RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La communauté comme figure de l'État. Introduction à l'analyse d'une conjoncture. (1998)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Gilbert Larochelle, La communauté comme figure de l'État. Introduction à l'analyse d'une conjoncture. Chicoutimi: Les Éditions JCL, 1998, 239 pp. Collection universitaire. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedy, Ville Laval, Québec. Autorisation accordée conjointement par les auteurs le 1er mai 2012 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[11]

La communauté comme figure de l'État.
Introduction à l'analyse d'une conjoncture.


Avant-propos

Les textes réunis dans ce volume ont été produits au début des années quatre-vingt-dix sans que ne fût jamais entrevue l'occasion de les réunir un jour en une même publication. À l'exception du premier chapitre, inédit et rédigé à titre d'introduction générale pour les besoins du présent exercice, ils ont tous paru dans des revues scientifiques européennes de science politique ou de sociologie. Leur variété tient de l'évidence, caractéristique inhérente, du reste, au genre même de l'anthologie et des assemblages qui s'y opèrent. Toutefois, par-delà les apparences de disparité, une seule préoccupation traverse la diversité des thèmes considérés, voire l'hétérogénéité des objets de référence. Aussi est-elle problématisée sous différentes formes au fil des chapitres dans le but de jeter un éclairage analytique et critique sur les rapports entre l'État et la communauté, entre le politique tel qu'il se montre au premier abord en tant qu'extérieur à la société et celle-ci dans l'expérience de sa quotidienneté. Le questionnement poursuivi cherche, en effet, à comprendre comment se réarticulent les relations entre l’État et la population à l'heure de la relativisation des idéaux de la modernité et, plus prosaïquement, de l'essoufflement des structures institutionnelles de la prise en charge publique.

À cet égard, les transformations de cette fin de siècle se prêtent à une multiplicité d'interprétations possibles. Leur accomplissement ne paraît guère plus unilatéral que leurs significations univoques. Faut-il y voir le symptôme d'un pragmatisme économiciste, aujourd'hui si répandu, ou l'amorce encore timide d'un autre projet social ? S'agit-il d'une défaite du messianisme politique ou d'une stratégie destinée à la relance du processus d'appropriation sociale par un État-tuteur ? À moins qu'il faille y percevoir la rançon de la démobilisation politique et [12] de la redécouverte de la citoyenneté en deçà des grands systèmes de pouvoir ? L'interprétation finale est laissée aux soins du lecteur dont le jugement inclinera dans un sens ou dans un autre selon ses croyances, d'une part, mais peut-être, d'autre part, des pièces à conviction, rassemblées dans ce livre. Néanmoins, une thèse est ici revendiquée, malgré le risque d'y voir confondues la défense d'une lecture possible et une tenace impression de réduction.

L’enjeu de cet ouvrage est tout entier soumis par son titre. La communauté comme figure de l’État présente, d'entrée de jeu, un découpage auquel il n'est apparu ni prudent ni nécessaire d'apporter une extension plus vaste. La dénomination même se veut une entreprise de rétrécissement du propos et d'assignation d'une perspective. La copule comme se révèle d'une importance capitale, car elle sert à décrire l'idée de communauté sous un angle précis dans une conjoncture et, au surplus, à insinuer qu'elle peut être bien d'autres choses que l'on taira résolument. La volonté de détermination d'un point de vue n'enlève pas le droit, de cité aux autres ; elle entend signaler que l'objet ne sera pas étudié dans sa totalité et que l'on pourra toujours opposer à son traitement un principe de falsifiabilité selon l'épistémologie de Popper. La communauté y est abordée dans un moment de rencontre avec l’État, à la jonction de l'expérience primitive du social et de l'imposition des règles bureaucratiques par la sphère politique. Non pas qu'elle y perde son âme dans une alliance avec le diable - au nom de quelle morale pourrait-on tenir ce jugement d'ailleurs ? -, mais son évolution contemporaine, coincée entre les contraintes de la crise économique et l'effervescence des solidarités, semblerait en faire un espace plus que jamais habité par l'État. De là surgit l'idée centrale et sous-jacente à cette tentative d'interprétation : le discours sur le « désengagement » de l'État au Québec constituerait un prolongement de la socialisation politique et du contrôle social par d'autres moyens. Sa réalisation ne serait possible que par l’inculcation de vertus civiques, par la suggestion incessante d'une rectitude dans le développement [13] de la convivialité, voire par l'imposition subtile d'un code disciplinaire aux groupes. L’instrument de cette dynamique ne se limiterait plus, pour l'État, à stipuler la loi, mais à utiliser cela même qui en déborde : une éthique diffuse de la communauté venant à la rescousse d'un système en difficulté et promue, d'ailleurs, par un contingent de clercs disposés à l'ériger en nécessité historique.

