Introduction

Le Québec n'est plus un pays de chrétienté. Personne ne niera pourtant que le catholicisme y reste un fait de culture important. Ses signes extérieurs sont évidents, de la présence des églises à la grandeur du territoire jusqu'aux débats concernant le droit et l'éthique, en passant par l'enseignement et le statut des écoles. Il représente toujours la référence religieuse normale de la très grande majorité de la population.

L'observation du catholicisme québécois est cependant une opération délicate. Trop souvent dépend-elle d'une sociologie implicite qui, proposant des évidences, piège le regard de l'observateur. Les préoccupations anthropologiques s'étant déplacées d'une religion autrefois dominante vers les problèmes plus centraux de la postmodernité technico-communicationnelle, la sociologie empirique du catholicisme québécois est devenue une entreprise paradoxalement sous-développée. Les grandes institutions catholiques (diocèses, communautés religieuses, etc.) n'ont plus ni les moyens ni le goût des enquêtes extensives qu'elles entreprenaient ou commanditaient dans les années soixante (1). Sauf quelques chercheurs isolés, pourvus de moyens limités, personne n'a pris la relève. C'est pourquoi les opinions courantes révèlent souvent beaucoup de méconnaissance.

Pour tenter d'y voir un peu plus clair, nous proposons trois démarches. D'abord, nous nous demanderons ce que signifient les données quantitatives disponibles. Ensuite, nous questionnerons l'histoire récente pour mieux déceler les dynamismes socioculturels qui ont agité le monde catholique et qui l'inscrivent dans la culture québécoise contemporaine. Enfin, nous en observerons rapidement certaines manifestations actuelles, pour tenter d'en saisir la pertinence sociale.

Note:

(1) Les dernières en date ont été faites dans le cadre de la Commission d'étude sur les laïcs et l'Église, dite Commission Dumont. Voir L'Église du Québec, un héritage, un projet. Rapport-synthèse, instruments de travail. Montréal, Fides, 1971, 6 tomes.