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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

DONNÉES STATISTIQUES SUR L'HISTOIRE CULTURELLE DU QUÉBEC (1760-1900). (1996)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Yvan LAMONDE et Claude BEAUCHAMP, DONNÉES STATISTIQUES SUR L'HISTOIRE CULTURELLE DU QUÉBEC (1760-1900). Chicoutimi: Institut interuniversitaire de recherches sur les populations, 1996, 146 pp. [Avec l'autorisation de Monsieur Lamonde accordée le 2 septembre 2008 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]


[1]

Introduction


Vingt-cinq ans de lecture de volumes, d'articles, de rapports, de mémoires et de thèses en histoire permettent de faire ici le point sur l'évolution historiographique de l'histoire socioculturelle et, en particulier, sur l'une de ses dimensions méthodologiques, la quantification [1]. C'est par un souci quantitatif que certains historiens de la culture ont voulu sortir ce domaine historiographique des perceptions réductrices où l'on pouvait le confiner. Si certains travaux ont proposé avec originalité de considérer les rituels culturels (par exemple le défilé de la Saint-Jean Baptiste sur un temps t-t') comme des « séries » de moyenne ou longue durée, d'autres études ont d'entrée de jeu cherché à constituer des séries statistiques dans le domaine culturel, de façon à permettre des analyses et des conclusions valables sur des durées déterminées. Comment, en effet, sortir de la généralisation abusive à partir de cas uniques ou sporadiques ?

Pour l'historien de la culture, l'utilisation de certaines données démographiques est incontournable pour chercher les densités qui rendent possibles certaines formes culturelles : à partir de quel seuil démographique une agglomération permet-elle une église, une auberge, un bureau de poste, un journal, une bibliothèque ? Point de culture urbaine véritable sans une analyse fine de la taille des localités. De même les données sur l'immigration éclairent la composition ethnique des agglomérations et ouvrent des perspectives d'analyse différentielle de l'alphabétisation ou de la scolarisation ou de mimétisme dans les formes culturelles mises en place par « l'autre » groupe culturel. Point de compréhension des formes culturelles urbaines francophones à Montréal sans connaissance du poids démographique - et économique, bien sûr - de la majorité montréalaise anglophone entre 1835 et 1865.

Les travaux de Fernand Ouellet sur les professions libérales, de Jean-Pierre Wallot sur le clergé ou de John Hare sur les députés furent essentiels pour saisir la dynamique [2] sociale de la culture. Point d'étude du libéralisme et de l'ultramontanisme sans connaissance des effectifs socio-professionnels à tel ou tel moment.

Mais c'est surtout dans le domaine de la culture de l'imprimé que les travaux quantitatifs ont donné les aperçus et les résultats les plus décisifs. Les dénombrements et analyses de John Hare, de Jean-Pierre Wallot, de Milada Vlach et de Yolande Buono sur la bibliographie rétrospective et sur les « incunables » (1764-1820) québécois ont permis de prendre une juste mesure des imprimés, de la langue, du lieu, du format et des types de publication, de l'activité des imprimeurs, des journaux publiés et parfois de leurs abonnés, comme dans le cas de la Gazette de Québec des Neilson.

On doit à Claude Galarneau de l'Université Laval - et à ses étudiants : Yvan Morin, Egide Langlois, Gilles Labonté - relayé par des étudiants de l'Université de Montréal - Natalie Bathersill et R. Guillemette - la percée quantitative dans le domaine de l'étude des bibliothèques privées, celles qui sont le plus susceptibles de faire voir la pénétration du livre dans toutes les classes sociales. Grâce à la mise en valeur et à l'utilisation de l'inventaire après décès, ces travaux quantitatifs, menés selon une grille uniforme pour la période de 1760 à 1830, révèlent une série de phénomènes liés au statut socio-professionnel, à la religion, à l'ethnie des possesseurs de bibliothèques, à la taille des bibliothèques, aux auteurs qui y sont privilégiés et à la répartition des volumes selon les catégories de la classification Roche-Furet.

