Introduction
Les textes choisis dans le présent recueil me semblent, à posteriori et vus dans la longue durée, avoir eu et avoir encore une intention commune : susciter un intérêt pour la pensée philosophique au Québec et interroger l'entreprise philosophique québécoise sur le sens des rapports au milieu social et culturel de son apparition et de son expression.
Ces textes, dont le premier remonte à 1917, constituent les moments forts de ce que j'appelle l'historiographie philosophique, c'est-à-dire la production philosophique traitant spécifiquement du développement de la philosophie au Québec, exclusion faite des auteurs et des œuvres dont une autre histoire reste à faire. Il n'y a pas eu, à ma connaissance, avant 1853 d'interrogation explicite sur l'activité philosophique au Québec, bien que la philosophie ait été enseignée depuis 1655.
Les textes furent sélectionnés en fonction de leur valeur critique. Les uns donnent le pouls idéologique des premières réflexions sur le sujet ; d'autres soulignent les aspirations d'époques différentes ou relancent une discussion de plus en plus animée et soutenue à mesure que nous approchons du présent. Ces réflexions d'abord isolées et marquées au coin de préoccupations parfois dépassées risquent néanmoins de donner quelque profondeur de perspective à des interrogations devenues aujourd'hui les défis les plus quotidiens de ceux qui y font face.
L'étude qui précède les textes choisis prétend simplement structurer cette volumineuse historiographie philosophique en délimitant sommairement le contexte historique du milieu et de la production philosophiques au Canada français. Ces jalons chronologiques répondent déjà à une méconnaissance de l'évolution de la philosophie au Québec. Quant au travail d'analyse et d'interprétation, une partie en sera faite dans une recherche en cours sur l'enseignement et la diffusion de la philosophie au Canada français de 1655 à 1920.
Oeuvre commune, ce recueil de textes a été rendu possible grâce à la collaboration des auteurs et des éditeurs qui ont accepté de les voir reproduire dans le présent ouvrage et grâce à la collaboration de Mme Lucette Stam du Centre d'Études canadiennes-françaises de l'Université McGill qui a préparé le manuscrit pour l'édition.
Y. L.
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