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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Solange Lefebvre, Crise de société et crise de sens (2001)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Solange Lefebvre, Crise de société et crise de sens. Texte d'une conférence publié dans Crise de société... recherche de sens. Actes du colloque du 10 mai 2001, pp. 21-29. Montréal: L'Association canadienne pour la santé mentale, section Montréal, 2001, 123 pp. [L’auteure est professeure à la Faculté de Théologie de l'Université de Montréal.] [Autorisation accordée par l'auteure le 24 mai 2006.]

Introduction

O
n a confié à Jacques Rhéaume le soin d'aborder la question du travail. Permettez que je le fasse un peu aussi, car mes recherches des dernières années concernaient en grande partie la question du travail. J'aborderai donc les trois points suivants : 
1) conséquences des retraites massives de 1997 dans les milieux de la santé, qui renvoient aussi à des logiques gestionnaires du privé ; 
2) affaiblissement de certaines valeurs éducatives ; 
3) issues culturelles et spirituelles. 

Trois grandes cohortes paraissent constituer notre société actuelle, cassée en trois à ce titre, pourrait-on dire. Ces cohortes se structurent autour de l'activité de travail. Première cohorte : une génération de jeunes adultes dont l'emploi du temps est très fragmenté et le revenu en général réduit, les boulots précaires et à conditions précaires (emplois de service) ; à la fois la fragmentation et la précarité nuisent à la dynamique profonde d'une intégration comme initiation, comme formation au sens étendu et ample du terme. Il s'agit, de ce fait, d'une génération à risque au plan de la santé mentale : suicide, dépression, implosion. À ce sujet, on ne saurait trop insister sur l'importance d'aménager des lieux d'intégration et d'accompagnement pour la génération des 18-30/35 ans. Centraide du Grand Montréal y porte une attention nouvelle, depuis quelques années, dans la foulée de l'élaboration de ses enjeux sociaux : intégrer la relève dans les réseaux communautaires, prendre soin des 18 ans et plus, privés d'aides institutionnelles accordées aux adolescents. 

La seconde cohorte, celle des adultes, cumule les charges et les responsabilités professionnelles et familiales, occupe souvent les emplois dans des milieux de travail rationalisés durant les récentes années. D'énormes pressions sont sur ses épaules. Et la troisième cohorte, celle des nouveaux retraités, présente aussi de nouveaux défis : occuper le temps libre plus longtemps, recomposer loisirs et responsabilités valorisantes. 

En rapport avec ces trois cohortes, le milieu du travail présente des difficultés grandissantes. Parmi les maladies du travail, les maladies mentales sont en augmentation, mais difficilement comptabilisables : dépressions, suicide, burnout. Or, on ne reconnaît pas la dépression et le burnout comme maladies du travail, et les suicides appartiennent aux problèmes informels d'un milieu. Lors de ma première présentation des résultats d'une étude sur les conséquences des retraites massives dans le milieu de la santé, une responsable de service a déclaré que trois suicides étaient survenus dans sa seule unité d'infirmières. Dans les statistiques concernant les problèmes de santé mentale, on mentionne d'ailleurs les gens seuls, sans emploi, réfugiés, mais on ne trouve guère de traces de la population active. 

Devant la nature des tournants qui se sont pris dans plusieurs milieux du travail, on ne peut que s'étonner de l'écart entre les problématiques sociales et le monde de la gestion organisationnelle et syndicale. C'est curieux : en recherche sociale, le retour aux dynamiques locales et communautaires est à l'ordre du jour, alors qu'en gestion, la flexibilité et le changement brisent quasi totalement les communautés de travail, donc de support. 

À titre d'exemple, à la suite des retraites massives dans les milieux de la santé et des services sociaux, j'ai examiné la situation dans deux grands hôpitaux de la région du grand Montréal. Je rappelle ici quelques conclusions de l'étude. Rappelons d'abord le contexte des retraites de 1997 : dans l'ensemble du Québec, 36 000 travailleurs appartenant à la fonction publique et parapublique se sont prévalus des offres de départs volontaires durant l'année 1997. Dans la région montréalaise, en décembre 1997, plus de 5000 postes équivalents à temps complet avaient été libérés de la sorte dans les seuls établissements de la santé et des services sociaux. L'objectif de ces offres spéciales de retraites prématurées était de faire face aux compressions budgétaires. On voulait aussi dégager des postes pour faire place à des plus jeunes travailleurs. Mais il s'agissait aussi de dégager une marge de manoeuvre afin de favoriser la révision et la refonte de l'organisation des services, tant dans les secteurs cliniques que non cliniques ; il s'agissait, selon certaines théories de la gestion, du chaos par exemple, d'agir vite pour changer vite.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 31 mai 2006 7:46
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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