, celui de théorie pastorale. 


Revenir au texte de l'auteur: Raymond Lemieux Dernière mise à jour de cette page le lundi 22 janvier 2007 10:36
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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