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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

UN LEXIQUE DU RACISME.
Étude sur les définitions OPÉRATIONNELLES RELATIVES AU RACISME
ET AUX PHÉNOMÈNES CONNEXES
. (2005)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Micheline Labelle, UN LEXIQUE DU RACISME. Étude sur les définitions OPÉRATIONNELLES RELATIVES AU RACISME ET AUX PHÉNOMÈNES CONNEXES. Étude menée en partenariat avec le projet de Coalition internationale des villes contre le racisme de l’UNESCO. Montréal: UQAM, Centre de recherche sur l’immigration, l’ethnicité et la citoyenneté, juin 2005, 48 pp. [Autorisation accordée par Mme Labelle le 15 novembre 2015 de diffuser le texte de cette recherche en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales.]

[4]

LE LEXIQUE DU RACISME.
ÉTUDE SUR LES DÉFINITIONS OPÉRATIONNELLES
RELATIVES AU RACISME ET AUX PHÉNOMÈNES CONNEXES.


Introduction

La problématique [1]

Qu'est-ce que la « race » ? Qu'est-ce que le racisme ? Le racisme est-il universel et existe-t-il de toute éternité ? Comment distinguer racisme, ethnocentrisme et xénophobie ? Quelles sont les manifestations ou les formes élémentaires du racisme ? Quels sont ses niveaux ? Quelles sont ses logiques discursives ?

On observe dans diverses sociétés contemporaines l’expression du racisme et de l’ethnisme. Le déplacement sournois du racisme classique au néo-racisme pose différents types de problèmes pour l'analyse sociologique et politique et l'intervention sociale. L’une de ces difficultés concerne les critères de définition du racisme : le racisme existe-t-il seulement lorsque le mot « race » est présent ? Est-il légitime de qualifier de racisme les préjugés et les discriminations contre les jeunes, les personnes âgées, les femmes, les homosexuels, les patrons, les policiers ? Y a-t-il lieu de référer à des « racismes spécifiques » dans ses manifestations, soit un racisme qui touche des groupes cibles particuliers : Autochtones, Afro-descendants, Juifs, Arabes, etc. ? Comment éviter une hiérarchisation des expressions du racisme et des cibles du racisme, tout en rendant compte de leur spécificité ?

Enfin, s’ajoute la question de la spécificité des sociétés (allemande, américaine, française, guadeloupéenne, japonaise, rwandaise, sud-africaine, etc.) qui fournissent le contexte politique et le répertoire culturel à partir desquels s'alimentent les expressions du racisme et de l'antiracisme.

Il n’existe pas dans le système des Nations Unies une définition du racisme. Dans son article 1, la Convention pour l’élimination du racisme et de la discrimination raciale (CERD) se limite à définir la seule discrimination raciale, qu’elle fonde sur « la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique ». Cette vision très large aboutit sur le plan opérationnel à faire du racisme une sorte de fourre-tout où se retrouve tout ce qui a « pour but ou pour effet de détruire ou de compromettre la reconnaissance, la jouissance ou l’exercice, dans des conditions d’égalité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique, social et culturel ou dans tout autre domaine de la vie publique ».

Les instruments internationaux et nationaux recourent largement à la notion de « race » pour combattre le racisme et par le fait même, ils contribuent à la reproduction des représentations qui y sont associées. Les cibles du racisme sont souvent confondues dans une même totalité. Les préjugés ne sont pas distingués des pratiques sociales. Sous couvert d’analyser le néo-racisme, on oublie que les représentations liées au racisme « colonial » perdurent dans nos sociétés. La « gestion de la diversité » est confondue avec la lutte contre le racisme.

[5]

De tout ce flou, il résulte une confusion terminologique dans les concepts lorsqu’on regarde le terrain opérationnel où la lutte contre le racisme, la xénophobie, la discrimination et toutes les formes d’intolérance se trouve unifiée. Des campagnes de prévention contre le racisme confondent les cibles du racisme et celles de l’ethnocentrisme ou de la xénophobie. Ceci a un impact sur l’efficacité de la lutte contre le racisme et contre les racismes que l’on peut qualifier de spécifiques ─ anti autochtone, anti afro-descendant, antisémitisme, arabophobie, islamophobie, etc. ─, soit ceux qui se sont manifestés historiquement et à un niveau ultime, sous la forme d’une biopolitique de haine et de violence et du racisme d’État (Le Cour Grandmaison, 2005, p.128).

Étant donné ce manque de clarté conceptuel, il apparaît important de réfléchir sur les définitions du racisme et de la discrimination et sur les termes utilisés pour les combattre. La première partie propose d’entrée de jeu un commentaire critique sur la notion de « race » et distingue ensuite les fonctions, les manifestations, les niveaux et les logiques du racisme. La seconde partie contient un glossaire des termes adoptés par les experts des sciences humaines et juridiques, les institutions internationales et nationales, de même que par certains organismes de combat, dans le domaine du racisme et de la discrimination. Plusieurs de ces définitions font problème, on le constatera par comparaison. Nous illustrons ainsi la difficulté que pose la présentation d’une définition extraite ou séparée de son contexte et d’un cadre théorique sur l’interprétation du racisme que les limites de cette étude ne nous permettent pas d’analyser et de mettre en relief.

Cette étude s’inscrit dans le cadre de l‘action de l’UNESCO pour promouvoir le renforcement des politiques contre le racisme et la discrimination dans les villes et les municipalités. L’UNESCO a appuyé la mise sur pied de la Coalition internationale des villes contre le racisme.  Le cadre de départ de cette Coalition est la proposition d’un Plan d’action en 10 points, adopté à Nuremberg, en décembre 2004 (UNESCO, 2004).



[1] Je tiens à remercier les assistants et les professionnels de recherche du CRIEC qui ont contribué à la cueillette des données nécessaires à la préparation de cette étude : Ann-Marie Field, Jean-Claude Icart, Kim Obomsawin, Bechir Oueslati, Stéphanie Tremblay.  Je remercie également mon collègue Rachad Antonius pour ses judicieux conseils sur le fond des questions traitées et son soutien à la préparation de cette étude.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 7 octobre 2016 8:05
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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