La publication de ce volume fut d'abord conçue comme une simple introduction à l'analyse d'une conjoncture selon le sous-titre que l'on a cru utile de lui donner. Pour qu'ils puissent s'insérer dans ce cadre, les textes ont tous été refondus - « revus et corrigés » selon l'expression désormais consacrée, - en fonction d'un élargissement de l'accessibilité et, pour y parvenir, d'un allégement de cet académisme qui caractérise souvent la forme des articles scientifiques. Il s'ensuit donc que cette production s'adresse à un public plus large que le seul milieu érudit, même si le premier chapitre conserve une facture théorique que les autres n'ont guère. Afin que l'étudiant, l'intervenant, le chercheur en émergence ou l'expert confirmé s'y retrouvent plus facilement, les notes infrapaginales ont été ou bien supprimées ou bien intégrées dans le corps du texte non par anticipation d'un esprit de facilité, mais plutôt pour éviter au maximum de distraire la lecture en la partageant par le renvoi à des compléments d'information, du reste généralement peu fréquentés dans un ouvrage d'introduction.

De même, les compilations statistiques, les témoignages recueillis par les entrevues dans le déroulement de la recherche, bref ce que l'on appelle par un excès de langage les « données » empiriques n'ont pas été reproduites de façon exhaustive. Plutôt, fit-on le choix, discutable, certes, comme le sont toutes les orientations méthodologiques, d'exposer les résultats de la recherche davantage que son processus, d'insister plus sur la réflexion menée en référence aux informations recueillies que sur la nomenclature de ces dernières. Mais, il n'en demeure pas [14] moins que la plupart des chapitres, notamment du deuxième au cinquième inclusivement, ont été construits sur la base d'un champ d'observation que l'on peut situer à deux niveaux : celui du Québec en général et, plus spécifiquement, de la région du Saguenay- Lac-Saint-Jean.

La division des textes en trois sections procède d'une convention pédagogique. Aucune des catégories utilisées ne marque une exclusive, mais simplement une insistance. La partie intitulée « Construction des rôles » étudie ce qui « fait » une communauté, comment elle est relancée dans le contexte du « désengagement » de l'État. La réflexion conceptuelle proposée sur la notion de communauté mène à l'étude des conséquences pratiques de la mise en place d'un autre discours ou récit sur le rôle des groupes communautaires au Québec. De même, le thème du second tronçon de l'ouvrage appelé « Représentation des solidarités » ne signifie nullement qu'il n'en soit pas fait mention ailleurs. Bien au contraire, il s'agit d'y examiner deux types de discours sur les solidarités et de chercher à saisir la dynamique de représentation des intérêts qui les accompagne. Enfin, la dernière section, nommée « Tendance des structures », propose de montrer comment une idéologie communautaire survient et tend à s'imposer par l'emprunt d'un potentiel de légitimation aux innovations technologiques. Du moins, dans la conjoncture actuelle telle qu'elle se forge depuis 1980, le choix de cette date étant ici un point de repère et ne résultant pas de l'assignation d'une origine quelconque.

Enfin, pour terminer, puis-je céder à une petite infraction en exprimant ma gratitude en disposition inverse de la hiérarchie traditionnelle dont les remerciements sont généralement le lieu, le théâtre où la « distinction sociale » - au sens de Bourdieu - joue à son maximum entre la communauté des bien-pensants et le petit peuple. Aux premières loges, je tiens donc à offrir à ma secrétaire Guylaine Gagné l'expression de ma profonde reconnaissance pour son soutien de tous les jours et pour sa [15] patience remarquable. Laurent Audet et Delly Tremblay ont relu le texte avec minutie et je leur en sais gré. Puis, mon assistant de recherche, Frédéric Tremblay, n'a cessé de m'assener sa vigilance critique pour mon plus grand bénéfice. Toujours au pays des Tremblay, Joseph, de son prénom, a formulé des commentaires d'une pertinence indéniable et il m'importe de signaler l'efficacité de son appui. Les professeurs Khadiyatoulah Fall, Alejandro Rada-Donath et André Mineau m'ont généreusement adressé des remarques constructives et fort utiles pour lesquelles je leur témoigne de ma plus haute estime. Messieurs Gérard Woussen et Ghislain Larouche de l'Université du Québec à Chicoutimi ont aussi vaillamment contribué à la parution de cet ouvrage et qu'ils en soient chaleureusement remerciés. Tout le travail de recherche, préalable à la rédaction de ce livre, n'aurait pas été possible sans la collaboration financière de la Fondation de l'Université du Québec à Chicoutimi qui a soutenu l'enquête à toutes les diverses étapes de sa réalisation. Que le dernier mot aille au doyen des études supérieures de l'Université du Québec à Chicoutimi, Jean-François Moreau, dont l'appui et l'encouragement furent des plus précieux.

[16]



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 2 octobre 2014 10:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref