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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Inégalités, racisme et discrimination : regards critiques et considérations empiriques.
Textes issus du Symposium
Les multiples dimensions des inégalités, du racisme et des discriminations (2009)
Résumé


Une édition électronique réalisée à partir du texte sous la direction de Micheline Labelle et Frank W. Remiggi, Inégalités, racisme et discrimination : regards critiques et considérations empiriques. Textes issus du Symposium Les multiples dimensions des inégalités, du racisme et des discriminations, vendredi le 13 mars 2009, à l’UQAM. In Les Cahiers de la GRIEC, no 33, UQÀM, juin 2009, 112 pp. Montréal: Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté (GRIEC), UQÀM. [Mme Labelle nous a accordé le 13 novembre 2015 son autorisation de diffuser électroniquement cette publication dans Les Classiques des sciences sociales.]

[107]

INÉGALITÉS, RACISME ET DISCRIMINATION :
REGARDS CRITIQUES ET CONSID
ÉRATIONS EMPIRIQUES


Résumé

Les représentations du racisme :
un regard critique sur les discours de l'État, des associations et des ONG


Micheline Labelle et Ann-Marie Field

La conjoncture internationale et nationale requiert un réexamen des approches théoriques du racisme, mais également du discours de l'État et des acteurs sociaux qui visent à l'éradiquer. Car trop souvent, la documentation gouvernementale contribue à la reproduction de l'idée de « race », tout en prétendant nier sa substance. Trop souvent, les textes ministériels confondent les questions qui relèvent de la diversité au sens large, de l'ethnicité, et celles qui relèvent du racisme. Les définitions du racisme varient de par leur extension ; on amalgame préjugés et pratiques de discrimination. La recherche (CRSH) menée depuis 2006 propos une remise en question des termes mêmes dans lesquels le discours antiraciste de l'État et des acteurs sociaux se structure et se diffuse au sein de la société civile.

Dans cette communication, nous analysons les représentations sociales et les stratégies d'action tels qu'ils émanent de deux types de corpus documentaires provenant : 1) de ministères du gouvernement du Québec, impliqués dans ce domaine de politique publique ; 2) des acteurs/porte-parole d'associations et organisations non gouvernementales (ONG) ayant témoigné lors de la consultation tenue en 2006, en vue de d'une politique gouvernementale de lute contre le racisme et la discrimination. L'analyse aborde un certain nombre de thèmes, notamment : la terminologie utilisée et la définition du racisme ; les causes du racisme ; les manifestations et les cibles du racisme ; les conséquences du racisme ; les mesures de lutte contre le racisme, le rôle de l'État et du mouvement associatif dans la lutte contre le racisme. Il s'agit de scruter les tensions, les convergences et les divergences qui ressortent des différentes positions prises par les acteurs/porte-parole et les décideurs gouvernementaux.


Rapport Bouchard-Taylor :
questionnement sur les omissions du discours sur l'intégration


André Jacob

Dans les rapports des diverses instances, par exemple le Rapport Bouchard-Taylor et Vers une politique gouvernementale de lutte au racisme et à la discrimination, plusieurs éléments d'un diagnostic sont présents, mais on touche peu les éléments fondamentaux. Pourquoi ? Le discours public ne se sent pas légitimé de remettre en question les fondements même du système qui produit l'exclusion sociale soit la productivité, la performance, la consommation, l'atomisation des citoyens et citoyennes, le mode de vie instrumental et l'individualisme consumériste qui en découle, etc. En ce sens, l'immigrante-e n'est-il qu'un instrument du cycle sans fin de la production-consommation ? Quelles sont les conséquences de la conception « instrumentaliste » des citoyens et citoyennes sur les rapports sociaux et sur les politiques publiques ? Comment la conception de l'immigrant-e producteur-consommateur génère-t-elle l'exclusion sociale autant que l'exclusion culturelle ? Comment cette définition de l'immigrant-e affecte-t-elle la dynamique du développement de son identité socioculturelle ?

[108]

L'exposé vise à jeter un regard critique sur les orientations de Gérard Bouchard et de Charles Taylor à la lumière de certains paramètres établis par Annah Arendt sur les liens entre le développement du capital et les perceptions populaires de l'Autre.

Le paradoxe de la liberté de religion :
produire des effets discriminatoires pour un groupe
en voulant protéger un individu contre la discrimination


Jean-René Milot

La liberté de religion garantie par nos chartes a pour but de protéger les personnes contre la discrimination fondée sur la religion. La poursuite récemment intentée par le Gouvernement de la Colombie-Britannique contre deux membres de la secte mormone dissidente de Bountiful met en lumière les effets potentiellement discriminatoires de la conception subjective de la liberté de religion adoptée par la Cour suprême du Canada en 2004 dans l'arrêt Amselem (affaire de la souccah). Les avocats des accusés ont indiqué qu'ils invoqueraient la liberté de religion pour contester la constitutionnalité de l'article 293 du Code criminel canadien qui criminalise la polygamie : les accusés feront valoir qu'ils croient sincèrement que la polygamie est un devoir dicté par leur religion, ce qui répond au critère subjectif retenu par la Cour suprême, à savoir la sincérité de la croyance.

Quel que soit le dénouement judiciaire de la saga de Bountiful pour cette petit communauté, il risque d'avoir des répercussions sur les quelque 600 000 musulmanes et musulmans du Canada, même si ces derniers considèrent généralement la polygamie comme une permission et non comme un devoir et qu'ils réprouvent cette pratique. Il suffirait en effet qu'un seul musulman allègue croire sincèrement que la polygamie est un devoir dicté par sa religion -le Prophète est un modèle à suivre et il était polygame - pour que se trouve accrédité aux yeux de plusieurs le stéréotype voulant que les musulmans soient des gens qui invoquent les chartes pour légitimer leur refus de s'adapter et leur attachement à des pratiques patriarcales.

Travail, identité et territorialité :
l'immigration subsaharienne dans les communautés francophones
en situation minoritaire au Canada


Jean Lafontant

Au Canada, l'opposition historique (toujours active) entre les premiers conquérants français et leurs challengers anglais, ajoute une dimension supplémentaire au processus d'intégration : celle de la langue, en tant que symbole identitaire des deux peuples dits fondateurs. Or, l'immigrant possédant non seulement sa langue maternelle particulière (par exemple : le swahili, le portugais, etc.) mais également l'une, voire les deux langues officielles du Canada, aura pu croire que ces dernières sont susceptibles d'accroître ses chances sur le marché du travail, notamment en contexte de mondialisation croissante. Toutefois, il se rend compte que l'anglais et surtout le français ne sont pas que des atouts (des instruments de communication utiles), mais l'un des symboles opérationnels d'appartenance historique qui participent à la distribution du statut de préséance dans l'accès aux postes de convoitise.

La question fondamentale que je veux discuter est donc la suivante : à la logique utilitaire justifiant l'accueil des immigrants francophones et le sens utilitaire que ces derniers semblent accorder à la connaissance du français s'oppose une logique identitaire des accueillants (les [109] communautés francophones canadiennes en situation minoritaire) appuyée par des conventions constitutionnelles, légales et réglementaires leur conférant des droits et leur réservant des ressources qui soutiennent leur statut. Comment cette hiérarchisation est-elle perçue par les immigrants racisés francophones, quand la logique identitaire interfère avec le libre accès à l'emploi ? Quels effets sont susceptibles d'en résulter sur leurs choix linguistiques subséquents ?

Les représentations sociales des Québécoises d'origine arabe :
quels impacts dans la société en général
et sur le marché du travail en particulier ?


Naïma Bendriss

Il existe divers discours ethnicisants sur les femmes arabes au Québec qui renvoient à différents niveaux de représentations identitaires. La prégnance et la récurrence de ces représentations conduisent à une dissémination de celles-ci dans l'espace social et elles finissent par être intégrées et adoptées par différents systèmes et acteurs sociaux. Le marquage identitaire des femmes arabes procède à une catégorisation sociale et ethnique de celles-ci dans l'espace social, les fait diverger des attentes sociales, rend précise leur identification et les assigne à une frontière en marge de la société.

Les données sont tirées d'une étude que j'ai effectuée et qui a pour sujet la manière dont les femmes d'origine arabe se sentent représentées et catégorisées dans la société québécoise, l'impact qu'elles pensent que cela a sur leur intégration et les stratégies identitaires individuelles et collectives qu'elles mettent en œuvre pour renverser l'identité négative projetée sur elles afin de se forger une place dans la société. Les informations recueillies dans le cadre de cette étude révèlent des parcours d'insertion professionnelle défavorables. Les séquences d'activité des femmes sont essentiellement faites de contrats à durée déterminée le plus souvent hors de leur champ de compétence, de stages, de bénévolat, de formations, de recyclages dans d'autres filières à défaut d'une insertion consistante sur le marché de l'emploi. Ces stratégies d'insertion porteuses d'espoir et stimulatrices d'énergie permettent aux femmes pendant un temps, qui peut parfois être long, de se sentir parties prenantes de la société et leur masquent la réalité de leur insertion par la marge. Un jour cette réalité les rattrape. Elles se rendent compte que les années passent et que leur situation n'évolue pas. Pire, souvent elle se dégrade.

En effet, au au-delà des catégories ethniques par lesquelles elles découvrent qu'elles sont désignées, au même titre que les autres immigrants provenant des sociétés du sud, elles prennent conscience d'être placées dans une catégorie à part, marquées par une différence spécifique dans la différence générale. Et cette catégorie prend forme dans les représentations sociales que l'on se fait d'elles tout particulièrement. Ces femmes sont conscientes de la marginalité vers laquelle les poussent ces catégorisations et de la frontière symbolique qui les sépare non seulement du groupe majoritaire mais également des autres groupes, conscientes de la plus ou moins grande imperméabilité de cette frontière en fonction des origines et des groupes d'appartenance des individus, de la représentation sociale qui les caractérise communément et surtout de la position qu'occupe leur pays d'origine sur l'échiquier international. Elles sont unanimes à penser que les perceptions stéréotypées que l'on a des Arabes en général et des femmes arabes en particulier ont pour conséquence une antipathie que leur vouent plusieurs citoyen(ne)s québécois(e)s francophones, anglophones ou d'autres origines et représentent un obstacle supplémentaire qui les expose au racisme et à la discrimination rendant ainsi plus difficile leur intégration socioprofessionnelle.

[110]

Les profils différentiels de pauvreté :
un outil pour mesurer les inégalités affectant
les minorités racisées au Québec


Rachad Antonius et Jean-Claude Icart

Pour cette recherche, nous nous sommes inspirés de l'analyse différenciée selon le genre, qui a permis d'identifier des inégalités vécues par les femmes par une ventilation systématique des données. En transposant cette approche au domaine de l'ethnicité et en faisant usage des micro-données de Statistique Canada sur la pauvreté, nous sommes en mesure de démontrer que les profils de pauvreté des groupes racisés diffèrent de façon significative des profils non différenciés. On peut voir alors que les mesures gouvernementales de lutte à la pauvreté ne sont pas adaptées aux groupes racisés, essentiellement parce que les outils méthodologiques utilisés ne permettent pas de faire un diagnostique différencié. D'où l'intérêt des méthodes que nous proposons.

Participation parentale et réussite scolaire :
les communautés noires de Montréal
et les écoles secondaires publiques francophones


Jean-Claude Icart

Le Québec a adopté en 2006 une Loi sur le développement durable, basée sur le caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique des activités de développement. Elle demande de prendre en compte un ensemble de principes parmi lesquels on retrouve la participation et l'engagement ainsi que l'accès au savoir, afin de notamment prévenir et lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

Des études récentes ont mis en lumière les difficultés des jeunes Afro-québécois dans le système scolaire public. Dans le secteur français, leur taux de diplômation au niveau secondaire est inférieur de 17% à celui de l'ensemble de la population. La faible participation des parents de ces communautés a aussi été soulignée. Or, de nombreuses études ont confirmé l'importance de la participation parentale comme moyen privilégié de favoriser la réussite scolaire des élèves. La création d'un environnement favorisant la participation de ces parents est donc une priorité.

Nous présentons les résultats d'une enquête constituée d'entrevues en profondeur auprès d'intervenants du milieu scolaire et de parents, autour de quatre grands thèmes : la communication entre les parents et l'école, les rencontres entre les parents et le personnel des écoles, l'accompagnement scolaire à la maison et l'implication des parents à l'école.

L'objectif est d'identifier de pistes de solution afin d'arriver à une meilleure synergie pour pouvoir agir sur ce facteur à partir d'une meilleure compréhension par les milieux d'intervention. Rappelons que l'accroissement de la scolarité, du taux de diplômation et de la qualification de la population fait partie des objectifs gouvernementaux dans le cadre de la Loi sur le développement durable.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 7 octobre 2016 7:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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