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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La découverte de l’Amérique par les Américains, essais de littérature comparée (1989)
Prologue


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Maximilien LAROCHE, La découverte de l’Amérique par les Américains, essais de littérature comparée, Québec, GRELCA, 1989, 280 pp. Collection « essais » no. 6. Université Laval. Une édition numérique réalisée par Anderson Layann PIERRE, bénévole, étudiant en communication à la Faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti. [Un livre prêté par l'épouse de l'auteur, Mme Xin DU, aux fins de numérisation.] [Livre diffusé en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation de l'auteur accordée le 19 août 2016.]

[5]

La découverte de l’Amérique
par les Américains.

Prologue

[6]

[7]

Cela s'est passé très exactement en juillet 1979, quand je mis le pied, pour la première fois, à São Salvador de Bahia de todos os Santos.

D'abord on m'offrit une coupe de « Château Duvalier » et je ris jaune en me demandant si qui vous savez n'était pas un actionnaire des vignobles. J'eus envie de jeter quelques libations par terre pour conjurer les mauvais Iwa.

Puis l'on m'amena voir la geôle, gueule ouverte sur la mer, par où arrivaient les prisonniers de l'île de Gorée. J'eus un frisson dans le dos, rétrospectivement, et me signai, bénissant le Ciel d'être né dans notre siècle fortuné, désesclavagisé et quasiment libre.

Et je me mis à découvrir une Amérique que je reconnaissais fort bien. Ne la portais-je pas en moi depuis l'enfance ? Le tafia dans la cachaxa, le vodoun qu'on appelait candomblé, le raborday qu'on rebaptisait forro, frevo, samba...

Les visages se replacèrent alors instantanément ; les lieux redevinrent familiers et même les voix se mirent à parler haïtien en portugais, en espagnol, en anglais tout comme elles le faisaient déjà en français.

La littérature pouvait dès lors commencer à perdre son mystère tout en gardant sa magie. J'entrevis Boisrond-Tonnerre en grande conversation avec Oswald de Andrade ; Machado de Assis devisant tranquillement avec Juan Rulfo et Marie Chauvet, de leurs mémoires [8] posthumes sans doute ? Alejo Carpentier, convoqué, je ne sais comment, arrivait en toute hâte, suivi bientôt par Jacques Stéphen Alexis, pour se joindre à Roumain et Guillen, non loin de Césaire, de Langston Hughes...

La place était déjà presque comble. Bientôt on allait devoir gagner la rue... Cela parlait haut et fort, au Sud, au Nord, au centre... L'Amérique n'était plus un désert ni une île mais un grand meeting, grouillant d'une foule que je soupçonnais fort d'être des « Carnavaleux » résolus, même sans avoir ouï parler de Bakhtine ou de Rabelais.

Nul besoin de commencer alors par un protocolaire : « Mesdames, messieurs, la société... » Je n'avais qu'à dire : « Et d'une !... Et de deux !... Et de toutes les Amériques ! Et le défilé commença. Dans mes souvenirs comme dans mes anticipations.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 2 octobre 2019 9:20
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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