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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La Radio-télédiffusion, un appareil idéologique divisé-unifié «travaillant» en conjonction
avec la Famille et l'École dans la reproduction sociale: le cas du Québec et du Canada
” (1979)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Jean-Guy LACROIX et Benoît Lacroix, “La Radio-télédiffusion, un appareil idéologique divisé-unifié «travaillant» en conjonction avec la Famille et l'École dans la reproduction sociale: le cas du Québec et du Canada”. Un article publié dans La transformation du pouvoir au Québec. Actes du colloque de l'ACSALF, 1979, pp. 297-333. Sous la direction de Nadia Assimopoulos, Jacques T. Godbout, Pierre Hamel et Gilles Houle. Montréal: Les Éditions St-Martin, 1980, 378 pp. [M Jean-Guy Lacroix, nous a accordé le 19 juillet 2005 son autorisation de diffuser électroniquement cet article].

Introduction

Depuis son « apparition », la radio (et par la suite la télévision) a été l'objet de conflits qui se sont succédé quasiment sans interruption jusqu'à nos jours. Austin Weir, un des pionniers de la radio au Canada, n'a pas trouvé de titre plus approprié pour qualifier cette histoire que celui de The Struggle for National Broadcasting in Canada [1]. Témoignent également de ces conflits plusieurs commissions royales d'enquête, dix-huit comités parlementaires sur la radiodiffusion et la plupart des sessions du Parlement canadien depuis 1929, où « le sujet a donné lieu à nombre de questions, de débats et de discussions [2] ». Ces conflits, qui relèvent de la lutte des classes, nous interrogent sur les rapports existant entre les formes spécifiques du pouvoir de classe au Canada et au Québec et la structure spécifique des appareils idéologiques. 

Les mass media sont un des objets privilégiés de la sociologie américaine. Cependant cet éléphant n'a jamais réussi autre chose qu'à enfanter une souris. Il n'est donc pas question de s'aventurer dans un sentier qui ne mène nulle part ailleurs que dans le lobby des agences de publicité, comme l'a montré Tood Gitlin [3] à propos des recherches de Paul Lazarsfeld et cie. Selon nous, seul le matérialisme historique peut fonder une étude critique des mass media. Nous tenons cependant à nous démarquer d'un pseudo-marxisme qui a cours d'autant plus facilement que les mass media sont un domaine où la recherche critique est quasi inexistante. 

Pour plusieurs, l'approche marxiste des mass media se limite à la théorie du reflet et aux mass media-opium. Appliquée rnécaniquement, la théorie du reflet sous-estime entre autres la matérialité de la superstructure et laisse dans l'ombre une dimension aussi importante que la marchandisation de l'information et du produit culturel. 

De même, si la définition des mass media comme opium révèle bien la reproduction simple de la force de travail par l'évasion et l'abêtissement, elle ignore la reproduction élargie, où la reproduction de cette force de travail n'est pas seulement reproduction de ce qui est mais aussi reproduction-changement. Selon nous, il est en effet nécessaire d'encadrer l'analyse de la reproduction de la force de travail en la situant dans le mouvement d'élargissement de la mise en valeur du capital, mouvement qui est celui de la reproduction élargie du capital, et donc dans l'extension des rapports capitalistes. Pour autant que cet encadrement est fait, on peut comprendre que la « mobilité sociale » si chère aux techno-structuristes (aux fonctionnalistes de tout acabit - y compris les tourainiens) est en réalité partie intégrante de la reproduction élargie des rapports capitalistes. Autrement dit, c'est la reproduction de la Bourgeoisie et du Prolétariat qui s'effectue à travers les appareils, mais ce n'est jamais la même Bourgeoisie et les mêmes bourgeois, et il en va de même pour le prolétariat. Ainsi, au fil des affrontements de classes dans le mode de production capitaliste, les postes de travail changent, les secteurs de mise en valeur du capital changent, etc., mais à travers ces changements, c'est toujours l'antagonisme capital-travail salarié qui fonde la société se reproduisant dans/par ces « changements ». La reproduction est donc la reproduction de la division sociale ; ce sont les dimensions « nationales », sexuelles et de classes qui sont reproduites dans et par les appareils. 

Ajoutons que notre contribution s'inspire des acquis de la recherche sur les appareils idéologiques, ce qui ne l'empêche pas de fournir un apport original à cette théorie : nous pensons entre autres à l'unité fragmentée et divisée de ces appareils et à leur conjonction hiérarchisée. De plus, appliquée au cas canadien et québécois, cette problématique permet une lecture nouvelle des mass media où il apparaît que l'histoire de cet appareil s'est faite selon la logique même de l'histoire de la formation sociale canadienne au cours des cinquante dernières années, soit la dépendance à l'égard des États-Unis, la continentalisation nord-américaine et la désarticulation de «l’unité canadienne».


[1]     E. Austin Weir, The Struggle for National Broadcasting in Canada, Toronto/Montréal, McClelland and Stewart, 1965, 477 p.

[2]     Canada, Commission royale d'enquête sur la radio et la télévision, Rapport, Ottawa, Imprimeur de la Reine, 1957, volume 1, p. 147.

[3]     Tood Gitlin, « Media Sociology : The Dominant Paradigm », Theory and Society, no 6 (septembre 1978), p. 203-253.



Retour au texte de l'auteur, Pierre Mackay, département des sciences juridiques, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 18 novembre 2007 15:12
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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