Yvan Lamonde, Louis-Georges Harvey, Mark Olsen et Gilles Gallichan ont mis en place des stratégies de quantification des bibliothèques de collectivités, soit pour sérier les types de bibliothèques ou évaluer leur contenu, soit pour chiffrer les emprunts réels faits des ouvrages, comme dans le cas de la bibliothèque de l'Institut canadien de Montréal. L'analyse quantitative du contenu des bibliothèques a rapidement soulevé le problème de la comparaison des bibliothèques, surtout pour des périodes différentes où la classification Roche-Furet, valable pour le XVIIIe siècle, pouvait difficilement rendre compte de la situation après 1820. Il a donc fallu proposer à la communauté scientifique internationale un [3] système de classification, valable pour le XIXe siècle, pour l’Europe et pour l'Amérique et qui puisse permettre des comparaisons [2].

L'étude du commerce du livre a été abordée quantitativement par Réjean Lemoine grâce aux annonces faites dans les journaux par les « libraires » de Québec, qui lui ont permis d'évaluer l'activité de ceux-ci et l'offre de livres faites, selon les domaines du savoir ou la popularité des auteurs annoncés. Y. Lamonde a attaqué le sujet par la localisation des catalogues de librairie qui fournissent des renseignements sur les auteurs et les sujets des ouvrages offerts en librairie et par les données du commerce d'importation qui ont fait voir l'importance des États-Unis dans la provenance de l'imprimé.

À nouveau ce sont les étudiants de Claude Galarneau - Michel Verrette, Pierre Hamelin et Christine Veilleux. - relayés par l'approche différente de Gérard Bouchard, qui ont établi, grâce à la signature sur les actes de mariage, les séries statistiques tant attendues sur l'alphabétisation, pivot de tout décollage culturel. Tout comme Andrée Dufour le fit par la suite pour la scolarisation, les travaux sur l'alphabétisation ont mis en évidence des variables d'analyse (lieu de l'habitat, religion, ethnie, appartenance socio-professionnelle, sexe, âge) dont on ne peut plus ne pas tenir compte après eux, y compris dans d'autres domaines que l'alphabétisation ou la scolarisation.

La quantification s'est étendue à d'autres aspects (associations volontaires, conférences publiques, expositions de « musées », droits d'auteur). Mais le sujet n'est certes pas épuisé et cette compilation de données statistiques sur la culture aura, espérons-le, un effet d'émulation.

Les tableaux sont présentés selon une dynamique chronologique puis selon une approche thématique. Les index permettront aux usagers de faire des recoupements utiles. Nous avons cherché à uniformiser la présentation des tableaux et des données tout en respectant les auteurs. Nos quelques interventions dans les tableaux (corrections, %) sont indiquées entre crochets

Yvan Larnonde, janvier 1996



[1]    À propos de l'historiographie et de la bibliographie de l'histoire socioculturelle, Yvan Lamonde, Territoires de la culture québécoise, Sillery, PUL, 1991, 293 p. ; L'histoire des idées au Québec (1760-1960), Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, 1989, 167 p. ; « L'histoire culturelle et intellectuelle du Québec (1960-1990) : bibliographie des études », Littératures, 4 (1989) : 155-189 ; « L'histoire des idées au Québec (1760-1993). Premier supplément bibliographique et tendances de la recherche », Cahiers d'histoire du Québec au XXe siècle, 3 (hiver 1995) : 163-176 ; 4 (été 1995) : 152-167.

[2]    Yvan Lamonde, « A Universal Classification for the Study of Nineteenth-Century Libraries and Booksellers », Libraries and Culture, 24, 2 (spring 1989) : 158-197 ; « Une classification universelle pour l'étude des bibliothèques et de la librairie au XIXe siècle », Documentation et bibliothèques, 35, 2 (avril-juin 1989) : 53-58.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 9 février 2012 13:30
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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